Le saxophone.

Le saxophone est un instrument de musique à vent appartenant à la famille des bois. Il a été inventé par le Belge Adolphe Sax et breveté à Paris le 21 mars 1846.

Il ne doit pas être confondu avec le saxhorn, de la famille des cuivres, mis au point, lui aussi, par Adolphe Sax. Le saxophone est généralement en laiton, bien qu’il en existe certains en cuivre, en argent, en plastique ou plaqués en or.


Le corps du saxophone est composé de trois parties trouées ou collées réalisées en laiton : le corps conique, le pavillon et la culasse reliant les deux. Les clés (au nombre de 19 à 22 selon les membres de la famille et le modèle) commandent l’ouverture et la fermeture des trous latéraux percés sur le corps (ou cheminées). L’extrémité haute du corps est prolongée horizontalement par le bocal (démontable) qui porte le bec (en ébonite, en métal, en bois, ou encore depuis peu en plastique ABS par impression 3D), équipé d’une anche simple attachée avec une ligature. Il existe différentes sortes de becs permettant d’obtenir le son souhaité en modifiant l’ouverture et la forme du bec (bec classique, bec jazz…), ainsi que différentes sortes de ligatures (métal, cuir, cuir avec lamelle d’or, d’argent, etc.).

Saxophone, carte maximum, Luxembourg, 2000.

Le son du saxophone est produit à l’aide du bec et de l’anche (en général en roseau, mais peut être aussi en matière synthétique). C’est la vibration de l’anche sur la facette du bec qui permet l’émission du son par mise en vibration de la colonne d’air contenue dans le corps de l’instrument.

Bien que métallique, le saxophone appartient à la famille des bois de par son mode de production des notes, par la vibration d’une anche en bois contre le bec. Il est cependant parfois considéré (à tort) comme faisant partie de la section cuivres dans les musiques populaires (telles que le rock, la pop, le rhythm and blues, le funk ou la musique soul) où il est associé aux trompettes et aux trombones (instruments à embouchure).

De plus, comme il tend à se rapprocher de la sonorité des cordes (ceci est stipulé dans le brevet d’invention du saxophone), on peut de façon anecdotique en faire un « chaînon manquant » unissant cordes, bois, cuivres et percussions (grâce aux sons slappés).

Le saxophone s’accorde avec les autres instruments en faisant légèrement varier l’enfoncement du bec (modulable grâce au liège entourant l’extrémité du bocal). Quand le son est trop bas, on enfonce le bec, quand il est trop haut, on tire le bec. Il présente quelques ressemblances avec la clarinette (notamment le soprano), dont il diffère cependant par sa perce conique au lieu d’être cylindrique. C’est d’ailleurs cette dernière  particularité qui lui permet d’être un instrument octaviant (alors que la clarinette quintoie) : le but même d’Adolphe Sax lorsqu’il imagina son nouvel instrument.

Le Belge Antoine Joseph Sax, dit Adolphe Sax (1814-1894), a cherché inlassablement à perfectionner les instruments de musique, et plus particulièrement les instruments à vent ; il en a amélioré la justesse, la qualité de la sonorité ainsi que la facilité de jeu (il a déposé 33 brevets). Il s’est inspiré de la clarinette pour le bec et du corps large pour l’anche.

Le tout premier saxophone construit par Sax, à Paris (rue Myrha dans le 18e arrondissement), en 1842, était un saxophone baryton en fa. Ce tout premier saxophone présentait toutes les caractéristiques du saxophone actuel : tube métallique à perce conique, bec à anche simple et système de clés Boehm, mais il avait encore la forme générale d’un ophicléide.

En 1844, le saxophone est exposé pour la première fois à l’Exposition Industrielle de Paris. Le 3 février de cette même année, Berlioz, un grand ami de Sax, dirige lors d’un concert son choral « Chant sacré » qui inclut le saxophone. En décembre, le saxophone fait ses débuts d’orchestre au Conservatoire de Paris dans l’opéra de Jean-Georges Kastner, Le Dernier Roi de Juda.

