Le marsouin.

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Le marsouin commun (Phocoena phocoena) est le mieux connu de la famille des marsouins, autrefois appelés « cochons de mer » (Phocoenidae) mais aussi « dieux des mers », qui regroupe six espèces de cétacés marins à dents, peuplant la plupart des côtes tempérées et froides du globe. Les différentes espèces de la famille ne diffèrent pas substantiellement, et comme la présente est la mieux connue, cet article traite de l’ensemble des points communs à l’ensemble. On se reportera à l’article marsouin pour une description de la taxinomie détaillée de la famille, avec les traits distinctifs entre espèces et sous-espèces. Il a un squelette interne, un crane ainsi que quatre membres, des poils et des mamelles, c’est donc un mammifère vertébré.

Les marsouins sont de petits cétacés à dents, plutôt noirs sur la face dorsale supérieure, et blancs sur la face ventrale inférieure. Ils se nourrissent de poissons (comme le hareng par exemple), de crustacés et de céphalopodes (poulpes, seiches, calamars).

S’ils sont encore, et de loin, les cétacés les plus répandus, leurs effectifs tendent à régresser. Les raisons de ce déclin tiennent sans doute à la pollution marine et à la mort par noyade à cause des filets de pêche.


Marsouin, carte maximum, Pays-Bas, 2016.

Ce sont de petits cétacés, de 1,5 à 2,5 mètres de long selon les espèces, proches des baleines et des dauphins dont ils se distinguent notamment par un rostre court et par des dents pointues et courbées, différentes des dents typiquement coniques des dauphins.

Dans la nature, ils sont moins facilement observés que les dauphins, car ne sautant pas (ou rarement) hors de l’eau, mais ils s’approchent volontiers des navires et des côtes.

Prédateurs, ces petits cétacés chassent des poissons, calmars et crustacés en utilisant l’écholocation, ou en fouissant dans les fonds meubles des  plateaux côtiers. Ils chassent habituellement en très petits groupes caractérisés par des relations sociales complexes.

Les femelles sont souvent plus grandes et plus lourdes que les mâles (environ 15 %). La différenciation sexuelle se manifeste comme chez la plupart des cétacés par la position relative de l’anus et des plis génitaux. Ces derniers sont chez les femelles très rapprochés de l’anus, alors qu’ils en sont nettement séparés chez les mâles, chez lesquels les organes génitaux sont nettement plus vers l’avant.

En comparaison avec les autres cétacés à dents, le crâne de l’animal est peu protubérant, le « museau » (le rostre), recouvert par une bosse adipeuse (le « melon ») est difficilement reconnaissable. La taille du cerveau du marsouin est pourtant comparable à celle de l’homme.

Le corps est trapu avec une nageoire dorsale plate et triangulaire. Le dos est noir ; le marsouin commun a une tache tirant progressivement vers le gris à l’avant de la nageoire dorsale, et la face ventrale est blanche. On peut observer des raies noires le long de la gorge, allant des coins de la bouche jusqu’à la naissance des ailerons pectoraux. On pense qu’il peut vivre près de 25 ans.

Leur poids étant relativement faible, de 40 à 170 kg selon les espèces et leur taille, leur corps perd plus rapidement sa chaleur dans l’eau que celui les autres cétacés, ce qui les oblige à manger souvent et à compter sur leur réserve de graisse.

La plus petite espèce de marsouin est le marsouin du Golfe de Californie, qui ne mesure pas plus de 1,5 m. Le plus léger est le marsouin aptère 30 à 45 kg alors que le plus lourd est le marsouin de Dall : 130 à 200 kg. Leur forme qui est plus ronde et contractée que celle des dauphins réduit leur surface d’échange thermique, ce qui pourrait être une adaptation évolutive pour réduire la perte de chaleur. Une épaisse couche de graisse les isole aussi du froid3. Le corps est donc plutôt trapu.

