Le château de Cheverny (Loir-et-Cher).

Le château de Cheverny est un château de la Loire français situé en Sologne, sur la commune de Cheverny, dans le département de Loir-et-Cher et la région Centre-Val de Loire. C’est l’un des châteaux de la Loire les plus fréquentés avec ceux de Blois et de Chambord, tout proches. Classé aux Monuments historiques, ce château est élevé au XVIIe siècle, dans un style très classique. Il a été dessiné par Jacques Bougier, architecte d’une partie du château de Blois.

Il héberge actuellement une meute et organise régulièrement des chasses à courre. Il inspira Hergé pour la création du château de Moulinsart qui en est une réplique, amputée de ses deux pavillons extrêmes.

Les terres du domaine sur lequel est situé le château sont cédées, dans la seconde moitié du XIVe siècle, à Jean Hurault, avec ses « maisons, pressoirs et vignes », par Henri le Mareschau, sans doute fils de Robert, lequel apparait comme propriétaire de Cheverny en 1315, qu’il tenait du comte de Blois. La famille Hurault est une vieille famille blésoise, sans doute issue de Bretagne, dont le plus ancien membre connu, Regnault Hurault, apparaît en 1270, sous le règne de Philippe III Le Hardi comme « bourgeois de la ville de Blois ».

En 1490, Jacques Hurault, petit-fils de Jean, sire de Vibraye et baron d’Huriel, acquiert la seigneurie de la Grange et de Cheverny, après avoir exercé de hautes fonctions sous Louis XI, Charles VIII et Louis XII. Il forme plusieurs agrandissements autour du pressoir alors que sa carrière connaissait son apogée, le portant au poste de gouverneur et bailli du comté de Blois sous le règne de François Ier.

Cheverny, carte maximum, 19/06/1954.

Avant sa mort, il cède le domaine à son fils, Raoul Hurault, qui obtient du roi, en juin 15106, l’autorisation de fortifier la nouvelle demeure qu’il vient d’édifiera. Claude de France lui cède en avril 1514 le droit de justice ainsi que celui de sceau et de tabellionage sur la paroisse de Cheverny, François Ier validant, l’année suivante, les concessions afin que le château soit adapté aux longs séjours de la cour dans la région. Il ne reste de cette ancienne bâtisse qu’un dessin du père Étienne Martellange, qui visite la région en 1624–1625, mais dont la précision n’est pas confirmée, et quelques rares vestiges dans le bâtiment des communs : mi forteresse, mi château de plaisance, le bâtiment rappelle l’aile Louis XII du château de Blois avec ses longs pavillons bas flanqués de tours, tourelles et poivrières, avec un grand pavillon carré au toit à la française.

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Raoul Hurault, seigneur de Cheverny, est marié à Marie de Beaune, fille de Jacques de Beaune, baron de Semblançay, premier intendant des finances royales, lequel entraîne son gendre dans sa faillite, à la suite des poursuite engagées par François Ier et l’implacable Louise de Savoie contre les financiers soupçonnés de malversations. Parti servir en Italie, aux côtés du maréchal de Lautrec, il est tué en août 1528, devant Naples. Sa veuve, ayant récemment accouché d’un septième enfant, doit assumer une amende de 100 000 livres, par arrêt des commissaires de la Tour carrée, et est contrainte d’aliéner le château de Cheverny. Celui-ci est adjugé, en 1537, à Pierre de Ruthie, lieutenant de la vénerie du roi, qui le cède, en 1542, à son neveu Bernard de Ruthie, abbé de Pontlevoy, aumônier du roi.

En 1551, c’est Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II, qui acquiert le château ; mais l’on se rend compte que la vente initiale, intervenue durant la minorité des enfants de Marie de Beaune, est contraire au droit et, au terme d’un procès, Diane de Poitiers doit le restituer à Jacques et Philippe Hurault, par acte du 25 février 1564, moyennant le paiement de 35 000 livres.

Le domaine échoit à Philippe ; sa mère, Marie de Beaune, qui s’installe, après la cession de Cheverny, à la Morelière, une maison toute proche dans le domaine forestier, puis dans la demeure familiale de Blois, meurt en 1567, laissant une belle fortune et ayant assisté à la réhabilitation de son époux au motif que « le Roy avoit esté mal servy et trompé en celles de feu Hurault ». En 1577, les terres sont érigées en vicomté, puis, en 1582, en comté. Philippe Hurault de Cheverny, fidèle courtisan de Catherine de Médicis et d’Henri II, est garde des sceaux puis remplace Birague en tant que chancelier de France. Cependant, son rôle important dans les négociations avec la Ligue détermine le roi Henri III à prononcer sa disgrâce, peu après la Journée des barricades, et à l’assigner dans sa résidence de Cheverny. Après avoir conservé le fil des intrigues politiques, tant auprès des ligueurs que des protestants, il retrouve, en 1590, les sceaux des mains d’Henri IV.

