Le coton.

Le coton est une fibre végétale qui entoure les graines des cotonniers « véritables » (Gossypium sp.), arbustes de la famille des Malvacées. Cette fibre, constituée de cellulose presque pure, est généralement transformée en fil qui est tissé pour fabriquer des tissus. Le coton est la fibre naturelle la plus produite dans le monde, principalement en Chine et en Inde. Depuis le XIXe siècle, il constitue, grâce aux progrès de l’industrialisation et de l’agronomie, la première fibre textile du monde (près de la moitié de la consommation mondiale de fibres textiles).


Le coton est utilisé pour fabriquer des vêtements légers depuis des millénaires dans les régions au climat tropical. L’on a trouvé des fragments de coton datant d’il y a environ 7 000 ans dans des grottes de la vallée du Tehuacán, au Mexique.

Du coton naturellement coloré datant de plus de 5 000 ans a été découvert sur la côte nord du Pérou. Le coton est en effet cultivé en Inde depuis plus de 3 000 ans et le Rig-Veda, écrit en 1500 av. J.-C. le mentionne. Mille ans plus tard, le Grec Hérodote mentionne le coton indien : « Là-bas il y a des arbres qui poussent à l’état sauvage, dont le fruit est une laine bien plus belle et douce que celle des moutons. Les Indiens en font des vêtements. »

À la fin du xvie siècle, le coton, dont le nom vient de l’arabe (al qutun) via le castillan (« el algodón », un cas de métanalyse), s’est répandu dans les régions plus chaudes en Amérique, Afrique et Eurasie. L’artisanat cotonnier en Inde profite ensuite de vogue pour les « Indiennes », livrée à l’état brut puis imprimées en Suisse puis en France.

La révolution industrielle britannique a commencé par des inventions qui ont permis une productivité centuplée et la multiplication par 44 du nombre d’ouvriers cotoniers : en 1764, James Hargreaves construit la première machine à filer industrielle à plusieurs fuseaux baptisée « Spinning Jenny ». Quelques années plus tard, Richard Arkwright inventa la machine à peigner et à filer, et c’est finalement Samuel Crompton qui fit la synthèse de ces deux métiers en 1779 en créant le mule-jenny (mulet) à la productivité environ quarante fois plus élevée que le rouet.

En 1793 dans l’État de Géorgie, l’Américain Eli Whitney invente le cotton gin, une machine égreneuse qui permet de séparer la graine du coton de sa fibre. En 1801, Jacquard mit au point l’un des premiers métiers à tisser automatiques, le métier Jacquard, fonctionnant avec de grandes cartes perforées qui permettaient la réalisation de motifs variés.

En Inde, lorsque l’Angleterre met fin à la révolte des cipayes en 1858, elle cesse d’importer du coton.[pas clair] Le second débouché du coton indien était essentiellement chinois. Le tissage reprendra sous l’influence du Mahatma Gandhi.

Le coton reste largement utilisé dans le monde mais depuis le début du XXIe siècle il est largement dépassé par les fibres synthétiques.


Herbacé ou ligneux, le cotonnier pousse dans les régions tropicales et subtropicales arides.

Le cotonnier sauvage (« coton pérenne ») vit une dizaine d’années et peut mesurer jusqu’à dix mètres.

En culture, on limite sa taille à un ou deux mètres pour faciliter le ramassage du coton et il est généralement exploité sous la forme de plante annuelle. À la floraison apparaissent de grandes fleurs blanches ou jaunes à cinq pétales, sans odeur notable. Ensuite des capsules aux parois épaisses et rigides se développent. Lorsqu’elles s’ouvrent, elles laissent s’échapper des graines et des bourres de coton recouvertes d’une houppe de fibres blanche et soyeuses pouvant mesurer entre deux et cinq centimètres de long selon les variétés. On en extrait les fibres, qui sont utilisées notamment pour produire des étoffes.

Les espèces de cotonniers les plus connues sont Gossypium arboreum et Gossypium herbaceum. Ces deux formes de cotonnier à fibres courtes ont donné naissance à de nombreuses variétés, mais ne sont presque plus exploitées en tant que telles, car leurs fibres sont trop courtes.

Gossypium barbadense, cotonnier d’origine péruvienne, compte pour environ 6 % de la production mondiale de fibres. Sa culture a été notamment introduite en Égypte et produit, aujourd’hui au travers de la qualité « Jumel », l’un des meilleurs cotons du monde sur le plan de la qualité et de la longueur de fibres.

Gossypium hirsutum qui représente environ 81,5 % de la production mondiale de fibres est également originaire d’Amérique du Sud.

La mer d’Aral victime du détournement de l’eau des fleuves qui l’alimentaient par l’irrigation de la culture intensive des champs de coton (2001). La culture du cotonnier nécessite une saison végétative longue, beaucoup de soleil et un total de 120 jours arrosés pour assurer la croissance puis un temps sec en fin de cycle végétatif pour permettre la déhiscence des capsules et éviter le pourrissement de la fibre. Ces conditions climatiques se rencontrent généralement sous les latitudes tropicales et subtropicales. Le cotonnier supporte les climats tempérés à condition qu’il ne gèle pas.

