Le Silure glane.

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Le silure glane (Silurus glanis) est une espèce de poissons d’eau douce du genre Silurus, originaire du Paléarctique occidental. C’est le plus grand poisson d’eau douce d’Eurasie et le troisième plus grand au monde, pouvant atteindre plus de 2,7 m de longueur et 130 kg.

Grâce à six barbillons le silure peut explorer son environnement et chasser dans des eaux très turbides.

Sa taille et sa forme inhabituelles chez les poissons d’eau douce ont marqué les esprits. Cette espèce est présente de manière indigène dans une grande partie de l’Europe entre le bassin du Rhin à l’ouest, le bassin du Danube et les fleuves côtiers de Grèce au sud, le bassin de la Volga et de l’Oural à l’est, et le bassin de la mer Baltique au nord, ainsi qu’en Asie centrale dans les bassins de l’Amou-Daria et du Syr-Daria, et dans les cours d’eau des rives sud de la mer Noire et de la mer Caspienne au nord du Moyen-Orient. Il est cité dans l’Histoire naturelle de Buffon éditée au XVIIIe siècle. Son aire de répartition s’est récemment étendue à la suite d’introductions par l’Homme pour la pêche de loisir, lui permettant de conquérir de nombreux réseaux hydrographiques dans presque toute l’Europe de l’Ouest.


Son corps est allongé. Sa peau, très glissante, est vert-brun à blanc-noir, plus claire (jaune ou blanchâtre) sur le ventre. Des spécimens dits « mandarins » (jaune à orangé) présentent une peau plus ou moins dépigmentée. D’autres sont franchement albinos. Les animaux albinos, au sein d’un groupe pigmenté, ont une couleur qui pourrait les rendre plus vulnérables aux prédateurs. De plus les spécimens albinos pourraient avoir une vue plus dégradée (par manque de cellules photoréceptrices) ; or l’albinisme semble assez fréquent chez le silure et Slavík, Horký & Maciak en 2015 ont décrit un phénomène d’exclusion du groupe de spécimens plus clairs, peut-être parce qu’un poisson dépigmenté pourrait être une cible préférentielle pour certains prédateurs (Landeau & Terborgh, 1986 ; Theodorakis, 1989) ; ce pourrait être une raison pour l’exclusion des albinos dans un groupe de silures.

Sa tête massive, large et aplatie peut représenter jusqu’à 30 % de son poids total. La bouche très large est pourvue de lignes de dents petites et  nombreuses, semblables à de fines pointes très tranchantes. Elle lui permet d’engloutir de grosses proies et de les maintenir fermement. Elle porte six barbillons : deux longs, et mobiles, sur la mâchoire supérieure, et quatre courts sur la partie inférieure de la tête. Ceux-ci sont pourvus de « bourgeons gustatifs » (organes sensoriels servant à localiser les proies ou toute nourriture potentielle, même cachées dans la vase ou le gravier), sont situés principalement sur leur portion distale. D’autres organes lui servent aussi à détecter tout mouvement proche (la nage d’une écrevisse jusqu’à 10 mètres). Comme la plupart des poissons d’eau douce, le silure glane possède également une ligne latérale très efficace lui permettant de ressentir les mouvements de ses proies potentielles.

Ses yeux minuscules lui seraient peu utiles pour la détection, mais ils lui servent sans doute à distinguer les couleurs, la direction de la lumière et sont importants pour la régulation de ses rythmes biologiques.

Les nageoires sont au nombre de sept : deux pectorales très larges, deux ventrales légèrement moins larges, une nageoire dorsale minuscule (de texture adipeuse), une nageoire ventrale très longue partant de l’orifice anal jusque la nageoire caudale. Il peut créer un tourbillon à l’aide de celle-ci dans le but de désorienter, ou assommer sa victime qu’il peut ensuite avaler.

La taille varie d’un à deux mètres le plus souvent, mais le silure peut atteindre jusqu’à 2,75 m, pour un poids de plus de 130 kg. Le plus gros silure péché et homologué a été capturé dans le Tarn en septembre 2017 et mesurait 274 cm. Il a été pris en float-tube avec une grappe de vers. En octobre 2017, un silure de 275 cm a été pris dans le fleuve Pô en Italie mais le record n’a pas été homologué officiellement même s’il n’y a pas de doute sur la taille de ce spécimen. Plus tard, en mars 2021, un pêcheur autrichien dénommé Roland Ebner a sorti un silure plus grand, mesurant de 2m80, également des eaux du Pô.

