Le Festival interceltique de Lorient.

Le Festival interceltique de Lorient, abrégé en FIL (en breton : Emvod ar Gelted en Oriant) se tient tous les ans à Lorient, en Bretagne. Il réunit des dizaines de groupes des pays et régions d’origine celtique pendant dix jours lors de la première quinzaine d’août. Il promeut toutes les formes de musiques issues des pays celtiques, des chants millénaires au folk, au rock, au jazz, en passant par les œuvres symphoniques dans un environnement de création extrêmement prolifique.

Le festival trouve son origine dans l’accueil en 1971 d’une compétition de bagadoù. Dès l’année suivante, il s’est tourné vers l’interceltisme pour se démarquer d’autres festivals de la région, puis s’est ouvert par la suite à d’autres formes d’expressions culturelles. Il devient à partir de la fin des années 1990 l’un des festivals français les plus importants par son nombre de visiteurs, en en accueillant jusqu’à 800 000 dont 115 000 entrées payantes en 2010.

Sa programmation est avant tout tournée vers des concerts et des spectacles de danses. Il accueille par ailleurs des compétitions musicales, comme des épreuves du championnat national des bagadoù, de danses comme celles de la fédération War ‘l leur et des compétitions propres au festival. D’autres animations comme des défilés ou des activités de découvertes culturelles sont aussi organisées.

Il a une importante influence sur son territoire, tant sur le plan économique que sur le plan médiatique. Le festival agit aussi comme un acteur culturel, permettant la création et la diffusion dans le domaine des cultures bretonne et celtique.


Plusieurs festivals de musiques bretonnes se développent en Basse-Bretagne pendant la période de l’après-guerre. À Quimper, le Festival de Cornouaille créé en 1923 est relancé en 1948. À Brest, le festival international des cornemuses est créé en 1953 par la Bodadeg ar Sonerion (en abrégé BAS) (principale association de musique traditionnelle bretonne) pour fêter son dixième anniversaire. Cependant, à la suite du  réaménagement de la place du château où se tient le festival de Brest et du conflit qui en résulte entre la mairie de Brest et la Bodadeg ar Sonerion, l’association cherche un nouveau lieu où implanter son concours et les villes de Nantes et de Saint-Malo se déclarent alors intéressées.

À Lorient, l’union des commerçants et industriels et le cercle Brizeux lancent cette même année 1953 un « Triomphe de la duchesse Anne d’Armorique ». Il réunit quatorze bagadoù et trente-trois cercles quatre années de suite avant sa disparition. Début août 1969 a lieu la première « Fête des ports bretons » organisée par le comité des fêtes de la ville de Lorient qui réunit trente bagadoù et cercles.

Lorsque la Bodadeg ar Sonerion (en abrégé BAS) cherche à relocaliser son festival du fait que la ville de Brest souhaite l’arrêter, plusieurs de ses responsables qui proviennent de la région de Lorient interviennent pour que celui-ci s’y implante. Polig Monjarret, président fondateur de la BAS, en propose alors la reprise à Pierre Guergadic, le président du Comité des Fêtes de Lorient, qui l’accepte. Un accord est également trouvé entre Polig Monjarret et les responsables politiques de la ville. Après une édition-test réussie en 1970 sous le nom de « la Fête des Ports », la ville de Lorient accueille la manifestation.

La première édition de ce qui prend alors le nom de « Fête des Cornemuses » a lieu au début du mois d’août 1971 et se tient sur trois jours. La finale du championnat des bagadoù attire près d’un millier de spectateurs et un défilé réunissant 30 cercles et une quinzaine de bagadoù attire lui quelque 30 000 spectateurs. D’autres activités comme un fest-noz quotidien, des visites nocturnes de la rade ou des cotriades sont organisées et un concert  rapprochant Gilles Servat, Alan Stivell ou encore The Dubliners a lieu. L’expérience est alors considérée comme un succès et le festival est reconduit.

Il est décidé pour l’édition de 1972 de se tourner vers l’interceltisme de manière à se démarquer du Festival de Cornouaille de Quimper. Le nom de « Fête interceltique des Cornemuses de Lorient » est choisi la même année et de nouvelles nations arrivent au fil des années : la Galice envoie sa première délégation en 1976 et l’Île de Man en 1977. Les autres délégations augmentent le nombre de leurs participants : les Écossais sont 70 en 1972, 75 en 1975 et 150 en 1976. Les Irlandais passent de 60 en 1972 à 150 en 1976 et les Gallois de quelques chanteurs à 50 participants aux mêmes dates. La durée du festival s’allonge à la même époque et il atteint sa forme définitive en 1976 en passant à dix jours.

