Le marronnier commun, marronnier d’Inde ou marronnier blanc (Aesculus hippocastanum L.) est un arbre de la famille des Hippocastanaceae (Sapindaceae en classification APGIII). Il est parfois appelé châtaignier de mer, marronnier faux-châtaignier ou châtaignier des chevaux.
Il est souvent confondu avec le châtaignier commun (Castanea sativa), qui produit la véritable châtaigne comestible.
Ses cousins nord-américains, nommés paviers, ont des feuilles plus lisses et non dentelées, avec des fleurs qui rappellent celles du marronnier européen.
Le marronnier est très répandu dans les parcs publics et le long des avenues en Europe et Amérique du Nord.
L’espèce est considérée en Europe comme « vulnérable » par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Toutefois, ceci ne s’applique pas aux individus plantés en France, mais uniquement aux populations sauvages, originaires des Balkans.
À cause de son nom vernaculaire « marronnier d’Inde », les origines de cet arbre furent d’abord recherchées en Inde, notamment dans les régions montagneuses situées au nord de ce pays, mais en vain. C’est un voyageur et géologue anglais, John Hawkins, qui découvrit dans les années 1790 l’origine de cette espèce : les régions montagneuses de la Macédoine grecque et de la Macédoine du Pirin (nord de la Grèce, sud de la Bulgarie actuelle).
Un jeune marronnier aurait été introduit à Constantinople en 1557. L’ambassadeur du Saint-Empire auprès de la Porte ottomane en aurait offert un à Charles de L’Écluse, ambassadeur à Vienne, en 1576, sous la forme d’un marron prêt à germer. Charles de l’Écluse l’aurait acclimaté en estimant qu’il fallait le semer très tôt pensant que la graine perdrait rapidement son pouvoir de germination. De l’Autriche et probablement par d’autres voies, le marronnier aurait été diffusé en Europe. Il a été introduit à Paris en 1615, par un certain Bachelier, qui l’aurait rapporté de Constantinople et planté dans la cour de l’hôtel de Soubise, où l’arbre poussa jusqu’en 1840 (ou au pied de la tour du Temple selon d’autres sources). Un autre marronnier fut planté en 1650 au Jardin des Plantes, et en 1670 des marronniers furent plantés comme arbres d’ornement dans l’avenue des Tuileries. Deux siècles plus tard, en 1870, 80 % des arbres des pépinières municipales de Paris destinés à être plantés comme arbres d’alignement urbain étaient des marronniers.
Un sujet planté en 1606 (415 ans) est encore visible dans le parc d’un hôtel à Vézac (Cantal).
C’est un grand arbre d’ornement dont la longévité en milieu rural est facilement supérieure à 150 ans pouvant parfois atteindre 300 ans et mesurer jusqu’à 30 mètres. La sève, la bogue et la graine ont une odeur très particulière et un goût un peu amer.
L’écorce brune à légèrement rougeâtre est lisse chez le jeune arbre se fissure dans le sens de la longueur, parfois dans un mouvement hélicoïdal autour du tronc, s’écaille et se détache par petites plaques.
Les fleurs blanches ou roses, tachées de rouge, sont rassemblées en thyrses en forme de pyramide mais de nombreux variants existent. La couleur du centre de chaque fleur varie du jaune vers le rouge pour signaler aux insectes si la fleurs contient du nectar ou si elle est déjà pollinisée. Le rouge indique aux insectes que la fleur est déjà pollinisée, le jaune qu’elle est intéressante à visiter. On peut remarquer que la couleur rouge est rarement bien visible pour les insectes et donc peu utilisée comme signal positif pour les insectes.
Les feuilles caduques sont opposées, grandes (30-50 cm), munies d’un long pétiole, palmées, à 5 ou 7 folioles dentelées.
Les bourgeons pointus qui apparaissant en automne, sont protégés par une sorte de résine fortement collante.
Le fruit est une capsule coriace, hérissée de pointes, qui renferme en général une seule grosse graine brune (parfois deux), lisse et luisante, toxique, appelée marron d’Inde. Les marrons du commerce, à griller ou utilisés en confiserie, qui sont comestibles, sont des châtaignes, fruits d’une variété de châtaignier (Castanea sativa) à fruits non cloisonnés. Ce ne sont donc pas les fruits du marronnier d’Inde.
Il faut éviter de lui faire subir des tailles sévères ou courtes.
Le marron d’Inde contient de l’amidon, des saponines (esculine) et des glucosides (fraxine).
Les marrons, tout comme les bourgeons et les feuilles peuvent être toxiques, notamment à cause de l’esculine, une molécule aux propriétés anticoagulantes.
