Le château de Vaux-le-Vicomte à Maincy (Seine-et-Marne).

Le château de Vaux-le-Vicomte, situé sur le territoire de la commune française de Maincy (Seine-et-Marne), à 50 km au sud-est de Paris, près de Melun est un château du XVIIe siècle (1658-1661), construit pour le surintendant des finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet. Il appartient désormais à une branche cadette des marquis de Vogüé.

Ce dernier fit appel aux meilleurs artistes de l’époque pour bâtir ce château : l’architecte Louis Le Vau, premier architecte du roi (1656), le peintre Charles Le Brun, fondateur de l’Académie de peinture (1648), le paysagiste André Le Nôtre, contrôleur général des bâtiments du roi (1657) et le maître-maçon Michel Villedo. Leurs talents avaient déjà été réunis par le jeune Louis XIV pour construire des ailes au château de Vincennes en 1651-1653. Le roi refera appel à eux pour construire le château de Versailles, celui de Vaux-le-Vicomte servant alors de modèle.

Le château, chef-d’œuvre de l’architecture classique du milieu du XVIIe siècle, est aujourd’hui la plus importante propriété privée de France classée au titre des monuments historiques depuis son achat en juillet 1875 par Alfred Sommier qui y fit œuvre de mécène, poursuivie par ses descendants. Il représente aujourd’hui un budget annuel de 8 millions d’euros, emploie 75 salariés à temps plein et transmet chaque année à plus de 300 000 visiteurs l’expérience du Grand Siècle français.


Château de Vaux-le-Vicomte, carte maximum, Maincy 14/07/1989.

Le 1er février 1641, grâce à la dot de son épouse Louise Fourché, Nicolas Fouquet achète les terres seigneuriales de Vaux à un conseiller au Parlement de Paris, François Nicolas Lotin de Charny, moyennant versement d’une rente annuelle de 6 000 livres, correspondant à un modeste capital de 110 000 livres. Il le choisit en raison de sa position stratégique à mi-chemin entre le château de Vincennes et le château de Fontainebleau, deux résidences royales, et parce qu’il lui confère le titre de vicomte de Vaux. Quand Fouquet l’acquiert, ce domaine se divise en deux parties : un modeste chastel du XIVe siècle et une ferme. Le chastel est entouré de murs et de fossés remplis d’eau vive. Il est relié au chemin reliant Vaux-le-Pénil à Sivry-Courtry par un pont-levis. La ferme dite « ferme de La Ronce » est située derrière le logis, sur l’actuelle commune de Moisenay, à laquelle elle est reliée par un autre pont-levis. Elle se compose de deux parties : dans la partie nord se trouvent un pressoir, une écurie et une étable ; la partie sud comprend le corps de logis, une grange et une bergerie.
La ferme et le château n’étaient pas situés à l’emplacement de l’actuel château. Le territoire où sera construit le château actuel est traversé par deux rivières qui se coupent à angle droit. L’une d’elles est l’Anqueuil chanté par La Fontaine et dont le lit se trouve à l’emplacement du grand canal. Le terrain était peu boisé, contrairement à aujourd’hui.

La construction progresse rapidement, mais elle nécessite la destruction de plusieurs maisons et l’arasement des collines. En 1653-1654, Nicolas Fouquet charge le jardinier André Le Nôtre de modifier le jardin préexistant. De 1653 à 1654, les premiers travaux d’adduction d’eau sont réalisés (20 km de tuyauteries) dans le parc ainsi que l’allongement du grand parterre. En 1655, le parc est entièrement clôturé ; le petit canal, les fontaines, quelques parterres de fleurs et la grande allée en terrasse sont réalisés. Le parterre de la Couronne est allongé, rendant ses différentes parties dissymétriques. En 1655, les trois parterres situés devant le château sont agrandis et remodelés. En 1655-1656, Nicolas Poussin est appelé pour travailler à la décoration du jardin, alors que les termes sont en cours de réalisation en Italie. En 1656-1657, Daniel Gittard poursuit les travaux. Le bassin carré et l’allée centrale sont alors aménagés, tandis que s’achève la construction de la grille d’eau. En 1658-1660, la cascade est construite. Des travaux ont lieu à l’emplacement de l’actuel grand canal, les grottes sont sculptées.

