Le Mont Fuji (Japon).

Le mont Fuji (富士山, Fujisan, est une montagne du centre du Japon qui se trouve sur la côte sud de l’île de Honshū, au sud-ouest de l’agglomération de Tokyo. Avec 3 776 mètres d’altitude, il est le point culminant du Japon. Situé dans une région où se rejoignent les plaques tectoniques pacifique, eurasienne et philippine, la montagne est un stratovolcan toujours considéré comme actif, sa dernière éruption certaine s’étant produite fin 1707, bien que le risque éruptif soit actuellement considéré comme faible.

À son sommet a été construit un observatoire météorologique et malgré les conditions climatiques rigoureuses, la montagne est une destination extrêmement populaire en particulier pour les Japonais, qu’ils  soient shintoïstes ou bouddhistes, en raison de sa forme caractéristique et du symbolisme religieux traditionnel qu’il représente. Il a ainsi été le sujet principal ou le cadre de nombreuses œuvres artistiques, notamment picturales au cours des siècles. Pourtant, cette fréquentation fragilise l’environnement. Aussi, le 22 juin 2013, il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO sous le titre « Fujisan, lieu sacré et source d’inspiration  artistique ».

Du fait de l’existence de différentes méthodes de transcription du japonais, le mont Fuji possède différents noms, dont certains sont erronés. Ainsi, en japonais, le mont Fuji se prononce Fujisan mais, en raison d’une erreur de lecture du kanji 山, il arrive que les Occidentaux l’appellent « Fujiyama ». Parler de « mont Fujiyama » est en tout cas une faute, yama signifiant déjà « montagne ». Il est également faux de dire que san est ici le suffixe honorifique さん, visant à personnifier le mont Fuji ; san signifie bien ici « montagne, mont ». Parmi la bonne trentaine d’autres noms japonais pour le mont Fuji3, devenus obsolètes ou poétiques, figurent Fuji-no-Yama (ふじの山?, litt. la montagne de Fuji), Fuji-no-Takane (ふじの高嶺?, litt. le haut pic du Fuji), Fuyō-hō (芙蓉峰?, litt. le pic du Lotus) et Fugaku (富岳 ou 富嶽?, litt. montagne Fuji).

Les kanji pour le mont Fuji, 富 et 士, signifient respectivement « richesse » ou « abondance » et « un homme avec un certain statut » mais ces caractères sont probablement un ateji, c’est-à-dire qu’ils ont probablement été sélectionnés en raison de la similitude de leur prononciation avec les syllabes du nom mais sans pour autant posséder un sens particulier. Dans les méthodes de romanisation Nippon-shiki et Kunrei, le nom est transcrit Huzi. Lors de l’exposition universelle de San Francisco en 1939, une photographie géante était ainsi titrée « Mont Huzi ». Néanmoins, la transcription Fuji, selon la méthode Hepburn, reste la plus courante dans le monde.

L’origine du nom Fuji reste incertaine. Une étymologie populaire récente affirme qu’il provient de 不二 (négation + chiffre 2), signifiant « sans égal ». Une autre affirme qu’il provient de 不尽 (négation + « échappement »), signifiant « sans fin ». Un enseignant classique japonais de la période Edo, Hirata Atsutane, explique quant à lui que le nom est dérivé d’un mot ayant pour sens « une montagne s’élevant avec la forme de l’épi d’un plant de riz ». Un missionnaire britannique, John Batchelor (1854-1944) émet  l’hypothèse que le nom provient du mot aïnou pour « feu » (fuchi) de la déesse Kamui Fuchi mais il est contredit par le linguiste japonais Kyōsuke Kindaichi (1882-1971) sur la base des développements phonétiques. Aussi, huchi signifie « vieille femme » et ape « feu », ape huci kamuy étant la déesse du feu. Des recherches sur la distribution des noms de localités incluant fuji suggèrent que l’origine du nom est yamato plutôt qu’aïnu. Enfin, un toponymiste japonais, Kanji Kagami, explique que le nom a la même racine que « glycine » (fuji) et « arc-en-ciel » (variante de niji) et provient de ses « longues pentes bien formées ». Un texte du Taketori monogatari dit que le nom vient d’« immortel » 不死 (fushi?) et de l’image d’abondants 富 (fu?) soldats 士 (shi?) grimpant les versants de la montagne.

En référence au mont Fuji, entre 300 et 400 montagnes au Japon sont surnommées « Fuji ». C’est notamment le cas du mont Rishiri (appelé « Rishiri Fuji »), du mont Yōtei (« Ezo Fuji »), du mont Iwaki (« Tsugaru Fuji »), du mont Iwate (« Nanbu Fuji » ou « Nanbu Kata Fuji »), du mont Chōkai (« Dewa Fuji »), du mont Bandai (« Aizu Fuji »), du mont Haruna (« Haruna Fuji »), du mont Nantai (« Nikkō Fuji »), du mont Mikami (« Ōmi Fuji »), du mont Daisen (« Hōki Fuji » ou « Izumo Fuji »), ou encore du mont Kaimon (« Satsuma Fuji »).