La littérature rapporte quelques cas d’empoisonnements mortels humains, mais les données ne semblent pas toujours très fiables. Les marrons frais ne seraient pas aussi toxiques qu’on le dit parfois, car les saponines qu’ils contiennent sont faiblement absorbées au niveau des muqueuses. Certains auteurs pensent que les intoxications graves seraient le résultat d’une consommation régulière de marrons. Il faut considérer cette espèce comme potentiellement toxique pour les humains.
Des cas d’intoxication ont été décrits chez les ruminants, le cheval, le chien et le hamster. Les signes cliniques sont surtout digestifs, et parfois nerveux lors d’intoxication massive.
L’écorce (riche en tanins et en flavonoïdes) est utilisée pour faire des préparations contre les problèmes de circulation sanguine.
Contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom vernaculaire “marronnier d’Inde”, cet arbre est originaire du sud-est de l’Europe. Son aire de distribution naturelle est morcelée dans les montagnes du sud des Balkans: principalement en Grèce et en Albanie, et de façon plus localisée en Macédoine et en Bulgarie. Il pousse là naturellement en forêt mélangée de feuillus, cohabitant souvent avec le charme (Carpinus betulus), des érables et des tilleuls, dans les stations fraiches et humides, à une altitude de 700 à 1200 m, sur des sols plutôt riches, souvent en bas de pente de vallons calcaires ou sur des sols alluviaux.
Cette aire de répartition originelle très retreinte correspond en fait à un refuge où l’espèce fut repoussée lors des dernières glaciations. Le climat de l’Holocène (période climatique actuelle) est redevenu favorable pour le marronnier dans une grande partie de l’Europe, mais il est resté bloqué dans le sud des Balkans où il s’est contenté de monter en altitude lorsque le climat s’est réchauffé. Cette essence avait une aire de répartition beaucoup plus large au début du Pléistocène. Des pollens anciens de cette espèce datant des précédentes interglaciaires ont été trouvés un peu partout en Europe, dont en France. Il est resté confiné dans le sud des Balkans par la topographie étant donné le faible pouvoir de dispersion des graines. Les marrons sont très sensibles à la dessication et ne peuvent pas germer à l’air libre sur des sols trop secs, l’espèce ne peut donc pas s’étendre par elle-même en dehors des micro-habitats frais et humides qu’elle occupe. Étant donné la morphologie des fruits, il est probable qu’un mammifère ou un oiseau, éventuellement un animal de la mégafaune du pléistocène, était spécialisé dans la consommation et la dispersion des marrons (zoochorie, à la manière du geai avec les glands des chênes ou de l’écureuil avec les noisettes), et cet animal avec lequel le marronnier aurait coévolué aurait disparu durant les dernières périodes glaciaires, diminuant ainsi fortement le pouvoir de dispersion et de reconquête du marronnier. La faune européenne actuelle ne consomme que rarement les marrons (cependant, la perruche à collier nouvellement introduite en Europe, apprécie les bogues et en consomme en grande quantité, tout en rejetant les marrons, et pourrait donc devenir un nouvel agent de dispersion). Aujourd’hui c’est l’homme qui a de nouveau dispersé l’espèce dans toute l’Europe en la plantant abondamment pour l’ornement des villes et des parcs. Les enfants jouant avec les marrons ressèment souvent des marronniers dans les alentours, voire beaucoup plus loin, et l’espèce est ainsi devenue subspontanée dans une grande partie de l’Europe.
Il est surtout utilisé comme arbre d’ornement, et moindrement d’alignement, pour ses grandes feuilles, sa floraison spectaculaire, et ses marrons autrefois jugés très exotiques. C’est l’un des arbres les plus abondamment plantés dans les villes et les villages d’Europe, les cours d’écoles, les parcs, les grands jardins, etc. Il fournit beaucoup d’ombre et de fraîcheur sous son feuillage dense et luxuriant. Arbre forestier vrai, il ne nécessite ni taille ni entretien particulier, mais il supporte des tailles parfois dures. Il rejette à partir des souches, souvent sans survivre. Il est jugé très résistant sur les sols qui lui conviennent, mais il est plus sensible à la pollution urbaine et à la déshydratation que le platane.
Le bois du marronnier est très homogène, blanc avec un aspect soyeux et laiteux, parfois grisâtre ou jaunâtre. Il est très léger (0,4 à 0,55 kg/dm3) et très tendre, facile à travailler. Cependant, à cause de son manque de solidité il n’est pas un bois de qualité pour la menuiserie ou la charpente, et son usage est aussi limité par une tendance trop fréquente à la fibre torse. Il n’est pas durable. Il n’est pas non plus un bon bois pour le papier, et il est plutôt mauvais combustible. Son grain très fin et sa légèreté permettent cependant de l’utiliser comme plis internes de contreplaqué, caisserie d’emballage, intérieur de meubles, sculpture, tournerie, modelage, orthopédie, panneaux pour la peinture, etc., bien que ces utilisations restent assez marginales. C’est un bois très réputé pour la pyrogravure.
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Sources : Wikipédia, YouTube.