Le 21 mars 1846, Sax dépose le brevet numéro 32262 pour « un système d’instruments à vent dits saxophones » qui comporte huit instruments. La réorganisation complète des musiques régimentaires et l’adoption par l’armée française, en 1845, des instruments de son invention (saxhorns, saxophones, saxotrombas) ont placé Sax en position de monopole de fourniture de ces instruments.

Le brevet d’invention de Sax expire en 1866. La compagnie Millereau fait alors breveter le Saxophone-Millereau, qui possède une clé de fa bifurquée. En 1881, Sax étend son brevet d’invention original : il allonge le pavillon pour inclure un si et un la grave, et étend également vers le haut en ajoutant fa et sol à l’aide d’une quatrième clé d’octave.

Entre 1886 et 1887, l’Association des Ouvriers invente la clé de trille pour le do main droite, le système de demi-trou pour les premiers doigts de la main, l’anneau de réglage d’accord et la double clé. Elle améliore également le sol articulé pour que la clé de sol puisse être maintenue tandis que n’importe quel doigt de la main droite est employé, améliore le fa bifurqué et ajoute un si grave. Lecomte inventera en 1888 la clé d’octave simple ainsi que des rouleaux pour le passage mi -ut grave.

À partir de la fin du XIXe, et surtout au début du XXe siècle, se développe l’industrie américaine du saxophone. Quatre marques sont célèbres : Buescher (le premier), King, Conn et Martin. Les saxophones King ont été les principaux challengers de Selmer et le Super 20 est resté en tant que saxophone alto la référence (Charlie Parker, Cannonball Adderley…). Les premiers King sont en fait fabriqués en Allemagne par Köhlert3. C’est aussi chez Köhlert que Julius Keilwerth fait son apprentissage (ainsi que chez Amati). Les Köhlert, aujourd’hui oubliés, ont donc contribué à donner la trame des saxophones au son plus gras que l’on trouve chez King (États-Unis) ou Keilwerth (Allemagne), distinct du son clair des Selmer, Yamaha ou Yanagisawa. Conn a été dominant jusqu’à la seconde guerre mondiale (voir les premiers albums de Dexter Gordon par exemple) mais la réquisition des usines dans le cadre de l’effort de guerre a porté un coup fatal. Martin est la moins connue des quatre mais a produit des saxophones remarquables (Martin est plus connu des trompettistes : Miles Davis). Ces grandes marques vont progressivement être battues par Selmer avec le Mark VI et disparaître. Quelques modèles sont aujourd’hui très prisés : Conn 10M (ou 30M) ; King Super 20 full pearl (bocal en argent, nacres latérales) ; The Martin comittee.

La société Adolphe Sax & Cie a été rachetée par la société H. Selmer & Cie en 1928 (le premier saxophone Selmer modèle 22 est né en 1921). Depuis lors, l’entreprise Selmer a participé à l’amélioration de la fabrication des saxophones, ce qui lui a valu de conquérir le marché américain et de s’imposer en Europe. Les autres anciens facteurs de saxophones (Buffet-Crampon, Millereau, Gautrot, Couesnon) présents à la fin du XIXe siècle, ont été progressivement supplantés par des marques internationales : Köhlert puis Keilwerth, Adler, Huller (Allemagne), Yamaha et Yanagisawa (Japon).

Après son invention qui date du début des années 1840, le saxophone est très vite apparu dans l’orchestre et surtout dans les partitions d’opéra, ce qui pourrait être expliqué par le poste de Directeur de la musique de scène tenu par Adolphe Sax lui-même (une sorte de musique militaire utilisée dans les grandes scènes) à l’Opéra de Paris.

