Le homard.

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Les homards (Homarus) forment un genre de crustacés décapodes vivant dans la mer. Ce genre comprend deux espèces :

  • le homard européen (appelé en France homard breton) — Homarus gammarus (Linnaeus, 1758) ;
  • le homard américain (appelé aussi homard canadien) — Homarus americanus (H. Milne Edwards, 1837).

Le homard se distingue facilement de la langouste par la présence de pinces imposantes et par une carapace moins épineuse. Les écrevisses, vivant dans les eaux douces, sont les espèces qui lui ressemblent le plus, mais plus petites (bien qu’il existe en zone tropicale des écrevisses assez grandes pouvant évoquer la couleur et la forme d’un jeune homard).

En Europe, c’est une espèce qui est en raréfaction, probablement à la fois en raison d’une surexploitation des stocks et de la pollution marine. En Amérique du Nord, les populations n’ont cessé de croître pendant les 20 dernières années.


Il est représenté et décrit dès l’antiquité en Europe. Il a été utilisé de manière médicinale au Moyen Âge et à la Renaissance. Torréfié et réduit en poudre puis dissous dans du vin, il a servi à traiter diverses maladies urinaires et comme purge des calculs rénaux. Sa chair a été considérée comme diurétique (cuite en bouillon), son gastrolithe (une masse riche en calcium qu’on trouve dans l’estomac des homards se préparant à muer) utilisé pour traiter les inflammations oculaires et comme un remède pour des maux d’estomac et l’épilepsie.

Sa carapace ou celle d’autres crustacés semble avoir inspiré certaines armures. Vers 1630, un nouveau casque turc, le zischägge, ou « queue de homard », a ainsi été utilisé en Europe de l’Est, caractérisé par des plaques d’acier se chevauchant sur le cou, fournissant à la fois protection et aération. La partie frontale de ce casque possédait aussi une barrette nasale réglable, qui évoque l’épine frontale du homard.

Les homards affectionnent les mers froides, au contraire de la langouste dont l’aire de répartition s’étend plus au sud. L’aire de répartition du homard est très large, sur la quasi-totalité des côtes nord-atlantiques, du côté européen, comme du côté américain. Le homard vit du bas de la zone infra-littorale (à la limite des zones découvertes aux grandes marées, sous les rochers où il a creusé ou trouvé un « terrier »), jusqu’à environ 50 et exceptionnellement 60 mètres de profondeur.

Une femelle pond jusqu’à 100 000 œufs au cours de sa vie (jusqu’à une cinquantaine d’années pour les spécimens les plus âgés, rarement trouvés), en plusieurs portées, qu’elle « couve » plusieurs mois sous son abdomen avant leur éclosion. Mais de nombreuses femelles sont pêchées jeunes (en moyenne, elles n’ont vécu qu’un dixième de leur espérance maximale de vie) c’est-à-dire alors qu’elles ne pondent pas encore beaucoup d’œufs et qu’elles se sont peu reproduites.

La larve, minuscule (quelques mm), mène une vie planctonique au début de son existence, où elle est la proie de nombreux animaux marins, puis elle subit une mue de métamorphose et se pose sur le fond (vie benthique). Le homard juvénile subit une vingtaine de mues de croissance avant d’atteindre l’âge adulte, vers l’âge de quatre ou cinq ans. Même adulte, le homard continue de muer et de grandir régulièrement.

Après avoir atteint la maturité sexuelle, le homard, qui est, comme la plupart des crustacés, une espèce à croissance indéterminée, continue de muer régulièrement, en général une fois par an ou tous les deux ans, voire moins souvent pour les plus gros, le nombre de mues diminuant avec la taile (et l’âge). Il peut mesurer 50 cm et peser 4 kg, en atteignant souvent une quarantaine d’années. Le plus gros homard jamais recensé en 2013 a été capturé en Nouvelle-Écosse (Canada) en 1977 et pesait près de 20 kg pour une taille d’un peu plus d’un mètre.

Au cours de sa vie, le homard ne présente que tardivement des signes de vieillissement : un vieux homard reste aussi vigoureux qu’un jeune homard et il continue de se reproduire tout au long de son existence. Une explication a été attribuée en 1993 à une enzyme appelée la télomérase, qui maintient les télomères de chacun des chromosomes compris dans la totalité des cellules de son organisme. Ainsi entretenus, les télomères ne s’usent pas d’une division cellulaire à une autre. Mais il ne s’agissait que d’une hypothèse, contestée par un neuroethologiste des invertébrés car sans lien avec des observations scientifiques.

