Le site archéologique précolombien d’El Tajín (Mexique).

El Tajín est un site archéologique précolombien où sont situées les ruines de l’une des villes les plus importantes de la Mésoamérique de la période  classique.

La ville a prospéré de l’an 600 à 1200 de notre ère et pendant cette période de nombreux temples, palais, terrains de jeu de balle et pyramides ont été construits. Le site aurait été occupé par les Totonaques à partir du Ier siècle, puis serait devenu, lors de la chute de Teotihuacan vers le VIIe siècle, une importante cité et la capitale des Totonaques jusqu’au début du XIIIe siècle. Entre le moment où la ville est tombée en 1230 et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, aucun Européen ne semble avoir connu son existence, avant qu’un inspecteur du gouvernement ne découvre par hasard la pyramide des Niches en 1785.

El Tajín a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1992, en raison de son importance culturelle et de son architecture. Cette architecture est caractérisée par l’utilisation de niches décoratives et de béton sous des formes inconnues dans le reste de la Mésoamérique. Son monument le plus connu est la pyramide des Niches, mais parmi d’autres monuments importants figurent le Groupe Arroyo, les jeux de balle Nord et Sud et le palais de Tajin Chico. La ville révèle une influence toltèque. Elle était contemporaine de Tula et Xochicalco dans le centre du Mexique et des sites mayas d’Uxmal et Chichén Itzá au Yucatan.

D’un point de vue touristique, depuis les années 1970, El Tajin est devenu le site archéologique le plus important de l’État de Veracruz, et attire plus de 650 000 visiteurs par an. C’est également le site du Festival Cumbre Tajin, qui a lieu chaque année en mars et qui produit des vedettes locales et étrangères et propose des manifestations culturelles ainsi que des concerts de musique populaire.


El Tajin, carte maximum, Mexique.

Le site est situé dans l’actuel État de Veracruz, près de la ville de Poza Rica et au nord du port et de la ville de Veracruz. La ville est située dans les montagnes et les collines qui s’étendent de la Sierra Madre orientale à la cote du golfe du Mexique près de la rivière Tecolutla. Située dans le quart nord-est de la Mésoamérique, la ville contrôlait une zone s’étendant des rivières Cazones et Tecolutla jusqu’à ce qui est devenu à l’époque moderne, l’État de Puebla. La ville principale est limitée par deux ruisseaux qui fusionnent pour former le Tlahuanapa Arroyo, un affluent de la rivière Tecolutla. Ces deux cours d’eau alimentaient la population en eau potable. La plupart des bâtiments sont situés à l’extrémité sud, où le terrain est relativement plat à la confluence des deux rivières. Le site s’étend au nord-ouest où les terrasses ont été construites de manière à gagner davantage de place pour les bâtiments, principalement pour l’élite de la ville. Cependant la ville possède également des quartiers situés sur les collines à l’est et à l’ouest de la ville principale, où sont situés la plupart des logements du commun5. La totalité du site s’étend sur 1056 hectares.

La ville est située dans une zone de forêt tropicale, avec un climat chaud humide analogue à celui du Sénégal. La température moyenne sur l’année est de 35 °C, avec la survenue possible d’ouragans de juin à octobre. La région est également affectée par un phénomène météorologique appelé “nortes.” Il s’agit de fronts froids avec des vents qui viennent du nord et balayent les côtes de l’État de Tamaulipas et de Veracruz. Il n’existe aucune zone de peuplement importante située à proximité du site qui est entouré de champs de tabac, de plantations de bananes, de ruchers et de plantations de vanille. La plus proche ville qui soit de taille notable est Papantla.

Les recherches archéologiques faites à El Tajín et sur les sites voisins montrent que la région a été occupée au moins depuis 5600 avant notre ère et ont montré comment les nomades chasseurs-cueilleurs ont fini par devenir des agriculteurs sédentaires, construire des sociétés plus complexes avant l’émergence de la ville d’El Tajin. Le rythme d’évolution de la société est devenu plus rapide avec l’émergence de la civilisation voisine des Olmèques vers 1150 av. J.-C., bien que les Olmèques n’aient jamais été très nombreux à cet endroit. On ne sait pas qui a construit la ville. Certains plaident en faveur des Totonaques et des Xapanèques, mais il existe beaucoup d’éléments tendant à prouver que la région était peuplée par les Huaxtèques au moment de la fondation de la ville, au cours du ier siècle apr. J.-C. La construction des monuments a commencé peu après et en 600 apr. J.-C., El Tajín était devenue une ville. Le développement rapide d’El Tajín est dû à sa position stratégique le long des routes commerciales  mésoaméricaines. La ville contrôlait les flux de marchandises, les exportations comme la vanille et les importations en provenance d’autres endroits dans ce qu’on appelle maintenant le Mexique et l’Amérique centrale. Dès les premiers siècles, les objets provenant de Teotihuacán étaient abondants.

