Le grand Trianon de Versailles.

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Le Grand Trianon ou Trianon de marbre est un château que Louis XIV fait construire en 1687 par Louis le Vau à proximité de Versailles en France, au sein du parc du château de Versailles1. L’extérieur du bâtiment est construit en marbre rose qui lui confère le nom de « Trianon de marbre », par opposition au Trianon de porcelaine qui l’a précédé au même emplacement.

Le Grand Trianon est composé d’une cour, d’un palais, et d’un ensemble de jardins et de bassins : il comporte à son entrée une grande cour dénommée la Cour d’honneur, encadrée par un bâtiment divisé en deux ailes reliées par une galerie à colonnes portant le nom de « péristyle ». L’aile droite est prolongée par une aile perpendiculaire appelée Trianon-sous-Bois. Le bâtiment donne sur un ensemble de jardins à la française et de bassins, dont le bassin Plat fond, le bassin dit « à oreilles » et le bassin du Fer-à-cheval.

Il a été le lieu de résidence ou de séjour de plusieurs figures royales françaises ou étrangères, dont Louis XIV, Pierre Ier de Russie ou encore Marie Leszczyńska, épouse de Louis XV. Plus récemment y ont séjourné le général de Gaulle, ou des chefs d’État étrangers en visite officielle en France, comme le président américain Richard Nixon en 1969, ou la reine du Royaume-Uni Élisabeth II en 1972.

Classé avec le château de Versailles et ses dépendances au titre des monuments historiques par la liste de 1862 et par arrêté du 31 octobre 1906, il est également inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979. L’ensemble est aujourd’hui ouvert au public dans le cadre du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.Le Trianon de Marbre est reconstruit sur les gravats de l’ancien Trianon de porcelaine, Jules Hardouin-Mansart, premier architecte du Roi, est chargé de sa construction. Le projet est établi en juin-juillet 1687. Louis XIV est de facto l’auteur de tous les choix architecturaux, c’est lui qui refuse les grands toits à la française que lui proposait Mansart et opte pour les toitures basses qui disparaissent derrière le couronnement, à l’italienne, et même les souches de cheminées n’en dépassent pas6. Il est également l’auteur du « péristyle », si le dessin de l’arcade est de Robert de Cotte, l’idée de la percée centrale qui permet de voir le jardin est de Louis XIV, les arcades sont prévues pour être fermées par des menuiseries, mais la décision de ne pas les poser a été prise alors que Mansart était allé prendre les eaux. La tradition voulait qu’on adaptât la qualité de la pierre à la nature de la partie traitée, Louis XIV impose l’emploi d’une seule qualité de pierre pour l’unité de couleur.

Grand Trianon, essais de couleurs.

Le Roi se rend régulièrement sur le chantier, où il gère les affaires du Royaume, installé sous une tente tout en inspectant l’avancement des travaux. Attentif au moindre détail et ayant une idée précise en tête, il fait abattre des murs déjà montés, car les plans ne lui conviennent pas. Saint-Simon rapporte que le Roi est le seul à avoir vu le défaut d’une fenêtre, plus petite que les autres. Louvois niait qu’une erreur si grossière se soit produite, alors le Roi demanda à André Le Nôtre de vérifier ces impressions par des mesures précises de géomètre. Ces dernières donnèrent raison au Roi, obligeant Louvois à s’excuser,Saint-Simon rapporta alors que Louvois, en tant que secrétaire d’État de la Guerre, planifia un conflit afin de détourner le roi de ses préoccupations architecturales et pour remonter dans son estime.

Le chantier progressant rapidement, Louis XIV y prend son premier dîner le 22 janvier 1688, le gros œuvre et quelques aménagements intérieurs sont en place. Le Grand Trianon, ou Trianon de marbre, est inauguré à l’été 1688 par Louis XIV et Madame de Maintenon, qui en font leur résidence privée. Le Roi aime Trianon, comme le rapporte Madame de Maintenon : « Le Roi a toujours Trianon en tête ».

Les premières années, le Roi ne s’y rend que durant la journée. Il faut attendre le 11 juillet 1691 pour qu’il puisse y dormir, la résidence étant enfin meublée. Si l’extérieur est de marbre, en raison des difficultés financières, le Royaume étant alors en pleine guerre de la Ligue d’Augsbourg, les aménagements intérieurs sont moins luxueux. En revanche, plusieurs milliers de fleurs en pot seront disposées, ces dernières pouvant être changées jusqu’à deux fois par jour en raison du bon vouloir des occupants et pour maintenir une floraison constante ; « jamais on ne voit de feuilles mortes ni arbrisseaux qui ne soient en fleur » (Le Nôtre). Pour compléter la décoration intérieure, une commande de 24 tableaux est faite en 1687 dont 21 au seul Cotelle ; ils sont disposés dans la galerie des Cotelle.

Grand Trianon, carte maximum, Versailles, 14/04/1956.

De 1691 à 1705, l’aménagement intérieur est continuellement modifié. Si initialement le Roi occupe la partie sud du Trianon, avec vue sur le Grand Canal, il l’abandonne en 1703 au profit de son fils et s’installera dans l’aile nord, attiré par sa fraîcheur. Cette installation se fait en lieu et place du théâtre.

