Le lièvre d’Europe.

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Le Lièvre d’Europe ou Lièvre brun (Lepus europaeus) est une espèce de lièvres originaire d’Europe et de l’ouest de l’Asie. Elle fut introduite en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Océanie. C’est un mammifère classé dans l’ordre des lagomorphes, dans la famille des léporidés. Il fait partie de la « petite faune sédentaire de plaine ».

Le lièvre d’Europe est herbivore et se nourrit principalement de plantes herbacées, auxquelles il ajoute des brindilles, des bourgeons, de l’écorce et des céréales, en particulier l’hiver. Ses prédateurs naturels comprennent les grands oiseaux de proie, les canidés et les félidés. Ses longs et puissants membres lui permettent d’atteindre une grande vitesse de déplacement et donc, un moyen d’échapper à ses prédateurs.

Lièvre d’Europe, carte maximum, Irlande, 1989.

Généralement nocturne et timide, le lièvre d’Europe change de comportement au printemps, où l’on peut l’apercevoir en plein jour se pourchasser ses semblables dans les champs. Au cours de cette frénésie printanière, les lièvres se frappent parfois les uns les autres avec leurs pattes (« bouquinage »). La femelle niche dans un affaissement à la surface du sol plutôt que dans un terrier. Les portées peuvent être composées de trois ou quatre jeunes et une femelle peut avoir trois portées par an. Le lièvre d’Europe peut vivre jusqu’à douze ans. La saison de reproduction dure de janvier à août.

Le lièvre européen est répertorié comme étant de préoccupation mineure par l’Union internationale pour la conservation de la nature, car sa population est modérément abondante. Cependant, les populations d’Europe continentale diminuent depuis les années 1960, du moins en partie à cause de la modernisation des pratiques agricoles. Le lièvre est chassé à travers l’Europe depuis des siècles et on estime que plus de cinq millions d’individus sont abattus chaque année. En Europe occidentale, le lièvre a été traditionnellement chassé à l’aide de meutes de chiens renifleurs. La vénerie est aujourd’hui illégale dans nombreux pays, mais demeure néanmoins toujours légale en France. Le lièvre a longtemps été un symbole de fertilité et de reproduction dans certaines cultures. En littérature, ses attributs physiques et son comportement ont inspiré de nombreux auteurs tels que Jean de la Fontaine, Lewis Caroll ou encore Arto Paasilinna.


Il s’agit du plus grand lagomorphe du Paléarctique occidental. Il mesure de 42 à 68 cm de longueur (tête et corps), avec des oreilles de 8,5 à 12,9 cm et une queue de 6,2 à 13,3 cm. Son poids varie de 2,5 kg à 6,4 kg. Le pelage de son dos est brun-fauve foncé à brun-roux foncé avec des tons jaunâtres, avec des poils de garde courbés et des poils de bourre blancs à la base. Le bas des flancs, le cou et la tête sont à dominante brun clair avec des reflets roussâtres ou vineux. Le ventre est blanc crème. Les oreilles sont gris clair avec tache noire triangulaire bien marquée à leur extrémité. La queue est noire au-dessus et blanche en dessous. En hiver il y a plus de blanc sur la tête et à la base des oreilles, et les hanches deviennent plus grises.

Il n’y a pas de dimorphisme sexuel et l’identification des sexes est difficile même en ayant l’animal en main. Mais les comportements permettent de distinguer mâles et femelles en période de reproduction.

Les jeunes grandissent rapidement, et dès l’âge de deux mois, il est difficile de distinguer les jeunes de l’année des adultes.

Un poids moyen de 2,5 kg est atteint à l’âge de 2 mois et demi, soit à peu près le poids d’un adulte chétif.
A 4 mois le jeune lièvre approche la taille et le poids d’un adulte moyen ou le dépasse (jusqu’à 4 kg). Ni le poids, ni la taille sont donc de bons critères pour identifier les jeunes de l’année dans un tableau de chasse. Le lièvre d’Europe vit environ 10 ans.

Les spécialistes évaluent l’âge d’un lièvre fraichement mort en pesant son cristallin (après dessiccation de l’œil dans une solution de formol puis passage à l’étuve). Un abaque permet d’estimer l’âge à 2-3 semaines près pour les individus de moins de trois mois, et avec une précision de six semaines jusqu’à l’âge de 5 à 6 mois, puis avec une précision de quatre mois environ pour des lièvres âgés de un an et de 18 mois pour ceux qui dont de 1 à 3 ans. Ceci permet lors d’études démographiques ou écoépidémiologiques parmi les animaux trouvés tués par des voitures, empoisonnés ou tués à la chasse de déterminer le taux de jeunes et d’animaux nés les années précédentes (adultes).

