Le parc archéologique de Segóbriga (Espagne).

Le parc archéologique de Segóbriga est le plus important complexe  archéologique de la meseta espagnole. Le site se situe aujourd’hui à Saelices, dans la province de Cuenca en Espagne. À partir du Ier siècle, la cité se développe car elle devient un important nœud de communication, un centre agricole et la capitale administrative d’un large territoire, jusqu’à son abandon après la conquête musulmane de la péninsule Ibérique.

L’ancienne cité est aujourd’hui en ruine, mais son état de conservation est plus qu’acceptable, par rapport à d’autres vestiges se situant dans la péninsule Ibérique. Actuellement, l’ancienne ville fait partie d’un complexe archéologique, et la visite est sujette au paiement d’un billet d’entrée. À l’entrée du parc, un petit musée a été construit pour conserver les nombreuses pièces susceptibles de se dégrader, comme certaines statues et mosaïques, qui, si elles sont exposées aux intempéries peuvent rapidement se détériorer.


La première implantation sur le site est un village fortifié celtibère qui au nord de la ville était défendu par la rivière Cigüela. Les restes de cette implantation n’ont pas été retrouvés, mais un fragment de céramique attique du Ve siècle av. J.-C. témoigne de son occupation depuis cette époque.

Les premières données que nous avons sur Segóbriga proviennent du géographe grec Strabon, qui en fait une brève référence mais peu précise. Il indique seulement que dans la région celtibère autour d’Augusta Bilbilis et de Segóbriga, Quintus Caecilius Metellus Pius et Sertorius se sont battus. La cité des Olcades fut rasée durant la guerre sertorienne et est reconstruite plus tard dans le style romain.

À partir de quelques textes des IIIe siècle av. J.-C. et IIe siècle av. J.-C., les habitants de cette zone jusqu’à la Serranía de Cuenca sont appelés Olcades, jusqu’à La Alcarria et au Guadalajara ce sont les Lusones, et jusqu’à Tolède, ce sont les Carpétans. C’est pourquoi, il est probable de penser que les habitants de la zone de cette ville antique étaient soit Olcades ou soit Carpétans. À 7 km se situe le site de Contrebia Carbica, une cité des Carpétans.

Au Ier siècle, dans son œuvre Strategemata, Frontin mentionne à deux occasions Segóbriga. Pour les deux passages, il s’agit de la description de l’attaque réalisée par le lusitanien Viriatus contre Segóbriga (146 av. J.-C.) en raison de son alliance avec Rome. De plus, Frontin ne fait aucune évocation de l’emplacement de Segóbriga.

Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle énumère les villages qui appartiennent au Conventus juridici Cesaraugustano avec notamment les habitants de la ville d’Ercavica (des voisins des habitants de Segóbriga)2. Puis, il définit Segóbriga et sa zone comme caput Celtiberiae (« tête de la Celtibérie »), qui arrivait jusqu’à Clunia (finis celtiberiae), ce qui signifierait que la zone de Segóbriga était la limite entre les Celtibères et les Carpétans3. De plus, il indique que Segóbriga était une cité stipendiaire du conventus juridici.

Pline l’Ancien mentionne également l’exploitation de Lapis specularis4, une variété de gypse translucide très appréciée à l’époque pour la  fabrication de cristal à vitre et qui fut pendant longtemps pour une partie importante de l’économie de Segóbriga. Ce minerai était extrait des mines se situant dans un rayon de 100 000 pas autour de Segóbriga, et Pline l’Ancien assure que « la plus translucide de cette pierre est obtenue en Hispanie citérieure, près de la ville de Segóbriga et son extraction est réalisée dans des puits assez profonds ». L’une de ces mines se trouve près de la ville de Carrascosa del Campo aujourd’hui.

Après la conquête romaine au début du IIe siècle av. J.-C. lors des guerres celtibères, Segóbriga devient une cité. Après la guerre sertorienne, entre 80 et 72 av. J.-C., la cité devient le centre de toute cette partie de la Meseta avec le contrôle d’un vaste territoire.

Durant le règne d’Auguste, en 12 av. J.-C., la cité cesse d’être une ville stipendiaire, qui payait un tribut à Rome et devient un municipe, c’est dire une ville gouvernée par des citoyens romains. La cité développa ainsi son statut social, bénéficia d’un essor économique et d’un grand programme de constructions monumentales qui est finalisé à l’époque flavienne vers 80 avec l’édification de bâtiments publics et d’une muraille. La ville devient un centre important de communications. À cette époque, il y a également l’émission de monnaies fabriquées dans l’atelier monétaire et la construction d’une partie de la muraille. À la fin du règne de l’empereur Vespasien, la cité se trouve à son apogée après les fins de construction du théâtre et de l’amphithéâtre. Le municipe se trouve ainsi pleinement intégré aux niveaux social et économique à l’Empire romain.

Les découvertes archéologiques indiquent qu’au iiie siècle il existait encore dans Segóbriga des élites qui vivaient dans la ville, mais au ive siècle, les principaux monuments sont progressivement abandonnés, preuve de sa décadence inexorable et de sa conversion progressive en un centre rural.

À l’époque wisigothique, à partir du Ve siècle, Segóbriga devait encore être une grande ville, avec la présence de vestiges issus plusieurs basiliques et d’une grande nécropole (selon des découvertes faites entre 1760 et 1790). Les évêques de la ville se rendirent d’ailleurs à divers conciles de Tolède, plus précisément au Troisième concile de Tolède en 589 et au Seizième concile de Tolède en 693.

Le début de son exode final commence après l’invasion musulmane de la péninsule ibérique, où les évêques et les élites dirigeantes fuient vers le nord de l’Hispanie, cherchant la protection des royaumes chrétiens, comme ce fut également le cas pour la ville voisine d’Ercavica, aujourd’hui Cañaveruelas dans la province de Cuenca. De cette époque des vestiges d’une forteresse musulmane qui occupait le sommet de la colline ont été retrouvés.

Après la Reconquista, la population des alentours fut déplacée vers la ville actuelle de Saelices, située à 3 km plus au nord, près de la source qui alimentait l’aqueduc et qui fournissait en eau l’ancienne cité de Segóbriga. Le nom du lieu fut peu à peu oublié jusqu’à changer de dénomination pour devenir « Cabeza del Griego », avec une petite population rurale dépendante de la ville d’Uclés (située à seulement 10 km), dont les pierres utilisées pour construire son couvent-forteresse proviennent des ruines de l’antique cité.

C’est à ce moment qu’a commencé un lent abandon de la cité jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un petit ermitage construit sur les thermes antiques, ultime témoignage de l’antique cité conservé jusqu’à aujourd’hui.

Source : Wikipédia.

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