Le glouton.

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Le Glouton ou Carcajou (Gulo gulo), est un mammifère au régime alimentaire omnivore à dominance carnivore. Solitaire et farouche, il vit dans la taïga et la toundra d’Amérique du Nord et d’Eurasie.

Il fait partie de la famille des mustélidés, étant la seule espèce du genre Gulo.

Il peut être très dangereux et agressif, ce qui lui vaut une réputation d’animal redoutable dans la culture populaire. Au Canada, il est qualifié d’« animal le plus féroce du Grand Nord ».

Le poids d’un mâle adulte peut atteindre 18 kg.


Glouton, carte maximum, Belgique.

Le nom français « glouton » fait référence à la voracité de l’animal. Il pourrait cependant être le résultat d’une dérive étymologique : en Scandinavie, où l’on trouve encore cet animal, son nom ancien était « fjällfräs », « fjellfras » ou « fjellfross », ce qui signifie à peu près « fauve des montagnes ». Ce mot se serait transmis en allemand sous la forme « Vielfraß », qui signifie « qui mange beaucoup », traduit en français par « glouton » et en latin par « gulo ».

Son nom québécois de « carcajou » est d’origine algonquienne. C’est une modification québécoise de « Kwi’kwa’ju », nom donné à l’animal par la tribu des Micmacs, l’une des Premières Nations du Canada ; « Kik’wa’ju » signifie « esprit malin » en langue micmaque. Le carcajou étant plus rusé que le renard et doué d’une force peu commune, il possède des facultés hors du commun pour échapper aux chasseurs et, s’il se fait prendre, tente par tous les moyens de s’échapper ; il possède avant tout un instinct de survie des plus impressionnants, d’où le nom « d’esprit maléfique » que lui donnèrent les Micmacs.

Il ressemble un peu à un petit ours pesant de 8 à 18 kg (30 kg maximum) et ayant une queue velue. Sa fourrure est dense et ne retient pas l’eau, ce qui lui permet de résister aux grands froids caractéristiques de son aire de répartition. Il mesure de 75 à 110 cm. Il a une tête ronde et large, de petits yeux et des oreilles courtes et arrondies. Ses pattes sont courtes et robustes et chaque pied compte cinq orteils. Ses longues griffes sont courbées et semi-rétractiles, il peut donc les rentrer partiellement. Elles lui servent à grimper et à creuser. Ses dents sont solides. Les mâles adultes pèsent de 12 à 18 kg en moyenne. Les femelles pèsent 8 à 12 kg en moyenne. Les gloutons du nord sont généralement plus gros que ceux du sud. On reconnaît le glouton grâce à son masque facial et sa queue touffue.

Lors d’une expérience scientifique, un glouton a été muni d’un récepteur GPS qui a permis de montrer qu’il pouvait gravir un dénivelé de près de 1 500 m de roches et de glaces et parvenir à un sommet de plus de 3 000 m d’altitude, cela en moins de 90 minutes.

Le glouton se nourrit le plus souvent de carcasses de gros animaux morts de causes naturelles ou tués par des ours ou des loups.

Il mange aussi des campagnols, des lièvres, les larves d’insectes, des œufs d’oiseaux et des baies ; il s’attaque parfois au castor du Canada, au renard roux ainsi qu’au porc-épic d’Amérique et à d’autres rongeurs, voire à des rennes. Il lui arrive aussi de cacher de la nourriture sous la neige après l’avoir imprégnée de sa forte odeur, dissuadant ainsi tout intrus de la lui dérober. Bien adapté à la vie de charognard, le glouton a des dents et des mâchoires robustes qui lui permettent de broyer de gros os et de manger de la viande gelée. Comme il n’est pas très efficace à la chasse, il dévore souvent des animaux pris au piège. Il peut plus rarement s’attaquer à des proies beaucoup plus volumineuses, comme l’ours ou l’orignal. Parfois il s’introduit dans les cabanes, ce qui ne lui attire guère la sympathie des trappeurs. Son odorat très fin lui permet de détecter la présence de nourriture sous une épaisse couche de neige jusqu’à 6 mètres. Quand il ne trouve pas de nouvelle carcasse, il retourne vers une précédente et mange ses os gelés. Le glouton parcourt environ 40 km par chasse.

Il peut parfois tuer un renne (en Suède et Finlande), un caribou des bois ou un orignal. Il s’attaque notamment à la femelle gravide et moins souple, au jeune ralenti par la neige ou à l’animal affaibli par la maladie.

