Le sphinx de Gizeh (Egypte).

Le Sphinx de Gizeh est la statue thérianthrope qui se dresse devant les grandes pyramides du plateau de Gizeh, en Basse-Égypte. Sculpture monumentale monolithique la plus grande du monde avec 73,5 mètres de longueur, 14 mètres de largeur et 20,22 mètres de hauteur, elle représente un sphinx couchant. Réalisée vers 2500 av. J.-C., elle est attribuée à Khéphren, l’un des pharaons de la IVe dynastie de l’Ancien Empire, voire à son père, Khéops.


Ses principales dimensions sont : longueur de 73,5 mètres, hauteur de 20,22 mètres, largeur maximale de 14 mètres ; hauteur de la tête 5,20 m, largeur du visage 4,15 m, largeur de la bouche seule 2,32 m, hauteur de l’oreille 1,40 m, hauteur du nez : 1,70 m.

Le Sphinx de Gizeh, d’une masse d’environ 20 000 tonnes, est une sculpture monumentale taillée dans un promontoire naturel de quarante mètres de hauteur dans de la roche calcaire de la formation de Mokattam (calcaire nummulitique déposé au Cénozoïque puis buriné par le Nil de meilleure qualité que les formations qui l’encadrent). Sa tête est taillée dans un piton de calcaire dur et gris sur lequel sont construites les trois pyramides, un piton qui était vraisemblablement déjà vénéré aux temps pré-pharaoniques. Il se trouve en avant de la grande carrière qui a fourni nombre de blocs à la pyramide. Sa tête est tournée vers le levant.

Le corps du Sphinx, sculpté dans la couche sous-jacente de calcaire plus tendre (il est plus précisément constitué de couches tendres et de couches relativement plus dures, d’où les marques d’érosion différentielle), pourrait être celui d’un lion couché, et la tête celle d’un souverain portant le némès, le front orné d’un uræus (on distingue encore l’endroit du front où celui-ci était fixé). La transition entre la tête et le corps est masquée par la coiffure. Les côtés de son corps sont flanqués de quatre piédestaux (supports en maçonnerie de construction tardive par rapport à celle du Sphinx) découverts lors du désensablement par Auguste Mariette vers 1850, l’égyptologue français mettant au jour à cette occasion les fragments d’une statue d’Osiris qui devait être installée sur le piédestal principal.

Longtemps identifié au pharaon Khéphren, fils de Khéops, son visage pourrait en fait représenter Khéops lui-même, comme l’affirme  l’archéologue de l’Institut français d’archéologie orientale Vassil Dobrev. Plusieurs indices lui ont permis d’élaborer sa théorie, comme l’observation de sa coiffe, la largeur de son menton carré, la forme de ses oreilles ou sa barbe de cérémonie. Cependant, les comparaisons morphologiques et stylistiques révèlent leurs limites, la tête du Sphinx étant trop endommagée (nez absent, yeux rapiécés, bouche et oreille abîmées). Un autre argument avancé en faveur de Khéops est l’hypothèse selon laquelle les Égyptiens arrivaient de Memphis par le sud, via un canal du Nil, et observaient le profil droit du Sphinx, avec en arrière la pyramide de Khéops.

On pense que le Sphinx assurait une fonction de gardien du site, ou peut-être plus précisément du temple solaire édifié à côté de la pyramide de Khéops.

Si le corps et la tête sont taillés à même le roc (les archéologues évaluent à environ un million d’heures le temps nécessaire pour sculpter le Sphinx à l’aide de burins ou ciseaux en cuivre et des maillets en bois, ce qui correspond à un volume sculpté d’environ 765 m314), les pattes tendues ont été ajoutées en maçonnerie et des blocs de calcaire ont été apposés pour affiner le modelé du corps ou lors de différentes phases de restauration, notamment celle de Thoutmôsis IV (phase I), de la XXVIe dynastie (phase II de -664 à -525) et des Romains (phase III de -30 au IIe siècle) qui posent une couche de protection de pierre sur les pattes et les deux côtés du Sphinx. À l’origine, selon les écrits de Pline l’Ancien et les traces présentes sur le visage, le Sphinx devait être entièrement recouvert de plâtre peint, visage et corps en rouge18, le némès en bleu et jaune comme il était courant de le faire sur la statuaire égyptienne. Mais les archéologues datent ces peintures d’une époque plus tardive, du Nouvel Empire, période où le Sphinx était honoré comme divinité dynastique.

