Le parc de Sceaux (Hauts-de-Seine).

Le parc de Sceaux, ensemble du domaine de Sceaux, est propriété du département des Hauts-de-Seine et son parc s’étend sur les territoires des communes de Sceaux et d’Antony.

Le parc fut dessiné par André Le Nôtre à la fin du XVIIe siècle à la demande de Colbert puis de son fils le marquis de Seignelay. À la Révolution, par les spéculations de la Bande Noire, le domaine est pillé, revendu à un exploitant agricole, Jean François Hippolyte Lecomte, et le château comme les cascades sont détruits. Un nouveau château est érigé à partir de 1856 par sa fille, Anne-Marie Lecomte-Stuart, mariée au duc de Trévise.

La superficie du parc est de 181 hectares : 121 sur la commune de Sceaux, 60 à Antony.

Le château de Sceaux accueille depuis 1937 les collections du musée de l’Île-de-France, renommé en 2013 musée du domaine départemental de Sceaux.

Au XVe siècle, il y a à Sceaux un manoir : en 1470, le seigneur de Sceaux, Jean II Baillet (1400-1477), maître des requêtes ordinaires de l’hôtel du roi, y reçoit le roi Louis XI et la reine Charlotte de Savoie avec toute la Cour. Il avait réuni les trois fiefs formant la seigneurie de Sceaux : Ceaux-le-Petit, l’Enffermerie de Saint-Germain-des-Près et Ceaux-le-Grand. Cette dernière terre lui venant de son père, Pierre Baillet, premier seigneur de Sceaux, qui l’avait achetée à Alix de Vaubouillon. La seigneurie resta dans cette famille jusqu’à la fin du XVIe siècle, échouant finalement à trois sœurs Baillet : Renée, Isabeau et Charlotte, qui, en indivision, laissèrent le domaine à vau-l’eau. Louis Potier de Gesvres, époux de Charlotte, baron de Gesvres et conseiller du roi, racheta le domaine en 1597. La propriété couvrait 119 arpents (environ 50 hectares). Il avait acheté en 1595 la seigneurie de Blérancourt. Son frère, Nicolas III Potier, avait épousé une autre des filles, Isabeau.

Au début du XVIIe siècle, les Potier de Gesvres, seigneurs de Sceaux depuis 1597, font construire un château de style Henri IV ou Louis XIII. C’est une famille de bourgeois qui finiront par devenir ducs : ducs de Tresmes (en) et ensuite ducs de Gesvres. Sceaux est érigée en châtellenie en 1612 et en baronnie en 1619-1624 pour le fils cadet de Louis, Antoine Potier de Sceaux, greffier des ordres du Roi.

En 1670, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, qui souhaite disposer d’un domaine près de Paris et non loin de Versailles, pour y établir sa maison de campagne, achète la terre de Sceaux aux trois héritiers de René Potier, marquis de Gesvres, duc de Tresmes (en). Il procède à d’importantes acquisitions foncières afin d’agrandir le domaine qu’il porte à une centaine d’hectares. Colbert fait agrandir l’édifice, qui avait été bâti après 1597, et dessiner un parc à la française par André Le Nôtre, agrémenté de statues commandées auprès des célèbres architectes tels Antoine Coysevox et François Girardon. L’architecte n’est pas connu, mais compte tenu de la position éminente du commanditaire – qui s’était vu confier depuis 1664 la charge de Surintendant des Bâtiments du Roi – il ne fait guère de doute qu’il devait s’agir d’un des plus grands de cette époque, peut-être Antoine Le Pautre. Des recherches récentes ont permis de retrouver le nom des deux entrepreneurs : Maurice Gabriel et Jean Girard qui construisit le corps central du château de Saint-Cloud. Claude Perrault est intervenu pour l’édification de la chapelle qui se trouvait dans l’aile sud du château.

Parc de Sceaux, carte maximum, 11/10/1997.

