Le château de Windsor (Grande-Bretagne).

Le château de Windsor (en anglais : Windsor Castle) est une forteresse médiévale située à Windsor dans le Berkshire, en Angleterre (Royaume-Uni). Le château est célèbre pour son architecture et parce qu’il est l’une des résidences de la famille royale britannique.

Sa construction commença peu après la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant au XIe siècle. Depuis le règne d’Henri Ier d’Angleterre, le château a abrité de nombreux monarques ; il est le plus ancien palais habité sans interruption en Europe. La chapelle Saint-Georges, construite au XVe siècle, est considérée par l’historien John Martin Robinson comme « l’une des plus grandes réussites de l’architecture gothique anglaise ». Le style raffiné des appartements d’État construits au début du XIXe siècle a été vanté par l’historien de l’art Hugh Roberts, qui parle d’« une magnifique série de salles sans égales, largement considérées comme l’expression la plus élégante et la plus complète de l’art géorgien ».

Initialement construit pour assurer la domination normande sur les faubourgs de Londres et contrôler une portion stratégique de la Tamise, le château de Windsor était composé de trois palissades entourant une motte castrale. Progressivement renforcées par des murs en pierre, les  fortifications résistèrent à un siège durant la première guerre des barons au début du XIIIe siècle. Henri III construisit un luxueux palais à l’intérieur de l’enceinte au milieu du siècle et Édouard III poursuivit ces travaux en transformant complètement le château dans ce qui devint le « plus onéreux projet de construction laïc de l’Angleterre médiévale ». Les monarques qui suivirent développèrent encore le château. Sous Henri VIII et Élisabeth Ire, il fut de plus en plus utilisé par la cour et pour les rencontres diplomatiques.

Le château de Windsor survécut à une période tumultueuse durant la Première révolution anglaise quand il fut utilisé comme quartier-général par les armées parlementaires et comme une prison pour Charles Ier. Durant la Restauration, Charles II reconstruisit une grande partie du château avec l’aide de l’architecte Hugh May et créa les intérieurs baroques extravagants toujours visibles de nos jours. Après une période d’abandon relatif au XVIIIe siècle, George III et George IV rénovèrent à grands frais le palais de Charles II et donnèrent aux appartements d’État leur aménagement rococo, gothique et baroque. Victoria choisit Windsor comme sa résidence royale durant son long règne. Le château de Windsor fut utilisé comme refuge pour la famille royale durant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

En 1992, il fut victime d’un grave incendie. Il est aujourd’hui tout à la fois une attraction touristique populaire et la résidence préférée de la reine Élisabeth II. Plus de 500 personnes habitent et travaillent aujourd’hui dans le château.


Le château de Windsor occupe un vaste site de 52 000 m2, et regroupe plus de 1 000 pièces. Il mêle les caractéristiques d’une fortification, d’un palais et d’une petite ville. Le château actuel est la résultante de plusieurs phases de construction dont la dernière se tint dans les années 1990. Il s’orne ainsi d’éléments médiévaux, gothiques, géorgiens, victoriens, néogothiques et modernes. L’architecte William Whitfield considère que son architecture a une « esthétique fictive certaine » et que les formes pittoresques et gothiques génèrent le « sentiment qu’une représentation théâtrale y est jouée », malgré les efforts de la fin du XXe siècle pour mettre en avant une plus grande partie des éléments anciens et accroître l’impression d’authenticité. Même si elles font l’objet de critiques, l’architecture et l’histoire du palais lui confèrent une « place parmi les plus grands palais européens ».