Le mont Fuji est situé dans le centre du Japon et de l’île principale de Honshū, encadré par les monts Akaishi des Alpes japonaises à l’ouest, les monts Okuchichibu au nord et l’océan Pacifique au sud et à l’est. Administrativement, il est situé à cheval sur les préfectures de Shizuoka au sud et de Yamanashi au nord. S’élevant à 3 776 mètres d’altitude au pic appelé Shin-Fuji, il constitue ainsi le point culminant du Japon10, visible les jours de beau temps de Tokyo situé à moins de 100 kilomètres au nord-est.

Il est bordé au nord par les cinq lacs Fujigoko : le lac Motosu, le lac Shōji, le lac Sai, le lac Kawaguchi et le lac Yamanaka. Il est possible de voir le volcan depuis ces plans d’eau et du lac Ashi. À ses pieds s’étend la forêt d’Aokigahara ainsi que des villes comme Gotenba à l’est, Fujiyoshida au nord et Fujinomiya au sud-ouest reliées avec le reste de la mégalopole japonaise, dont l’agglomération de Tokyo qui se trouve au nord-est, par un dense réseau de communication constitué de routes, d’une autoroute et d’un tronçon du réseau de trains à grande vitesse Shinkansen.

La topographie du mont Fuji est dictée par le volcanisme dont il est né : de la forme d’un cône quasi-symétrique de trente kilomètres à sa base, ses pentes prononcées et régulières s’élèvent jusqu’à 3 776 mètres d’altitude, conférant un volume de 870 km3 à ce stratovolcan. Il est couronné par un cratère de 50012 à 700 mètres de diamètre pour une profondeur comprise entre 10011 et 250 mètres. La seule véritable irrégularité de ses pentes est constituée par le cratère Hōei-zan situé approximativement à 2 300 mètres d’altitude.

Le mont Fuji est un stratovolcan faisant partie de la ceinture de feu du Pacifique et dont les éruptions majoritairement explosives le classent comme un volcan gris. Le volcan se situe à l’aplomb de la jonction triple entre la plaque philippine et les micro-plaques de l’Amour et d’Okhotsk de la plaque eurasienne. Ces plaques forment respectivement les parties occidentale et orientale du Japon ainsi que la péninsule d’Izu. Le mont Fuji constitue le volcan le plus septentrional de l’arc volcanique formé par l’archipel d’Izu. Outre le sommet principal couronné par un cratère sommital, les flancs et les pieds du mont Fuji comportent une cinquantaine de dômes, de cônes et de petites bouches éruptives.

Les scientifiques ont identifié quatre phases d’activité volcanique distinctes dans la formation du mont Fuji. La première phase, appelée Sen-komitake, est composée d’un cœur d’andésite récemment découvert en profondeur sous la montagne. La deuxième, Komitake-Fuji, consiste en une couche de basalte probablement formée voici plusieurs centaines de milliers d’années. Il y a 100 000 ans environ, le « Vieux Fuji » se serait formé par-dessus le Komitake-Fuji. Enfin, le « Nouveau Fuji » se serait formé en lieu et place du sommet du « Vieux Fuji », il y a 10 000 ans environ.

Le mont Fuji est actuellement classé actif avec un faible risque éruptif. La dernière éruption enregistrée a commencé le 16 décembre 1707 et s’est terminée autour du 24 février 1708, durant l’époque d’Edo. Elle est parfois appelée « grande éruption Hōei ». Pendant cet évènement, un nouveau cratère volcanique, ainsi qu’un second pic, appelé Hōei-zan, s’est formé à mi-pente, sur le versant sud-est de la montagne10. Les scientifiques prédisent une activité volcanique mineure dans les prochaines années.

Du fait de l’altitude élevée du sommet du mont Fuji, plusieurs climats s’étagent le long de ses pentes. Une grande partie de la montagne se trouve au-delà de l’étage alpin où règne un climat montagnard très froid et venteux en raison de l’altitude ce qui y limite le maintien de la végétation qui n’a toujours pas réussi à se régénérer complètement depuis la dernière éruption survenue il y a trois siècles. Ce climat rigoureux ne permet pas la fonte prononcée de la neige tombée au cours de l’hiver et qui se maintient jusqu’au mois de mai, des névés subsistant parfois toute l’année. Le bas des pentes est en revanche couvert de forêts et les pieds de la montagne, jouissant d’un climat plus tempéré, sont cultivés.

La température moyenne annuelle est de −6,5 °C17 et les températures moyennes mensuelles s’étalent de −18 °C à +8 °C18 en août. Les records de température enregistrés sont de +18,2 °C le 16 août 2007 et de −35,5 °C. Le 25 septembre 1966, la station météorologique a également mesuré la vitesse record de vent pour le Japon avec 91 m/s, soit environ 330 km/h, au moment du passage d’un typhon. La haute altitude du mont Fuji et son éloignement relatif par rapport aux autres montagnes du Japon provoquent parfois en cas de vent l’apparition de turbulences atmosphériques appelées allée de tourbillons de Karman. Ainsi, le 5 mars 1966, le Boeing 707 du vol 911 de la British Overseas Airways Corporation, pris dans ce type de turbulences, se disloque en plein vol et s’écrase près du mont Fuji, peu de temps après son décollage de l’aéroport international de Tokyo-Haneda, en ne laissant aucun rescapé (113 passagers et onze membres d’équipage étaient présents dans l’appareil).