En parallèle, en 1656, l’architecte Daniel Gittard achève les fondations du château.

Le 2 août 1656, le marché est conclu sur les plans du château.

Les façades devaient initialement être en brique — comme ses immenses communs — mais finalement la pierre blanche de Creil lui fut préférée.

Le maître-maçon ou entrepreneur chargé de la construction est Michel Villedo8, qui signe à côté de Le Vau les projets définitifs (archives du château) la maçonnerie du château est terminée et la charpente est posée en 1657.

La toiture est achevée en 1658. L’aménagement intérieur peut commencer.

En 1660-1661, les termes de la grille d’entrée sont sculptés par les ouvriers du château.

Dès septembre 1658, le peintre Charles Le Brun s’installe dans le château. Celui-ci reçoit la visite du cardinal Mazarin le 25 juin 1659, de Louis XIV, de Monsieur (Philippe de France) son frère et de la reine mère Anne d’Autriche le 14 juillet.

Le 10 juillet 1660, le roi et son épouse la reine Marie-Thérèse d’Autriche s’y arrêtent. Le maître des lieux aimait recevoir les plus grands esprits de son temps tels que Madeleine de Scudéry, Paul Pélisson ou Jean de La Fontaine.

Le 12 juillet 1661, Fouquet donne une fête en l’honneur de la reine mère d’Angleterre Henriette-Marie de France et, le 17 août, une autre en l’honneur de Louis XIV. Cette fête organisée par François Vatel fut d’une grande splendeur : des spectacles utilisant les techniques les plus avancées du moment, des représentations de pièces de théâtre (dont Les Fâcheux de Molière) et des feux d’artifices, furent notamment au programme de réjouissances.

Le 5 septembre 1661, le roi fait arrêter le surintendant de Fouquet à l’issue d’un conseil tenu à Nantes. Sur le site de Vaux-le-Vicomte, tous les travaux sont interrompus.

Les scellés sont alors apposés à Vaux comme à toutes ses maisons et, le matin du 7 septembre, deux maîtres des requêtes se présentèrent au château en partie démeublé, tentures rangées dans le garde-meuble, rideaux tirés sur les tapisseries, vaisselle précieuse et objets de prix réunis dans un coffre-fort, où le capitaine Mathieu d’Angenville, exempt des gardes, s’établit jusqu’en 1665.

Le Brun était parti laissant les objets d’art de son appartement ; Vatel, compromis, s’enfuit en Angleterre ; Le Nôtre avait obtenu d’emporter les plans des jardins. Huit jours plus tard s’opéraient l’inventaire et la saisie des papiers.

Au cours du procès à charge ordonné par le roi, Lefevre d’Ormesson lança aux magistrats à la solde du pouvoir le fameux : La Cour rend des arrêts, non des services, qui lui valut l’inimitié royale.

Devant les réclamations des créanciers du surintendant — dont son épouse, alors exilée à Limoges — la mise aux enchères de ses biens fut ordonnée ; la vente du mobilier de Vaux et de la résidence de Saint-Mandé se déroula de 1665 à septembre 1666, après que Louis XIV eut fait prélever pour lui-même maints objets précieux, tapisseries, étoffes de brocart, tables de marbre, vases de vermeil, etc. Des carreaux de dallage en marbre blanc et noir furent transportés au Louvre, des orangers en caisse et des milliers d’arbrisseaux à Versailles et aux Tuileries.