La construction du château de Windsor commença dans la décennie qui suivit la conquête normande de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Guillaume fit construire une série de forteresses autour de Londres situées chacune à environ 30 km de la ville et du château suivant, ce qui permettait de déployer rapidement des renforts en cas de besoin. Le château de Windsor était stratégiquement positionné à proximité de la Tamise, une importante route commerciale, et de la forêt de Windsor, un terrain de chasse auparavant utilisé par les rois anglo-saxons. La ville voisine de Clivore ou Clewer était une ancienne résidence anglo-saxonne. La première fortification se limitait à un donjon situé au sommet d’une motte artificielle protégée par un petit mur d’enceinte en bois ; l’ensemble occupait un promontoire de craie s’élevant à 30 m au-dessus de la rivière. Une seconde palissade de bois fut construite à l’est du donjon sur ce qui devint la partie haute actuelle. À la fin du XIe siècle, un autre mur d’enceinte fut construit à l’ouest créant ainsi la forme actuelle du château. De par sa conception, Windsor ressemblait fortement au château d’Arundel, une autre fortification du début de la période normande mais la forme avec deux enceintes le rapprochait des châteaux de Rockingham et d’Alnwick.

Windsor ne servit initialement pas de résidence royale car les premiers rois normands préféraient l’ancien palais d’Édouard le Confesseur dans le village d’Old Windsor à quelques kilomètres au sud-est. Le premier à habiter le château de Windsor fut Henri Ier qui célébra la Pentecôte au château en 1110 durant une période d’insécurité grandissante. Le mariage d’Henri Ier avec Adélaïde, la fille de Godefroid Ier de Louvain eut lieu dans le château en 1121. Les preuves archéologiques montrent que la partie sud de la motte s’affaissa de plus de 2 m vers cette période. Une ossature en bois fut installée pour soutenir la motte et l’ancien donjon en bois fut remplacé par une nouvelle structure en pierre avec une entrée au nord-est et un nouveau puits en pierre.

Henri II monta sur le trône en 1154 et agrandit considérablement Windsor entre 1165 et 1179. Il remplaça la palissade de bois entourant la partie haute avec un mur et des tours de pierre et construisit la première King’s Gate. Le premier donjon de pierre continuait de s’affaisser et des fissures commencèrent à apparaître sur le flanc sud. Henri fit reconstruire le donjon avec une chemise mais déplaça les murs au bord de la motte pour réduire la pression et il ajouta de solides fondations sur le côté sud pour offrir un soutien supplémentaire. Henri modifia également l’intérieur du château et les lieux d’habitation. La plus grande partie des travaux fut réalisée avec de la pierre de Swinley tandis que la pierre de Bedfordshire fut utilisée pour les structures intérieures.

Jean d’Angleterre entreprit quelques travaux de construction à Windsor mais s’intéressa davantage aux lieux d’habitation qu’aux défenses. Le château fut assiégé durant la révolte des barons anglais en 1214 et Jean y habita durant les négociations sur la Magna Carta dans la ville voisine de Runnymede en 1215. Le château fut à nouveau assiégé l’année suivante par les troupes françaises et des barons sous le commandement du comte de Nevers mais ils furent repoussés par le connétable de Jean, Engelard de Cigogné.

Les dégâts reçus durant le second siège furent rapidement réparés en 1216 et 1221 par Cigogné pour le compte du successeur de Jean, Henri III, et les défenses furent renforcées. Les palissades de la partie basse furent reconstruites avec de la pierre et un corps de garde fut construit à l’emplacement de la future porte Henri VIII entre 1224 et 1230. Trois nouvelles tours, Curfew (« Couvre-feu »), Garter (« Jarretière ») et Salisbury furent construites sur le mur occidental de la partie basse. La défense du Middle Ward fut fortement renforcée par la construction d’un mur de pierre au sud protégé par les nouvelles tours Édouard III et Henri III à chaque extrémité.