Après le Chant sacré de Berlioz et l’oratorio Le Dernier Roi de Juda de Kastner, œuvres exécutées pour la première fois en 1844 et 1845, Halévy inclut le saxophone dans son opéra Le Juif errant (composé en 1852), Giacomo Meyerbeer dans « L’Africaine » créé en 1865, Ambroise Thomas dans « Hamlet » (1868) puis dans « Françoise de Rimini » (1882), Bizet dans son « Arlésienne » (1873), Delibes dans « Sylvia » (1876), Massenet dans « Le Roi de Lahore » (1877), « Hérodiade » (1881) et « Werther » (1886), Saint-Saëns dans « Henri VIII » (1883), d’Indy dans « Fervaal » (1895), etc.

Mais la cabale dressée contre Sax est trop forte, et l’instrument, à de rares exceptions près4, a du mal à percer au sein des orchestres réputés. De fait, le seul domaine où Sax parvint à imposer ses nouveaux instruments fut celui des musiques militaires, en pleine réforme sous l’impulsion de l’ancien Aide de camp du roi Louis-Philippe, Marie-Théodore de Rumigny, qui admirait le travail de Sax. Mais au gré des nombreux bouleversements politiques de l’époque, et des grâces ou disgrâces dont bénéficiait l’inventeur, les saxophones furent tour à tour imposés, interdits ou tolérés au sein de ces musiques (d’où les périodes de faste et les faillites connues par la société Sax).

La période la plus favorable fut sans conteste celle entre 1857 et 1870, où Sax est nommé professeur au Collège Militaire rattaché au Conservatoire de Paris. Il y formera des dizaines d’instrumentistes de talent, qui essaimeront au sein des diverses musiques de l’armée. Et il fera écrire par ses amis et collègues différentes pièces de concours, ensembles de saxophones qui feront les joies des mélomanes parisiens pendant plusieurs années. Il publia lui-même ces pièces signées Jean-Baptiste Singelée, Jean-Baptiste Arban, Jules Demersseman, Jean-Baptiste-Victor Mohr ou Jérôme Savari. Mais cette exclusive militaire de l’utilisation de l’instrument n’eut pas que des effets bénéfiques en termes d’image. De nos jours, on peut faire remonter les idées reçues contre le saxophone aux musiciens classiques de cette période.

Le coup de grâce fut le déclenchement de la guerre de 1870, qui vit le Collège Militaire se vider de ses élèves, rappelés sous les drapeaux par leurs régiments respectifs. Celui-ci fut ensuite fermé définitivement et tous les efforts de Sax furent inutiles : le saxophone dut attendre l’ouverture d’une classe pour Marcel Mule en 1942 pour connaître à nouveau la reconnaissance des milieux officiels français. S’ensuivit une période de déclin qui aurait pu être fatale si le relais n’avait pas été pris en Amérique du Nord par Elise Hall, qui développa le premier répertoire soliste pour saxophone, puis par les musiciens de jazz qui apprivoisèrent peu à peu le nouvel instrument jusqu’à ce qu’il devienne l’icône emblématique de leur musique que nous connaissons de nos jours.

En 1906, le quartet de Tom Brown faisait ses premiers pas avec le cirque des « Frères Ringling » aux États-Unis. À l’origine, les musiciens étaient multi-instrumentistes dans le style des spectacles « Minstrels » très populaires outre-Atlantique, mais en 1914, l’ensemble devient le « Brown Brothers Saxophone Sextet ». Avec un répertoire allant de Verdi (sextuor de « Rigoletto ») jusqu’aux premières esquisse du “jazz” (« That Moanin’ Saxophone Rag », « Smiles and Chuckles »), ils ont eu un énorme succès populaire avec des disques, des tournées de music-hall et même des comédies musicales montées pour eux.

En 1917, Rudy Wiedoeft et son « Frisco Jass Band » eut également beaucoup de succès grâce à sa participation à la comédie-musicale « Canary Cottage » où, malgré la présence de vedettes comme Eddie Cantor, le saxophoniste fut clairement l’attraction de la soirée. Après ce succès, les enregistrements de Wiedoeft rencontrèrent un très large public.