La culture du cotonnier est majoritairement pluviale (Afrique subsaharienne, une grande partie des cultures des États-Unis, de l’Inde, de la République populaire de Chine). La culture pluviale est théoriquement possible dès 400 mm de précipitations annuelles. Pourtant, dans les faits, le cotonnier ne peut être cultivé sans irrigation qu’avec une pluviométrie supérieure à 700 mm/an, afin de pallier la variabilité interannuelle des pluies et les irrégularités de leur distribution. Ainsi, 40 % des surfaces cultivées en coton (Égypte, Ouzbékistan, Pakistan, Syrie) sont irriguées.

Pour lutter contre les parasites du cotonnier, et pour défaner chimiquement le cotonnier avant récolte (au méthanearséniate monosodique en général), les cultivateurs des États-Unis ont longtemps utilisé et utilisent encore une grande quantité de pesticides contenant de l’arsenic (arséniate de plomb autrefois et organoarsénicaux aujourd’hui), ce qui a contribué à une pollution et une dégradation croissante des sols dans les régions de grande culture du cotonnier (Louisiane par exemple).

Les producteurs de cotonnier bio n’utilisent pas ces produits, mais ont une production moindre et plus coûteuse en main d’œuvre.

Alors que les États-Unis restent le premier exportateur de coton au monde, en 2012/13, la politique chinoise dans le secteur cotonnier a commencé à avoir une emprise de plus en plus importante sur les marchés mondiaux du coton, les réserves chinoises représentant 63 % des stocks mondiaux. Actuellement, la Chine fournit le niveau de soutien au secteur cotonnier le plus élevé dans l’ensemble, mais c’est l’UE qui fournit le plus haut niveau de soutien par tonne de production.

Le coton se cultive dans le sous-continent indien depuis plus de cinq mille ans. Le climat chaud et humide s’y prête, cette culture exigeant des températures supérieures à 15 °C durant la plus grande partie de son cycle. C’est dans les États du centre de la République de l’Inde (Maharashtra, Gujerat et Tamil Nadu) qu’elle est particulièrement développée, le pays produisant en 1992 un total de 1 617 000 tonnes de fibres de coton par an.

La variété la plus courante est celle du coton herbacé. Après floraison, l’ovaire de la plante se transforme en une capsule contenant 20 à 50 graines, chacune entourée de 10 000 fibres de coton. Ces fibres sont isolées, pressées en balles et enfin cardées, filées ou peignées. Réservées à la fabrication des bougies, les premières mèches de coton apparaissent en Angleterre en 1298. Mais l’utilisation industrielle du coton indien ne démarre qu’au xixe siècle, après l’invention des métiers à tisser automatiques.

Les premières filatures s’installent à Bombay. Tout d’abord prospère, cette industrie est freinée par les colons britanniques qui préfèrent envoyer du coton brut en Angleterre et le faire transformer dans les ateliers de tissage du Lancashire. Le boycott des produits manufacturés anglais et un appel en faveur du tissage local font partie du « programme de non-coopération » que lance Gandhi en 1920. Depuis son indépendance en 1947, la République de l’Inde a relancé son industrie textile. Aux colorants naturels se substituent les bains chimiques, sources de pollution. Aujourd’hui, l’Inde produit douze mètres de coton tissé par habitant et compte au nombre des principaux pays exportateurs derrière, notamment, les États-Unis et la Chine. L’Inde cultive de plus en plus de coton biologique en raison d’une demande croissante des consommateurs européens et américains.

La culture du coton est une ressource économique importante pour l’Ouzbékistan, premier producteur et exportateur de coton de l’ex-URSS. Les producteurs de ce pays ont été accusés d’utiliser pour la récolte le travail forcé des enfants (sous un soleil accablant, pour des rémunérations dérisoires). Malgré les pressions internationales et les interdictions formelles du gouvernement ouzbek d’utiliser le travail des enfants, il apparaît que la réalité sur le terrain reste inchangée.

Le 15 mars 2020, le gouvernement Ouzbek, libéralise entièrement la culture du coton7. Les agriculteurs ne seront plus obligés de cultiver du coton, et le travail forcé devrait être remplacé par une mécanisation des récoltes.

Il est fréquent que l’origine du coton ouzbek soit camouflée par certains usines en Asie.

Cette production intensive du coton a d’ailleurs été la cause du désastre écologique de la mer d’Aral, dans les années 1960.

Le coton représente la plus importante source des recettes d’exportation agricole des PMA. Le Bénin, le Burkina Faso, le Tchad et le Mali sont ainsi connus comme le groupe des « Cotton Four ».