Certains lui attribuaient autrefois en Amérique du Nord le don de pouvoir chasser en coopération avec des renards, ce que rapporte Chateaubriand dans ses récits de voyages en Amérique. Selon la description au moins en partie fantaisiste qu’il en donne, « la manière dont il chasse l’orignal avec ses alliés les renards est célèbre. Il monte sur un arbre, se couche à plat sur une branche abaissée, et s’enveloppe d’une queue touffue qui fait trois fois le tour de son corps. Bientôt on entend des glapissements lointains, et l’on voit paraître un orignal rabattu par trois renards, qui manœuvrent de manière à le diriger vers l’embuscade du carcajou. Au moment où la bête passe sous l’arbre fatal, le carcajou tombe sur elle, lui serre le cou avec sa queue, et cherche à lui couper avec les dents la veine jugulaire. L’orignal bondit, frappe l’air de son bois, brise la neige sous ses pieds : il se traîne sur ses genoux, fuit en ligne directe, recule, s’accroupit, marche par sauts, secoue sa tête. Ses forces s’épuisent, ses flancs battent, son sang ruisselle le long de son cou, ses jarrets tremblent, plient. Les trois renards arrivent à la curée : tyran équitable, le carcajou divise également la proie entre lui et ses satellites. Les Sauvages n’attaquent jamais le carcajou et les renards dans ce moment : ils disent qu’il serait injuste d’enlever à ces autres chasseurs le fruit de leurs travaux ».

L’accouplement a lieu entre mai et juillet et l’espèce ne produit qu’une portée par année. Certaines femelles ne procréent qu’une fois tous les 2 ou 3 ans. Les petits, au nombre de 1 à 5, naissent entre le mois de février et mai. La période active de la gestation dure 30 à 40 jours. Les embryons subissent une implantation différée. Les nouveau-nés ont les yeux fermés et leur corps est couvert d’un fin pelage frisé. Ils sont sevrés à 9 ou 10 semaines et matures à 1 ou 2 ans. Peu de petits survivent à leur première année car certains sont victimes de prédation ou meurent de faim. Les jeunes gloutons grandissent rapidement. Ce taux de croissance rapide continue après que la mère a cessé d’allaiter.

Le glouton peut vivre au moins 10 ans à l’état sauvage, et en captivité il peut atteindre l’âge de 15 ans.

Le glouton est un animal essentiellement solitaire. Cependant, il semblerait que les membres d’une même famille se tolèrent extrêmement bien entre eux. Courageux et rusé, il reste d’un naturel très méfiant, et peut être particulièrement agressif face aux autres animaux, surtout lorsqu’il se sent menacé. On prétend qu’il sait protéger ses captures contre les attaques de loup et même d’ours brun. Il ne défend pas son territoire, mais signale sa présence en déposant sur le sol ou sur un tronc d’arbre, le long des sentiers qu’il fréquente, les sécrétions musquées de ses glandes anales. Parfois, il gratte le sol à la manière d’un chien ou ronge l’écorce de certains arbres.

À part l’homme qui le trappe pour sa fourrure, le glouton connaît peu de prédateurs : le loup gris, l’ours et éventuellement le puma.

Autrefois présent presque partout dans l’est du Canada, il ne se retrouve plus aujourd’hui qu’en petit nombre dans le nord-ouest de l’Ontario et dans le nord du Québec, où certains spécimens continuent d’être observés occasionnellement. Aux États-Unis il est présent principalement dans le secteur nord des Montagnes Rocheuses mais on l’observe quelquefois jusqu’en Californie, dans le parc de Yosemite. L’espèce est toutefois plus abondante dans l’ouest du Canada et en Alaska. Elle a une distribution circumpolaire : outre l’Amérique du Nord, on la trouve en Scandinavie ainsi que dans le nord de l’Eurasie.

Le glouton fréquente la grande forêt de conifères (taïga) et la toundra. Il occupe habituellement un domaine d’environ 400 km2 qu’il patrouille en suivant régulièrement les mêmes sentiers. Toutefois, selon l’abondance et la répartition de ses proies, son territoire peut être encore plus vaste, généralement afin de suivre les troupeaux migrateurs de caribous. On a déjà suivi certains individus dans la neige sur une distance de 60 à 80 kilomètres.

Dans son aire de répartition, il préfère généralement des régions éloignées, à l’écart des humains. Les caractéristiques précises du milieu sauvage dont il dépend demeurent toutefois inconnues. Il est très rarement observé d’autant plus qu’il a été pourchassé. Par exemple, il ne s’est réinstallé ni au Québec ni au Labrador malgré l’abondance de caribous et l’habitat  tranquille. Étant donné le manque de connaissances qu’on a sur lui, il est difficile de protéger et de gérer son habitat. Le mâle couvre un territoire de plus de 1 000 km2 alors que la femelle couvre un territoire de moins de 100 km2. Sa population a fortement réduit en Finlande : évalués à moins de 300 spécimens au nord de la Finlande.

Il s’abrite habituellement sous une souche, dans un buisson ou même à l’intérieur d’une carcasse d’animal. Parfois, il se couche en rond dans la neige sous un arbre. Les grottes font aussi de parfaits abris pour les gloutons. Considérant qu’il chasse jour et nuit, et à longueur d’hiver, il ne s’abrite donc que rarement, même par les temps les plus rudes.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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