Le château de Windsor était l’une des trois résidences favorites d’Henri III et il investit largement dans les logements royaux. À la suite de son mariage avec Éléonore de Provence, Henri construisit un palais luxueux entre 1240 et 1263 autour d’une cour du côté nord de la partie haute qui était essentiellement destiné à la reine et à ses enfants. Dans la partie inférieure, le roi ordonna la construction d’une série de bâtiments pour son usage personnel le long du mur sud dont une chapelle de 21 m de long qui fut par la suite appelée Lady Chapel. Il s’agissait de la plus grande des nombreuses chapelles construites pour son propre usage et était comparable en taille et en décoration à la Sainte-Chapelle de Paris. Henri III répara le Grand Hall qui se trouvait sur le côté nord de la partie inférieure et l’agrandit avec une nouvelle cuisine et fit construire un chemin couvert entre les deux bâtiments. Les travaux d’Henri III étaient caractérisés par de riches décorations qui formaient « l’une des plus grandes réussites de l’art médiéval anglais ». Le résultat des constructions fut de créer une division, encore existante, entre une partie haute destinée à un usage privé et une partie basse plus ouverte sur l’extérieur. Il y eut peu d’autres constructions importantes durant le XIIIe siècle ; le Grand Hall dans la partie basse fut détruit par un incendie en 1296 mais ne fut pas reconstruit.

Édouard III est né au château de Windsor en 1312 et y résida tout au long de son règne. En 1344, le roi annonça la création de l’ordre de la Table ronde et ordonna la construction d’un nouveau bâtiment pour accueillir le siège de l’ordre dans le château mais ce dernier ne fut jamais terminé. Selon les chroniqueurs, il s’agissait d’un bâtiment circulaire de 61 m de diamètre probablement situé au centre de la partie haute. Peu après, Édouard abandonna l’idée pour des raisons inconnues et fonda l’ordre de la Jarretière dont il établit le siège dans le château de Windsor81. Dans le cadre de ces projets, Édouard III décida de reconstruire le château de Windsor et en particulier le palais d’Henri III pour y construire une nouvelle structure qui symboliserait le pouvoir royal et la chevalerie. Édouard III était influencé par les succès militaires de son grand-père, Édouard Ier et par le déclin de l’autorité royale sous le règne de son père, Édouard II, et cherchait à produire une « architecture novatrice, martiale et intrinsèquement artistique ».

William de Wykeham fut chargé de la supervision des travaux du nouveau château et pendant les constructions, Édouard III résida dans des appartements temporaires dans la tour Ronde. Entre 1350 et 1377, Édouard III dépensa 51 000 £ pour rénover le château, ce qui représentait plus d’une fois et demi les revenus annuels de la Couronne. Les rançons obtenues à la suite des succès d’Édouard III à Crécy, Calais et Poitiers couvrirent une partie des coûts de construction. Le château de Windsor était déjà une structure imposante avant les travaux d’Édouard III et ses ajouts, essentiellement consacrés à de riches décorations, le rendirent d’autant plus impressionnant. Le château fut le « projet de construction laïc le plus onéreux de l’Angleterre médiévale ».

Le nouveau palais d’Édouard III comprenait trois cours le long du côté nord de la partie haute appelées Little Cloister (« petit cloître »), King’s Cloister (« cloître du roi ») et Kitchen Court (« cour de la cuisine »). À l’avant du palais se trouvait le St George’s Hall qui rassemblait une nouvelle salle et une nouvelle chapelle. Le bâtiment possédait deux corps de garde symétriques, la Spicerie Gatehouse et la Kitchen Gatehouse. La première était l’entrée principale du palais tandis que la seconde menait simplement à la cour de la cuisine. La grande salle possédait de nombreuses fenêtres de grande taille donnant sur la cour. Le bâtiment possédait une toiture linéaire inhabituelle et sa hauteur plus importante que n’importe quel autre édifice du palais en faisait certainement une structure distinctive du château90. La tour Rose, conçue pour l’usage privé du roi, formait l’extrémité occidentale du bâtiment. Le résultat était un « grand palais architecturalement uni… uniforme de toutes les manières que ce soit pour la ligne du toit, la hauteur des fenêtres, le niveau des corniches et des planchers et la hauteur des plafonds ». À l’exception de la grande salle, de la chapelle et de la grande chambre, tous les nouveaux intérieurs avaient des tailles similaires. Les éléments défensifs avaient en revanche une valeur symbolique, probablement pour fournir une toile de fond aux tournois se déroulant dans le château.

