Le site archéologique de Teotihuacan (Mexique).

Teotihuacan (qui s’orthographie également Teotihuacán, avec un accent sur la dernière syllabe, sans que cela corresponde à la prononciation en nahuatl) est un important site archéologique de la vallée de Mexico, comprenant certaines des plus grandes pyramides mésoaméricaines jamais construites. Outre ses structures pyramidales, Teotihuacan est également connue pour ses grands complexes résidentiels, son avenue centrale appelée par les Aztèques « chaussée des Morts » et ses nombreuses peintures murales aux couleurs bien conservées. La ville s’est développée à partir de 100 av. J.-C. et fut habitée jusqu’à son abandon entre les vie et viie siècles. À son apogée, dans la première moitié du Ier millénaire, à l’Époque classique, Teotihuacan était la plus grande ville de toute l’Amérique précolombienne et pourrait avoir compté plus de 200 000 habitants, étant l’une des plus grandes du monde de l’époque. La civilisation et le complexe culturel associé au site sont également désignés sous le nom de Teotihuacan ou Teotihuacán, en espagnol Teotihuacano.

Le statut de Teotihuacan comme centre d’un Empire est discuté, mais sa puissance en Mésoamérique est bien documentée et prouve l’existence d’une civilisation de Teotihuacan : son influence politique et économique peut être constatée dans de nombreux sites de l’État de Veracruz et de la région maya. L’origine ethnique des habitants de Teotihuacan fait également débat : parmi les candidats possibles, citons les peuples nahuas, otomi ou totonaques. Comme c’est souvent le cas des métropoles, il est possible que Teotihuacan ait été un État multiethnique : les fouilles archéologiques ont en effet montré que Teotihuacan comportait des quartiers distincts pour les Zapotèques, les gens de la côte du golfe du Mexique ou les Mayas. Selon le chroniqueur espagnol Juan de Torquemada, les Totonaques affirmaient qu’ils en étaient les bâtisseurs.

La cité se trouve à l’emplacement actuel des municipalités de Teotihuacán et de San Martín de las Pirámides, situées dans l’État de Mexico au Mexique, à environ 40 kilomètres au nord-est de la ville de Mexico et couvre une superficie totale de 82,66 km2 (19° 41′ N, 98° 50′ O).

Le site a été inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987. C’est l’un des sites archéologiques les plus visités du Mexique.


Dès le début du XXe siècle, les archéologues ont entrepris de mettre en place un cadre chronologique. La périodisation la plus courante pour la   Mésoamérique, la division en périodes préclassique, classique et postclassique, n’est guère adaptée à l’histoire de Teotihuacan. Les spécialistes ont progressivement élaboré une datation relative basée sur la céramique. Celle-ci, produite en grandes quantités et présente en abondance sur les sites archéologiques, est en effet un excellent marqueur chronologique et a permis d’établir pour Teotihuacan une séquence qui s’étend sur plusieurs siècles, divisée en phases, depuis la phase Patlachique jusqu’à la phase Metepec. On entend par phase un laps de temps caractérisé par la prévalence d’un assemblage de poteries. On distingue actuellement les phases suivantes :

  • phase Patlachique (100 av. J.-C. – 1 av. J.-C.)
  • phase Tzacualli (1-100 apr. J.-C.)
  • phase Miccaotli (100-170 apr. J.-C.)
  • phase Tlamimilolpa ancien (170-250 apr. J.-C.)
  • phase Tlamimilolpa récent (250-350 apr. J.-C.
  • phase Xolalpan ancien (350-450 apr. J.-C.)
  • phase Xolalpan récent (450-550 apr. J.-C.)
  • phase Metepec (550-650 apr. J.-C.).

George L. Cowill souligne que l’établissement d’une chronologie absolue, qui accompagne les phases céramiques est bien plus hasardeuse et indicative. La datation au radiocarbone qui s’est développée au XXe siècle souffre encore d’un manque de précision : nombre réduit de dates disponibles ou encore écarts qui affectent ces dates. Pour Teotihuacan ces dates ont fait l’objet de révisions au XXIe siècle, par exemple la destruction par le feu, accompagnée d’actes de violence et de vandalisme, du centre civico-cérémoniel. Ces événements jadis situés vers 750 apr. J.-C. sont maintenant datés de 600-650 ou même de 550.

