Le site archéologique de Chan Chan (Pérou).

Chan Chan (ou Chanchán) est un site archéologique précolombien de la région de La Libertad, à 5 kilomètres à l’ouest de la ville de Trujillo, sur le territoire de la station balnéaire de Huanchaco au Pérou.

Chan Chan est situé sur la côte de l’océan Pacifique non loin de l’embouchure de la vallée du fleuve Moche, c’était la plus grande ville de l’ère précolombienne en Amérique du Sud et la capitale de l’empire historique du Chimor de 900 à 1470.

Le nom Chan Chan – qui vient des transcriptions des chroniqueurs espagnols – est probablement dérivé de la langue Chimú, le Quingnam dans laquelle le mot « Jiang » ou « Chang » signifie Soleil. Donc Chan-Chan serait littéralement « Soleil Soleil » grâce sans doute à son climat ensoleillé, rafraîchi toute l’année par une brise du sud.

La vraie signification serait : Grand soleil, soleil resplendissant, soleil splendide, puisqu’une caractéristique typique du langage Quingnam est que la duplication d’un mot lui fait acquérir un sens nouveau.

Une autre théorie dit que le nom dériverait du terme : Shian ou Sian. La syllabe « Shi » se traduisant par Lune et « An » par maison, Chan Chan serait donc la Maison de la Lune, la Lune étant la divinité principale.

D’une superficie d’environ 20 km2 à l’origine, Chan Chan aurait été construit vers 850 par le royaume de Chimor (de la culture Chimú), une civilisation intermédiaire tardive qui se développa sur les ruines de la civilisation Moche.

La cité de terre (en adobe) de Chan Chan a été la capitale de ce royaume jusqu’à sa conquête par l’Empire Inca au XVe siècle. La ville aurait compté environ 30 000 habitants et peut-être même le double ou le triple selon les sources consultées.

Chan Chan se trouve dans une partie particulièrement aride du désert côtier du nord du Pérou. En raison du manque de pluie dans cette région, la principale source d’eau de Chan Chan est constituée par les rivières qui transportent les eaux de ruissellement des Andes, eaux qui étaient parfaitement gérées et exploitées par les habitants grâce à des systèmes d’irrigation.

Les estimations actuelles indiquent que la cité qui comptait entre 20 000 et 30 000 habitants à sa fondation, aurait rassemblée de 60 000 à 100 000 habitants lorsque le royaume s’est développé (à partir d’environ 1300).

Après la conquête de l’empire Chimú par les Incas vers 1470, Chan Chan est tombé en déclin.

Lorsque Tupac Yupanqui assiégea la ville en 1470 et détruisit les aqueducs qui l’alimentaient en eau, la population fut réduite à environ 5 000 ou 10 000 personnes.

En 1535, Francisco Pizarro fonda la ville espagnole de Trujillo qui relégua Chan Chan dans l’ombre. Bien qu’elle ne soit plus une capitale florissante, Chan Chan était encore bien connue pour ses grandes richesses et a donc été pillée par les Espagnols. Un trésor équivalent à 80 000 pesos d’or y aurait été récupéré (près de 5 000 000 000 $ US).

Après la conquête espagnole, la population totale du royaume Chimú qui était à l’époque de 500 000 personnes, fut réduite à 40 000 habitants en un siècle.

À l’époque de la Vice-royauté du Pérou (1532-1821), Chan Chan fut l’objet de pillages et de destructions multiples, car on croyait qu’il s’y cachait un  grand trésor d’or et d’argent.

Le 27 juillet 1932, pendant la Révolution de Trujillo (1932), un nombre indéterminé de citoyens furent fusillés dans les ruines de Chan Chan par des membres de l’armée péruvienne, en représailles de l’attaque par les guérilleros de l’APRA de la caserne O’Donovan où furent tués plusieurs soldats Urristas (de UR pour Unión Revolucionaria le parti fasciste au pouvoir sous le gouvernement du général Luis Miguel Sánchez Cerro).

Le centre urbain de Chan Chan, densément construit, s’étendait sur près de 6 km2 était composé de dix citadelles fortifiées (ciudadelas), comprenant des salles de cérémonie, des chambres mortuaires, des temples, des réservoirs et des résidences.

Chacune de ces citadelles a une configuration rectangulaire avec une entrée sur son côté septentrional, de hautes murailles et un labyrinthe.

La ville était traversée par des rues et des avenues, séparant des quartiers parfaitement délimités et elle disposait d’un réseau de routes qui la reliait aux centres administratifs des vallées environnantes.

La cité de Chan Chan ne présente pas de plan d’ensemble ni de schéma d’urbanisme évident.