L’égyptologue français Émile Baraize a trouvé aussi les fondations d’un temple (le « temple du Sphinx ») ainsi qu’une statue en pied d’un roi devant son poitrail, mais il s’agit sans doute là d’ajouts tardifs mille ans après la construction du Sphinx), tout comme la stèle de granit rose placée entre ses pattes par Thoutmôsis IV. Taillée directement dans le roc, cette « stèle du rêve » (appelée aussi « stèle du songe ») raconte le mythe du songe de Thoutmôsis IV alors qu’il était venu chasser sur le site. Le texte de la stèle est celui-ci :

« Un jour il advint que le fils royal Thoutmôsis, qui allait se promener à l’heure de midi, se reposa à l’ombre de ce grand dieu ; la torpeur du sommeil le saisit, au moment où le soleil était à son zénith. Il s’aperçut alors que la Majesté de ce dieu auguste lui parlait, de sa bouche même, comme un père parle à son fils, disant : regarde-moi, contemple-moi, ô mon fils Thoutmôsis ; je suis ton père, Horakhéty-Khépri-Râ-Atoum ; je te donnerai la royauté sur terre, à la tête des vivants, tu porteras la couronne blanche et la couronne rouge sur le trône de Geb, le prince (des dieux). La terre t’appartiendra en sa longueur et sa largeur, et tout ce qu’illumine l’œil brillant du maître de l’Univers. (…) Voilà que maintenant le sable du désert me tourmente, le sable au-dessus duquel j’étais autrefois ; aussi hâte-toi vers moi, afin que tu puisses accomplir tout ce que je désire. »

Thoutmôsis fit désensabler le Sphinx pour satisfaire le dieu qui lui serait apparu en rêve, lui promettant en échange le trône du royaume d’Égypte. Il fit également construire une série de murs d’enceinte en briques de terre enduit de plâtre de neuf mètres de hauteur14 pour protéger la statue d’un nouvel ensablement. Cet événement légendaire, consigné sur la stèle, lui servit de propagande pour asseoir sa légitimité en étant associé à la postérité du Sphinx.

Les égyptologues situent la période de construction de cet ouvrage autour de 2500 av. J.-C. (époque à laquelle le plateau de Gizeh était une savane), ce qui correspond au règne du pharaon Khéphren, dont le Sphinx serait le portrait. Concernant le temple qui l’accompagne, Christiane Zivie-Coche montre que les lits de calcaire et les fossiles, tels qu’ils sont parfaitement visibles sur la paroi sud de la cavité qui entoure le Sphinx, se retrouvent sur les blocs ayant servi pour le gros œuvre du temple du Sphinx, voisin géographiquement et très proche architecturalement du temple de la vallée de Khéphren. Cependant, l’origine du Sphinx est remise en question depuis quelques années, notamment par l’égyptologue Rainer Stadelmann qui, reprenant une thèse plus ancienne, y voit l’œuvre du pharaon Khéops. S’appuyant sur l’analyse stylistique et archéologique, il démontre ainsi que la forme de la coiffure (némès), l’absence de barbe à l’époque de la  construction, la présence du Sphinx dans une carrière ayant servi à la construction de la pyramide de Khéops et les traits du visage sont caractéristiques du règne de ce dernier. D’après l’égyptologue Vassil Dobrev, Djédefrê (fils de Khéops et frère de Khéphren qui régna entre ces deux pharaons) pourrait être le constructeur du Sphinx de Gizeh à la gloire de son père (à moins qu’il n’ait juste fait que restaurer sa tête). Par ailleurs, des inscriptions sur les dalles qui recouvraient des fosses sur le côté sud de la pyramide de son père Khéops indiquent que c’est Djédefrê qui aurait également fait démonter et enfouir les barques solaires dans ces fosses, pour que celui-ci puisse voyager dans l’autre monde.