Faute de documents écrits anciens, les origines de Teotihuacan sont mystérieuses et l’origine de ses habitants est débattue. Se fondant sur des textes de la période coloniale, comme le codex de Florence, les archéologues ont longtemps pensé qu’elle avait été construite par les Toltèques. Toutefois, le mot nahuatl « toltèque » signifie généralement « artisan du plus haut niveau » et ne peut pas se référer uniquement à la civilisation toltèque centrée sur Tula. De plus, la civilisation toltèque s’est épanouie des siècles après celle de Teotihuacan : ce peuple, tel qu’il était à l’époque de Tula, n’aurait donc pas pu être le fondateur de Teotihuacan dont les premiers bâtiments ont été datés des environs de 200 av. J.-C. La plus grande pyramide, la pyramide du Soleil, a été terminée vers l’an 100 apr. J.-C..

La question a continué à préoccuper les spécialistes pendant plusieurs dizaines d’années. Les Otomis, les Nahuas, les Totonaques, les Mazatèques ou les Popoloques ont été proposés comme principale ethnie, sans  qu’aucune hypothèse emporte une adhésion totale. Assez ironiquement, le seul habitant de la cité dont nous connaissons l’origine, est un Zapotèque, dont le nom nous a été conservé en glyphes zapotèques. George L. Cowgill pense que, plutôt que de poser la question « Qui ? », il faut se demander « Pourquoi ? » et « Comment ? ».

Traditionnellement, la réponse était que le bassin de Mexico comptait originellement un centre important : Cuicuilco (20-30 ha) au sud-ouest du lac Texcoco, alors que Teotihuacan, au nord-est du lac, ne comportait que deux gros villages, couvrant une superficie de 4 ha au début de la phase Patlachique. Lorsque, vers 50 av. J.-C., le volcan Xitle ensevelit Cuicuilco, permettant à la vallée de Teotihuacan, peu ou pas touchée, de se développer et de devenir le seul centre dominant du bassin, s’accroissant probablement de la population déplacée par l’éruption. Ces émigrants pourraient avoir accéléré la croissance de Teotihuacan. Cette théorie a été mise à mal par le vulcanologue Claus Siebe, qui a établi que l’éruption qui engloutit le site de Cuicuilco, avait eu lieu entre 200 et 400, c’est-à-dire longtemps après son abandon. Siebe a par contre noté une éruption du volcan Popocatepetl vers 200-201 av. J.-C., qui pourrait avoir contribué à la dépopulation du sud-est du bassin de Mexico et à la croissance explosive de Teotihuacan au cours de la phase Tzacualli.

Ce qui est certain, c’est que la croissance de Teotihuacan s’explique par une multiplicité de facteurs : présence de sources, une surface arable plus importante que dans la vallée de Mexico, sans compter le contrôle des importants gisements d’obsidienne d’Otumba et Sierra de las Navajas. La vallée de Teotihuacan occupait en outre une position privilégiée sur la route qui reliait le bassin de Mexico à la côte du Golfe.

Au cours de la phase Patlachique s’amorce la croissance d’une véritable agglomération urbaine. Le Teotihuacan Mapping Project a révélé une concentration importante de tessons dans deux zones du nord-est du site. Des trois monuments religieux emblématiques de Teotihuacan seule la première phase de la pyramide de la Lune, de taille modeste (23,5 m de côté), a été réalisée. L’orientation de ce premier édifice diffère de quatre degrés de ce qui deviendra plus tard l’orientation canonique de Teotihuacan (une déviation de 15° 30′ à l’est du nord astronomique). À la fin de cette phase, la ville comptait sans doute déjà quelque 20 000 habitants.

Au cours de la phase Tzacualli (1-100 apr. J.-C.), la croissance  démographique continue. On estime que la cité compte 60 à 80 000 habitants et occupe une superficie de 17 km2 à la fin de cette époque. De la phase Tzacualli date la construction de la pyramide du Soleil (la deuxième plus importante pyramide du Nouveau Monde après la grande pyramide de Cholula). Construit d’un seul jet en briques crues couvertes du fameux “béton” de Teotihuacan, cet édifice d’1 175 000 m3 devient l’épicentre de la cité. Il témoigne avec éclat de la capacité des gouvernants de la cité à mobiliser une énorme main-d’œuvre. La pyramide de la Lune reçoit deux agrandissements mineurs. Ces deux édifices sont édifiés selon l’orientation de 15° 30′ à l’est du nord astronomique, qui deviendra la “marque” de Teotihuacan.