Le public américain, très friand de ce nouvel instrument relativement facile à apprendre, lance la mode du saxophone avec des revues telles que « Sax-o-Trix » et « The Saxophone Revue ». Il impose la présence des saxophones dans les orchestres de variétés, un avis qui n’était pas partagé par les tenants du style Nouvelle-Orléans, mais qui est vite devenu de rigueur à cause de la demande populaire. Durant cette période, il y a même des orchestres entièrement composés de saxophones qui font office de fanfares lors des manifestations populaires dans les villes américaines.

Bien que le seul instrument véritablement créé d’abord pour le blues puis pour le jazz soit la batterie, le saxophone est pour le grand public, l’instrument emblématique de cette musique. Cantonné à ses débuts à un répertoire « pompier » ou militaire, le saxophone aurait pu voir sa carrière instrumentale rapidement stoppée.

Pour gagner ses lettres de noblesse et l’aura populaire qu’on lui connaît, l’instrument a dû traverser l’Atlantique pour être adopté par cette nouvelle musique qui se formait alors dans la communauté afro-américaine : le jazz. D’abord utilisé de manière rudimentaire en section, le rôle du saxophone change rapidement de dimension. La première figure marquante qui impulse ce changement au saxophone est Coleman Hawkins membre du « Fletcher Henderson Band » dès 1923. Il invente une nouvelle manière d’utiliser le saxophone, en fait un instrument soliste incontournable et développe un « son » qui reste la carte de visite du saxophone auprès du grand public.

Le romancier Alain Gerber dans Charlie fait dire à un des protagonistes que « l’inventeur” du saxophone est plus sûrement Hawkins qu’un obscur Belge… » La saillie romanesque est hardie mais n’en retranscrit pas moins convenablement le destin de cet instrument, indissociable de l’histoire du jazz. Cette association est d’autant plus forte que certains saxophonistes ont marqué l’histoire de cette musique. Dépassant le cadre de simple instrumentiste, ils ont rendu cette musique dans un état différent de celui dans lequel ils l’avaient prise : Sidney Bechet, Coleman Hawkins, Lester Young, Charlie Parker, Sonny Rollins, Sonny Stitt, John Coltrane, Ornette Coleman, Michael Brecker, etc.

C’est parce que le jazz a été à cette époque une musique populaire que le saxophone l’est devenu aussi.

Le saxophone, par sa puissance douce et son expressivité, s’est facilement adapté au rhythm and blues, au rock, à la chanson française et à toutes sortes d’autres musiques populaires (bossa nova, reggae, funk, etc.). Il est devenu un instrument familier du grand public, aussi bien d’un point de vue sonore que visuel. À tel point que dans les rares morceaux « classiques » populaires contenant une intervention de saxophone comme le Boléro de Ravel, le public peine à identifier le saxophone comme tel.

Le saxophone s’impose de plus en plus dans les pays de l’est comme une alternative plus sonore à la clarinette plus traditionnelle. De nombreux ensembles de brass bands ou de fanfares l’ont adopté en Roumanie, en Bulgarie, en Bosnie, etc. Sa robustesse est louée par les musiciens itinérants tsiganes. Son répertoire est surtout constitué de musiques de mariage plus ou moins folkloriques et de musiques actuelles dérivées du folklore et enrichies d’apports occidentaux et orientaux (turbo folk, chalga, manele, etc.).

On le retrouve aussi de manière discrète et récente dans la musique indienne. Remplaçant le nagaswaram ou la clarinette, il s’impose de plus en plus au sein des nouvelles générations de musiciens officiant auprès des temples de l’Inde du sud. On le retrouve également en Bretagne où il se marie avec l’accordéon chromatique. Dans les années 1930, le nouveau duo détrône le couple biniou-bombarde, s’accoquinant parfois avec le jazz (grosse caisse actionnée par le pied de l’un ou l’autre des musiciens).