Aller à Trianon ne se faisait que sur invitation royale, souvent pour la journée. Le Roi y organisait régulièrement des dîners dont la finalité était de contrôler la Cour. Peu d’invités y couchaient, cela en raison du nombre limité de logements. À la fin de son règne, Louis XIV ouvre plus largement Trianon.

Les lambris des salons ont accueilli de nombreux princes de la maison royale : le Grand Dauphin, la duchesse de Bourgogne, le duc de Berry et duchesse de Berry, le duc de Chartres, la duchesse de Bourbon et la duchesse d’Orléans, Madame Palatine.

Louis XV se désintéresse totalement du lieu, mais y vient pour chasser. Il y éloigne donc la reine Marie Leszczyńska, qui y réside dès août 1741. D’après Jérémie Benoît, l’idée a pu venir au roi quand les parents de la reine y ont logé en 1740 La reine, bien qu’y habitant, ne peut entretenir convenablement ce grand palais. En avril 1747, Charles Lenormant de Tournehem et Ange-Jacques Gabriel y font des constatations qui aboutissent à une modernisation des toitures et un remplacement de certains éléments architecturaux délabrés.

Ne possédant plus de lieu de retraite, et poussé par sa favorite, la marquise de Pompadour, Louis XV décide de reprendre possession du palais de Trianon en 1749. Il y fait bâtir le Pavillon français, doté d’une basse-cour, et le jardin français, ordonné par Bernard de Jussieu. Le pavillon frais complète l’ensemble en 1753. Enfin, la construction du Petit Trianon, entre 1761 et 1768, donne son nouveau nom au Trianon de marbre, le Grand Trianon.

Marie-Antoinette préfère de loin le Petit Trianon au Grand ; elle y donne malgré tout quelques représentations dans la galerie des Cotelles. Pendant la Révolution, les deux Trianons (particulièrement le Petit Trianon) sont occupés et dégradés par une succession de bals et fêtes.

Il faut attendre le Premier Empire pour que le domaine reprenne de l’importance. En 1805, Napoléon Ier ordonne la restauration des deux domaines. On commence par ravaler les façades et boucher les lézardes. Dès 1808, on réalise de plus gros travaux. Un projet de doubler l’aile à droite de la cour d’honneur n’aboutit pas, pas plus que la réunion des deux Trianons. En revanche, le péristyle est fermé de vitres, afin d’éviter à l’Impératrice les courants d’air, et tout l’intérieur est remis en état, des cheminées aux carrelages et des parquets aux lambris. De 1809 à 1810, le château est remeublé. L’Empereur fait de nombreux séjours à Trianon entre 1809 et 1813. Afin de garantir sa sécurité et de faciliter un accès direct à Trianon sans passer par le grand château, il fait ériger la grille d’entrée de l’avant-cour et les deux pavillons réservés à sa garde personnelle d’une cinquantaine d’hommes.

Sous Louis XVIII, aucun changement n’est effectué au château, seuls les symboles impériaux sont enlevés. Le 31 juillet 1830, Charles X s’y arrête quelques heures sur la route de son exil. De 1830 à 1848, Marie-Amélie de Bourbon-Siciles confie à Frédéric Nepveu, le soin de mettre le château au goût du jour pour y résider, et y marie sa fille, Marie d’Orléans, avec Alexandre de Wurtemberg, le 18 octobre 18374. Comme son prédécesseur, Louis-Philippe Ier fait halte à Trianon sur la route de l’exil, le 24 février 1848.

En 1873, le procès de François Achille Bazaine, devant le conseil de guerre présidé par Henri d’Orléans, se tient au sein de la galerie. Le maréchal est accusé d’avoir manqué aux devoirs et d’avoir livré à l’armée allemande près de 150 000 soldats et une place de guerre de premier ordre.

Après le Traité de Versailles et le traité de Saint-Germain-en-Laye, signés en 1919, et avant le Traité de Sèvres signé en août 1920, le traité de Trianon, qui redécoupe les Balkans, est signé au Grand Trianon par les puissances belligérantes de la Première Guerre mondiale le 4 juin 1920.

Dès 1959, le général de Gaulle pense à faire du Grand Trianon une résidence présidentielle. Seulement, les frais à engager pour cela sont très importants : l’estimation de 1961 fait état d’un montant nécessaire de 20 millions de francs français pour restaurer le bâtiment et le mobilier. Le président souhaite toutefois le restaurer pour redonner son lustre à Trianon pour recevoir des hôtes de prestige. Une loi-programme de restauration est votée le 31 juillet 1962 et, à partir de 1963, le bâtiment est restauré par Marc Saltet et remeublé par Gérald Van der Kemp (sont notamment installés la climatisation, l’électricité et des cuisines modernes). Il sert de cadre aux réceptions officielles de la République, dont le sommet du G7 de 1982, les invités présidentiels résidant dans l’aile du Trianon-sous-bois ; parmi les chefs d’État accueillis, on note également le couple présidentiel américain John et Jackie Kennedy, la reine Élisabeth II et le prince Philip, le dernier étant le président russe Boris Eltsine, en 1992. La chambre occupée par le général de Gaulle est restée en l’état, avec deux lits séparés, très longs (en raison de sa taille).

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Sources : Wikipédia, Youtube.