Une autre méthode est la mesure du cartilage de conjugaison de la face externe de la base du cubitus de l’animal mort. À cet endroit, le cartilage forme une excroissance qui diminue peu à peu jusque vers l’âge de six mois. La classe d’âge des individus de moins de 6 ou 7 mois peut ainsi être identifiée parmi les lièvres plus âgés.

Il se nourrit principalement des parties vertes de diverses plantes herbacées, et en particulier des graminées, dans les prairies naturelles, zones humides, dans les champs (les céréales en herbe de l’automne au printemps, comme le blé d’hiver), et dans les banquettes herbeuses des bordures de parcelles. Il consomme aussi les adventices des cultures (celles qui poussent rapidement entre les chaumes après la moisson en même temps que les repousses des plantes cultivées). Il ne consomme parfois que les parties les plus nutritives comme les jeunes pousses et les boutons floraux.

Il mange aussi des fruits, graines et racines (betteraves notamment) ou des plantules d’arbres et arbustes, notamment en période d’enneigement. Il consomme parfois les jeunes plants de vigne.

En période sèche, il peut se rabattre sur des plantes cultivées riches en eau, telles que les pousses de tournesol ou d’asperge. Il peut se passer d’eau, la rosée et l’eau des végétaux lui suffisent.

Dans un groupe, les individus dominants peuvent avoir un accès privilégié à la nourriture.

Le combat entre une femelle et un mâle, appelé « bouquinage ». Ce comportement n’est pas, contrairement à l’idée reçue, un combat entre deux mâles.
Les lièvres sont très sociables, mais avec une hiérarchie plus marquée lors de l’alimentation et au moment de la reproduction.
Ils montrent une préférence pour certains types de paysages ou d’éléments paysagers, éventuellement en zone d’agriculture intensive, et y sont alors plutôt grégaires, sans comportement de défense du territoire. La plupart des jeunes ne se dispersent pas loin, ils se choisissent un territoire qui est rarement éloigné de plus de 2 km de leur lieu de naissance. Quelques individus « disperseurs » sont retrouvés jusqu’à 9 km de leur lieu de naissance.

Leur domaine vital n’atteint généralement pas 2 km2. Mais il peut varier de moins de 0,5 à plus de 4 km2 selon les individus et la ressource alimentaire.

Le lièvre est plutôt lucifuge ; c’est-à-dire qu’il vit surtout la nuit, où il part se nourrir, par groupes de 2 à 6 individus (parfois jusqu’à une quinzaine). Il pourrait donc peut-être souffrir de la dégradation générale de l’environnement nocturne et de la pollution lumineuse, mais ceci ne semble pas encore avoir fait l’objet d’études.

Le parade nuptiale est collective. La femelle en œstrus cherche à s’accoupler avec les mâles les plus endurants et tenaces et va donc entamer des courses-poursuites en terrain ouvert où les mâles vont la poursuivre. Seuls le ou les mâles qui n’auront pas abandonné, de fatigue, les courses-poursuites effrénées auront la possibilité de s’accoupler.

Les naturalistes parlent de « bouquinage » pour décrire les combats entre lièvres à cette époque. Contrairement aux idées reçues répandues dans la littérature et le monde depuis des siècles, le bouquinage n’est habituellement pas pratiqué entre mâles mais entre une femelle et un mâle. Ce comportement remarquable est un exemple de combats intersexuels. Le mâle en rut cherche à s’accoupler à une femelle non-réceptive. Celle-ci cherche donc à repousser le mâle en donnant de puissants coups de pattes antérieures, orientés vers la tête du mâle. Il s’ensuit généralement une série de courses-poursuites suivies de courts combats jusqu’à ce que le mâle abandonne sa poursuite.

Après la reproduction et l’élevage des jeunes, les levrauts se dispersent rapidement.

La maturité sexuelle est acquise dès 3 ou 4 mois. La reproduction débute en décembre, avec des naissances se succédant potentiellement de fin janvier à début octobre de l’année suivante.