Vaux, non confisqué, fut abandonné par les créanciers à Mme Fouquet en 1673 avec les seigneuries de Melun et de Belle-Île contre le paiement sous dix ans de 1 250 000 livres de dettes privilégiées. Exilée ensuite à Moulins, il lui était interdit de retourner à Vaux, où son fils aîné, Louis-Nicolas, officier, titré comte de Vaux, put s’installer.

Celui-ci y reçut le 15 juillet 1676 la marquise de Sévigné, qui y vit toutes les fontaines muettes et sans une goutte d’eau, parce qu’on les raccomodoit.

En 1684, quatre ans après la mort de son mari, Mme Fouquet donna les seigneuries de Vaux et de Melun à son fils, qui dès 1683, à court d’argent, avait vendu au roi des termes de marbre blanc attribués à Poussin (à Versailles), puis en 1699 des statues antiques et modernes, 70 gros marronniers pour Trianon et quantité de grosses carpes pour les bassins de Marly.

Château de Vaux-le-Vicomte, épreuve de luxe.

En 1687, à 32 ans, il avait épousé la fille de 14 ans de la célèbre madame Guyon, doctrinaire du quiétisme, qui vint vivre avec le couple à Vaux deux ans et demi.

Il semble avoir poursuivi dans les jardins certains travaux entrepris par son père ; de cette époque datent la plantation de l’avenue menant au château et celle de l’hémicycle d’entrée, du bosquet de la Patte d’Oie et d’une grande partie du parc.

En 1705, le second et dernier Fouquet détenteur de Vaux mourut sans enfants, à Paris.

Le 17 août 1764, César Gabriel de Choiseul-Praslin, cousin du célèbre ministre, duc et pair de Praslin, lieutenant-général, diplomate, ministre des Affaires étrangères et de la Marine, membre du Conseil du roi, académicien, achète le domaine et obtient du roi que les titre, nom, prééminence de ses terres soient transférés sur le duché-pairie, qui prend le nom de Vaux-Praslin.

En 1770, il suit la disgrâce de son cousin et est exilé dans son duché, où, comme son prédécesseur, il respecte la décoration ancienne des salons, conserve les tableaux des batailles de Villars, y dépose un grand modèle de navire en souvenir de ses activités ministérielles, fait moderniser par l’architecte Berthier les vastes appartements, mais ne touche pas aux jardins.

En 1791, le domaine est transmis à son petit-fils, député de la noblesse de la sénéchaussée du Maine, qui n’émigra pas, fut arrêté en 1793 et resta emprisonné jusqu’à Thermidor.

Le domaine ne fut pas déclaré bien national, mais conformément aux lois de la Convention, la municipalité de Maincy et le directoire du district de Melun ordonnèrent à l’intendant de marteler les armes du fronton et ses lions, animaux contraires aux lois, de brûler de plusieurs portraits peints des rois de France et des tapisseries portant des emblèmes royaux, et de briser des bustes d’empereurs romains.

En novembre 1793, devant la notification d’enlever tous les meubles du ci-devant château sous huit jours afin que rien ne s’oppose à sa démolition, la « citoyenne Praslin » eut l’idée de faire don à la République des peintures et décorations du château, ce qui fit suspendre la démolition, et les deux commissaires nommés pour reconnaître et faire enlever ce qui serait jugé digne d’être conservé, estimèrent qu’il méritait d’être conservé à l’enseignement, ce qui le sauva.

Libéré et nommé sénateur en 1799, en 1810 Charles de Choiseul-Praslin fait aménager un jardin à l’anglaise au goût du jour au-delà de la route et de la grille d’entrée, ne portant pas atteinte aux créations de Le Nôtre, mais sans entretien depuis des années, les cascades, la grotte, les jeux d’eau, les bassins disparaissent dans les herbes.

