Le temple de Borobudur (Java).

Le temple de Borobudur (en indonésien Candi Borobudur et en javanais Candhi Barabudhur) est une importante construction bouddhiste, bâtie aux VIIIe et IXe siècles à l’époque de la dynastie Sailendra dans le centre de l’île de Java en Indonésie.

Le site, construit aux alentours de l’an 800, semble avoir été abandonné vers l’an 1100.

Pendant une tournée d’inspection à Semarang dans le centre de Java en 1814, Thomas Stamford Raffles, alors lieutenant-gouverneur de l’île, entendit parler d’un grand monument dans la forêt près du village de Bumisegoro. Ne pouvant pas s’y rendre lui-même, il envoya H. C. Cornelius, un ingénieur néerlandais, y faire des recherches. Pendant deux mois, Cornelius et ses 200 hommes abattirent des arbres, firent brûler la végétation et creusèrent dans le sol, mettant au jour le monument.

Temple de Borobudur, carte maximum, Paris, 24/02/1979.

Le temple est à la fois un sanctuaire dédié au Bouddha, mais aussi un lieu de pèlerinage bouddhiste. C’est à la fois un stûpa et, vu du ciel, un mandala. Il forme un carré d’environ 113 mètres de côté avec, à chaque point cardinal, une partie en saillie accompagnée aux quatre angles par une partie en retrait.

Il est constitué de quatre galeries successives de forme géométrique. Celles-ci sont superposées et les trois plus hautes forment une représentation de la cosmologie bouddhiste. Comme l’ensemble du monument, ces galeries sont couvertes de bas-reliefs, dont la longueur totale est d’environ 5 kilomètres, relatant les divers épisodes de la vie du bouddha Sakyamuni. Ces bas-reliefs furent taillés in situ dans de la pierre volcanique grise par différents artisans qui réussirent néanmoins à préserver l’unité artistique du monument.

Un élément étonnant de ces galeries est l’existence d’une cinquième galerie enterrée, également couverte de bas-reliefs représentant essentiellement les turpitudes de la vie terrestre. Plusieurs hypothèses ont donc été émises pour expliquer la dissimulation de cette galerie comme une volonté de consolidation du bâtiment ou encore la volonté délibérée d’occulter les réalités terrestres.

Temple de Borobudur, essais de couleurs.

Après avoir traversé les quatre galeries, le pèlerin atteint la terrasse supérieure, elle aussi surmontée de trois terrasses circulaires concentriques bordées de 72 stûpas (respectivement 32, 24 et 16). Ils consistent en des cloches de pierre ajourées logeant des bodhisattvas. Au centre de ces terrasses et donc au sommet du Borobudur, un autre stûpa couvre un bouddha inachevé, dont on ignore s’il a été rajouté après coup ou s’il était présent à l’origine.

Sauvé de la ruine grâce aux efforts conjoints de l’UNESCO et du gouvernement indonésien, le temple est aujourd’hui restauré et figure à l’inventaire du patrimoine mondial.

Borobudur et ses stûpas constituent en réalité un unique grand stûpa. Vu d’en haut, le site a également la forme d’un mandala vajrayāna géant représentant à la fois la cosmologie bouddhiste et la nature de l’âme12. Sa base est un carré d’environ 118 mètres de côtés. Il possède neuf plates-formes, les six premières carrées et les trois du haut circulaires. La plate-forme du haut possède en son centre un grand stûpa entouré de soixante-douze autres petits. Les stûpas sont en forme de cloches et percés de nombreuses ouvertures décoratives. Des statues de Bouddha assis peuvent être observées par les ouvertures.

Environ 55 000 mètres cubes de pierre durent être pris des rivières alentour pour construire le monument. La pierre était taillée, transportée sur le site et assemblée à l’aide de mortier. Des poignées, des découpes et des queues d’aronde furent aussi utilisées comme joints entre les pierres. Les bas-reliefs furent sculptés sur place une fois la construction achevée. Le monument est équipé d’un système de drainage des eaux de pluie, permettant à l’édifice de résister aux violentes crues de la région. Pour éviter les inondations, cent becs verseurs sont répartis à chaque coin du temple avec chacun une gargouille sculptée unique représentant des géants ou des makaras.