De 600 à 1200 apr. J.-C., El Tajin fut une ville prospère qui contrôlait une grande partie de ce qui est maintenant l’État moderne de Veracruz. La ville-Etat était fortement centralisée, avec une cité proprement dite où vivaient plus de cinquante ethnies. La plus grande partie de la population vivait dans les collines entourant la ville principale, et la plupart des  approvisionnements en denrées alimentaires de la ville provenaient des régions de Tecolutla, Nautla et Cazones de Herrera. Ces champs produisaient non seulement des aliments de base comme le maïs et les haricots, mais aussi des articles de luxe tels que le cacao. Un des panneaux de la Pyramide des Niches montre une cérémonie se déroulant devant un arbre à cacao. La religion était basée sur les mouvements des planètes, des étoiles, du Soleil et de la Lune et le jeu de balle ainsi que l’usage du pulque jouaient un rôle très important. Cela a conduit à la construction des pyramides, avec des temples et dix-sept terrains de jeu de balle, plus que sur tout autre site méso-américain. À partir cette époque, la ville a commencé à avoir une grande influence qui est plus apparente encore sur le site voisin de Yohualichan, dont les bâtiments comportent des niches du même type que celles qui caractérisent El Tajin. Des témoignages de l’influence de la cité sont visibles le long de la côte du Golfe de Veracruz jusqu’à la région Maya et les hauts plateaux du centre du Mexique.

À la fin de la période classique, El Tajin a survécu à l’effondrement social généralisé, aux migrations et aux destructions qui ont conduit à l’abandon de nombreux centres de population à la fin de cette période. El Tajín a atteint son apogée après la chute de Teotihuacan, et conservé de nombreux traits culturels hérités de cette civilisation. La cité a atteint son apogée dans la période Epi-classique (900-1100 de notre ère) avant de connaître la destruction et d’être engloutie par la jungle.

El Tajín a prospéré jusqu’au début du XIIIe siècle, époque où elle a été détruite par un incendie, sans doute allumé par une force d’invasion. La ville a été abandonnée en 1230 apr. J.-C., peut-être en partie à cause des attaques des Chichimèques. Les Totonaques ont créé la colonie voisine de Papantla après la chute d’El Tajin.

El Tajin fut livré à la jungle et tomba dans le silence et l’oubli pendant plus de 500 ans. Bien que la ville eût été entièrement recouverte par la jungle à partir de sa disparition et jusqu’au XVIIIe siècle, il est peu probable que la connaissance de l’endroit ait été complètement perdue pour les peuples autochtones. Des preuves archéologiques montrent qu’un village existait ici au moment de l’arrivée des Espagnols et la région a toujours été considérée comme sacrée par les Totonaques. Cependant, il n’existe pas de documents rédigés par des Européens sur le site, avant le XVIIIe siècle.

La zone était isolée et bien adaptée à la culture du tabac. Au cours de la période coloniale espagnole, la culture et la vente de tabac étaient monopole royal, mais les plantations clandestines de cette culture lucrative n’étaient pas rares puisque les Européens visitaient rarement la région. En 1785, un fonctionnaire du nom de Diego Ruiz visita la région en mars à la recherche de plantations non autorisées et tomba par hasard sur la Pyramide des Niches. Il en fit un dessin et signala sa trouvaille dans une publication intitulée La Gaceta de México. Selon lui les indigènes n’en avaient jamais révélé l’existence à aucun Espagnol10. La publication de la découverte de la pyramide dans la Gaceta eut un impact sur les milieux académiques de Nouvelle-Espagne et d’Europe, attirant l’attention des antiquaires José Antonio Alzate y Ramírez et Ciriaco Gonazlez Carvajal, qui écrivirent à ce sujet. Elle suscita également l’intérêt de plusieurs universitaires, qui comparèrent la pyramide aux constructions de la Rome antique11. En 1804, le jésuite Italien Pietro Márquez fit connaître la pyramide en Europe dans un ouvrage intitulé «Due antichi monumenti di architettura messicana». Alexander von Humboldt y fit allusion en 1811.

Depuis sa découverte par les Européens, c’est-à-dire depuis deux siècles, le site a attiré les visiteursw 4. L’architecte allemand Karl Nebel visita le site en 1831 et il fut le premier à étudier graphiquement et narrativement les détails de la Pyramide des Niches ainsi que les ruines proches de Mapilca et de Tuzapan. Il fut également le premier à avancer l’hypothèse que la pyramide faisait partie d’une grande ville. Ses dessins et ses descriptions furent publiés dans un livre intitulé Voyage pittoresque et archéologique édité à Paris en 1836.