Des sources anciennes mentionnent des dimensions plus importantes mais non vérifiables aujourd’hui et donc possiblement exagérées. Ainsi l’ichtyologiste britannique Francis Willughby rapporte indirectement au XVIIe siècle des silures qui auraient dépassé les 5 mètres pour un poids de 75 kg (150 livres), ce qui en aurait fait l’une des plus grandes espèces de poisson d’eau douce au monde. D’autres sources parlent de poissons de 330 kg dans le Dniepr en Russie.

Il existe cependant des esturgeons plus gros et plus grands.

Depuis les années 2000, des études de télémétrie puis d’analyse stomacale ont permis de mieux connaitre les habitats qu’il explore ou utilise pour s’alimenter. Elles montrent que ce poisson s’adapte facilement à tout type d’habitat pourvu que l’eau y soit assez chaude en période de reproduction (condition atteinte en Europe du Nord grâce au soleil de minuit en été) et assez riche en nourriture.

Il vit généralement près du fond, sous les troncs et branches d’arbres tombés à l’eau ou près des berges où il se cache dans l’attente d’une proie.

Dès les années 1980 on s’intéresse au régime alimentaire du silure et à sa place dans le réseau trophique. Son alimentation principale est le plus souvent représentée par les cyprinidés les plus abondants dans son environnement tels que brèmes, carassins, carpes, tanches, rotengles, chevesnes, barbeaux, hotus, etc.

C’est un poisson carnassier typiquement généraliste et opportuniste. Il peut consommer une grande variété d’espèces de poissons et parfois d’autres animaux vivant dans l’eau ou au bord de l’eau, pourvu qu’il soit capable de l’avaler. Il consomme essentiellement des poissons, mais aussi des mollusques, des crustacés, ainsi que des oiseaux d’eau et des mammifères aquatiques. Le silure peut être un grand consommateur d’écrevisses si elles sont bien présentes. Il consomme aussi des insectes comme des larves de libellules (plutôt pour les petits silures) et occasionnellement des amphibiens. Le silure peut être considéré comme un superprédateur se nourrissant parfois d’autres prédateurs (sandre, brochet, etc) pouvant mesurer jusqu’au tiers de sa propre taille, bien que ceux-ci ne constituent qu’une faible part de son alimentation. De gros sujets peuvent ingérer des poissons de plus de 5 kg. Son caractère au moins localement envahissant pourrait être lié à sa grande adaptabilité alimentaire.

L’opportunisme et l’adaptabilité de cette espèce s’illustre par exemple au bord du Tarn, où l’alimentation de certains silures est composée à 80 % de pigeons qui viennent s’abreuver sur les berges. Ailleurs, il attaque occasionnellement des oiseaux tels que des poules d’eau, foulques, grèbes, laridés, cormorans, canards, etc, et parfois des jeunes ragondins et autres mammifères aquatiques. Dans la Loire et la Garonne, où les poissons migrateurs comme la lamproie marine et le saumon atlantique sont présents et faciles à attraper au niveau des obstacles avec passes à poissons où ils se concentrent, ceux-ci peuvent constituer une part importante de son alimentation.

Fréquemment, en été, lors de fortes chaleurs et peut-être par manque d’oxygène, les mollusques du genre Corbicula meurent, sortent de leur coquille et remontent en surface, ils deviennent un mets de choix pour le silure, qui apprécie aussi d’autres moules d’eau douce comme les mulettes (anodontes) et autres organismes filtreurs.