La phase Miccaotli et le début de la phase Tlamimilolpa (100-250 apr. J.-C.) voient un ralentissement de l’accroissement démographique. Le centre civico-cérémoniel de la cité prend peu à peu la configuration que nous lui connaissons. La principale avenue centrale de la cité, appelée l’« allée des morts » (Miccaotli en nahuatl) mais dont on ignore le nom originel, est aujourd’hui encore bordée d’une architecture cérémoniale  impressionnante, comprenant les trois structures principales : l’immense pyramide du Soleil, la pyramide de la Lune, la pyramide du Serpent à plumes ou temple de Quetzalcoatl et de nombreux palais et temples de moindre importance. À noter l’absence de toute fortification et structure militaire dans la ville. La pyramide de la Lune est spectaculairement agrandie : sa superficie est multipliée par neuf. La construction de la pyramide du Serpent à plumes et de la Citadelle s’est déroulée à la même époque. Cette période voit encore la construction du Grand ensemble.

À son apogée, au cours des phases Tlamilolpa et Xolalpan (250-550), la ville avait atteint son extension maximum et couvrait plus de 22,5 km2. Certains édifices commencent à être superposés à des bâtiments précédents. Selon certains auteurs, la cité abritait une population de plus de 150 000 personnes, peut-être même 250 000. Il est à noter que les estimations de population varient souvent entre les auteurs suivant la manière d’interpréter les données, en prenant par exemple comme point de départ le nombre de complexes résidentiels. George L. Cowgill, qui souligne à quel point il est difficile d’estimer une population préhistorique, avance le chiffre de 85 000 personnes.

Au IVe siècle, la pyramide du serpent à plumes fut incendiée. Nous ne savons rien de cet événement, sinon que, comme en témoignent les fouilles archéologiques, l’intention était de profaner l’édifice. On se perd en conjectures sur les circonstances de cette destruction. Elle a été interprétée comme le témoignage du passage d’un régime autocratique à un gouvernement collectif. Il pourrait également s’agir d’un bouleversement politico-religieux dirigé contre le culte du serpent à Plumes. À l’appui de cette hypothèse, on invoque la peinture murale dite « des animaux mythologiques ». Celle-ci représente le combat entre des serpents à plumes et d’autres animaux emblématiques et serait une allégorie politique de cette lutte entre factions.

Cette période voit la généralisation des « ensembles résidentiels » aux murs de pierre, dont la construction avait débuté à la fin de l’époque précédente. Vers 450, l’immense majorité de la population vit dans ce type d’habitations occupées par plusieurs familles. À la périphérie de la cité, une minorité (peut-être 15 %) a continué à vivre dans des habitations en matériaux périssables (adobe).

La ville était multiethnique et comprenait des populations venues de toute la région placée sous l’influence de Teotihuacan. Certains quartiers (“barrios” en espagnol) en périphérie de la ville hébergeaient des groupes venus de régions plus lointaines : Oaxaca, Michoacan, côte du golfe ou région maya. On a identifié un “quartier zapotèque”, également connu sous le nom de Tlailotlacan, à l’ouest de la cité, qui comprenait la Structure, occupée par des gens originaires du Michoacan. Ces Zapotèques se sont progressivement intégrés à la société teotihuacane, tout en conservant certaines particularités culturelles : écriture, coutumes mortuaires, habitudes alimentaires. Le quartier dit “des commerçants”, d’une étendue de 4 ha, se situait à l’est de la cité. Comme son nom l’indique, ses occupants, venus du Veracruz, s’occupaient de commerce à longue distance. Ils occupaient des édifices de plan circulaire, très différents des autres structures de Teotihuacan.

Teotihuacan était devenue la plaque tournante de l’économie d’une grande partie de la Mésoamérique. Elle était un lieu d’échanges avec les autres entités politiques de Mésoamérique, notamment pour le commerce du jade, du copal, du mica en provenance d’Oaxaca, de l’onyx, de la résine  aromatique de la côte du golfe du Mexique ou des plumes caudales du quetzal venues du pays maya. Parmi les produits manufacturés qu’elle exportait à des centaines de kilomètres figuraient les objets d’obsidienne que ses artisans façonnaient, un large éventail de poterie, à usage domestique ou rituel, comme les vases tripodes fort appréciés.