Les nageoires dorsale, ventrales, caudale (disposée à l’horizontale, comme chez tous les cétacés) ainsi que la queue sont toutes de couleur noire. Chez les jeunes individus, certaines parties de la face ventrale sont encore noires : on parle à ce sujet de mélanisme juvénile. L’albinisme est rarissime chez les marsouins. La nageoire dorsale ne présente nulle part de courbure concave : elle retombe verticalement sur le dos à l’arrière, avec une base à peu près deux fois supérieure à sa hauteur. Certaines espèces ont des petites bosses (dites tubercules) aux fonctions inconnues, sur la pointe de leur nageoire dorsale – ou à l’avant de cet emplacement pour les marsouins aptères, qui n’ont pas de dorsale.

Les ailerons ventraux sont relativement courts et pointus à leur extrémité. La nageoire caudale possède une largeur d’environ 60 cm, elle est très puissante.

Les mâchoires comptent un nombre variable de dents selon les espèces et leur taille, la supérieure de 22 à 28=dents de chaque côté pour le marsouin commun, la mâchoire inférieure de 21 à 25. Les dents sont très courtes, de forme lancéolée à spatulée. Les dents postérieures sont des molaires à surface triangulaire.

Les marsouins vivent le plus souvent seuls ou en couple : ils ont la particularité de nager fréquemment dans le sillage des navires. On n’a pu observer que rarement des groupes de marsouins, groupes sociaux caractérisés par une stratégie de type K (au regard du modèle évolutif r/K) : le maximum recensé est de sept individus. Ces groupes se rassemblent à l’occasion des périodes de reproduction et pour chercher de la nourriture, ce qui peut représenter des rassemblements de plus de cent individus. De telles situations sont toutefois rares et ne durent jamais longtemps.

Les jeunes restent toujours un certain temps auprès de leur mère, mais pour une durée mal connue. Le lien entre un petit et sa mère est très fort, et les jeunes détachés de leur mère émettent des sifflements de détresse pour la rappeler.

On ignore également si les marsouins ont une notion de territoire qu’ils défendent contre les intrus, ou s’il existe une hiérarchie à l’intérieur des groupes ; mais on a observé de façon certaine des attitudes menaçantes entre individus de cette espèce : l’agresseur tourne sa tête face à son adversaire et fait entendre des séries de clics, puis viennent des hochements de tête et des coups de queue.

Les marsouins peuvent atteindre une vitesse maximale de quelques dizaines de km/h et ne bondissent que rarement hors de l’eau. La profondeur de plongée maximum est d’environ 100 à 200 m selon les espèces, le cétacé pouvant plonger environ 6 minutes. La plupart du temps, ces animaux se déplacent à une vitesse de 7 km/h juste sous la surface de l’eau, et en nage normale ils refont surface pour respirer deux à quatre fois à la minute. Pour faire surface, le marsouin se courbe en demi-cercle et replonge immédiatement après avoir respiré, la tête la première. Hermann Burmeister (1853) décrit ce comportement de la façon suivante :

« L’animal fait d’abord sortir sa tête de l’eau en respirant bruyamment ; puis il fait pivoter son corps vers l’avant, se recroqueville vers le bas, si bien qu’on voit l’un après l’autre la nuque, le dos avec la grande nageoire dorsale et enfin le dos de la queue sortir de l’eau dans un mouvement quasi-circulaire ; toutefois, ni la large queue ni les ailerons pectoraux n’apparaissent. »

La propulsion est presque exclusivement assurée par la queue, qui se meut verticalement. Les nageoires pectorales servent avant tout de gouvernail et de stabilisateur. La texture lisse de l’épiderme et l’allure profilée du corps du marsouin exercent une influence particulièrement favorable sur la vitesse. L’animal n’est jamais longtemps au repos, mais observe plusieurs fois par heure une station de six à sept secondes à fleur d’eau, avant de couler et de reprendre son rythme naturel de mouvement.

