Le chevreuil.

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Le chevreuil (Capreolus capreolus) est une espèce de cervidés européens et asiatiques, du sous-ordre des ruminants, qui vit dans les forêts de feuillus ou mixtes (feuillus et conifères).

Le chevreuil est un petit animal agile et très rapide, à la robe brunâtre et à la face plutôt grise, qui atteint à l’âge adulte des tailles variant selon les individus, de 57 à 67 cm (62 en moyenne) de hauteur au garrot pour les femelles et de 62 à 72 cm (67 en moyenne) de hauteur au garrot pour les mâles, avec une longueur du corps de 90 à 105 cm pour les femelles et de 105 à 120 cm de long pour les mâles. Son poids varie de 17 kg à 23 kg pour les femelles contre de 20 kg à 25 kg pour les mâles (35 maximum dans un habitat très riche). Il peut vivre jusqu’à 15 ans (avec un record de 20 ans, mais la plupart ne dépassant toutefois pas 10 ans dans la nature). À âge égal, le mâle pèse 2 kg à 3 kg de plus que la femelle. De par sa taille, il est considéré comme le plus petit cervidé indigène d’Europe.

Il porte des bois caducs (qui tombent chaque année) et plutôt courts. Le chevreuil est dit anoure, c’est-à-dire sans queue, et artiodactyle : il marche sur un nombre pair de doigts porteurs, à chaque membre.

Chevreuil, carte maximum, Vannes, 21/04/2001.

Pelage : celui du faon est tacheté durant deux mois, les taches étant alignées contrairement à celles du faon de cerf. Le chevreuil subit deux mues par an, au printemps (le pelage devient roux vif) et en automne (le pelage vire au gris-brun). En hiver, certains chevreuils ont la base du cou ornée d’une ou deux taches claires, dites serviette.

La tache claire et érectile qui orne le fessier est dite miroir ou rose ; d’un blanc pur en hiver, elle devient jaunâtre en été.
Dimorphisme sexuel : le brocard a un corps plus trapézoïdal, au centre de gravité porté vers l’avant. Hormis en novembre-décembre, ses refaits et ses bois le distinguent de la femelle. En hiver, son miroir en forme de rein ou de haricot (alors que celui de la femelle a une forme de cœur) le distingue, de même que son pinceau pénien (de profil). La chevrette a un centre de gravité porté vers l’arrière et ne porte pas de bois.
L’âge est déterminé par l’observation des dents de la mâchoire :

  • inférieure :de 0 à 4 mois (4 incisives, 3 prémolaires, dont la troisième est trilobée) ;
  • au 4e mois, la 1re molaire apparaît ;
  • de 10 à 12 mois, une 3e molaire (trilobée) apparaît ;
  • de 12 à 14 mois, les prémolaires remplacent les dents de lait (la 3e prémolaire définitive est bilobée) ;
  • à 15 mois, la denture est complète (32 dents, dont 4 incisives, 3 prémolaires, 3 molaires).

La mâchoire supérieure est normalement dépourvue d’incisives, mais chez certains sujets une, voire deux, canines reliques apparaissent, ce sont des vestiges d’anciennes défenses encore présentes chez le cerf (on les appelle crochets ou fleurs de lys).

La répartition actuelle du chevreuil diffère probablement de son écopotentialité. Elle subit toujours l’influence du milieu, mais aussi celle de la disparition ou forte régression de ses prédateurs (hormis l’homme) et de l’agrainage, celle d’autres sources artificielles de nourriture (cultures vivrières), d’abreuvement (abreuvoirs d’élevage, lavognes, etc) et d’oligoéléments (pierres à sel d’élevage…).
Son écologie et son aire vitale font encore l’objet d’études. Ce sont deux des éléments de sa chorologie.

Chevreuil, carte maximum, Beograd, 25/05/1960.

Le chevreuil est présent en Europe et en Asie où il peut atteindre 20 à 30 têtes pour 100 hectares, avec risques fréquents de déséquilibres sylvo-cynégétiques.

