Le porc-épic.

Le porc-épic (Erethizon dorsatum) est un des mammifères canadiens les plus connus, dans la vie comme dans la légende. Sa célébrité vient surtout de son armure de piquants qui tient la plupart de ses ennemis à distance.

Lorsqu’il se tient en boule tout en haut d’un arbre, on pourrait prendre le porc-épic pour un nid d’écureuil ou de corneille, mais, près du sol, il se reconnaît aisément. Il a une petite tête, un museau aplati et de petits yeux. Les oreilles sont petites et rondes, presque entièrement cachées par les poils qui couvrent aussi les piquants. Les épaules sont voûtées et font paraître le dos arrondi. Les pattes courtes sont arquées, et l’animal se tient comme un ours, toute la plante du pied posée fermement sur le sol. Les griffes sont longues et recourbées. Le premier doigt des pattes arrière est remplacé par une large pelote digitale mobile qui donne à l’animal une meilleure prise sur les branches lorsqu’il grimpe. La queue musclée est épaisse, courte et à bout arrondi.

Porc-épic, carte maximum, Tunisie, 25/03/1969.

Le pelage du porc-épic se compose d’un duvet brun, doux et laineux, ainsi que de poils de garde longs et rugueux. À leur base, les poils de garde sont bruns pour ensuite devenir plus sombres vers la pointe, qui peut être blanche chez les populations de l’Est, et jaune chez celles de l’Ouest. Ces poils cachent les piquants jusqu’à ce que le porc-épic se sente menacé. Les piquants les plus longs se trouvent sur le dos et la queue; une fois hérissés, ils poussent les poils de garde en saillie et forment ainsi une crête. Les piquants du devant de la tête ont environ 1,2 cm de longueur tandis que ceux du dos peuvent atteindre 12,5 cm. Il n’y a pas de piquants sur le museau, sur les pattes ni sur le dessous du corps.

Chaque piquant est creux et incrusté dans la peau, il est fixé à un petit muscle qui le fait se dresser dans la fourrure lorsque l’animal, alarmé, se hérisse. À environ 0,6 cm de son extrémité, le piquant s’amincit graduellement pour former une fine pointe couverte de plusieurs douzaines de petits aiguillons noirs. Ces derniers, à peine rugueux au toucher, gonflent à l’humidité, par exemple quand ils sont enfoncés dans la chair d’un assaillant, et ils y font pénétrer davantage le piquant. La pointe est noire, à traits jaunes ou blancs.

On pense que le porc-épic a plus de 30 000 piquants; la perte de plusieurs centaines d’entre eux, qui peut survenir en un seul combat, ne le désarme donc pas pour autant. Au fur et à mesure de ces pertes, de nouveaux piquants prennent la relève; ils sont blancs et acérés, mais fermement ancrés dans la peau jusqu’à complète maturité.

Chez les rongeurs du Canada, le porc-épic se classe deuxième pour sa taille, tout de suite après le castor. Les mâles adultes atteignent un poids moyen de 5,5 kg après 6 ans et les femelles, un poids de 4,5 kg. La longueur totale va en moyenne de 68 cm à 100 cm et la hauteur à l’épaule est de quelque 30 cm.

Le porc-épic n’est pas toujours facile à voir lorsqu’il est dans sa tanière ou dans un arbre, mais ses habitudes alimentaires, sa mastication bruyante, des brindilles coupées et des morceaux d’écorce arrachés peuvent trahir sa présence. Autour des arbres dont il mange l’écorce et, surtout, à l’extérieur des abris d’hiver, on trouve des excréments. L’hiver, ces derniers sont raboteux et de forme irrégulière; l’été, ils ont tendance à être mous et arrondis, passant du brun verdâtre au brun foncé avec le temps.

L’hiver, les pistes se reconnaissent à la forte empreinte de toute la plante du pied posée lourdement sur le sol, aux marques des longues griffes et parfois à celles de la queue qui a traîné. Par ailleurs, dans une neige épaisse et molle, la piste du porc-épic ressemble à un caniveau.

L’automne et dans une moindre mesure à d’autres moments de l’année, on peut appeler le porc-épic en poussant à plusieurs reprises un petit gémissement bas de chiot, en montant et en descendant la gamme.

Au moment des confrontations, le porc-épic claque des dents; à cela près, il n’est guère communicatif. Il arrive que la femelle frotte son petit du nez en émettant de faibles grognements et gémissements. Ce n’est que pendant la saison de reproduction que les porcs-épics deviennent bruyants et se créent un répertoire de gémissements, de hurlements, de grognements et de glapissements.