Le château comportait un corps central flanqué de deux pavillons et, en retour d’équerre, deux longues ailes en rez-de-chaussée terminées par deux pavillons. Celui de gauche, carré à l’extérieur mais circulaire à l’intérieur et sommé d’une coupole, renfermait la chapelle, décorée par Charles Le Brun. La décoration extérieure et intérieure du château vit l’intervention d’excellents artistes comme François Girardon, Jean-Baptiste Tuby, les deux frères Gaspard et Balthazar Marsy, Jean-Baptiste Théodon. Le cabinet de travail de Colbert était orné de vingt-quatre bustes en marbre d’empereurs, d’impératrices et de sénateurs romains et de médaillons en marbre blanc des douze Césars, dans des cadres en bois doré. On y trouvait également un buste d’Homère, un groupe de lutteurs en marbre blanc et deux sphinx de marbre rouge.

Le parti d’ensemble, déjà démodé à l’époque de la construction, trahissait le souci de Colbert de ne pas répéter l’erreur de Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte : bien que considérablement agrandi par rapport à la modeste demeure des Potier de Gesvres, le bâtiment devait donner le sentiment d’une implantation antérieure aux travaux du ministre.

Pour les jardins, Le Nôtre créa un axe nord-sud parallèle à la façade principale du château : sur plus d’un kilomètre. Il commençait du côté du village avec un bassin en demi-lune, puis suivait deux allées, une grande cascade et, en contrebas, le bassin dit de l’Octogone. D’est en ouest s’étageaient des terrasses à pans coupés. À l’est, le potager était dominé par le pavillon dit de l’Aurore. Le parc était orné de nombreuses statues dont le célèbre Hercule gaulois de Pierre Puget (1661 et 1662, Paris, musée du Louvre)3. La Grande Cascade, dont les eaux sortaient des urnes de deux statues de fleuves dues à Antoine Coysevox, faisait l’admiration des contemporains. L’entrée d’honneur, les écuries et le Pavillon de l’Aurore date de cette première période, Charles le Brun décorant la coupole du Pavillon en 16722. En 1675, Nicolas le Jongleur, fontainier méconnu, fut associé au paysagiste. Le domaine, comme Versailles, étant en manque d’eau, il créa plusieurs conduites à partir des communes environnantes. La première captait les eaux des Vaux-Robert près de Fontenay-aux-Roses. Mais en 1680, l’étang Colbert fut réalisé au Plessis-Piquet afin de recueillir les eaux pluviales. Pour éviter un mélange avec les eaux potables de Vaux-Robert, une nouvelle canalisation les amena au réservoir du Moulin. Une troisième conduite achemina les eaux de la seigneurie d’Aulnay. Ces eaux finissaient dans les grandes Cascades et le bassin de l’Octogone. En 1688, ce fut la construction du grand Canal.

En août 1673, Colbert reçoit dans son château Monsieur, frère du roi, venu solliciter des subsides pour une fête qu’il projette de donner. En juin 1675, la reine, le dauphin et la dauphine visitent à leur tour le domaine. En juillet 1677, le roi enfin vient à Sceaux. C’est pour Colbert un exercice difficile et à haut risque, dont il s’acquitte en parfait courtisan. Leurs Majestés visitent les appartements, dont elles remarquent « la merveilleuse propreté » avant d’entendre le prologue de l’opéra Hermione dans les jardins. Après le souper, l’on donne Phèdre de Racine dans la première orangerie, située dans l’aile droite du château. En sortant, Louis XIV est acclamé par la population de Sceaux réunie dans le jardin merveilleusement éclairé. Le souverain, enchanté, dira à son ministre qu’il ne s’est jamais si agréablement diverti, et le Mercure galant écrit de la fête « qu’elle fut somptueuse sans faste, et abondante en toutes choses sans qu’il y eût rien de surperflu ».

En octobre 1677, Colbert invite tous les membres de l’Académie française. Après le déjeuner, Philippe Quinault donne lecture de son Poème de Sceaux dans le pavillon de l’Aurore tandis que Charles Perrault lit des stances très applaudies. Colbert ne resta à Sceaux que treize ans (1670-1683), son fils aîné poursuivra son œuvre pendant sept années, (1683-1690), la veuve de ce dernier continuera après sa disparition brutale.