Il vit dans des milieux variés : bois, forêts de feuillus ou de conifères, bosquets à végétation herbacée variée ou clairières. Les taillis sous futaie avec espaces dégagés lui sont favorables. On le trouve aussi dans des champs et des prairies, ainsi que dans des parcs et réserves fauniques. Il est sédentaire, sauf dans la période du rut où le mâle se déplace pour aller féconder le plus grand nombre de femelles sur son territoire. Ses mœurs sont surtout crépusculaires, mais il est aussi visible en plein jour. Il peut vivre en solitaire, par couple ou en groupes familiaux (hardes) composés d’une ou plusieurs femelles et de leurs faons. En général, les troupes de 10 à 15 têtes se forment seulement en automne et en hiver. En dehors du rut, les mâles sont plutôt solitaires. Excellent coureur et sauteur, le chevreuil nage aussi très bien, mais il ne choisit cette option que lorsqu’il y est obligé ou lorsqu’il est menacé. En présence d’un danger, les faons sont souvent abandonnés provisoirement par les femelles. Plus âgés, au cours de la fuite, ils suivent leur mère.

Bien que cette espèce soit réputée très sédentaire, le radio-pistage a montré en France qu’au sein d’un même territoire (réserve de Chizé en l’occurrence) – pour une aire vitale observée pour la durée totale de vie d’un chevreuil – le domaine vital de chaque chevreuil peut significativement varier d’une année sur l’autre : chez les chevreuils suivis sur plusieurs années par Pellerin (2005), le recouvrement d’une année sur l’autre était d’environ 60 % pour chaque individu). En présence de grands prédateurs, il est probable que cette variation serait plus importante.

Chvreuils, entier postal Publibel, Belgique.

De plus, les chevrettes âgées peuvent diminuer leur aire vitale, probablement grâce à « l’expérience acquise par rapport à leur territoire et la connaissance des patches alimentaires riches au fil des mois ».

Il broute des herbages et abroutit des bourgeons, feuilles et jeunes branches d’arbres. Il est capable de choisir ses aliments et préfère des plantes plus digestes et riches en azote quand il a le choix. C’est un animal essentiellement forestier, dont le système digestif digérait peu ou mal les foins et graminées sèches qui sont les plantes les plus fréquentes en milieu non forestier (sauf au printemps et sauf dans certains milieux cultivés)12. Néanmoins, depuis quelques décennies, les chevreuils ont modifié leurs comportements et se font nombreux et fréquents dans les champs où ils profitent notamment des cultures d’hiver et de printemps. Il semble, par ailleurs, qu’il se soit adapté à ses nouveaux milieux et accepte toutes les nourritures. Les faons étant élevés dans les prés de fauche et les champs céréaliers n’ont guère d’autres choix nutritionnels et doivent s’adapter.

Au printemps et en été, le chevreuil consomme, en forêt, les feuilles de nombreux arbres feuillus (chêne, charme, érable, cornouiller…), beaucoup de graminées, et quelques dicotylédones.

En hiver, il consomme les ronces, la bruyère callune, le lierre sur les troncs et quelques autres végétaux ou champignons.

Il mange aussi des glands, des faînes, et parfois n’hésite pas à consommer certaines cultures d’hiver (céréales notamment). Friands de sel, les chevreuils consomment les blocs placés par les chasseurs (fixation des populations) et les éleveurs. En pays de bocage, les haies et l’herbe constituent leur nourriture principale de façon identique au bétail qui choisit ce qu’il lui faut pour combler ses besoins.

Depuis les plans de chasse et l’agrainage qui l’ont beaucoup favorisé, et en l’absence de prédateurs naturels, le chevreuil est devenu le mammifère herbivore sauvage le plus commun en forêt, dans de nombreux pays de l’hémisphère nord. Il reste pourtant très discret. Ses populations sont donc difficiles à dénombrer, d’autant qu’il est essentiellement forestier. S’il s’approche volontiers des habitations proches des lisières tôt le matin ou la nuit, il fuit le contact de l’homme et est gêné par des dérangements répétitifs. Sa musculature et son système circulatoire sont adaptés à la fuite immédiate et aux bonds lui permettant de franchir les clôtures basses et les buissons en une fuite rapide en forêt dense ou au milieu des ronciers, mais s’épuise rapidement à la course en milieu ouvert.

