Le guppy.

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Le Guppy (Poecilia reticulata) est une des espèces de guppy, nom vernaculaire regroupant plusieurs espèces de poissons d’eau douce tropicale de la famille des Poeciliidae. Originaire d’Amérique du Sud, ce guppy a été introduit dans de nombreux pays pour lutter contre les moustiques, avec une efficacité limitée et non sans risques écologiques selon une alerte scientifique lancée en 2016. Il s’agit d’un poisson ovovivipare apprécié en aquariophilie. Dans certains pays, dont la France, des races ou variétés du guppy, créées au sein des élevages ont acquis un statut juridique d’animal domestique.


En tant qu’espèce indigène le Guppy est confiné à quelques zones des Caraïbes et du nord de l’Amérique du Sud, mais il a envahi de nombreux écosystèmes ailleurs dans le monde là où il a été récemment introduit. Au moins 40 % de ces invasions résulteraient d’introductions à but de lutte contre les moustiques. Dans certaines zones comme aux Comores, il a été préféré aux Gambusies (bien que plus petit) car celles-ci étaient pêchées et mangées par les enfants alors que les guppys sont moins intéressant pour la pêche.

Dans sa forme sauvage, ce poisson rustique s’acclimate facilement à une grande variété de zones humides9 et à un nouvel environnement, même dans des eaux chaudes, polluées ou en présence de prédateurs. Il se reproduit tôt et fréquemment, sa gestation est courte (28 jours) et la femelle peut conserver du sperme longtemps après la copulation, ce qui permet à une femelle fécondée échappée d’une zone d’introduction de facilement fonder à elle seule une colonie.

Pour dévorer les larves de moustiques, des poissons exotiques et en particulier les guppys et les gambusies ont durant plusieurs décennies été introduits (notamment par les Britanniques dans leur Empire colonial et leurs zones d’influence au début du XXe siècle), dans les eaux douces d’étangs, mares et fossés de nombreux pays et régions des tropiques afin de lutter contre les moustiques vecteurs d’épidémies comme le paludisme par exemple.

Même si depuis 2009, l’OMS et certains guides reconnaissent les risques d’invasion biologique, et recommandent d’utiliser de préférence des espèces insectivores locales, des introductions de Guppys continuent à se faire dans les années 2000-2010, sous l’égide de l’OMS ou d’États concernés par des risques d’épidémie).

Ainsi des Guppys ont été introduits au Pakistan en 2013 contre la dengue puis en 2015-2016 au Brésil contre le virus Zika et la dengue, bien que le Brésil dispose de nombreuses espèces de poissons insectivores, et en Inde, de leur propre initiative, des citoyens ont fait de même. De nombreux sites internet proposent de faire de même un peu partout, bien que l’efficacité des Guppys dans la nature soit douteuse et que leur présence soit dangereuse pour la biodiversité locale, car les guppys préfèrent les larves de chironomidés (moustiques ne piquant pas) à celles des moustiques piqueurs (culex, anophèles…) impliqués dans les épidémies, qu’ils risquent donc de favoriser. Ceci est confirmé par des analyses fécales des guppys au Sri Lanka ; elles montrent qu’ils mangent bien moins de moustiques que ce qui est observé en aquarium où on ne leur fournit que ces proies. Il a été montré sur l’île de Trinidad que les Guppys mangent effectivement des moustiques dans des eaux stagnantes fermées où on les introduit artificiellement, mais non dans les eaux en mouvement ni dans les autres milieux naturels, et qu’ils y altèrent le fonctionnement des écosystèmes locaux.

De même en Inde, on a montré que les guppys mangent moins de moustiques en eau polluée (peut-être parce qu’ils y trouvent une plus grande diversité alimentaire qu’en eau propre.

Le développement de maladies vectorielles transportées par les moustiques se poursuit (ex : infection à virus Zika et dengue) et inquiète, ce qui incite à accroître la lutte antivectorielle et notamment les lâchers de Guppys dans la nature. Or en 2016, la revue « Science » estime dans la rubrique Biology Letters que l’efficacité antivectorielle de ces opérations est très limitée, alors que cette espèce présente une capacité remarquable à se reproduire et se propager, étant localement déjà devenue invasive. Selon W. Han (2015) de nombreuses études montrent que les Guppys mangent un plus ou moins grand nombre de larves de moustiques Aedes dans les containers où on les a testés, mais aucune étude n’a pu démontrer qu’ils réduisent dans la nature le nombre de moustiques adultes ni qu’ils réduisent le risques de transmission des maladies transmises par ces moustiques.

Les guppys peuvent bouleverser les écosystèmes qu’ils envahissent ; on a montré à Trinidad que leur apparition se fait au détriment de la densité de poissons autochtones, et que les poissons résidents pour s’adapter doivent devenir matures plus vite, grandir plus vite et dépenser plus d’énergie à se reproduire.

Les guppys introduits deviennent souvent l’espèce dominante dans la zone d’introduction où ils perturbent l’écosystème en y augmentant la productivité primaire et le cycle de l’azote au détriment d’autres espèces. À Hawaï les guppys et d’autres Poecilidés invasifs introduits pour lutter contre les moustiques dans les années 1920, n’ont pas fait disparaître les moustiques, mais ont atteint des densités de 10 à 30 fois plus élevées que celles des poissons indigènes. Ils ont divisé par deux la densité de gobies autochtones et réduisent leurs chances de survie. L’introduction de guppys est corrélée à un accroissement du taux d’azote dissous bio-disponible (eutrophisation) jusqu’à huit fois. Ils favorisent en outre l’expansion d’invertébrés non indigènes.

Rana W. El-Sabaawi & al (2016) notent que plupart des études sur les effets des guppys invasifs ont été faites dans des écosystèmes dégradés ou peu diversifiés des Caraïbes et du Pacifique notamment, ils suggèrent donc que des études portent aussi sur des zones à haute biodiversité (au Brésil par exemple où les effets de leur introduction ont été peu étudiés d’où méconnaissance du risque pour la biodiversité brésilienne).

Comme la plupart des poecilidaes, on parle de bouleversement d’éco-systèmes si on les relâche dans la nature.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

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