Édouard III fit construire de nouveaux logements luxueux et indépendants pour les membres de sa cour dans les coins est et sud de la partie haute qui donnèrent sa forme actuelle à la cour carrée. La porte des Normands (Norman Gate) fut construite pour protéger l’entrée occidentale de la partie haute. Dans la partie basse, la chapelle Saint-George fut agrandie et de nouveaux bâtiments destinés aux chanoines furent construits sur son flanc nord. Sur les 450 horloges du château, la plus ancienne à échappement d’Angleterre fut installée par Édouard III dans la tour Ronde en 1354. William de Wykeham fut ensuite chargé de la construction du New College d’Oxford et du Winchester College et l’influence du château du Windsor y est clairement visible.

Le nouveau château servit de prison pour les prisonniers français capturés à Poitiers en 1357 dont Jean II de France qui ne fut libéré qu’en échange d’une forte rançon. Par la suite, Richard II résida souvent dans le château et entreprit des travaux de restauration de la chapelle Saint-George qui furent supervisés par Geoffrey Chaucer.

George Ier s’intéressa peu au château de Windsor et lui préférait les palais St. James, de Hampton Court et de Kensington. De même, George II résida rarement à Windsor et préférait Hampton Court. De nombreux appartements de la partie haute furent cédés en tant que privilèges de grâce et faveur à des veuves de l’aristocratie ou à des amis de la Couronne. En tant que gardien du Windsor Great Park, William Augustus de Cumberland fut le principal occupant du château sous George II. Dans les années 1740, le château de Windsor commença à devenir une attraction touristique ; les riches visiteurs qui en avaient les moyens pouvaient entrer et les premiers guides de voyage sur le château furent rédigés dans les années 1750 par George Bickham et Joseph Pote. Alors que les appartements d’État continuaient de se dégrader même le grand public pouvait visiter la propriété.

George III inversa cette tendance lorsqu’il monta sur le trône en 1760155. George III détestait Hampton Court et était attiré par le parc du château de Windsor. Il voulut s’installer dans la résidence du gardien (aujourd’hui la Cumberland Lodge) mais son frère, Henri de Cumberland et Strathearn y résidait et refusa de déménage. George III s’installa alors dans l’Upper Lodge, par la suite appelé Queen’s Lodge, à proximité de la partie haute et se lança dans un vaste projet de rénovation du château et des espaces verts. L’atmosphère dans le château resta initialement très informelle car les enfants des villages voisins pouvaient jouer dans les cours du château où se promenait régulièrement la famille royale. L’accès fut cependant de plus en plus restreint au fil du temps.

Les goûts architecturaux de George III évoluèrent au cours des années. Au début de son règne, il préférait l’architecture classique, en particulier le style palladien mais ses goûts évoluèrent vers le gothique car le style palladien était devenu trop courant et mal réalisé et parce que le gothique semblait être plus adapté comme style anglais à la suite de la Révolution française. Travaillant avec l’architecte James Wyatt, George III chercha à « transformer l’extérieur des bâtiments de la partie haute pour en faire un palais gothique tout en conservant la personnalité des chambres réalisées par Hugh May ». L’extérieur fut reconstruit avec des éléments de style gothique ainsi que des tourelles et de nouveaux créneaux. À l’intérieur, des travaux de restauration furent entrepris et plusieurs nouvelles salles furent construites dont un escalier gothique afin de remplacer celui réalisé par May au xviie siècle et surmonté par le Grand Vestibule. De nouveaux tableaux furent achetés pour le château et les collections d’autres palais furent déménagées à Windsor. Le coût des travaux se monta à 150 000 £ (environ 200 millions de livres de 2011. Le roi entreprit également d’importants travaux dans le Grand Parc en créant les fermes Norfolk et Flemish, deux exploitations laitières et en restaurant le lac de Virginia Water et plusieurs folies.