Les chevreuils ont une morphologie adaptée à la course et aux bonds. Ils ont une musculature sèche, concentrée près du corps avec de longues pattes fines et légères. Leurs sabots frêles sont serrés et très pointus, idéals pour la course. Ils peuvent bondir jusqu’à 2 mètres de haut, et jusqu’à 6 mètres en longueur. En cas de danger, ils peuvent courir extrêmement vite, jusqu’à une vitesse de plus de 98 km/h en pointe, sur une courte distance avec une vitesse moyenne de 73 km/h. Ils peuvent également courir moins vite à environ 40 km/h en endurance sur une plus longue distance. Ils courent plus vite que leurs prédateurs, cependant en l’absence de loups et de lynx dans certaines régions de France, ils se déplacent moins et sont moins musclés. Un chevreuil entraîné aux sprints est plus rapide qu’une gazelle de Thomson.

Chevreuil, carte maximum, Marche-en-Famenne, 18/04/1998.

Il est grégaire et peut former des groupes de plus de 10 individus en milieu ouvert en hiver. La cellule sociale de base du chevreuil est matriarcale, associant une chevrette et sa progéniture de l’année (jusqu’au 10e-11e mois, après quoi les jeunes sont repoussés par la femelle).

L’adulte est sédentaire en forêt sur un territoire enforesté de 30 à 60 voire 100 hectares, qu’il conserve durant toute sa vie.

Comme le cerf élaphe, il passe environ 50 % de son temps à se reposer et dispose donc de réseaux de zones de repos sur son territoire. Il exploite aussi occasionnellement les abords des forêts. Le rythme d’activité du chevreuil est dit polyphasique. C’est-à-dire qu’il représente 6 à 12 phases d’activité dans la journée dont deux particulièrement marquées au lever du jour et à la tombée de la nuit. L’adulte communique surtout par des postures, et à distance par un cri dit aboiement parce qu’il évoque un aboiement de chien, alors que le faon émet de faibles piaulements.

Certains individus plus aventuriers migrent et s’intègrent dans d’autres groupes, entretenant la diversité génétique des populations locales au sein de métapopulations régionales, à condition que les forêts ne soient pas trop isolées les unes des autres par des phénomènes d’insularisation écologique et de fragmentation écopaysagère.

Son comportement est modifié en l’absence de prédateurs naturels (loup, lynx) ; il se déplace moins et est moins musclé.

Chez les mâles, il est caractérisé sept mois par an (de février à août) par une activité de marquage hormonal et/ou odorant du territoire, par « frottis » et « grattis » (on parle de « régalis » quand un frottis est associé à un gratti). Ce comportement pose problème pour la régénération forestière là où les populations sont denses. Une étude a porté en France sur des plants de chêne sessile de 3 ans exposés au chevreuil en conditions contrôlées (avec suivi de l’état des arbres durant 3 ans). Après trois ans, 39 % des plants étaient morts (c’est plus que le taux naturel de mortalité qui est élevé chez les jeunes chênes). 51 % ont eu une perte de hauteur importante par rapport à leur hauteur initiale (supérieure à 20 cm) et 10 % seulement se sont normalement développés (comme les plants témoins non « frottés »). Cette étude a également montré que les blessures faites au printemps (montée de sève, feuilles plus fragiles..) sont deux fois plus importantes, « à comportement égal du chevreuil ».

Ces résultats pourraient être tempérés par deux éléments qui restent des hypothèses, à ce jour non scientifiquement démontrées (mais qui ne semblent pas avoir fait l’objet d’études) :

Plus les chevreuils sont nombreux, plus ils tendent à marquer leur territoire ; les chevreuils semblent plus activement marquer leur territoire là où ils sentent l’odeur de l’homme (et des chiens ?), leurs dégâts étant alors amplifiés sur les plants issus de pépinières puis replantés en forêt, ou dans les parcelles fortement gérées par l’homme. Néanmoins leurs dégâts ne peuvent être niés là où ils sont très nombreux (la clôture d’une parcelle suffit à y favoriser fortement la régénération naturelle).
Pour limiter les dégâts sur les arbres, les forestiers demandent aux chasseurs de respecter un « équilibre sylvo-cynégétique » qui n’est pas toujours consensuel. Les forestiers ne veulent pas non plus se priver des chevreuils qui font partie de l’écosystème forestier et qui, avec les autres “grands gibiers”, contribuent au revenu de la forêt souvent à hauteur de 50 % environ, voire plus.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

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