Les premiers archéologues atteignirent le site au début du xxe siècle et parmi eux se trouvaient Teobert Maler, Edward Seler, Francisco del Paso y Troncoso, Herbert et Ellen Spinden. Avec la découverte de pétrole dans la région des routes ont été construites et améliorées dans les années 1920 à 1940. Cela a permis des investigations plus poussées dans la région. En 1935-38 les premières opérations de cartographie officielle,  d’éclaircissement et d’exploration ont été réalisées par Agustin Garcia Vega. Le premier bâtiment à être complètement dégagé de la jungle fut la Pyramide des Niches. Il a finalement défriché 77 acres, découvert plusieurs bâtiments et proposé d’appeler le site “La Cité archéologique d’El Tajin.” À partir de 1938, les travaux de fouille et de restauration ont été parrainés par INAH et dirigé par José Garcia Payon, découvrant des plates-formes, des jeux de balle et une partie de Tajín Chico, avec ses palais. Il continua à explorer le site pendant 39 ans jusqu’à sa mort en 1977, malgré les difficultés du travail dans la jungle et le manque de fonds. À cette époque, il avait découvert la plupart des bâtiments importants et établi que Tajín avait été l’une des villes les plus importantes du Mexique ancien. Dans les années 1970, le site a été l’une des rares cités de l’État de Veracruz à attirer un nombre important de touristes. De 1984 à 1994, Jürgen K. Brüggemann a approfondi le travail de García Payon, en découvrant 35 bâtiments de plus.

El Tajin a été inscrit au patrimoine mondial en 1992, en raison de l’importance historique de son architecture et de son ingénierie. “Son architecture, unique en Mésoamérique, est caractérisée par l’élaboration de bas reliefs gravés sur des colonnes et des frises. La ‘Pyramide des Niches’, un chef-d’œuvre de l’architecture mexicaine et américaine antique, révèle la signification astronomique et symbolique des bâtiments.” Le site est l’un des plus importants du Mexique et plus le important de l’État de Veracruz.

Son importance est due à sa taille et à ses formes uniques dans le domaine de l’art et de l’architecture. Les limites des zones résidentielles de la ville n’ont pas encore été définies mais l’ensemble du site est estimé à 10,7 km2. À ce jour, seulement cinquante pour cent des édifices de la ville ont été fouillés, révélant une série de places, des palais et des bâtiments administratifs dans une zone de deux miles carrés. Contrairement aux modèles tracés selon un plan très rigide des villes antiques du plateau central du Mexique, les constructeurs d’El Tajin ont conçu et aligné les bâtiments comme des unités individuelles. Il existe plusieurs éléments architecturaux qui sont spécifiques à cet endroit ou bien très rares en Méso-Amérique. Les ornements en forme de niches et les décors ajourés sont omniprésents, même la décoration des contreforts utilitaires et les murs de plates-formes. ajourées existent dans d’autres régions de Mésoamérique, mais rarement avec une telle profusion. L’utilisation de niches est spécifique à El Tajin.

Un aspect remarquable des constructions d’El Tajin est l’utilisation de béton coulé dans des coffrages. Les fragments de toit encore existants de l’immeuble C dans le secteur de Tajín Chico sont un exemple de  construction de toit en béton. En raison de l’absence de poutres ou d’autres matériaux pour le soutenir, ce toit a dû être très épais pour soutenir son propre poids. Afin d’alléger la charge et de lier les couches de ciment, des pierres ponces et des tessons de poterie ont été mélangés au ciment. Le ciment ne devait pas être versé en une seule fois, mais plutôt en couches successives. On a suggéré que les bâtiments avaient été remplis de terre pour soutenir le toit pendant qu’il était coulé et pendant qu’il séchait. Les toits une fois achevés avaient près d’un mètre d’épaisseur et étaient presque parfaitement plats. Bien que ce type de toit en ciment soit commun à l’époque moderne, il était unique dans le monde méso-américain. Des empreintes de paniers, d’emballages de tamales et d’autres éléments ont été découverts dans le ciment séché. Le béton coulé a été utilisé seulement dans les bâtiments à deux étages du site, le bâtiment B, comme toit et comme séparation entre le rez-de-chaussée et l’étage supérieur. Le seul autre exemple connu de construction à deux étages se rencontre dans les territoires mayas. Une autre caractéristique partagée uniquement avec les Mayas est l’utilisation d’une peinture bleu clair. Une autre caractéristique spécifique à El Tajin est qu’un certain nombre de résidences possèdent des fenêtres disposées de façon à permettre aux brises fraîches d’entrer pendant les journées chaudes.

Bien que les terrains de jeu de balle soient répandus en Mésoamérique, El Tajin se distingue par ses dix-sept aires de jeu. Deux de ces courts contiennent des panneaux sculptés qui décrivent le jeu de balle et sa signification rituelle. Les plus impressionnants de ces panneaux sont situés dans le terrain sud qui contient des représentations de divinités de l’inframonde et celle d’un joueur de balles venant d’être décapité, afin d’approcher les dieux et de demander la pulque pour son peuple.

Depuis que la cité est devenue site du patrimoine mondial, des recherches et des efforts de conservation ont été faits pour promouvoir la connaissance et la protection du site. Il s’est ensuivi un certain nombre de projets de recherche et de restauration, ainsi que des projets visant à rendre le site davantage accessible aux visiteurs. Toutefois, le responsable a exigé que davantage d’efforts soient faits pour conserver le site, en particulier ses fragiles peintures murales et pour trouver un équilibre entre les besoins des touristes et la nécessité d’une bonne conservation du site. Chaque année depuis 1992, voit augmenter le nombre de visiteurs sur le site qui s’élève désormais à 653 000 par an.

Source : Wikipédia.

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