À la fin de cette période, le château de Windsor était devenu un lieu de repli pour la famille royale. En 1788, le roi tomba malade durant un dîner au château et après avoir été diagnostiqué avec des troubles mentaux, il resta quelque temps en convalescence à Kew. Après des rechutes en 1801 et 1804, son état devint permanent à partir de 1810 et il fut confiné dans les appartements d’État du château de Windsor où les travaux de construction cessèrent l’année suivante.

La place imposante du château dans le paysage est souligné par le peintre William Turner dans son tableau La Récolte des navets exposé en 1809. Le château de Windsor et le Eton College (à droite) s’élèvent à travers la vallée de la Tamise. Compte tenu des conditions d’autosuffisance nationale imposées par les guerres napoléoniennes, le tableau a été vu comme une célébration de l’agriculture progressiste dans un décor anglais arcadien, sous le regard bienveillant du «fermier» George III. Des détails tels que la mère qui allaite, le surveillant qui nous tourne le dos, les hommes qui s’occupent d’une charrue cassée et la femme qui s’est pliée en deux pour arracher les racines de navets suggèrent une réalité difficile et la sympathie de Turner pour les participants.

Devenu roi en 1820, George IV voulut créer une série de palais royaux qui refléteraient sa richesse et son influence en tant que souverain d’un Royaume-Uni en pleine croissance. Les précédentes résidences de George IV, Carlton House et le Brighton Pavilion, étaient trop petites pour les grands événements de la cour même après de coûteuses extensions. George IV avait agrandi le Royal Lodge dans le parc lors de la Régence et il entreprit un programme de modernisation du château après être devenu roi. Il commanda à Thomas Lawrence une importante série de portraits de souverains, hommes d’état et généraux qu’il a fait installer la chambre Waterloo.

Il persuada le Parlement britannique de lui accorder 300 000 £ (218 millions de livres de 2011) pour les travaux de rénovation. Suivant les conseils du conseiller de George IV, Charles Long, l’architecte Jeffry Wyattville fut choisi et les travaux commencèrent en 1824. Wyattville privilégiait l’architecture gothique mais George IV, qui avait réintroduit le style rococo français en Angleterre à Carlton House préférait un mélange des styles et des périodes et il appliqua ce goût à Windsor.

Les terrasses furent fermées aux visiteurs pour offrir une plus grande intimité et l’extérieur de la partie haute fut complètement modifiée pour lui donner son apparence actuelle. La hauteur de la tour Ronde fut accrue pour lui donner une apparence plus impressionnante, de nombreuses salles des appartements d’État furent reconstruites ou redécorées et plusieurs nouvelles tours plus hautes que les précédentes furent construites. Les éléments au sud de la partie haute furent reconstruits pour créer les appartements privés du roi à l’écart des appartements d’État et la statue de Charles II fut déplacée du centre de la partie haute à la base de la motte centrale. Walter Scott captura les opinions de l’époque lorsqu’il écrivit que les travaux démontraient un « véritable engouement pour l’architecture gothique » mais des commentateurs plus récents, dont Charles de Galles, ont critiqué ces changements comme du vandalisme de l’œuvre de May. Les travaux n’étaient pas terminés à la mort de George IV en 1830 mais étaient globalement achevés quand Wyattville décéda en 1840. Finalement, ces travaux de reconstruction coûtèrent la somme colossale de plus d’un million de livres (748 millions de livres de 2011).