En 2017 des études de contenu stomacal combinées avec analyse isotopique, effectuées dans deux lacs tchèques, montrent que le silure glane occupe une niche écologique bien plus large que celle des autres prédateurs d’eau douce (brochet, sandre, perche…) et que selon les cas et ressources alimentaires présentes il se comporte tantôt en généraliste et tantôt en spécialiste. Il est très adaptable et doué de capacité d’apprentissage. Il est capable de  consommer les autres prédateurs présents dans son environnement, mais son impact concerne l’ensemble de l’écosystème aquatique, avec les poissons herbivores et omnivores comme groupe écologique le plus consommé. Il ne remplace pas le brochet, le deuxième plus grand prédateur présent dans son écosystème, car les deux espèces tendent à avoir des niches écologiques différenciées. D’après une étude similaire de 2015 dans le Lot cependant, le régime du silure est au contraire assez voisin de celui du brochet, mais les deux espèces semblent se faire peu de concurrence grâce à la productivité du milieu, ainsi que par des zones ou horaires de chasse probablement différentes.

Le silure est grégaire et territorial. Les jeunes silures se déplacent souvent en groupes de trois à quatre individus (et d’autant plus que le nombre d’individus est élevé sur un site). L’adulte est agressif envers les intrus s’il se sent en danger et il est très protecteur envers sa progéniture, il attaque tout intrus s’approchant trop près de son nid en période de reproduction, y compris les baigneurs. Ce réflexe est surtout destiné à protéger ses œufs et non à se nourrir.

Il apprécie les eaux profondes et abritées des courants, de préférence encombrées et tièdes en surface. Il affectionne les fonds vaseux,  principalement en plaine. Il passe la majeure partie de la journée en groupe, indolent près du fond, ou protégé sous les arbres ou branches.

Il s’active plutôt au coucher du soleil, à la recherche de toute nourriture jusqu’au crépuscule. L’adulte chasse alors pour lui seul, mais la chasse peut être faite en groupe. Il peut aussi chasser en journée si son attention est attirée par un poisson ou un oiseau imprudent ou montrant des signes de faiblesse sur son territoire.

Des légendes médiévales présentaient le silure comme un mangeur  d’homme. Selon les données disponibles, il peut attaquer l’homme, s’il se sent menacé, ou en période de reproduction où il défend sa progéniture, mais cela reste très rare et surtout peu dangereux, avec au maximum une blessure localisée. Cette agressivité vise alors à éloigner l’intrus, quel qu’il soit.

Le silure s’adapte aux conditions du milieu et peut radicalement changer ses habitudes de prédation. Ainsi des spécimens vivant dans le Tarn se sont spécialisés dans la chasse aux pigeons, qui se baignent dans les eaux peu profondes des rives, en employant une technique d’attaque en échouage similaire à celles employées par les orques du Chili et les crocodiles.

Le frai a lieu de mi-mai à la mi-juin. Sa date dépend de la température de l’eau.

La ponte a lieu le soir ou à l’aube dans une température de 18 à 21 °C. Le silure fraye en couple, les œufs sont déposés dans un nid préparé à l’avance, que le mâle défendra farouchement contre tout intrus durant l’incubation. Le nombre d’œufs est fonction du poids de la femelle, on compte de 20 000 à 26 000 œufs par kilogramme. Une femelle de cent kilogrammes peut pondre jusqu’à 2 600 000 œufs.

Les mâles arrivent à leur maturité sexuelle dans leur 3e ou 4e année. Les femelles sont plus tardives et ce n’est que vers leur 5e ou 6e année qu’elles arrivent à leur maturité sexuelle.

La reproduction artificielle a fait l’objet de nombreuses expérimentations de la part des aquaculteurs, allant de la reproduction in situ à la cryopréservation de ses spermatozoïdes et des embryons à l’élevage des larves en passant par l’ovulation artificiellement contrôlée, la survie des ovocytes exposés à des solutions salines et d’urine et l’insémination artificielle, dont en Tchéquie et en France, en vue de l’aquaculture de l’espèce. Pour obtenir une reproduction (et ensuite une croissance maximale) à n’importe quelle saison, l’importance de la température de l’eau pour la maturation des gonades puis pour une croissance optimale des jeunes et des adultes a aussi été étudiée.

En 1986, une étude a porté sur la production d’une triploïdie par exposition de l’ovule fraichement fécondé à un choc thermique (4 °C durant 30 à 40 min dans les cinq minutes suivant la fertilisation, opération qui tue 70 à 75 % des œufs fécondés).

Source : Wikipédia.

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