On croyait initialement qu’aux alentours des VIIe et VIIIe siècle, la ville avait été mise à sac et brûlée par des envahisseurs, probablement des Chichimèques. La datation de ces événements dramatiques a été revue mais divise encore les archéologues. Selon certains, l’incendie aurait eu lieu vers 550. D’autres penchent pour une date plus tardive, entre 600 et 650. Par ailleurs, les fouilles les plus récentes semblent indiquer que l’incendie de la cité s’est limité aux structures et habitations associées avant tout au centre civico-cérémoniel et à la classe dirigeante, tandis que les districts pauvres ne furent presque pas touchés, ce qui peut s’expliquer par une émeute à l’intérieur de la ville. En effet, comme les premiers travaux archéologiques se sont focalisés sur les palais et les temples, lieux fréquentés par les élites, et que tous ces sites montraient des traces d’incendie, les archéologues en ont conclu, un peu hâtivement semble-t-il, que l’ensemble de la cité avait brûlé. Cependant, il apparaît à présent que la destruction de la cité s’est limitée aux symboles du pouvoir : certaines statues ont même été méthodiquement détruites et leurs fragments dispersés : dans le complexe de Xalla, on a découvert à plusieurs mètres de son socle plus de 160 fragments d’une statue méthodiquement fracassée au moyen de divers outils, qui gisaient au milieu des restes calcinés d’un sanctuaire.

Des indices de déclin démographique au début du VIe siècle tendent à confirmer l’hypothèse de troubles internes. Le déclin de Teotihuacan a pu être mis en corrélation avec de longues périodes de sécheresse liées au refroidissement brutal provoqué par le changement climatique de 535-536 apr. J.-C. Cette théorie du déclin écologique s’appuie sur des vestiges archéologiques qui montrent une augmentation du pourcentage des squelettes d’adolescents porteurs d’indices de malnutrition au cours du vie siècle. La violence et les troubles internes peuvent découler d’une période de sécheresse et de famine générale, les élites étant tenues pour responsables puisqu’en leur rôle à la fois religieux et politique, elles avaient la charge de l’équilibre du monde et de la prospérité de la cité. D’autres cités situées à proximité comme Cholula, Xochicalco et Cacaxtla se sont affrontées pour combler le vide laissé par le déclin de la puissance de Teotihuacan. Il est possible qu’elles aient profité des difficultés de Teotihuacan pour réduire son influence et son pouvoir. L’art et l’architecture de ces sites imitent le style de Teotihuacan, mais démontrent également un mélange éclectique de motifs et d’iconographies provenant d’autres parties de la Mésoamérique, en particulier de la région maya.

Les défenseurs de la théorie de l’invasion s’appuient sur des peintures murales de Cacaxtla, parmi lesquelles on a trouvé une peinture de bataille représentant le glyphe de Teotihuacan sur une pyramide en flammes, symbole d’une cité conquise en Mésoamérique. Cela voudrait dire qu’il y eut une attaque contre Teotihuacan menée par les habitants de Cacaxtla. Cependant, il n’était pas rare à l’époque que des potentats s’attribuent faussement une victoire.

La nature des interactions politiques et culturelles entre Teotihuacan et les cités de la région maya (comme ailleurs en Mésoamérique) a été un sujet de débats importants depuis la découverte à Uaxactun en 1933 de céramiques provenant de Teotihuacan. L’essentiel des échanges et des interactions se sont produits au cours des siècles écoulés depuis la période préclassique tardive jusqu’au milieu de la période classique. Les « idéologies inspirées par Teotihuacan » et sa culture ont persisté dans les centres Maya au cours de la période classique tardive, longtemps après le déclin de la ville de Teotihuacan elle-même. Cependant, les chercheurs débattent encore entre eux de l’importance de l’influence de Teotihuacan et de son étendue. Certains pensent que la cité a exercé une domination directe et militaire, d’autres que l’adoption de traits « étrangers » faisait partie d’une diffusion culturelle sélective, consciente et agissant dans les deux sens. De nouvelles découvertes suggèrent que Teotihuacan n’était pas très différente dans ses interactions avec d’autres capitales des empires plus tardifs, comme ceux des Toltèques et des Aztèques. On estime que Teotihuacan a eu une influence majeure sur la civilisation maya préclassique et classique, très probablement par la conquête de plusieurs centres et régions Mayas, y compris Tikal et la région de Petén, et par son influence sur la culture maya.