Cela ne signifie pas que les homards sont immortels. Leur mortalité naturelle est estimée être comprise entre 10 % et 15 % hors zooties pour les homards américains, dans les conditions les plus favorables1. Au bout d’un moment, le homard est trop gros pour continuer à grandir : il n’a plus l’énergie nécessaire pour entamer une nouvelle mue. L’usure de la carapace et les maladies qui y sont liées ont alors raison de lui. Le homard européen peut atteindre l’âge de 50 ans.

Les homards ont connu une forte raréfaction dans une grande partie de leur aire naturelle et potentielle de répartition, notamment dans l’hémisphère nord dans l’après-guerre. Depuis la fin des années 1980, les populations nord-américaines se sont fortement rétablies.

On ne dispose pas de données permettant d’évaluer les densités de homards en Europe depuis le Moyen Âge ou la préhistoire, mais sur la côte nord Atlantique des États-Unis, le homard était encore si commun aux XVIIe et XVIIIe siècles qu’il était considéré comme une nourriture pour les pauvres. Selon les chroniqueurs de l’époque, c’était même l’aliment offert gratuitement aux veuves, orphelins, fonctionnaires et prisonniers. Il arrivait qu’on le prenne en si grande quantité à la pêche ou après des tempêtes (échouage sur le rivage) qu’on ne lui trouvait d’autre usage que d’en faire de l’engrais pour les champs et les jardins. Le Massachusetts a même voté une loi interdisant son utilisation plus que deux fois par semaine — manger du homard presque tous les jours de la semaine (comme du saumon, d’ailleurs) était alors considéré comme un châtiment inutilement cruel (généralement infligé aux prisonniers, aux esclaves et aux  domestiques).

Les révolutionnaires américains insultaient les soldats britanniques à l’uniforme rouge en les traitant de “lobsterback”. Le homard, plus vite encore aux États-Unis qu’en Europe et dès le XIXe siècle, s’est alors raréfié. On a commencé à manger les petits homards à peine matures, les grands individus ayant presque disparu et il est devenu — comme en Europe — un aliment rare et cher, en particulier aux périodes de forte demande.

La pêche au homard s’est mécanisée dans la seconde moitié du XXe siècle et est localement devenue une industrie, avec des tentatives de pisciculture et même d’élevage conservatoire à fin de réintroduction dans la nature.

La pollution marine et l’eutrophisation des eaux (qui peuvent exacerber les phénomènes d’anoxie et de zone morte en mer) sont probablement d’autres facteurs explicatifs d’une régression générale et d’épisodes locaux de surmortalité7. Par exemple, alors que la zone estuarienne tempérée située à l’ouest de Long Island Sound était jusqu’en 1999 très productive en homard (Homarus americanus), des mortalités considérables y ont été constatées (à partir de la fin de l’été 1999). En octobre 1999, une étude a porté sur ce phénomène. Elle a conjointement mesuré les taux d’oxygène dissous, de sulfure d’hydrogène et d’ammoniac à 10 cm du fond en août, septembre et novembre 2000. Des sédiments noirs ont été observés juste sous l’interface eau-sédiments sur une grande partie de la zone en 1999 et 2000, évoquant des phénomènes d’anoxie du sédiment propices au dégagement de méthane et de sulfures, effectivement détectés dans les 10 cm de la couche d’eau en contact avec le sédiment. La décomposition anaérobie de sédiments riches en matière organique en période chaude et début d’automne correspond à la date du début de l’épisode de mortalité (1999). Ces facteurs de stress pourraient avoir affecté l’immunité des homards, devenus alors plus vulnérables à des pathogènes mortels.

Des teneurs élevées en métaux lourds et/ou métalloïdes sont relevées dans les homards vivant en zone polluée par les panaches de rejets d’usines métallurgiques par exemple, et le homard peut bioaccumuler certains de ces contaminants, plus ou moins selon la saison et le sexe de l’animal. Une famille de protéines, les métallothionéines, joue un rôle majeur pour la captation des métaux toxiques et leur excrétion ou inertage dans l’organisme (dans la coquille notamment).

Le homard stocke une partie de ces métaux dans sa carapace. Comme chez d’autres crustacés, les mues successives joueraient alors un rôle dans la détoxification de l’animal. Une étude du homard américain a montré que les teneurs les plus élevées en métaux sont mesurées dans les tissus hépato-pancréatiques (sans surprise puisque le foie est l’un des principaux organes de détoxication). Mais les plus fortes charges en manganèse, nickel et plomb sont trouvées dans la carapace.

Les teneurs en ces contaminants reflètent globalement la qualité ou pollution des sédiments environnants, voire les dépassent. On n’a pas trouvé de corrélation entre la teneur en métaux des coquilles et le risque de développer la maladie de la coquille qui touche de nombreux homards américains.