Les preuves de la signification de ces structures se retrouvent dans  plusieurs céramiques funéraires découvertes à Chan Chan. Beaucoup d’images semblent représenter des structures très similaires ce qui indique l’importance culturelle de l’architecture pour le peuple Chimú de Chan Chan. De plus, la construction de ces structures massives indique qu’il y avait une main d’œuvre importante disponible à Chan Chan, ce qui indique l’existence d’une hiérarchie dans la société à Chan Chan car il est probable que la construction de ces édifices monumentaux était l’œuvre d’une classe inférieure.

L’organisation architecturale de Chan Chan reflète une forte stratification sociale, avec des classes différentes occupant des zones et des bâtiments différents, propres à leur condition économique. Les citadelles, par  exemple, sont protégées par de hauts murs et n’ont qu’un seul accès, ce qui facilitait le contrôle des entrées et sorties.

Les citadelles partagent des caractéristiques formelles. Ce sont des espaces clos de forme rectangulaire, orienté nord/sud et divisés en trois secteurs. Ses espace montrent un degré élevé de planification dans leur construction; accès principal situé au nord, zonage similaire à l’intérieur, présence de places, de dépôts, de plateformes funéraires et de puits.

La cité de Chan Chan est organisée en trois secteurs : nord, centre et sud.

Le secteur nord est une place ou une cour avec des banquettes (murets qui peuvent être utilisés pour s’asseoir) sur son périmètre, avec un accès au sud, auquel on accède en montant par une petite rampe. On y trouve des constructions qui, vues d’en haut, ont la forme d’un “U” et qui doivent avoir abrité un fonctionnaire ou une personne liée aux fonctions administratives les plus importantes de la ville.

Dans le secteur central se situe la plus grande concentration de bâtiments destinés au stockage de produits. Il contient également la ” plate-forme funéraire “, une petite pyramide tronquée de faible hauteur, à l’intérieur de laquelle fut enterré le seigneur principal de chacune des citadelles. La plupart de ces plates-formes ont été pillées dans les premières années de la conquête espagnole (1531). La zone centrale est formée d’un ensemble de dix enceintes fortifiées (citadelles) et d’autres pyramides solitaires. Ce complexe central couvre une superficie d’environ six kilomètres carrés. Le reste est formé d’une multitude de petites structures, de trottoirs, de canaux, de murs et de cimetières.

Le secteur sud, en apparence, est une enceinte sans constructions, mais grâce aux fouilles archéologiques, il a été possible de savoir qu’il existait des structures en matériaux périssables, qui montrent des activités domestiques. Cette zone était la zone de résidence, où se trouvaient la cuisine et les chambres à coucher. C’est probablement pour cette raison que c’est ici que se trouvait les puits qui approvisionnaient les habitants de la citadelle en eau.

Les complexes architecturaux de l’élite sont situés à l’extérieur des citadelles. Il s’agit d’enceintes en terre cuite à parois et angles droits, de formes très variées et très différentes les unes des autres en termes de  dimensions et de qualité des constructions. Cependant, ils partagent une constante : ils répètent certaines des caractéristiques des citadelles, comme les patios, les espaces publics, les magasins, les puits, l’orientation et la distribution interne. Ces bâtiments servaient non seulement de résidences, mais aussi à un large éventail d’activités liées à l’administration. Les habitants de ces complexes devaient mener des activités similaires ou liées aux propriétaires des citadelles (domesticité), mais avec beaucoup moins d’importance politique et économique.

Les murs sont faits de galets de 50 cm de haut, qui servent de base aux murs de quincha. Les toits du même matériau traditionnel sont soutenus par des fourches en bois. À l’intérieur, des traces d’activités domestiques ont été découvertes, comme des âtres, des récipients et des céramiques utilitaires.

Les citadelles ont été construites avec des murs d’adobe sur des fondations en pierre reliées par de la boue, les murs sont plus larges à la base et plus étroits au sommet. Pour construire des planchers, des remblais muraux, des rampes et des plates-formes, on a utilisé des morceaux d’adobe, ainsi que de la terre, des pierres et d’autres débris. Le bois servait à fabriquer des poteaux, des colonnes et des linteaux. Des roseaux et des nattes en roseaux ont également été utilisés. L’architecte péruvien Emilio Harth Terré a prouvé que des roseaux provenant du bassin de Guayas (Guayaquil, Équateur) ont été utilisés à Chan-Chan. Les toits étaient faits de gerbes de paille entrelacées.

Il y a une grande beauté et de la variété dans la quantité de murs décorés de hauts-reliefs. Ceux-ci ont été réalisés avec des moules et décorent les murs des patios, les places et les couloirs à l’intérieur des citadelles.

La ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le 28 novembre 1986 et l’UNESCO l’a inscrit cette même année sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Les recommandations initiales du Comité du patrimoine mondial incluaient pour les 1 414 ha de la zone archéologique, la prise de mesures appropriées pour la conservation, la restauration et la gestion, l’arrêt de toute excavation qui ne serait pas accompagnée de mesures de conservation et l’atténuation du pillage.

Source : Wikipédia.

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