La gestation ne dure que 41 jours. Deux portées peuvent se succéder voire se chevaucher (en 37-38 jours), phénomène dit de superfœtation. Ceci permet à une femelle de produire 5 portées par an, en 6 mois seulement (des derniers jours de janvier à début octobre). En France, selon l’ONCFS, 13 jeunes sont en moyenne produits par femelle reproductrice chaque année, mais ce chiffre peut fortement varier dans certains contextes. Une portée contient de 1 à 3 levrauts et rarement 4 ou 5 (2,6 en moyenne par femelle en France). C’est moins que chez le lapin ou d’autres animaux comparables, mais ces levrauts sont précoces. Nés couverts d’une fourrure dense, ils sont thermorégulés et bien camouflés au sol. Sevrés à 3 ou 5 semaines ils sont rapidement totalement autonomes.

Le lièvre d’Europe est originaire d’Eurasie occidentale, depuis l’ouest de la France jusqu’à l’Altaï en Asie centrale, et du nord du Moyen-Orient jusqu’à la Finlande. En Europe occidentale il est absent de la majeure partie de la péninsule ibérique (où il est remplacé par le lièvre ibérique). Il était à l’origine absent des iles Britanniques et de la péninsule Scandinave mais il y a été introduit.

Il fut introduit également en Amérique du Nord aux États-Unis dans l’État de New York en 1893 et au Canada dans la province de l’Ontario en 1912, mais aussi en Argentine, au Chili, en Nouvelle-Zélande, en Australie et dans certaines régions de l’Afrique.

Cette espèce est vraisemblablement originaire de la steppe eurasiatique. Elle se serait répandue en Europe occidentale principalement grâce aux déboisements effectués par l’Homme à partir du Néolithique, qui ont créé des milieux ouverts (les champs et les prairies pastorales) qui lui sont favorables. Les forêts qui couvraient l’Europe avant cette période lui étaient défavorables.

C’est un spécialiste des milieux ouverts et dégagés à végétation herbacée: les prairies aussi bien sèches qu’humides et les champs cultivés. Il est cependant très plastique et très peu exigeant sur les autres paramètres de l’habitat. On le trouve dans les marais, les vastes pâturages pastoraux extensifs secs (causses), les landes à bruyères, les garrigues, les champs cultivés, les vergers et les vignes, les steppes et jusqu’aux zones semi-désertiques d’Asie centrale, mais aussi les clairières et les lisières des bois et parfois dans les forêts claires à végétation herbeuse au sol. Il tend cependant à éviter les zones entièrement vouées à l’herbage intensif permanent, car la structure très basse et la couleur uniformément verte toute l’année de l’herbe des pâtures tondues par les bovins ou les moutons ne conviennent guère à sa stratégie mimétique (la couleur de son pelage), notamment en période de reproduction (les jeunes sont très vulnérables aux prédateurs), et il est donc moins abondant dans les régions de bocage.

Il est l’une des rares espèces à pouvoir s’adapter aux zones d’agriculture intensive au paysage complètement ouvert ou presque, où il est plus abondant qu’ailleurs (en France, la Flandre, l’Artois, la Picardie, la Champagne, la Beauce, le Berry, font partie des régions où il est le plus abondant). Il est présent notamment là où sont cultivées des céréales d’hiver, qui lui fournissent une nourriture herbacée de qualité durant toute la mauvaise saison au lieu d’une terre nue, favorisant de hautes densités de lièvres au km², mais aussi des cultures de plantes sarclées. À défaut la présence de bandes enherbées, de banquettes herbeuses des bordures ou de prairies intercalaires, favorise sa subsistance. Malgré sa grande tolérance et sa préférence nette pour les grands espaces de monoculture, une homogénéisation excessive des cultures sur d’immenses surfaces et certains changements de pratiques agricoles peuvent dans certains cas finir par lui devenir défavorables.

Le lièvre est une espèce très commune dans les campagnes européennes et l’un des petits gibiers les plus recherchés par les chasseurs. Il a cependant connu une forte diminution de ses effectifs entre les années 1960 et 1980, puis une stabilisation voire une remontée assez forte dans certaines régions, puis de nouvelles diminutions à partir des années 1990 par endroits. Il y a cependant de fortes disparités régionales dans ces fluctuations, et les causes semblent multiples et souvent mal comprises, difficiles à hiérarchiser. Cela provoque périodiquement des inquiétudes chez les écologistes, les chasseurs et les biologistes. Mais actuellement on ne peut pas considérer l’espèce comme en danger, elle reste localement abondante, mais rare ailleurs, et demeure toujours un des gibiers les plus chassés.