Le chant joue un rôle primordial dans le comportement des marsouins, qui disposent d’un spectre sonore très étendu : la communication entre individus s’appuie sur des clics construits sur des sons de haute fréquence (110 à 150 kHz) ainsi que des sifflements de basse fréquence (environ 2 kHz). À cela s’ajoutent les sons émis par l’animal pour l’écholocation, et dont le spectre va de fréquences relativement basses (1,5 kHz) jusqu’à des ultrasons de 100 kHz. L’analyse du chant des marsouins a révélé des sifflements caractéristiques de reconnaissance et d’orientation, de comportement dominant, de compétition amoureuse, de détresse ainsi que d’alerte. Il est significatif pour la théorie de l’évolution que les sifflements de reconnaissance et de localisation se situent en dehors du spectre auditif de l’orque : on en déduit que cette divergence est le résultat des rôles prédateur-proie.

Les femelles arrivent à maturité sexuelle vers trois à quatre ans, les mâles entre deux et trois ans. Au large de l’Europe, les accouplements ont lieu entre la mi-juillet et la fin août. Au cours de cette période, les testicules des mâles gonflent prodigieusement : alors qu’ils ne pèsent qu’environ deux grammes le reste de l’année, leur poids atteint 400 g en période de reproduction. Pour la plupart des populations, l’accouplement a lieu en haute mer, bien que certains groupes préfèrent au contraire les eaux très peu profondes au bord des côtes.

La plupart des observations faites sur le comportement amoureux provient de sujets en captivité. L’accouplement est précédé d’une parade nuptiale, lors de laquelle un mâle poursuit une femelle de son choix et essaye d’avoir avec elle un premier contact par la nageoire dorsale. Heck (1915) l’a décrite de la façon suivante :

« Pendant les périodes de rut ils sont extrêmement excités, fendent les flots d’un trait, se font la chasse hardiment et poursuivent les femelles avec empressement »

Puis viennent les « caresses » et les passages répétés autour des femelles (cross-swimming). Les mâles présentent leur face ventrale et viennent mordiller les nageoires des femelles. L’accouplement se fait à la verticale en surface et ne dure que quelques secondes. Parade et accouplement peuvent ensuite reprendre plusieurs fois de suite.

La gestation dure chez les marsouins de dix à onze mois, si bien que les jeunes voient le jour au début de l’été entre mai et juin. Le plus souvent, il ne naît qu’un petit, les jumeaux sont extrêmement rares. Cette caractéristique spécifique fait qu’une femelle ne donne naissance à un petit qu’une fois par an, voire une fois tous les deux ans. La parturition ne pose pas de problèmes étant donnée l’absence de bassin osseux chez les cétacés et survient alors que la femelle est en train de nager. Les ondes péristaltiques ne durent qu’une à deux heures. Le nouveau-né et le placenta, qui forme l’arrière-faix, se séparent lorsque le cordon ombilical se détache, ce qui survient avec la libération de la tête, qui est la dernière partie du corps à sortir. Le nouveau-né nage spontanément vers la surface dès sa libération du corps de la mère, et prend ses premières respirations.

Le marsouin, lorsqu’il vient au monde, mesure de 65 à 90 cm et pèse de 5 à 7 kg. Il est allaité par sa mère huit à neuf mois, mais il mange ses premiers poissons à l’âge de cinq mois. Pour l’allaitement, la mère se met sur le côté, ce qui permet au petit de respirer à la surface. Le lait est très riche en matières grasses (environ 50 %) et, comparé au lait d’autres espèces de mammifères, présente une forte teneur en protéines de base et d’éléments minéraux. C’est à l’âge des premières prises de pêche que les premières dents percent chez le jeune marsouin ; vers l’âge de sept mois sa dentition est terminée, et il quitte sa mère au bout d’une année. Les mères et leurs jeunes se tiennent tout ce temps beaucoup plus près des côtes que leurs congénères.