Des mesures de conservation et de gestion halieutique ont été prises au Canada. Peut-être grâce à la diminution de certains apports de polluants en mer permettant un rééquilibrage des écosystèmes marins, et peut-être aussi à cause de la disparition durable de certains prédateurs ou concurrents dans la chaîne trophique (cabillaud, etc.), un rétablissement significatif de la ressource s’effectue actuellement en Amérique du Nord.

Ainsi, on pêche actuellement 90 000 tonnes de homard par an au Canada contre 20 000 tonnes dans les années 1980. En ajoutant ceux des États-Unis18,19, les débarquements totaux de Homarus americanus sont actuellement compris entre 150 000 et 170 000 tonnes chaque année, et ceux de Homarus gammarus seraient proches de 2 000 tonnes.

Cette espèce était déjà appréciée au Moyen Âge et à la Renaissance, et probablement antérieurement (il est décrit par des textes romains de l’antiquité et représenté sur des mosaïques de cette époque). Il a été considéré dans certaines cultures comme encourageant la virilité et/ou la capacité des femmes à concevoir, mais il n’était pas comme aujourd’hui considéré comme un plat de luxe.

Parce qu’il se déplace généralement sur des fonds rocheux, le homard est plus facile à capturer à l’aide de casiers, manipulés à partir de caseyeurs. Les chalutiers en prennent parfois sur les fonds sableux, lorsqu’il effectue des migrations. On peut aussi le pêcher à pied lors des grandes marées. En pêche sous marine, laquelle se pratique en apnée, sa capture est autorisée en France à la main uniquement, ce qui exclut de le harponner de quelque manière que ce soit.

Depuis 1998, la taille minimum de pêche en France est de 87 mm (longueur du céphalothorax), ce qui correspond à un animal d’environ 5 ans. Au Canada, la taille minimum dépend de la zone de pêche mais elle est en général de 81 mm. Aux Îles de la Madeleine, la taille légale pour la pêche commerciale est de 83 mm entre l’orbite de l’œil et le céphalo-thorax soit en suivant ligne médiane parallèle au corps du homard. Aux États-Unis, la taille minimum pour un homard vivant est de 82 mm soit un poids proche d’une livre (453 grammes).

Le Canada a fait une véritable industrie de la variété dite « canadienne ». Shédiac (Nouveau-Brunswick) se présente comme la capitale mondiale du homard. La Nouvelle-Écosse est la province où l’on pêche le plus de homards et qui expédie le plus de homards vivants, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard sont d’importants producteurs, en particulier de homards congelés. Au Québec, le port de Grande-Entrée aux Îles de la Madeleine est le plus grand port de pêcheurs de homard de la province avec plus de 115 embarcations. Les Îles de la Madeleine représentent à elles seules plus de 70 % des débarquements de homards au Québec. C’est le produit de la mer que le Canada exporte le plus en valeur. Relativement moins cher que la variété européenne, il est en concurrence avec les autres crustacés.

Au Canada, l’état de la ressource en homards s’améliore depuis 20 ans grâce aux mesures de conservation : limitation de l’effort de pêche par des licences individuelles accordées aux pêcheurs et correspondant à un nombre déterminé de casiers (ou trappes), périodes de pêche fixes, rejet obligatoire des femelles portant des œufs, tailles minimum en progression dans certaines zones de pêche, et en option et suivant la zone de pêche, le marquage des femelles qui ne peuvent alors être repêchées, rejet des gros homards femelles, installation obligatoire de fenêtres d’échappement dans les casiers, convention de non-pêche le dimanche. Cependant, on estime qu’on peut encore l’améliorer dans certaines zones de pêche. Ainsi les Madelinots (zone 22) ont appliqué, sur la période 2006-2010, un plan de conservation de la ressource consistant notamment à diminuer marginalement leur nombre de casiers durant cette période. Un plan de soutien fédéral à l’industrie a été décidé en 2009, qui comprend en particulier le soutien à des rachats de licences qui sont ensuite annulées.
La pêche est essentiellement « côtière ». Les bateaux partent du port vers 4 h du matin pour revenir avant la nuit. La zone de dépose des casiers change en fonction du réchauffement progressif de l’eau afin de suivre la migration des homards. La pêche côtière n’est pas soumise à des quotas mais à une limitation de l’effort de pêche. Une petite pêche hauturière sous quota a aussi été concédée à une compagnie privée, qui a acquis en 2010 la certification environnementale MSC.

Une recolonisation a été expérimentée, avec succès dans un milieu constitué de récifs artificiels offrant un habitat de substitution ou supplémentaire au homard.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

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