Borobudur diffère radicalement des autres édifices du même genre. Il est notamment construit sur une colline alors que généralement ce genre de construction est placée sur des surfaces planes. La technique de construction, elle, ressemble à celle des autres temples de Java. Sans espace intérieur comme dans les autres temples et avec une forme de pyramide, Borobudur servait certainement de stûpa avant d’être utilisé comme temple. Un stûpa est censé être un sanctuaire dédié à Bouddha, mais parfois ce ne sont que des symboles de dévotion au bouddhisme. Un temple, à l’inverse, doit être la maison d’une divinité et avoir des lieux de culte internes. C’est la complexité et la conception minutieuse de l’édifice qui suggère que Borobudur était en réalité un temple. Le culte était remplacé à Borobudur par le pèlerinage. Les pèlerins étaient guidés par un système d’escaliers et de corridors leur permettant d’atteindre la plate-forme la plus haute. Chaque plate-forme représente une étape du chemin vers l’illumination, d’après la cosmologie bouddhiste.

On en connaît assez peu sur l’architecte dont le nom, Gunadharma, est cité dans les légendes locales comme celui […] qui porte la règle, connaît la division et pense lui-même à la composition des parties15. L’unité de mesure qu’il utilisa était le tala, défini comme la longueur d’un visage humain de la ligne des cheveux sur le front au bout du menton ou comme la distance du bout du pouce au bout du majeur quand les doigts sont tendus à leur distance maximale16. Si ces mesures dépendent naturellement des personnes, le monument est construit selon des mesures exactes et régulières. Une étude en 1977 montra que l’on retrouvait souvent les proportions 4/6/9 à divers endroits de l’édifice. Celles-ci furent établies par l’architecte pour poser les dimensions précises du temple. On retrouve également ces proportions à Pawon et Mendut. Les archéologues suggérèrent que ces proportions avaient un rapport avec un des thèmes calendaires, astronomiques et cosmologiques, comme cela se retrouve à Angkor Vat au Cambodge.

La structure principale peut être divisée verticalement en trois groupes : la base (ou le pied), le corps et le sommet (ou la tête), ce qui est comparable aux divisions majeures du corps humain. La base carrée mesure 123 × 123 mètres et a une hauteur de 4 mètres. Le corps est composé des cinq plates-formes carrées dont les hauteurs diminuent. La première terrasse est située à 7 mètres du sommet de la base. Les autres terrasses sont décalées de 2 mètres, ce qui laisse la place à un corridor étroit sur chaque plate-forme. Le sommet est constitué de trois plates-formes circulaires, chacune possédant un rang de stûpas perforés, placés en cercles concentriques. Le stûpa central fait culminer le monument à 35 mètres de haut au-dessus du sol. L’accès à la partie élevée se fait par des escaliers situés au centre de chaque côté avec un certain nombre de portes, encadrées par 32 statues de lions. Le principal accès se trouve du côté est, où sont placés les premiers bas-reliefs narratifs. Sur les pentes de la colline, il y a aussi des escaliers qui relient le monument à la plaine en contrebas.

La division en trois parties du monument représente également les trois étapes de la préparation mentale pour accéder à l’illumination dans la cosmologie bouddhiste, respectivement de manière ascendante : Kāmadhātu (le monde des désirs), Rupadhatu (le monde des formes) et Arupadhatu (le monde sans forme). Ces différences métaphoriques se retrouvent dans l’architecture et les décorations de chaque étage : détaillées à la base, circulaires au niveau du corps et lisses au niveau du sommet.

En 1885, une structure cachée sous la base fut découverte par hasard. 160 bas-reliefs décrivant le Kāmadhātu sont sculptés sur ce pied caché. Les reliefs restant sont des panneaux avec de courtes instructions pour les sculpteurs, illustrant la scène devant être sculptée. La vraie base est recouverte par un support de base dont l’utilité demeure mystérieuse. On pensa d’abord que ce support servait à prévenir les risques d’affaissement du monument. Une autre théorie suggère que ce support fut ajouté pour cacher une base mal conçue, si l’on en croit le vastu shastra, la science indienne de l’architecture et l’urbanisme.

Voir aussi cette vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=OfeXjwCxKf4

Sources : Wikipédia, YouTube.