Le saxophone effectue son entrée dans le monde de la musique classique des années 1920 grâce à des compositeurs comme Darius Milhaud, fortement influencé par cette musique venue d’Amérique (« La création du monde »), Germaine Tailleferre (première version de son premier concerto pour piano et orchestre), Maurice Ravel (Boléro) et Manuel Rosenthal (« Saxophone marmelade ») qui, parmi d’autres, ont utilisé cette nouvelle couleur dans leurs compositions. Les ballets suédois ont même monté en 1923 le seul ballet “jazz” de Cole Porter, « Within the quota », quelques semaines seulement après la première de « La création du monde ». Le succès d’orchestres de jazz en France tels que l’Orchestre Scrap Iron Jazzerinos, Jim Europe’s 369th Infantry Hellfighter’s Band et, plus tard, l’Orchestre Billy Max, ont fait entrer définitivement ce nouvel instrument dans la musique populaire française et par conséquent dans la musique moderne.

Au xxe siècle, on peut encore citer « Cardillac » (1926) de Paul Hindemith, la « Suite du Lieutenant Kijé » (1934) de Sergueï Prokofiev, « Jeanne d’Arc au bûcher » (1935) de Arthur Honegger, le « Concerto à la mémoire d’un ange » et « Lulu » d’Alban Berg, et d’autres partitions orchestrales comprenant une ou plusieurs parties pour saxophone dues à la plume de Ravel (orchestration des « Tableaux d’une exposition », « Boléro »), Darius Milhaud, Zoltán Kodály, Jacques Ibert, André Jolivet, Ralph Vaughan Williams, Franz Schreker, Benjamin Britten, Frank Martin et Luigi Dallapiccola parmi tant d’autres.

Le saxophone est aussi présent dans un certain nombre de pages concertantes écrites par tant de grands compositeurs bien connus comme la « Rhapsodie » de Claude Debussy (orchestrée par Jean Roger-Ducasse), le « Concerto op. 109 » d’Alexandre Glazounov, les deux « Ballades » de Frank Martin, le « Choral varié op. 55 » de Vincent d’Indy, le « Concertino da camera » de Jacques Ibert, la « Légende » de Florent Schmitt, le « Concerto » de Lars-Erik Larsson et l’étonnant « Concerto pour deux pianos, chœurs, quatuor de saxophones et orchestre » (1934) de Germaine Tailleferre, que par des auteurs moins illustres tels Jean Absil, Henk Badings, Eugène Bozza, Gaston Brenta, André Caplet, Raymond Chevreuille, Marius Constant, Will Eisenmann, Henri Tomasi, Pierre Vellones, Henry Woolett et de nombreux autres. Ces partitions sont très rarement exécutées en concert.

En ce qui concerne la musique de chambre, le saxophone n’est pas davantage un instrument que l’on a souvent l’occasion d’écouter en concert. Au xixe siècle, cela pouvait encore se comprendre, car à Paris, l’enseignement du saxophone n’a duré que 13 ans (classe d’Adolphe Sax, de 1857 à 1870) et n’a repris qu’en 1942. Même si certains compositeurs avaient été tentés de composer pour ce nouvel instrument, on peut comprendre qu’ils aient reculé devant le fait qu’il y avait (trop) peu de bons interprètes pour jouer leurs œuvres ; mais actuellement, ce n’est plus le cas. La deuxième raison est la suivante : le saxophone étant un des tout derniers instruments acoustiques de l’orchestre à avoir été inventé, les grands compositeurs de l’ère classique ou romantique n’ont pas pu lui confier leur inspiration.

Pour saxophone et piano, on trouve des sonates et diverses pièces, notamment de Jean Absil, Eugène Bozza, Alfred Desenclos, Alexandre Gretchaninov, Paul Hindemith, André Jolivet, Charles Koechlin, Gabriel Pierné, Alexandre Tcherepnine, et autres Jacques Castérède et Henri Tomasi, dont certaines ont été spécialement écrites pour l’un ou l’autre des deux plus grands saxophonistes du xxe siècle : Marcel Mule, un Français qui a donné de nombreux concerts dans le monde entier et créé entre autres les concertos de Pierre Vellones, Eugène Bozza et Henri Tomasi ; et Sigurd Rascher, musicien allemand naturalisé américain qui s’est également illustré sur tous les continents dans un répertoire spécialement conçu pour son aisance dans le registre suraigu, pour lequel les concerti de Glazounov et Ibert et la « Ballade » de Frank Martin ont été écrits.