La reine Victoria du Royaume-Uni et son époux Albert de Saxe-Cobourg-Gotha firent de Windsor leur résidence royale principale même si Victoria se plaignit au début de son règne que le château était « morne et ennuyeux » et « ressemblait à une prison » et préféraient Osborne et Balmoral comme résidences secondaires. La croissance de l’Empire britannique et les liens dynastiques de Victoria en Europe firent de Windsor le théâtre de nombreuses rencontres diplomatiques qui furent facilitées par les nouveaux moyens de transport comme les chemins de fer ou les bateaux à vapeur qui se développaient à cette période. Il a été ainsi avancé que Windsor atteignit son apogée social durant l’époque victorienne avec l’introduction d’invitations à des figures importantes pour « dîner et dormir » dans le château181. Victoria s’intéressait de près à tous les aspects du fonctionnement du château de Windsor jusqu’aux détails les plus insignifiants du protocole. Peu de visiteurs appréciaient ces rencontres du fait de la conception du château et des nombreuses formalités royales. Le prince Albert mourut dans la Blue Room du château de Windsor le 14 décembre 1861 et fut inhumé dans le mausolée royal construit dans le domaine de Frogmore au sein du Home Park. Les chambres du prince furent maintenues exactement dans l’état où elles se trouvaient au moment de sa mort et Victoria maintint le château en deuil pendant de nombreuses années ; elle fut appelée la veuve de Windsor, une phrase popularisée par le poème The Widow at Windsor de Rudyard Kipling. La reine cessa complètement d’utiliser le palais de Buckingham après la mort d’Albert et résidait au château de Windsor lors de ses activités officielles près de Londres. Vers la fin de son règne, des pièces de théâtre, des opéras et d’autres divertissements recommencèrent lentement à être organisés dans le château pour satisfaire le désir de divertissement de la reine et sa réticence à apparaître en public.

Plusieurs modifications mineures furent réalisées dans la partie haute sous Victoria. Anthony Salvin (en) reconstruisit le grand escalier de Wyattville et Edward Blore ajouta une nouvelle chapelle aux appartements d’État. Salvin recréa également la State Dining Room après un grave incendie en 1853. Les deux hommes réalisèrent également des travaux importants dans la partie basse sous la supervision du prince Albert dont la création des Hundred Steps (« cent marches ») menant à la ville de Windsor en contrebas, la reconstruction des tours Garter, Curfew et Salisbury et des bâtiments des chevaliers militaires ainsi que la construction d’un nouveau corps de garde190. George Gilbert Scott remodela le cloître en « fer à cheval » dans les années 1870 et la porte des Normands fut transformée en appartements privés pour Henry Ponsonby, le secrétaire particulier de Victoria. Les travaux permirent d’installer l’eau courante pompée dans un réservoir à proximité jusque dans l’intérieur mais le château ne profita pas de la plupart des innovations de l’époque. Victoria détestait par exemple l’éclairage au gaz auquel elle préférait les bougies et l’éclairage électrique ne fut installé que dans des quelques salles du château à la fin de son règne. Le château de Windsor de l’époque était ainsi réputé pour être froid et plein de courant d’air.

Les changements de l’ère victorienne portèrent également sur les espaces verts et les bâtiments alentour. L’exploitation laitière royale de Frogmore fut reconstruite suivant le style néorenaissance en 1853, celle de George III suivant le style renaissance en 1859 et les fermes Norfolk et Flemish furent rénovées. Les arbres malades de la Long Walk furent remplacés. Le Windsor Castle and Town Approaches Act, voté par le Parlement en 1848, autorisait la fermeture et la déviation des anciennes routes qui traversaient le parc pour relier Windsor à Datchet et Old Windsor. Ces changements permirent à la famille royale de fermer un large terrain qui devint le Home Park sans routes publiques le traversant. En échange, la reine autorisa le public à accéder plus facilement au reste du parc de Windsor.

Édouard VII monta sur le trône en 1901 et entreprit immédiatement de moderniser le château de Windsor avec « enthousiasme et énergie ». De nombreuses salles de la partie haute furent désencombrées et redécorées pour la première fois depuis de longues années. Édouard VII « jetait un œil dans les pièces, fouillait les tiroirs, nettoyait les salles anciennement occupées par le prince consort et laissées intactes depuis sa mort, envoya des caisses remplies de reliques dans une salle spéciale de la tour Ronde… détruisit les statues et les bustes de John Brownn 9… jeta des centaines de « vieilles photographies grossièrement colorées »… [et] réarrangea les tableaux ». Le roi généralisa l’éclairage électrique, installa un chauffage central et des lignes téléphoniques et construisit des garages pour les automobiles venant d’être inventées. Le départ du marathon des Jeux olympiques d’été de 1908 fut donné depuis le château de Windsor et en 1911, le pionnier de l’aviation Thomas Sopwith fit atterrir son appareil dans les jardins du château.