La savane africaine est distribuée au Nord, à l’Est et au Sud du continent, couvrant une grande partie du territoire10. Pour la culture du coton, l’alternance entre climat humide et sec est primordiale, le premier pour son développement et le second pour la maturation des fruits. Or, dans la savane africaine, où le coton pousse le mieux, le climat est caractérisé par une saison humide ainsi qu’une saison sèche pouvant varier de quatre à huit mois10. Le sol africain étant déjà assez riche en matière organique10, ces sols sont extrêmement enrichis à l’aide d’engrais chimiques. En outre, à la fin de la saison de culture, les plants sont coupés et brûlés directement dans les champs, ce qui permet une remise en circulation directe de la plupart des nutriments, mais réduit la disponibilité du phosphore, qui est essentiel à la croissance végétale11. Dans les pays africains à faible pluviométrie, le coton doit être irrigué. C’est le cas d’une grande partie des superficies cultivées en Égypte et de la totalité de celles du Maroc.

Au cours des quarante-cinq dernières années, en Afrique de l’Ouest, les superficies de terres cultivables consacrées au coton sont passées de 1,5 % à 3,5 %. Cette extension des surfaces cultivées en coton s’est accompagnée d’une augmentation des rendements, évoluant de 400 kg/ha au début des années 1960 à 1 t/ha aujourd’hui12. Cela pourrait laisser percevoir un épuisement des sols à long terme, ainsi qu’une pollution causée par la sur-utilisation d’engrais chimiques.

Dès la deuxième moitié du XIXe siècle, le marché du coton subit des fluctuations qui se perpétueront jusqu’à aujourd’hui. Le commerce du coton prend de l’expansion en Afrique, alors que la guerre de sécession qui se déclare aux États-Unis en 1861 oblige ces derniers à se tourner vers les colonies européennes en Afrique pour s’approvisionner. Dans la première moitié du xxe siècle, le plus grand bassin cotonnier est créé dans les savanes d’Afrique-Équatoriale française (AEF) entre le Cameroun, le Tchad et la République centrafricaine. Compte tenu de l’émergence du coton en Afrique, la Banque mondiale (BM) lance un programme de promotion du coton, dans les années 1970, contribuant à améliorer les moyens d’existence dans les zones de production cotonnière. Dans la très grande majorité des cas, le coton est produit avec relativement peu de moyens et une main-d’œuvre familiale faiblement rémunérée par rapport aux pays développés. Cette culture constitue tout de même une activité génératrice de revenus pour ces familles. De plus, elle est souvent jumelée à des cultures de céréales, comme le mil et le sorgho. Cela permet, grâce aux engrais du coton, d’atteindre une production plus efficace de ces céréales constituant la base de l’alimentation dans la plupart des villages d’Afrique.

Depuis les vingt dernières années, les ménages cultivant le coton ont dû augmenter la surface cultivée allouée au coton pour maintenir les niveaux de production face à la libéralisation du marché, mais aussi pour stabiliser ou même accroître leurs revenus à des moments où les prix internationaux devenaient inférieurs aux coûts de production. Cette stratégie fut utile, à la fin des années 1990, lors du soutien à la production cotonnière, important dans les pays développés. Aujourd’hui, la marchandise des cultures de coton représente 3 à 10 % du PIB pour cinq pays de l’Afrique de l’Ouest.

Malgré tout, les pays d’Afrique ont vu leurs efforts anéantis, lorsqu’en octobre 2001, le prix du coton est tombé à 35 cents la livre, soit un niveau inférieur à son coût de production. Les producteurs africains ne bénéficiant de peu ou pas de protection face aux fluctuations des prix, ils ne pouvaient alors plus faire face à la concurrence, alors qu’autrefois, leur coton était reconnu internationalement pour sa qualité et son prix. À ce moment, quatre pays du Sahel, parmi les plus pauvres de la planète (Tchad, Burkina Faso, Mali, Bénin), ont donc demandé à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) la suppression des subventions massives que les États-Unis et l’Union européenne accordent à leurs producteurs. D’après une étude du Centre International pour le Commerce et le Développement Durable, pour la période 1998-2007 les agriculteurs du monde entier auraient bénéficié d’une augmentation moyenne de 3,5 % du prix du coton, si les États-Unis avaient appliqué les recommandations de l’Organe de Règlement des Différends. Les producteurs africains auraient compté parmi ces bénéficiaires.

Depuis octobre 2002, les prix ont augmenté, mais il ne faut pas se réjouir trop vite, car la Chine, principal intermédiaire cotonnier au monde, a produit moins et acheté plus que les années antérieures, ce qui explique en partie la hausse. En 2007, les prix se maintiennent, à la suite de conditions climatiques défavorables dans les régions productrices comme les États-Unis.

Le coton fait partie des plantes utilisées en médecine traditionnelle au Vietnam. Une étude américaine a conclu que le coton pourrait contenir une molécule d’intérêt pour le traitement de l’ostéoporose (maladie qui affecte près de six millions de femmes et deux millions d’hommes rien qu’aux États-Unis). En effet, la solidité de l’os résulte d’un équilibre subtil entre deux types de cellules osseuses : les ostéoblastes, qui s’accumulent dans les os, et les ostéoclastes, qui les fragilisent. Une molécule du coton bloque la dégradation de l’os par les ostéoclastes in vitro jusqu’à 97 % des cellules osseuses en cultures de laboratoire, apparemment sans effets nocifs sur d’autres cellules.

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