On estime que les marsouins peuvent vivre jusqu’à vingt ans, mais leur espérance de vie se situe entre huit et dix ans.

Phocoena phocoena phocoena (Linnaeus, 1758), la sous-espèce la mieux connue, fréquente les eaux tempérées et froides de l’Atlantique nord, tant du côté américain que du côté européen, du Sénégal jusqu’au Spitzberg ainsi que de ses tributaires : mer du Nord, Mer Baltique, sud de la mer de Barents. Ces marsouins s’aventurent parfois par le détroit de Gibraltar en Méditerranée occidentale jusqu’à la hauteur de Majorque. Depuis quelques années, ils ont été de plus en plus observés dans certains fleuves d’Allemagne du Nord, après des siècles de disparition due à la pollution des eaux4. Considérés auparavant comme communs sur les côtes provençales, ils sont devenus très rares en Méditerranée et ont disparu, depuis la fin du xixe siècle, des côtes françaises et espagnoles. Phocoena phocoena relicta (Abel, 1905), localisée dans la mer Noire, s’est adaptée à un niveau de teneurs en sel inférieure. Elle peut faire quelques incursions en Méditerranée orientale via les Détroits, mais ne va guère plus loin que la mer Égée. Phocoena phocoena vomerina (Gill, 1865) fréquente les eaux tempérées et froides du Pacifique nord.

Les eaux favorites des marsouins sont les eaux calmes, tempérées ou froides, des franges côtières avec une profondeur d’environ 20 m, mais ils n’hésitent pas à l’occasion à rejoindre la haute mer.

Les marsouins se nourrissent presque exclusivement de poisson (en particulier harengs, capelans, et sprats), mais aussi de vers polychètes, de gastéropodes, de crustacés et de seiches. La composition de l’alimentation dépend des conditions géographiques. En mer du Nord, les poissons plats (pleuronectiformes) représentent la majeure partie de leur nourriture, en mer Baltique ce sont les gobies (gobiidae), et dans ces deux mers également la morue (Gadus morhua). Les proies sont généralement d’une taille inférieure à 25 cm, car un marsouin est incapable d’ingérer de plus gros morceaux. La recherche de proies s’accomplit principalement sur le fond marin, où le marsouin a coutume de fouir le sable. Un marsouin ingère quotidiennement environ 4,5 kg de poisson.

Les orques sont les principales prédatrices des marsouins. Les ennemis naturels du marsouin sont principalement les grands requins et les orques. C’est ainsi qu’on a retrouvé des restes de marsouins dans l’estomac du Requin du Groenland (Somniosus microcephalus), du grand requin blanc (Carcharodon carcharias) et du Requin bleu (Prionace glauca). Mais plus que les requins, c’est encore l’orque (Orcinus orca) qui est l’ennemie désignée du marsouin. D’autres cétacés à dents se montrent aussi à l’occasion agressifs vis-à-vis de leurs petits cousins. C’est ainsi qu’on a pu observer en Écosse le grand dauphin (Tursiops truncatus) et le dauphin commun (Delphinus delphis), lorsqu’ils entrent en compétition avec eux pour la nourriture, les attaquer et les tuer.

Les principaux parasites de ce mammifère sont principalement les lamproies, les vers nématodes, les douves, les cestodes et les vers à tête épineuse. On retrouve régulièrement, grouillant en pelote dans l’estomac, des nématodes de l’espèce Anisakis ayant préalablement contaminé les proies ; le Stenurus minor, un parasite qui contamine d’abord les bronches, les poumons et le système cardio-vasculaire, peut coloniser l’appareil auditif et frapper l’animal de surdité, le privant de ses facultés vitales de communication et d’écholocation. Un parasite courant du conduit gastro-intestinal et des voies biliaires est la douve Campula oblanga, responsable entre autres de l’hépatite et de la cholangite. En revanche, les ectoparasites du genre poux des baleines sont rares chez le marsouin.

Source : Wikipédia.

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