La prédation, les parasitoses et les maladies sont les facteurs normaux de contrôle démographique, avec des impacts ponctuels et locaux parfois alarmants sur les populations, mais qui n’expliquent pas la « forte mortalité supplémentaire » constatée depuis les années 1960 et qui « n’ont probablement pas d’influence sur la tendance de la population à long terme ». De même, une mauvaise gestion cynégétique (trop de chasse), constitue une cause de régression seulement localement et temporairement, étant donné que la pression de chasse varie localement.

Le lièvre a décliné en effet de manière « spectaculaire » dans de nombreuses régions d’Europe de l’Ouest à partir des années 1960, pour des causes probablement multiples. En France, selon l’ONCFS, la dynamique de population de cette espèce est préoccupante. Il est en régression depuis la fin des années 1990 « sans que l’on puisse identifier avec certitude les raisons de ce recul ».

On a beaucoup avancé comme causes principales les remembrements, le recul des prairies et des zones humides, ainsi que l’artificialisation et l’homogénéisation des paysages agricoles, ce qui aurait privé le lièvre d’une partie de ses habitats. Cependant, rien n’est venu prouver que de tels facteurs auraient une influence sur la baisse des populations de lièvres. Car bien au contraire, c’est dans les régions de vastes monocultures intensives qu’il reste de loin plus abondant qu’ailleurs, comme en Beauce ou en Artois entre autres. Car ces paysages d’agriculture intensive correspondent en réalité à l’habitat idéal pour cette espèce très spécialisée des milieux ouverts et homogènes, et il parvient encore à y trouver sa nourriture. Les chercheurs abandonnent donc aujourd’hui cette piste. La nourriture verte peut temporairement devenir rare en été dans les monocultures trop vastes et homogènes, du fait de la disparition de nombreuses plantes adventices des cultures et des bordures par l’utilisation des herbicides, ayant fait disparaitre une partie de sa ressource alimentaire. Mais il est rare que les monocultures atteignent une homogénéité si extrême qu’il ne puisse pas trouver de nourriture dans les parages en cette saison, car il se déplace facilement si nécessaire. De plus, il ne semble pas souffrir directement des pesticides dans ces régions actuellement (du moins, on n’a pas pu le démontrer, bien que cela pourrait éventuellement avoir été une cause importante dans les décennies passées).

C’est plutôt la spécialisation dans l’élevage de certaines régions, avec soit la généralisation des herbages, ou soit le remplacement des parcelles de céréaliculture par des cultures fourragères (le maïs notamment, mais aussi les prairies artificielles trop régulièrement fauchées qui ne lui conviennent pas), qui explique la diminution des effectifs de lièvres dans ces régions (ce serait notamment le cas en Suisse et en Bretagne par exemple), alors que le paysage y reste plus diversifié qu’ailleurs. Dans d’autres régions c’est la déprise agricole qui est la principale cause de sa disparition, du fait des reboisements (ces régions redeviennent en fait plus naturelles) avec des zones agricoles devenues trop petites et isolées pour le lièvre.

À la suite des modifications du paysage agricole du XXe siècle, qui a vu le renforcement des spécialisations régionales dans les productions, on peut dire aujourd’hui que les populations les plus florissantes de lièvre d’Europe se concentrent désormais principalement dans des zones où l’agriculture est la plus intensive, simplement parce que c’est là que les paysages ouverts avec de vastes espaces interconnectés de céréaliculture persistent et même se généralisent, alors qu’il est devenu plus rare ailleurs. Dans cet habitat, on peut considérer le lièvre comme l’une des espèces les plus tolérantes qui soient aux pratiques de l’agriculture moderne, adaptation que très peu d’espèces sont parvenues à acquérir (l’écologie du lièvre le rendait préalablement adapté à ce milieu). C’est donc dans ces zones que sa conservation doit être prise en compte dans les pratiques agricoles dont il est dépendant. Des mesures simples et peu coûteuses peuvent le favoriser, d’autant qu’il n’est pas considéré comme un ravageur potentiel des cultures à la différence du lapin de garenne, et que sa présence est au contraire très appréciée en tant que gibier.

Aujourd’hui, la maladie est la première cause de mortalité des levrauts, devant la prédation, la chasse, le braconnage et les collisions avec des véhicules.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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