George V poursuivit la modernisation du château mais à un rythme moins soutenu et était aidé par son épouse, Mary de Teck, qui était passionnée par la décoration et l’ameublement. Mary chercha et retrouva des éléments de mobilier qui avaient été perdus ou vendus, en particulier lors du règne d’Édouard VII, et elle acheta de nouvelles œuvres d’art. La reine Mary adorait également les miniatures et l’architecte Edwin Lutyens conçut pour elle une maison de poupée qui fut aménagée par les plus grands artisans des années 1930 et installée à Windsor. George V était résolu à maintenir une intense vie de cour à Windsor et près de 660 domestiques travaillaient dans la propriété à cette période. Durant la Première Guerre mondiale, les sentiments antigermaniques poussèrent les membres de la famille royale britannique à changer le nom de leur dynastie d’origine allemande, Maison de Saxe-Cobourg et Gotha ; George V décida de prendre le nom du château et la famille royale devint la Maison de Windsor en 1917.

Édouard VIII passa peu de temps à Windsor durant son court règne et resta à Fort Belvedere dans le Grand Parc de Windsor où il avait vécu en tant que prince de Galles. Il fit construire un petit aérodrome pour le château qui est aujourd’hui un terrain de golf. Le règne d’Édouard VIII fut bref et il abdiqua lors d’une allocution réalisée au château en décembre 1936 ; il prit le titre de duc de Windsor. Son successeur et frère, George VI, préférait également sa propre résidence, le Royal Lodge dans le Grand Parc, mais s’installa dans le château de Windsor avec son épouse Elizabeth. George VI recréa la cérémonie de l’ordre de la Jarretière, arrêtée en 1805, à Windsor en s’appuyant sur les documents rédigés au XVIIe siècle par Elias Ashmole mais décala l’événement en juin pour coïncider avec la course hippique d’Ascot.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata en 1939, le château fut préparé pour le conflit. Une grande partie du personnel du palais de Buckingham fut transférée à Windsor, la sécurité fut renforcée et les fenêtres furent obscurcies. Comme le château risquait d’être endommagé ou détruit, les œuvres d’art les plus importantes furent emmenées en lieu sûr et les chandeliers furent enlevés. Le roi, la reine et leurs filles Elizabeth et Margaret restèrent dans le château et les toits de leurs chambres furent renforcés pour faire face à un bombardement. Le roi et la reine se rendaient chaque jour à Londres et retournaient dormir à Windsor même si cela était un secret bien gardé car pour des raisons de propagande, il était affirmé que le souverain résidait en permanence à Buckingham. Après la guerre, George VI relança la tradition du « dîner et dormir » à Windsor car certains avaient déclaré que le château était devenu « un vaste musée presque vide » ; il fallut néanmoins plusieurs années pour ramener le château de Windsor à son état d’avant-guerre.

En février 1952, Élisabeth II succéda à son père et décida de faire de Windsor sa principale résidence de week-end. Les appartements privés qui avaient été peu occupés depuis l’époque de la reine Mary furent rénovés et modernisés et la reine, son époux Philip Mountbatten et leurs deux enfants s’y installèrent. Au début des années 1990, il était cependant clair que l’état de la partie haute s’était dégradé et cela était particulièrement visible dans les appartements d’État. Les réparations et les rénovations successives avaient entraîné la « diminution de la richesse avec laquelle [les pièces] avaient été initialement décorées », une « détérioration graduelle de l’effet de vitalité originel car chaque changement créait une version plus fade que le précédent ». Un programme de remplacement du chauffage et des installations électriques de la partie haute commença en 1988et la même année, des travaux de soutènement furent entrepris car de nouveaux affaissements de la motte menaçaient l’intégrité de la tour Ronde.

