Le château de Foix (Ariège)

Le château de Foix est un ancien château du XIIe siècle, dont l’origine semble remonter au Xe siècle, remanié à plusieurs reprises et très restauré au XIXe siècle, qui se dresse sur la commune de Foix dans le département de l’Ariège en région Occitanie.

Lieu de tourisme important, il est renommé dans toute l’Ariège comme haut-lieu cathare. Il fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.

Le château est mentionné pour la première fois dans une charte au début du XIe siècle : il a probablement été construit à la fin du siècle précédent. En 1002, il figure dans le testament de Roger Ier, comte de Carcassonne qui lègue la forteresse à son fils cadet Bernard. Ce dernier est le premier seigneur à porter le titre de comte de Foix vers 1012. Ce premier château féodal était classiquement constitué d’une unique tour dont on retrouve les bases dans celles de l’Arget et qui était construite à l’endroit naturellement le plus élevé de l’éperon rocheux. Une enceinte protégeait le haut du rocher, en épousant au plus près le bord des falaises et qui ne faisait guère que la rehausser. Ce monument permit aux comtes d’asseoir leur autorité et de consolider leur implantation dans la région.

En 1034, le château devient chef-lieu du comté de Foix et joue un rôle déterminant dans l’histoire militaire médiévale. Durant les deux siècles suivants, le château abrite des comtes aux personnalités brillantes qui furent l’âme de la résistance occitane pendant la croisade contre les Albigeois et leur comté devint le refuge privilégié des cathares persécutés.

Au XIIIe siècle, le château dut subir les attaques des croisés lors de la croisade contre les Albigeois (1208- 249). En 1211, le chef des croisés Simon de Montfort met le siège devant Toulouse mais ne parvient pas à prendre la ville. Il décide donc de ravager le comté de Foix voisin et allié de la maison Toulousaine. Mais les croisés ne pénètrent que peu dans le comté de Foix. Ils installent leur quartier d’hiver à Pamiers et opèrent quelques razzias jusqu’à Foix. En 1212, des opérations de faibles envergures touchèrent les faubourgs de Foix mais le château ne fut pas inquiété. En 1214 le château est remis au légat du pape en gage de soumission et ouvert à Simon de Montfort. Le comte de Foix n’en reprend possession qu’en 1218.

Château de Foix, carte maximumm, Foix, 11/10/1958.

Le comté de Foix fut relativement épargné par la croisade dont l’issue fut fatale pour les comtes de Toulouse. Le traité de Meaux-Paris en 1229 amputa le comté de Foix sur sa frange Est, en isolant une seigneurie de Mirepoix et en occupant des positions éparses ; le château sera alors occupé pendant cinq ans par le roi de France. En 1241, Roger IV devint comte de Foix à la mort de son père. Sentant que la situation devenait défavorable, il refusa pour la première fois depuis le début de la croisade son soutien militaire au comte de Toulouse, en 1242, précipitant ainsi l’échec de sa dernière révolte. Roger IV se tint éloigné de l’affaire de Montségur5. En 12724, le comte de Foix s’oppose une dernière fois à l’empiétement de son comté par la couronne de France. Il fait renforcer la garnison du château, augmenter la défense des portes et garnir les remparts de machines de guerre. Philippe le Hardi souhaitant alors imposer son autorité en Languedoc rassemble une nombreuse armée composée de gens venus de Normandie, Orléanais, Vermandois, des duchés de Bretagne et de Bourgogne, des comtés de Blois, de Boulogne, de Dreux, de Flandre et de Ponthieu. Le comte devant une telle armée fait alors sa soumission au roi ; fait prisonnier il est conduit à Carcassonne. Le château ainsi que le comté sont mis sous séquestre et ne seront évacués qu’en 1285. Le château est restauré dans la première moitié du XIVe siècle2 et redevient une résidence comtale, rôle qu’il conserve jusque dans la première moitié du XVe siècle.

Ce dernier, comte de Foix très puissant de 1343 à 1391 gagna à Launac en 1362 une importante bataille contre la maison rivale d’Armagnac qui lui disputait son héritage de Béarn. Beaucoup de grands seigneurs du Sud-Ouest furent faits prisonniers par les Fuxéens au cours de la bataille et Fébus les fit enfermer au château de Foix en attendant que leurs familles et leurs proches puissent acquitter les rançons qui permettraient de les libérer. Ainsi, les comtes d’Armagnac et de Comminges, les seigneurs d’Albret, Jean de la Barte, les seigneurs de Pardalha furent enfermés quelques mois dans les prisons du château de Foix avant d’être transférés vers Pamiers puis vers Mazères pour assouplir leur détention. C’est sans doute avec l’argent des rançons que Fébus réalisa de nombreux travaux et aménagements dans les châteaux qu’il possédait dont celui de Foix.