Parmi d’autres partitions pour saxophone et divers instruments, on retiendra surtout Hindemith (« Trio pour saxophone, alto et piano »), Anton Webern (« Quatuor op. 22 avec clarinette, violon et piano »), Heitor Villa-Lobos (« Choros n° 7 », « Sextuor mystique » et un « Nonette »), Caplet (un sextuor intitulé « Légende »), Stefan Wolpe (un quatuor avec percussion, trompette et piano), Hans Werner Henze (« Antifone » pour 13 instruments), etc.

Aujourd’hui, de nombreux saxophonistes contemporains œuvrent à renforcer cette grande richesse de répertoires à travers leurs concerts, enregistrements, éditions critiques et autres. Citons, parmi eux, les Français Serge Bertocchi, Nicolas Prost, Vincent David, Jean-Denis Michat, l’Anglais John Harle, le Japonais Nobuya Sugawa, le Suisse Marcus Weiss, l’Allemand Sascha Armbruster et les Américains Paul Cohen, Taimur Sullivan et Paul Wehage.

De nombreux créateurs utilisent toute la famille des saxophones, comme en témoignent des livres de répertoire tel « 125 années de musique pour le saxophone » de Jean-Marie Londeix et « Saxophonists and their repertoire » d’Indiana University Press.

Le Russe Edison Denisov a composé une sonate pour saxophone alto et piano qui est généralement considérée comme une des pièces maîtresse du répertoire contemporain, ainsi que plusieurs autres pièces de musique de chambre et 2 concerti. Le Français Antoine Tisné a composé une grande série d’œuvres pour saxophones, commençant par sa célèbre Music pour Stonehenge et continuant jusqu’à la fin de sa vie avec une série d’œuvres pour Paul Wehage (Ombres de feu pour saxophone et orchestre, Psalmodies pour saxophone alto et orgue, Monodies pour un espace sacré pour saxophone seul, Offertorium pour Chartres pour saxophone alto et quatuor à cordes, Labirythus sonorus pour quatuor de saxophones). Luciano Berio a utilisé les saxophones dans de nombreuses œuvres entre autres : ses opéras (La vera storia, Outis et Cronacca del luogo), sa pièce pour voix et petit ensemble instrumental (Calmo), Canticum novissimi testamenti pour 8 voix, 4 saxophones, 4 clarinettes, ou encore en soliste dans Sequenza IXb, originellement écrit pour la clarinette, puis développé pour saxophone et orchestre sous le nom de Riti ou Chemin VII.

L’école miminaliste américaine était particulièrement attirée par les saxophones notamment Philip Glass (Einstein on the Beach, Concerto pour quatuor de saxophones et orchestre, Glassworks) et John Adams (Nixon in China, Fearful Symetries). Steve Reich a même dédié au saxophone soprano sa première « phasing piece » opportunément nommée Reed Phase. Quant à Terry Riley, il en joue lui-même dans Poppy Nogood and the Phantom Band. Le saxophoniste Jon Gibson a beaucoup travaillé avec ces compositeurs. Également inscrit dans le courant minimaliste, Tom Johnson construit des liens entre mathématiques et musique, et développe de savantes constructions dans ses Rational Melodies, ou Kientzy Loops. On doit également citer l’inclassable Moondog, que les principaux représentants de ce mouvement (Riley, Glass et Adams) considèrent comme leur source d’inspiration principale. On doit citer le très mélodique Concerto pour saxophone et vents de David Maslanka interprété par Otis Murphy.