À la suite de la phase du « Vieux Fuji », une période de 4 000 ans d’inactivité s’est déroulée, pour prendre fin il y a 5 000 ans avec la phase actuelle du « Nouveau Fuji ». Les éruptions du mont Fuji présentent des coulées de lave, des émissions de magma, de scories et de cendre volcanique, des effondrements et des éruptions latérales, d’où le qualificatif de « grand magasin des éruptions ». Les cendres du Nouveau Fuji sont souvent noires et ses éruptions sont récentes en termes de couches géologiques. Des informations précieuses sont consignées dans les documents historiques japonais du viiie siècle. Ils présentent une série d’éruptions  représentatives.

Quatre éruptions explosives se sont déroulées à l’époque Jōmon, il y a environ 3 000 ans, connues sous les noms Sengoku, Ōsawa, Ōmuro et Sunazawa. Comme le vent souffle généralement de l’ouest dans la région du mont Fuji, la plupart des éjectas sont tombés à l’est mais, dans le cas de Ōsawa, les scories et cendres ont été portées par un vent d’est jusqu’aux environs de Hamamatsu.

Il y a 2 300 ans environ, le versant oriental du volcan s’est effondré et des coulées de boue ont dévalé vers la région de Gotenba jusqu’à la plaine d’Ashigara à l’est et la baie de Suruga à travers la ville de Mishima au sud. Cet incident est appelé aujourd’hui coulée de lave de Gotenba (御殿場泥流, Gotemba deiryū?).

En 864 (sixième année de l’ère Jōgan), une éruption se déroule sur le versant Nord-Est du mont Fuji produisant une grande quantité de lave. De la lave comble le vaste lac Senoumi (せの海?), le divisant en deux et formant les actuels lac Sai (西湖?) et lac Shōji (精進湖?). Cet évènement est connu sous le nom d’Aokigahara lava (青木ヶ原溶岩?) et le lieu est actuellement couvert par la dense forêt d’Aokigahara.

La dernière éruption du mont Fuji, survenue en 1707 (quatrième année de l’ère Hōei), est connue sous le nom de « grande éruption de Hōei ». Ayant débuté 49 jours après le tremblement de terre de Hōei, qui figure parmi les plus puissants jamais enregistrés au Japon, elle s’est déroulée sur le versant Sud-Ouest du mont Fuji et a formé trois nouvelles cheminées volcaniques, nommées « première », « deuxième » et « troisième cheminée ».

Bien qu’elle n’ait pas engendré de coulée de lave, cette éruption est remarquable par la propagation des cendres volcaniques et des scories émises jusqu’à une région aussi éloignée qu’Edo (ancien nom de Tokyo) située à cent kilomètres au nord-est. Le volume d’éjectas a été estimé à 800 000 000 m3, soit un indice d’explosivité volcanique qui pourrait être estimé à 4. L’année suivante, les débris volcaniques accumulés dans les champs près du cours de la rivière Sakawa, située à l’est de la montagne, sont mobilisés par les pluies, comblent le lit du cours d’eau et forment çà et là des barrages temporaires. L’averse des 7 et 8 août provoque une avalanche de cendre et de boue qui détruit les barrages, provoquant alors une inondation dans la plaine Ashigara.

Seize éruptions ont été enregistrées depuis 781. La plupart se sont déroulées durant l’époque Heian avec douze éruptions entre 800 et 1083. Parfois, les périodes d’inactivité peuvent durer des centaines d’années comme entre 1083 et 1511. Actuellement, aucune éruption n’a eu lieu depuis l’éruption Hōei, il y a plus de 300 ans.

La prévention des risques éruptifs est assurée par le Comité de coordination pour la prévention des éruptions volcaniques dépendant de l’Agence météorologique japonaise en ce qui concerne la prévision et le suivi sismique des évènements, le cabinet du Premier ministre en ce qui concerne la mise en place d’un plan d’évacuation et le Ministère du territoire, des infrastructures et du transport pour la protection contre les risques de glissement de terrain.

Ainsi, entre septembre 2000 et janvier 2001, le nombre de secousses telluriques sous le volcan est passé d’une ou deux par mois à 35 en septembre, 133 en octobre, 222 en novembre, 144 en décembre puis 36 en janvier 2001, faisant craindre le pire, avant que tout ne rentre dans l’ordre. Ces secousses étaient pour la plupart du type basse fréquence et se situaient à quinze kilomètres de profondeur, au nord-est du sommet.

En septembre 2012, la pression de la chambre magmatique est de 1,6 MPa, soit l’équivalent d’une pression atmosphérique de 15,8 kg/cm2, faisant craindre une éruption théoriquement envisageable à partir d’une pression de 0,1 MPa. Cette forte pression est due à des mouvements tectoniques provoqués par le séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku.

Source : Wikipédia.

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