En 1842, Charles Laure Hugues Théobald, 5e duc de Praslin et son épouse Françoise Altéria Rosalba Sébastiani della Porta, fille du maréchal ancien compagnon d’armes de Napoléon Ier, font réparer la charpente du dôme et remplacer sa lanterne par l’architecte Louis Visconti ; les parterres, terrasses et ouvrages hydrauliques sont remis à jour. Le cabinet des bains voit alors son plafond circulaire peint d’enfants et de guirlandes et orné de leur chiffre doré.

Château de Vaux-le-Vicomte, carte maximum, 9/06/2012.

Vers 1846, Louis-Philippe venu de Fontainebleau visiter le château, put y voir des tapisseries de Beauvais d’après Boucher, une précieuse collection de porcelaines, un grand modèle de navire et de beaux volumes aux riches reliures.

Mais ce chantier prend fin après que le 17 août 1847 le duc, tombé amoureux de la gouvernante de ses enfants, Henriette Deluzy-Desportes15, poignarda sa femme dans leur appartement de l’hôtel Sébastiani no 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré, causant un scandale énorme qui selon certains historiens n’aurait pas été sans influence[réf. nécessaire] sur la chute, un an après, de la monarchie de Juillet. Détenu au palais du Luxembourg, il se suicide à l’arsenic pour éviter à ses proches la honte de la cour d’assises.

Leurs huit enfants mineurs répartis dans des collèges et couvents, le château inhabité est fermé et peu ou pas entretenu, et presque 30 ans plus tard Gaston de Choiseul-Praslin, qui en a hérité, vivant à l’étranger, décide de se défaire de l’immense demeure qui nécessite des travaux de restauration hors de ses moyens.

Le 15 juin 1875, Alfred Sommier, richissime raffineur de sucre et amateur d’art, après l’avoir visité avec son ami le bibliophile Gustave Guyot de Villeneuve, préfet royaliste de Seine-et-Marne depuis 1873, fort impressionné par le bon état de conservation des décors intérieurs vieux de deux siècles, décide de préserver cette œuvre d’art global, dont l’apparent mauvais état général pouvait faire craindre une démolition.

Seul acquéreur aux enchères à la bougie du 6 juillet suivant, il devient alors propriétaire en trois lots : le château et son parc, ses importants communs et dépendances, et trois fermes, soit un domaine de près de 1 000 hectares qu’il achète pour 2 275 400 francs-or (soit sept millions d’euros actuels).

Le 30 juin 1918, Georges Clemenceau, président du Conseil et ministre de la Guerre, s’y arrête sur le chemin du grand quartier général des armées au château de Bombon, avec le chef de son cabinet militaire le général Mordacq pour y voir l’hôpital militaire auxiliaire no 23 créé au début de la guerre dans les communs par Germaine Sommier (1881-1968), née Casimir-Périer, dotée d’une installation de radiographie exemplaire, et où furent soignés 1 115 blessés. Il déjeune au château et se fait photographier avec l’équipe de l’hôpital et le général Mordacq sur le perron donnant sur les jardins. Le 1er juillet suivant, Mme Sommier est citée à l’ordre de l’Armée, avec attribution de la croix de guerre.

Le 12 juillet 1918, les généraux Foch et Weygand en font autant, et Foch, devenu maréchal de France, y retourne le 1er septembre.

Le domaine appartient ensuite au comte Patrice de Vogüé, qui le reçoit de son père Jean de Vogüé, neveu d’Edme Sommier (mort en 1945 sans postérité), lors de son mariage en 1967. C’est Patrice de Vogüé qui ouvre l’ensemble du domaine, parc et château, aux visites publiques : inauguration en est faite le 22 mars 1968. Des travaux sont réalisés et son épouse ouvre un restaurant, de 6 couverts à l’origine et qui sert 600 personnes par jour en 2018. Dans les années 1980 sont par ailleurs créés des dîners aux chandelles pour les visiteurs.

Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2019, des voleurs s’introduisent dans le château, ligotent les propriétaires Patrice et Cristina de Vogüé et emportent un butin estimé à 2 millions d’euros.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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