Les styles architecturaux prédominant à Teotihuacan se retrouvent dans un certain nombre de sites mésoaméricains éloignés, ce que certains  chercheurs ont interprété comme une preuve d’interactions profondes avec Teotihuacan ou d’une domination politique et militaire. Un style particulier associé à Teotihuacan, connu sous le nom de talud-tablero, est un module dans lequel un soubassement en talus sur le côté extérieur d’une structure (talud) est surmonté par un panneau vertical rectangulaire en saillie (tablero). Les variantes de ce style générique se rencontrent dans un certain nombre de sites de la zone maya, parmi lesquels Tikal, Kaminaljuyu, Copan, Becan et Oxkintok, en particulier dans le bassin de Petén et les hautes terres du centre du Guatemala. Le style talud-tablero a fait sa première apparition à Teotihuacan au début de l’époque classique et il semble avoir son origine dans la région de Tlaxcala-Puebla au cours de la période préclassique. Des analyses ont retracé le développement des variantes locales du style talud-tablero sur des sites comme Tikal, où son utilisation précède l’apparition au ve siècle de motifs iconographiques partagés par Teotihuacan. Le style talud-tablero s’est diffusé dans toute la Mésoamérique, à partir de la fin de la période préclassique, et non pas spécifiquement, ou seulement, par le biais de l’influence de Teotihuacan. On ne sait pas comment, ni à partir d’où, le style s’est propagé dans la région maya.

La ville était un centre d’industrie qui abritait de nombreux potiers, bijoutiers et artisans. Teotihuacan est connue pour avoir produit un grand nombre d’artefacts en obsidienne. On ne connaît aucun texte non idéographique de cette ville existant ou ayant existé. La cité est toutefois mentionnée sur certains monuments mayas, montrant que la noblesse de Teotihuacan voyageait et contractait des alliances matrimoniales avec les potentats locaux jusqu’à Copán dans l’État actuel du Honduras. Des inscriptions mayas font référence à un individu surnommé par les archéologues anglophones « Spearthrower (= propulseur, atlatl, arme caractéristique de Teotihuacan) Owl (= hibou) », qui serait un dirigeant de Teotihuacan ayant régné près de 60 ans et qui aurait imposé son fils Yax Nuun Ayiin I comme roi de Tikal et Uaxactun (dans l’État actuel du Guatemala). Ce dernier est représenté en tenue de guerrier de Teotihuacan sur la stèle 31 de Tikal. Ces relations étaient réciproques : on a retrouvé à Teotihuacan des objets provenant de la zone maya. Plus éclairant encore : l’analyse isotopique de trois squelettes retrouvés récemment dans une tombe de la Pyramide de la Lune a permis de déterminer qu’ils étaient originaires des Hautes-Terres mayas.

Des preuves archéologiques suggèrent que Teotihuacan était une ville multi-ethnique, avec des quartiers distincts occupés par les Otomi, les Zapotèques, les Mixtèques, les Mayas et des peuples nahuas. Selon les Aztèques, les Totonaques affirmaient que c’étaient eux qui l’avaient construite, mais cette version n’a pas été corroborée par les découvertes archéologiques. En revanche, en 2001, Terrence Kaufman a présenté des travaux linguistiques suggérant qu’un important groupe ethnique de Teotihuacan était apparenté sur le plan linguistique à la famille des langues totonaques et /ou mixe-zoque. Selon Terrence Kaufman, cela pourrait expliquer l’influence générale des langues totonaques et mixe-zoques sur beaucoup d’autres langues méso-américaines. C’est cependant la langue otomi qui était la lingua franca dans la région de Teotihuacan, à la fois avant et après la période classique. Il n’est donc pas possible, en l’état actuel des recherches, de préciser quel groupe culturel et ethnique était dominant à Teotihuacan et de plus, il est possible d’une part que cette prédominance (s’il y en avait une) a pu passer d’un groupe à l’autre au fil des phases, et d’autre part que tel groupe a pu prédominer dans le domaine artisanal, tel autre dans le domaine commercial, tel autre encore dans le domaine religieux et ainsi de suite.

En l’absence de textes, les spécialistes ne peuvent s’appuyer que sur les fouilles archéologiques et les analogies ethnohistoriques pour émettre des hypothèses sur la religion de Teotihuacan. Celle-ci fait partie des religions mésoaméricaines qui présentent beaucoup de similarités avérées. Il s’agit de religions polythéistes, dotées d’un panthéon, et immanentes, c’est-à-dire que les forces surnaturelles imprègnent le monde naturel. Les arts plastiques constituent notre principale source d’information. Les artefacts sont notoirement difficiles à interpréter de façon fiable et objective. La recherche est donc en constante évolution et les débats nombreux, comme celui à propos de la “grande déesse de Teotihuacan”.

Source : Wikipédia.

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