Le temps a gravement abîmé le grand Sphinx, en particulier à cause de l’érosion éolienne de la tête, et de l’érosion en majorité hydraulique sur le corps et aux alentours qui était recouvert de sable, sable qui s’amoncelle constamment et qui a provoqué les « vagues » qui recouvrent maintenant tout le corps. Plusieurs fois, le Sphinx a dû être désensablé. De plus, le calcaire constitutif (calcaire marin de faible profondeur contenant parfois d’abondants coraux et stromatoporoidés) contient du sel qui se dissout lorsque la nappe phréatique sous le Sphinx remonte, et qui, arrivée en surface, l’effrite. Les infiltrations s’accélèrent avec les activités humaines modernes (construction d’une station d’épuration, de pont et de routes qui ont fait monter le niveau de la nappe).

Le site, attaché à la capitale Memphis, est abandonné, à la chute de l’Ancien Empire, pendant dix siècles, le pouvoir s’étant installé dans la nouvelle capitale Thèbes. C’est à l’avènement du Nouvel Empire que les pharaons reviennent occuper les palais royaux de Memphis et font déblayer le site de Gizeh32. Thoutmôsis IV fait désensabler le Sphinx une première fois. Il est à nouveau ensablé car l’historien Hérodote ne le mentionne pas. Sous les règnes de Tibère, Néron et Marc Aurèle, les stratèges et préfets d’Égypte le font à nouveau désensabler et réparer les murs d’enceinte qui l’entourent, puis, à l’occasion de la visite de Septime Sévère, ils font aménager un pavement. Après la chute de l’Empire romain, le monument est de nouveau progressivement ensablé mais sa tête reste émergée. Le Sphinx inspire la crainte et il est surnommé « Abou al Hôl » (le Père la Terreur) par les Arabes.

À partir de 1816, Giovanni Battista Caviglia, financé par des Anglais, réalise des fouilles à l’occasion d’un désensablement du Sphinx. En 1817, il met au jour entre ses pattes les yeux et la bouche du cobra de l’uræus ainsi que la barbe de cérémonie dont des fragments se retrouvent dans le British Museum (fragment de barbe tressée hauteur totale réunie de 78,7 cm et 38 cm de largeur) et le Musée du Caire. Cette barbe est probablement un ajout tardif lorsque le Sphinx était vénéré sous le nom d’Harmakhis lors de la période du Nouvel Empire. Selon Vassil Dobrev et Zahi Hawass, il n’y en a aucune trace sur le menton, ce qui suggèrerait qu’elle y était juste accolée et qu’elle était soutenue par la statue royale d’Amenhotep II installée sur un piédestal35. Auguste Mariette entreprend de le dégager en 1853, mais ne parvient à mettre au jour que les pattes et la stèle. Ces éléments ne restent pas longtemps déblayés : entre 1925 et 1936, Émile Baraize doit réaliser un nouveau désensablement, à l’occasion duquel est restauré le Sphinx (ciment posé au niveau du cou pour supporter la tête, comblement des fissures, phase IV de restauration).

Une partie de l’épaule droite s’étant effondrée en 1988, son cou est fragilisé. Des travaux pour sauver le Sphinx ont lieu dès 1989 (phase VI), succédant à une campagne de restauration catastrophique (phase V de 1955-1987) menée par le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes. Durant cette campagne, les restaurateurs avaient retiré les pierres de l’Ancien Empire et des briques romaines, et plaqué de grandes pierres qui ressemblent à celles du Nouvel Empire. Or, le ciment employé avait rongé la roche du Sphinx selon Zahi Hawass, alors directeur général des antiquités du plateau de Gizeh.

La dernière opération de restauration du Sphinx menée par Zahi Hawass à partir d’avril 2006 a eu pour objectif de rectifier les erreurs des précédentes restaurations, notamment par l’usage de mortier naturel (à base de chaux et de sable), mais elle soulève également des controverses, telle l’application sur les pattes d’un placage de blocs de calcaire blanc assemblés avec  régularité, procédé n’ayant jamais été utilisé par les Égyptiens de  l’Antiquité.

Source : Wikipédia.

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