Lorsque Colbert meurt en septembre 1683, le château de Sceaux devient la propriété de son fils, l’aîné de neuf enfants, le marquis de Seignelay, homme brillant qui succéda également dans plusieurs des charges de son père : Marine et secrétariat d’État à la Maison du roi. Celui-ci fait luxueusement réaménager les intérieurs, commandant notamment un appartement dans le goût chinois, décoré de laques, destiné à sa femme. Il fait construire en 1686 par Jules Hardouin-Mansart l’orangerie qui subsiste en partie aujourd’hui (longue à l’origine de 80 mètres, elle a été amputée de sa partie est pendant la guerre de 1870). Elle fera l’admiration des contemporains et servira dès le début de galerie d’art, visitée par les ambassadeurs du roi du Siam.

Il agrandit considérablement le parc, en achetant la seigneurie de Châtenay au chapitre de Notre-Dame de Paris, portant la surface du domaine à environ 227 hectares. Parc dans lequel il fait créer par Le Nôtre un second axe, perpendiculaire à l’axe originel, en creusant le Grand Canal, long de 1 140 mètres, achevé en 1691 et la création de la terrasse le surplombant dite aujourd’hui « Terrasse des Pintades ». L’ensemble des terrassements et des parterres devant le château sont remaniés pour créer quatre niveaux de terrasses en pente douce, ornés de parterres de broderies avec bassins, d’un parterre de compartiments surplombant le canal et d’un Tapis Vert en direction de Châtenay-Malabry à l’ouest.

Le 16 juillet 1685, Seignelay reçoit le roi et la Cour lors d’une fête demeurée célèbre, organisée par l’ornemaniste Jean Berain. Le roi se promène longuement dans les jardins. Il admire le pavillon de l’Aurore, les bassins et les fontaines puis il regagne le château. L’orangerie qui occupe alors l’aile sud du château a été transformée en salle de spectacle ou l’on donna L’Idylle de Sceaux ou Idylle de la Paix, œuvre de Lully et de Racine, chantée par les membres de l’Opéra. La fête se termine par un somptueux festin. Les tables ont été disposées autour d’un nouveau bassin proche de l’aile sud du château.

Le marquis de Seignelay meurt en 1690 et son épouse en 1699 ; leurs enfants ne profiteront pas du domaine qui sera vendu par leur tuteur au duc et à la duchesse du Maine.

En 1700, les héritiers du marquis de Seignelay vendent le château au duc du Maine, fils naturel légitimé et préféré de Louis XIV et de madame de Montespan. La duchesse du Maine (1676-1753), petite-fille du Grand Condé, tient à Sceaux une cour brillante. Elle fait construire par Jacques de La Guépière le pavillon de la Ménagerie (détruit), situé au nord du grand parc et entouré d’un jardin. Ils donnent une fête brillante pour célébrer le départ du duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, en Espagne, dont il deviendra roi sous le nom de Philippe V. Elle crée, en 1703, l’ordre de la Mouche à Miel et sa devise est : « Je suis petite certes mais je fais de cruelles blessures », vers tiré de L’Amintas du Tasse.

À la mort de la duchesse du Maine en 1753, le château passe à ses fils, d’abord au prince de Dombes puis, au décès de celui-ci en 1755, au comte d’Eu. En 1775, à la mort du comte d’Eu, son cousin le duc de Penthièvre récupère l’héritage, et se sépare du château de Crécy dont il emporte tous les décors dont douze toiles peintes par François Boucher et huit peintes par Alexis Peyrotte. Ces dernières servirent à décorer le boudoir de Marie-Fortunée d’Este, princesse de Conti (1776) sa belle-sœur. En 1786, le duc projette de transformer une partie du parc en jardin à l’anglaise5. En 1791, il donne le domaine à sa fille, la duchesse d’Orléans. Le duc de Penthièvre meurt le 4 mars 1793. Ses biens sont confisqués dès 1793. Les tableaux de Peyrotte furent vendus6 et les quatre ensembles comprenant cartons de François Boucher furent achetés en 1872 par le duc de Trévise.

Le domaine est confisqué comme bien national dès 1793. Il est transformé en école d’agriculture. La plupart des statues sont enlevées par Alexandre Lenoir pour son musée des monuments français. Le domaine est acheté en 1798 par Jean François Hippolyte Lecomte, négociant affairiste, enrichi dans le commerce du vin, proche de Fouché, qui, vers 1803, détruit le château pour en vendre les matériaux.