Le 20 novembre 1992, le château de Windsor fut touché par un incendie qui dura 15 heures et causa de graves dégâts aux bâtiments de la partie haute. La chapelle privée dans le coin nord-est des appartements d’État était en cours de rénovation et on considère qu’un des projecteurs utilisés pour les travaux mit le feu à un rideau pendant la matinée. L’incendie se propagea rapidement et détruisit neuf des principales salles et en endommagea sévèrement plus d’une centaine d’autres. Les pompiers utilisèrent de l’eau pour contenir le feu tandis que le personnel du château tentait de sauver les précieuses œuvres d’art du château. La plupart des pièces à proximité de la chapelle avaient été vidées lors des travaux de restauration et cela permit d’empêcher une destruction complète des collections. L’incendie se propagea dans les combles et les 200 pompiers présents sur place parvinrent à le circonscrire dans l’après-midi avant qu’il ne soit finalement éteint le lendemain matin. Bien que les flammes et la fumée causèrent de graves dégâts, l’eau utilisée par les pompiers compliqua bien plus les travaux de restauration qui eurent lieu par la suite.

L’incendie entraîna un débat politique en Grande-Bretagne pour savoir qui devait financer les réparations. En tant que propriété de la Couronne, le château de Windsor était traditionnellement entretenu voire réparé par le gouvernement britannique et comme les autres bâtiments officiels, il n’était pas assuré. Au moment de l’incendie, la presse britannique fit pression pour que la reine finance les réparations avec ses propres revenus. Il fut décidé que les travaux de restauration seraient financés par l’ouverture au public du palais de Buckingham à certaines périodes de l’année et par l’augmentation du prix d’entrée dans le parc autour de Windsor. Un second débat éclata au sujet de la manière de réparer le château. Certains suggérèrent que les pièces endommagées soient restaurées pour leur rendre leur apparence originelle mais d’autres proposèrent d’intégrer des styles modernes. Même si certains éléments furent modifiés pour refléter les goûts modernes, les travaux visèrent à rendre au château l’apparence qu’il avait avant l’incendie18. Pour réduire les coûts et pour des raisons pratiques, des méthodes modernes furent utilisées et lorsque le programme de rénovation se termina en 1997, il avait coûté 37 millions de livres (62 millions de livres de 2011).

Le château de Windsor appartient aujourd’hui à l’Occupied Royal Palaces Estate pour le compte de la nation mais sa gestion est assurée par le Royal Households. Le château de Windsor est le plus grand château habité au monde et le palais le plus anciennement occupé d’Europe mais il reste une résidence royale parfaitement fonctionnelle. En 2006, environ 500 personnes vivaient et travaillaient au château. Élisabeth II a de plus en plus utilisé le château comme résidence royale permanente et non plus uniquement comme résidence de week-end et elle est aujourd’hui aussi souvent utilisée pour les banquets et les affaires officiels que le palais de Buckingham. Dans les dernières années, le château de Windsor a été le lieu des visites diplomatiques du président Sarkozy de France, du président Obama des États-Unis et du président Yudhoyono d’Indonésie. Le château reste un important lieu pour les cérémonies comme celle de Waterloo organisée chaque 18 juin en présence de la reine, la cérémonie annuelle de l’ordre de la Jarretière et la procession annuelle depuis le château lors de la course hippique d’Ascot. Lorsque la reine est dans le château, la relève de la garde a lieu chaque jour.

Durant le règne d’Élisabeth II, d’importants travaux furent menés pour transformer le château en une attraction touristique où est exposée une grande partie des œuvres d’art de la Royal Collection. Des fouilles archéologiques sont régulièrement menées au château depuis les années 1970. En 2007, 993 000 personnes ont visité le château et plusieurs millions se sont rendues dans la circonscription royale de Windsor and Maidenhead. À la fin de l’année 2011, deux turbines hydrauliques furent installées le long de la Tamise pour alimenter en électricité le château et les bâtiments alentour.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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