La nature des activités présentées est déterminée à cette époque. Des tournois sportifs opposant plusieurs délégations sont organisés dès 1972. Des concours de chant breton sont organisés à partir de 1973 dans le cadre du Kan ar Bobl. Le stade du Moustoir est utilisé à partir de 1974 pour un spectacle de danses intégrant des jeux de lumières et, dès 1976, des spectacles sont programmés dans les quartiers périphériques de la ville. La même année est organisée la première exposition d’arts bretons et les premières amorces d’un festival off se développent, alors que les années précédentes ont vu la mise en place d’expositions de costumes bretons, de pièces de théâtre ou encore d’un salon du livre. Ce dernier accueille en 1977 Pierre-Jakez Hélias et Xavier Grall puis Joan Baez participe au festival l’année suivante.

Le festival prend le nom de « Festival interceltique » à partir de 1979 et continue à se développer. En 1980, une retransmission en direct est organisée par la chaîne de télévision France 3 et en 1982 le festival obtient pour la première fois une subvention du ministère de la culture. Cette subvention est suivie en 1985 par la visite pour la première fois d’un ministre de la culture en la personne de Jack Lang, venu annoncer l’autorisation de la signalétique bilingue. De nouveaux pays sont invités, les Asturies en 1987 comme huitième pays celte ou encore l’Australie en 1985 pour sa diaspora irlandaise importante.

Les activités du festival se diversifient. Le trophée de cornemuse Macallan est créé en 1980 ainsi qu’un concours de gaïta à partir de 1986. En 1989, deux nouveaux concours rassemblent pour l’un les pipe bands et pour l’autre les couples de sonneurs. Des spectacles de grande taille sont mis en place à la même époque, avec les Nuits de la mer, organisées de 1989 à 1993 dans l’espace portuaire, remplacées à partir de 1993 par les Nuits magiques dans le stade du Moustoir.

Le festival multiplie ses implantations au sein de la ville. Le pub, espace de concerts, est mis en place à partir de 1981. Le village celte, lieu de restauration, est institué en 1983. D’autres espaces de la ville sont utilisés : l’espace Kergroise, chapiteau d’une capacité de 6 000 places, est mis en service à partir de 1984 dans la zone portuaire et la salle de Carnot est exploitée pour les festoù-noz à partir de la même année. Le club K, qui réunit entreprises et associations, est mis en place en 1993.

La reconnaissance extérieure du festival augmente pendant les années 1990. Alors que celui-ci est fréquenté par 25 % d’étrangers à la fin des années 1980, la Commission européenne le classe parmi les treize plus importants festivals européens en 1996, l’un des trois festivals français à être distingué de cette manière avec ceux de Bourges et d’Avignon. Afin de permettre une plus large diffusion d’images du festival, une société de production est créée en 1994 et produit quatorze heures de vidéo pour une dizaine de chaînes dans le monde. La grande parade est diffusée deux années de suite par TF1 en 2000 et 2001, atteignant 50 % de part d’audience et touchant six millions de personnes lors de la première diffusion. Toujours en 2001, le lancement du festival est assuré par des astronautes de la Station spatiale internationale, par une transmission en direct depuis celle-ci, à la suite de contacts pris lors de la mission de 1997 de Jean-Loup Chrétien dans la station MIR.

Le nombre de concours augmente avec la mise en place des premiers concours de veuze et de pibroc’h en 1997, suivie de la création d’un concours de kitchen music en 2000. Une master class proposant des cours de perfectionnement pour plusieurs instruments est instaurée en 1997, alors qu’une création musicale comme Hirio, née en 1994, se développent au FIL avant de faire des tournées mondiales jusqu’en 2000. En 1996, un espace cabaret est créé, actif jusqu’en 2005. L’espace de Kergroise est remis en fonction en 1998 après onze ans sans utilisation. La même année un espace salon est mis en place, avec une thématique différente chaque jour. L’origine des groupes est plus diverse, les Los Angeles Scotts et City of Wellington pipe bands participent à l’édition de 2000, alors que le Tokyo Pipe band participe au festival de 1994.

La croissance du festival se poursuit par la mise en place d’évènements en dehors de Bretagne. La direction du stade de France fait appel au festival pour y assurer la fête de la Saint-Patrick de 2002. L’expérience est reconduite pour un total de quatre spectacles donnés dans ce même stade jusqu’en 2004 et aboutit à la mise en place d’une société, I3C, filiale du festival conçue pour gérer ce type d’évènements. D’autres spectacles sont donnés dans le reste de la France, dont quatre au Zénith à Paris. L’un de ces spectacles, sous le nom de Celtica, donne lieu à quatre représentations au stade de la Beaujoire à Nantes et deux au stade de la route de Lorient à Rennes. Le spectacle Koroll est joué à Lille et à Lyon et une Breizh Parade a lieu en 2007 sur l’avenue des Champs-Élysées lors de la Breizh Touch. La société IC3 est cependant mise en liquidation judiciaire en 2008 en raison de ses pertes et la mise en place de ce type de spectacle n’est relancée qu’en 2011 avec la programmation d’une fête de la Saint-Patrick au Stade de France en 2012.