Même si l’espèce indigène de l’Amérique du Nord préfère toujours vivre dans les arbres, elle ne fréquente pas uniquement les peuplements mûrs; on peut en effet la rencontrer dans les broussailles d’aulnes le long des rivières, et dans les broussailles de pins rabougris le long des crêtes. C’est sur les saillies rocheuses et les tas de pierres, pouvant très bien servir de gîte, et dans les boqueteaux de peupliers faux-trembles, de pruches et d’autres arbres, que l’on en trouve le plus.

Du fait de sa myopie et de la lenteur de sa démarche, le porc-épic n’est pas très difficile à approcher une fois qu’on l’a repéré.

Le comportement défensif du porc-épic est bien connu, encore qu’il soit parfois mal interprété. S’il se sent en danger au sol, le porc-épic gagnera l’abri le plus proche, sous un rocher ou une souche, ou bien dans un arbre; il abandonnera même sa marche lente pour un galop maladroit. Si on l’empêche de battre ainsi en retraite, il se pelotonnera en rentrant la tête, qu’il a vulnérable, entre les épaules. Tous les piquants dressés, le porc-épic pivotera sur ses pattes de devant et fera dos à l’ennemi. Tandis qu’il se retourne en piétinant de ses pattes de derrière, il le menacera en fouettant l’air de sa queue. La vitesse acquise de la queue peut détacher des piquants déjà ébranlés, qui fendront l’air comme s’ils avaient été projetés.

Il arrive qu’un porc-épic pris au piège se darde de ses propres piquants en se débattant; il les enlève alors avec beaucoup de dextérité à l’aide de ses dents et de ses pattes de devant. Il en fait autant des piquants qu’il peut tenir d’un autre porc-épic.

Perché, le porc-épic considère le danger d’un air indifférent; toutefois, si l’ennemi commence à grimper sur l’arbre, le porc-épic descend à reculons en fouettant l’air de sa queue.

Pendant la majeure partie de l’année, les porcs-épics n’ont aucune vie sociale et mènent une existence solitaire. Ils se rassemblent cependant, l’hiver, pour s’abriter ou se nourrir plutôt que pour des raisons d’ordre social. Plusieurs peuvent se réunir autour d’un aliment favori et on en a déjà retrouvé l’hiver jusqu’à une centaine au milieu de vastes amas de pierres. Ils sont alors habituellement tolérants et s’ignorent complètement, bien qu’il puisse y avoir quelques claquements de dents à propos de la nourriture. Les jeunes porcs-épics sont souvent folâtres et font semblant de se battre avec leur queue. On a même parfois vu jouer des adultes, bien qu’ils soient normalement plutôt calmes.

Le porc-épic n’hiberne pas. Toutefois, il s’éloigne habituellement peu, se nourrissant dans un rayon d’environ 100 m de sa tanière. Lorsqu’il neige ou qu’il pleut, il reste au gîte ou, s’il est en train de se nourrir à l’extérieur, il reste perché sur un arbre, même si la température s’abaisse à plusieurs degrés au-dessous du point de congélation, jusqu’à ce que les précipitations cessent. Par temps sec en hiver, il se nourrit à tout moment du jour ou de la nuit, mais le reste de l’année, c’est la nuit qu’il s’affaire, et ce, par n’importe quel temps. L’été, le porc-épic s’éloigne davantage de son abri, cherchant souvent sa nourriture jusqu’à une distance de 1,5 km. Outre ces déplacements quotidiens, il peut y avoir des mouvements saisonniers entre les quartiers d’hiver et les aires d’alimentation estivales. Dans les régions montagneuses, les porcs-épics descendent souvent, en hiver, en suivant des voies précises indiquées par des arbres écorcés. Au printemps, ils retournent sur la montagne, vers leurs lieux d’alimentation estivaux.

Les peuples autochtones teignent les piquants et s’en servent comme décorations. Depuis qu’ils vivent dans des réserves, ils ont cessé de rechercher la chair de porc-épic, dont ils se nourrissaient particulièrement en hiver. Ils se sont mis à chasser son pire ennemi, le pékan, pour sa fourrure.

Le porc-épic fréquente toute une gamme de zones de végétation en Amérique du Nord, du milieu semi-désertique à la toundra. On trouve également des porcs-épics en Afrique et en Asie, mais ceux-ci n’appartiennent pas à la même famille que les porcs-épics du Nouveau Monde.

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Sources : HWW, YouTube.

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