Pourtant malgré ses aménagements, les comtes de Foix devenus vicomtes de Béarn, de Marsan et de Gavardan et qui vivent à Orthez, délaissent de plus en plus le château lorsqu’ils viennent séjourner dans le pays de Foix, au profit du château de Mazères et du palais des gouverneurs, l’ancien tribunal, situé en contrebas.

À cette époque, le château de Foix n’est pas abandonné pour autant, ce qui protégea le bâtiment de la possibilité de s’en servir comme carrière par les habitants de la ville et donc le protégea de la ruine.

Au milieu du XVe siècle, la tour ronde ou une partie de celle-ci servait de dépôt pour les archives comtales. Le château fut très vite transformé en caserne et livré à lui-même, ce qui accéléra sa dégradation. En 1570, il y avait huit hommes en garnison dans le château, ce qui peut paraître faible mais aisément compréhensible en l’absence de conflits. Seule la chapelle fut entretenue de façon régulière. Les abords du rocher déjà embroussaillés servaient aux habitants pour faire paître les troupeaux et étendre leurs draps. Le château avait alors piètre allure.

À partir de 1479, le comte de Foix devient roi de Navarre et le dernier d’entre eux, devenu Henri IV, roi de France en 1607, annexe ses terres pyrénéennes à la France. Siège du gouverneur du Pays de Foix depuis le XVe siècle, le château continue à assurer la défense du pays, notamment pendant les guerres de religion.

Après l’ordre de rasement de Richelieu (1632-1638), le château faillit être démoli mais la décision ne fut jamais appliquée. À cette époque, nombre de châteaux furent rasés car il était trop coûteux de les garder et ces bâtiments pouvaient se révéler dangereux si on ne les contrôlait pas. C’est ce qui va arriver à une dizaine de châteaux dans la vallée de l’Ariège ; dont ceux de Pamiers et de Mazéres.

En 1635 commença, dans le cadre de la guerre de Trente Ans, une guerre contre l’Espagne qui aboutit en 1659 au traité des Pyrénées et on retrouva une utilité au château de Foix proche de la frontière tout en oubliant l’ordre de démolition. L’ouvrage fortifié demeura ainsi qu’une garnison jusqu’à ce qu’au milieu du XVIIe siècle on commence à y installer plus ou moins régulièrement des prisonniers.

En réalité, le château avait déjà servi de prison au Moyen Âge car les comtes de Foix étaient justiciers. Mais un espace réduit était à cette époque dévolu à cette fonction. À partir du XVIIIe siècle et surtout au début du XIXe siècle, le château et ses tours furent entièrement transformés en prison. À la Révolution, lors de la création du département de l’Ariège, ce pénitencier devint départemental. La prison rassembla alors des personnes qui étaient accusées ou prévenues, en attente de jugement et celles qui étaient condamnées à de courtes peines. L’origine des prisonniers est très disparate : mendiants, bandits de grands chemins, hommes emprisonnés pour délits forestiers.

La fonction de prison conduisit à de nombreuses modifications architecturales du château. Des grilles furent posées sur les ouvertures, des portes de cellules solides furent installées avec des serrures efficaces. On construisit de nouveaux bâtiments sur les terrasses Est pour y abriter l’administration pénitentiaire. Les prisonniers gravèrent des graffitis sur les murs de leurs cellules et on peut encore les observer dans les différentes salles de la tour ronde qui servaient de cachots. Les conditions de détentions étaient effroyables. De plus la prison souffrit chroniquement d’une surpopulation et du manque d’espace. Au début du XIXe siècle, les détenus étaient une petite centaine, leur nombre atteint presque 200 en 1859 et le faible nombre de salles ne permettait pas de les séparer selon les crimes et délits commis comme la loi l’imposait. On finit donc par construire une prison moderne dans la ville de Foix et l’on déplaça les prisonniers, créant en 1864 et pour une courte durée un dépôt de mendicité sur le site.

Château de Foix, prêt-à-poster.

La fin du XIXe siècle connut en Europe un regain d’intérêt pour le Moyen Âge et le patrimoine historique. Le château fut alors classé Monument Historique et restauré sous la direction de Paul Boeswillwald ancien collaborateur de Viollet-le-Duc lors de la restauration de la cité de Carcassonne. Les restaurateurs tentèrent de revenir au monument médiéval ou plutôt à la conception qu’ils en avaient. Le château qui s’offre à nos yeux aujourd’hui est le fruit de cette restauration.

Depuis 1930, le château abrite les collections du musée départemental de l’Ariège. Préhistoire, archéologie gallo-romaine et médiévale témoignent de l’histoire de l’Ariège depuis les temps les plus anciens. Actuellement, le musée redéploie les collections autour de l’histoire du site du château s’attachant à restituer la vie à Foix au temps des comtes.

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Sources : Wikipédia, YouTube.