Au début des années 2010, le festival se regroupe dans le centre de la ville, un quai étant attribué à chaque nation celte, pendant que des groupes indépendants jouent aux terrasses des cafés. D’autres lieux notoires de Lorient sont également investis : le stade du Moustoir (pour les Nuits interceltiques) ou encore le slipway du port de pêche, où deux nuits clôturent le festival par une série de concerts. Une tente-dôme est acquise par le festival en 2011 pour accueillir jusqu’à 1 400 personnes pour des manifestations diverses et est réutilisée depuis.

Environ 120 spectacles sur scène sont organisés pendant la durée du festival, dont 60 % sont gratuits. Les Nuits Magiques, renommées Nuits interceltiques depuis 2011, se déroulent plusieurs soirs de la semaine pendant plus de deux heures au stade du Moustoir. Elles rassemblent des groupes en tenues traditionnelles regroupant plus de 300 musiciens, se terminent par un feu d’artifice. Plusieurs des plus importants concerts du festival sont organisés sur le port de pêche de Keroman ; la cotriade, repas à base de produits de la mer installé sur de grandes tables et animé par des groupes musicaux, a lieu lors du premier vendredi et réunit près de 1 200 festivaliers, alors que la nuit du port de pêche propose sur le slipway des concerts de groupes comme The Cranberries en 2010 ou Texas en 2011. Enfin, certains lieux comme le « quai de la Bretagne » accueillent près d’une centaine d’artistes en 10 jours de festival.

En marge du festival officiel s’est développé au fil des ans un festival off. Des groupes jouent en journée comme en soirée dans la plupart des bars du centre-ville.

Plusieurs compétitions liées à la cornemuse sont organisées pendant la durée de l’évènement. Les finales du championnat des bagad où jugent les groupes de première, seconde et quatrième catégorie pendant le premier week-end du festival. Un concours de pipe bands est lui organisé le second week-end du festival et depuis 2000 un concours humoristique de « kitchen music » oppose une dizaine de solistes de différents pays.

Des groupes de musique folk concourent aussi pendant l’ensemble du festival, avec une finale regroupant les meilleurs à la fin de celui-ci. Le Kan ar Bobl, qui voit s’affronter des groupes bretons a lui été créé lors du festival de 1973 et s’est maintenu jusqu’en 1993.

Des solistes de cornemuse se défient dans plusieurs concours pendant tout le festival. Le « Trophée MacCrimmon » rassemble les joueurs de grande cornemuse écossaise, le « Trophée Botuha-Raud » concerne lui les sonneurs de musique bretonne de moins de 20 ans et d’autres trophées voient eux s’opposer des joueurs de pibroc’h ou de gaïta. Des solistes d’autres instruments comme la harpe ont aussi leurs concours dédiés.

Enfin des cercles celtiques de la confédération de danse War ‘l leur se livrent à des assauts et le festival organise des compétitions sportives de voile, de golf, de course à pied ou encore de gouren.

La « Grande parade des nations celtes » rassemble environ 3 500 musiciens, chanteurs et danseurs en costumes traditionnels. Le premier dimanche matin, les représentants des différents pays celtes invités défilent pendant quatre heures, dans un parcours démarrant sur le cours de Chazelles et s’achevant au stade du Moustoir. Cette parade a été diffusée sur des chaînes de télévision privées ou nationales comme TF1 ou France 3. Environ 70 000 personnes y assistent dans les rues de Lorient, auxquelles s’ajoutent 10 000 entrées payantes au stade du Moustoir.

Le « triomphe des sonneurs » quant à lui a lieu le premier dimanche du festival dans la soirée et rassemble une soixantaine de bagadoù qui jouent dans différents lieux de la ville avant de se réunir aux abords du grand théâtre. Enfin, des défilés journaliers sont organisés en journée dans le centre-ville.

Chaque année depuis 1994, une nation celte est mise à l’honneur. La Galice est la première à avoir bénéficié de ce système cette année-là. Depuis 1998 et l’année des Asturies, la délégation invitée dispose d’un chapiteau propre, ainsi que d’une visibilité plus importante dans la promotion faite pour le festival.

Les pays invités ont la charge de l’organisation et du financement de cet espace, ce qui double la plupart du temps le budget alloué à leur  représentation au festival. Le Gouvernement écossais a ainsi déboursé 450 000 euros pour son chapiteau en 2007 et l’Acadie planifie pour l’édition 2012 un budget de 400 000 euros, soit un doublement de ses dépenses habituelles.

Le festival propose d’autres types d’activités culturelles. Des expositions d’arts sont organisées, par exemple des rétrospectives sur les peintres Jean-Pierre Vielfaure en 2000, Micheau-Vernez en 2011, ou, régulièrement, des expositions de costumes bretons. Dans le même esprit, des artisans traditionnels présentent leur savoir-faire depuis 2011.

La salle Carnot accueille les festoù-noz quotidiens, dont certains sont retransmis en direct sur internet et suivis par près de 180 000 internautes dans 80 pays différents. Il est possible de s’inscrire à des cours de langue bretonne ou à des cours d’instruments sous forme de master class.

Source : Wikipédia.

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