La marquise de Trévise continue à veiller sur le domaine. Les troupes françaises l’occupent en 1914. En 1923, l’héritière du marquis de Trévise, sa fille Marie Léonie Mortier de Trévise, par son mariage princesse de Faucigny-Cystria, envisage la cession de ce domaine qu’elle est dans l’incapacité d’entretenir. Jean-Baptiste Bergeret de Frouville, maire de Sceaux de 1919 à 1925, sauve le domaine en réussissant à convaincre le conseil général du département de la Seine d’en faire l’acquisition. En 1971, le domaine est devenu la propriété du département des Hauts-de-Seine.

Pour financer la restauration du domaine, le département de la Seine en lotit le tiers. Les travaux de restauration sont entrepris à partir de 1928 sous la direction de l’architecte Léon Azéma. Le parc de Sceaux retrouve, dans leurs grandes lignes, les dispositions voulues par Le Nôtre. Des mascarons sculptés par Auguste Rodin viennent orner les Grandes Cascades recréées. Le parti-pris d’ensemble est fidèle au classicisme, même si les détails révèlent, par leur dépouillement non exempt d’une certaine sécheresse, une exécution dans les années 1930. Ce parti-pris permet aussi de limiter les frais d’entretien. Œuvre de longue haleine, la restitution ne s’achève que dans les années 1970 avec la recréation du Tapis Vert.

Quelques vestiges significatifs rappellent le château de Colbert et de son fils. La grille d’entrée est encadrée de guérites sommées d’animaux sculptés par Jean-Baptiste Théodon (attribués précédemment par tradition à Antoine Coysevox) qui illustrent les vertus dont le ministre de Louis XIV avait voulu se parer : la licorne transperçant un dragon symbolise la pureté et le désintéressement, tandis que le dogue, qui prend un loup à la gorge, représente la fidélité. À droite de l’entrée, les écuries attribuées à Antoine Le Pautre. Dans le jardin, derrière les communs, le Pavillon de l’Aurore, est surmonté d’une coupole sur laquelle Charles Le Brun a peint l’Aurore chassant la Nuit et décoré de peintures de Nicolas Delobel. On peut également mentionner, outre l’orangerie déjà citée, l’entrée d’honneur avec les deux pavillons de garde en pierre et les bâtiments de la ferme.

Près du château, on avait installé à l’occasion de l’exposition Île-de-France-Brabant, le groupe, œuvre de Martin Desjardins (1686), des quatre nations soumises (l’Empire, la Hollande, l’Espagne et le Brandebourg) qui escortaient la statue pédestre de Louis XIV de la place des Victoires à Paris (aujourd’hui au musée du Louvre, salle Pujet). Au fond du parc, on a remonté en 1932 la façade du pavillon de Hanovre, construit entre 1758 et 1760 par l’architecte Jean-Michel Chevotet dans les jardins de l’hôtel du duc de Richelieu, rue Neuve-Saint-Augustin (actuellement boulevard des Italiens), démonté lors de la construction du Palais Berlitz.

Le château accueille le musée de l’Île-de-France, inauguré en 1937. Le parc est ouvert au public tous les jours du lever jusqu’au coucher du soleil.

Le parc accueille également plusieurs écoles de la région pour leurs activités d’EPS et parcours d’orientation, ainsi que les journées d’intégration de certains établissements scolaires.

Du fait de la présence de nombreux cerisiers du Japon dans la partie ouest du parc, celui-ci est devenu un lieu de rendez-vous de la communauté japonaise d’Île-de-France pour la fête du hanami durant les premières semaines de floraison au printemps.

Un théâtre de marionnettes à gaine a été créé et inauguré en avril 2015.

Le parc abrite un mémorial du génocide arménien.

Des travaux réalisés en 2013 et 2014 ont permis de reconstituer le parterre le plus proche du château dans son état origine avec des broderies de buis (perspective ouest), telles qu’elles avaient été réalisées par André Le Nôtre, augmentées pour le second parterre de gazon (en contrebas).

Les cônes d’ifs bordant les pelouses ont été conservés.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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