L’École dite « de Bordeaux », influencée par l’enseignement de Jean-Marie Londeix, a produit beaucoup d’œuvres pour le saxophone : Le Frêne égaré de François Rossé, Hard de Christian Lauba, Concertino pour saxophone soprano et octuor de violoncelles de Pascale Jakubowski, diverses œuvres d’Étienne Rolin, Thierry Alla, Christophe Havel.

Le saxophoniste Daniel Kientzy, d’abord dans l’ensemble 2e2m puis en soliste, a commandé, créé et enregistré un grand nombre d’œuvres écrites pour lui : « Goutte d’or blues » pour saxophone et orchestre d’harmonie de Bernard Cavana en est un exemple.

D’autres compositeurs ont également produit des œuvres d’un grand intérêt pour saxophone solo : Paul Méfano, Karlheinz Stockhausen, Marie-Hélène Fournier, Betsy Jolas, Gérard Grisey, Bruno Giner, Fabien Lévy, Sophie Lacaze,Carson Cooman, Jean-Thierry Boisseau, Alberto Posadas, Philippe Hurel, Giorgio Netti, Jacques Lejeune, Shigeru Kan-no, Robert Lemay… utilisent tous les types de saxophones pour obtenir toute une variété de sonorités, d’atmosphères et de musicalités dont la famille des saxophones est capable.

Du fait peut-être de leur rejet (relatif) par certains milieux classiques, les saxophonistes ont eu une forte tendance à l’instinct grégaire. C’est ainsi que se sont développés toutes sortes d’ensembles, en commençant par le quatuor de saxophones. Les duos pour saxophones sont aujourd’hui assez nombreux : Christian Lauba, Karlheinz Stockhausen, François Rossé, Ryo Noda, Marie-Hélène Fournier entre autres ont écrit de belles pièces combinant divers membres de la famille. À l’exception de Savari, Dyck et de rares autres, c’est aussi dans la musique contemporaine que l’on trouve des œuvres pour trois saxophones : Reich, Dazzi, Fournier, Rossé, se sont essayés au genre.

L’AsSaFra (Association des Saxophonistes de France) fondée en novembre 1971 par Jean-Marie Londeix, avec Marcel Mule comme Président d’Honneur, devenue en 1996 l’A.SAX (Association des Saxophonistes) à la suite de sa fusion avec l’A.P.E.S. (Association internationale Pour l’Essor du Saxophone), a joué un rôle décisif dans la place du saxophone classique et contemporain dans le paysage culturel et musical d’aujourd’hui, en particulier en France où on lui doit notamment le fait que le saxophone soit enseigné dans les conservatoires. À la suite de la création de l’AsSaFra, un Certificat d’Aptitude spécifique au saxophone fut créé par le Ministère de la Culture, et des spécialistes remplacèrent peu à peu les professeurs de basson et de clarinette qui enseignaient jusque-là le saxophone dans les conservatoires français. Il est désormais possible un peu partout d’apprendre à jouer auprès d’un saxophoniste confirmé.

Parmi les autres actions entreprises par les associations de saxophonistes, l’organisation de Concours nationaux et internationaux, de Journées Régionales du Saxophone, voire de congrès et colloques internationaux, la commande d’œuvres à divers compositeurs de toutes obédiences, pour la pédagogie, le concert ou la musique de chambre. L’A.SAX publie une revue bisannuelle intitulée “Les Cahiers du saxophone”, comprenant des interviews de compositeurs et de musiciens, des analyses d’œuvres et des forums de discussion sur divers sujets pédagogiques ou musicaux.

Spécifique à l’enseignement du saxophone, une pédagogie pluridisciplinaire se développe peu à peu, ouverte aux styles les plus divers : jazz et classique évidemment, mais intégrant de plus en plus les musiques actuelles, folkloriques, le jeu sur tous les saxophones (la famille est riche), avec électroacoustique voire informatique musicale.

Claude Georgel est l’actuel président de l’A.SAX, Claude Delangle et Serge Bertocchi en furent les présidents fondateurs.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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