En 1596, il cède le domaine de Cheverny à son fils Henri Hurault, qui, près de vingt ans auparavant, avait été porté sur les fonts baptismaux par Henri d’Anjou, Henri de Navarre et Catherine de Médicis. Il a épousé, à l’âge de treize ans, une jeune fille de grande famille, Françoise Chabot, fille du Grand écuyer de France, le baron de Charny, mais celle-ci continue de demeurer auprès de ses parents. De caractère impétueux, vif et parfois colérique, il suit Henri IV et ses armées, reconnu par le souverain comme de bon conseil. Alors qu’il prend possession du château de Cheverny, il fait venir son épouse, mais la laisse cependant vite seule afin de poursuivre le service du roi, à la tête d’une centaine d’hommes d’armes. Françoise Chabot s’ennuie et la rumeur de son infidélité finit par gagner la cour. Un jour que le comte Hurault est au Louvre, auprès d’Henri IV, ce dernier, passant derrière lui, pointe deux doigts en corne derrière sa tête, provoquant l’hilarité de tous les courtisans ; mais un petit miroir fait apercevoir au comte qu’il est l’objet de ces moqueries. Le 26 janvier 1602, sans dire mot, il regagne à franc étrier, aux premières heures du matin, son château de Cheverny et, se fait ouvrir les portes, n’a que le temps de voir un page s’échapper par la fenêtre de la chambre et se romp la jambe ; Hurault l’achève d’un coup d’épée, puis, en présence d’un confesseur, il laisse le choix à sa femme de subir le même sort ou d’absorber le poison qu’il lui tend. Après qu’elle s’est donné la mort, on s’aperçoit qu’elle porte un enfant mâle depuis cinq mois et demi. Le roi l’apprend mais, bien que se sentant coupable, condamne le comte à demeurer sur ses terres de Cheverny.

Flamme maximum de Cour Cheverny du 15/09/1965.

Deux années plus tard, Henri Hurault se remarie avec la fille d’un avocat, Marguerite Gaillard de la Morinière, que l’on dit « aussi belle que sage, femme d’esprit et de caractère ». Après trois ans d’exil, le comte de Cheverny est rappelé au service du roi, laissant son épouse aux soins de la demeure et lui abandonnant le revenu. Celle-ci, selon la légende, mène seule l’élévation d’un nouveau château. Mais, plus vraisemblablement, le désir ancestral de construction du comte de Cheverny et l’inspiration éclairée de son épouse permettent de créer conjointement une nouvelle demeure, en lieu et place d’une forteresse passée de mode et marquée par la tragédie. L’ancien bâtiment est rasé presque entièrement au début des années 1630 et l’on appelle les artistes les plus en vue de la région pour les travaux : l’architecte Jacques Bougier, dit « Boyer de Blois », très en renom dans le Blésois, qui a travaillé sur une aile du château de Blois avec Salomon de Brosse. Disparu peu après le début des travaux, l’architecte, aussi sculpteur, n’exécute pas la sculpture de l’escalier qui est l’œuvre d’un artiste, engagé à Blois par Gaston d’Orléans, dont seules les initiales « F.L. » nous sont parvenues.

De 1629 à 1640, c’est le menuisier Hevras Hammerber, germanique originaire d’Essen, qui est chargé des menuiseries intérieures, des portes et croisées et, sans doute, de quelques travaux de sculpture. Ensuite, la décoration picturale du château est confiée à Jean Mosnier, peintre d’excellente réputation et à l’œuvre importante, recommandé par Marie de Médicis et élève de l’École de Rome : il orne les poutres, lambris, solives et huisseries de dessins de fables et d’allégories ingénieuses. Il exécute aussi quelques plafonds emplis de ses souvenirs d’Italie. Enfin, les dix-sept statues destinées à agrémenter le jardin à la française, qui ont, depuis, disparue, sont l’œuvre de Gilles Guérin, aussi sculpteur reconnu à Versailles.

Les bâtiments sont terminés en 1634, mais Henri Hurault et Marguerite Gaillard n’ont guère le temps de profiter de leur somptueuse demeure : la comtesse meurt en 1635 et le comte en 1648 ; il ne reste de leurs sept enfants que deux filles qui héritent du domaine, mais, en 1654, Élisabeth, marquise de Montglas, rachète la part d’Anne-Marguerite, sa sœur, marquise d’Aumont. Elle poursuit la décoration du château, à laquelle son père l’avait déjà largement associée de son vivant. C’est alors, à Cheverny, le temps de fastueuses fêtes : la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d’Orléans, amie intime de la marquise, aime à se rendre, depuis Blois ou Chambord, dans ce qu’elle nomme un « palais enchanté », décrivant « un pays fort beau et une maison fort belle, mais si quelqu’un y eut voulu trouver quelque défaut […], la reine Uralinde  faisait mettre ces critiques-là en prison ».

Durant les cent cinquante années suivantes, il change maintes fois de propriétaires et passe entre les mains de Jean-Nicolas Dufort de Cheverny (introducteur des ambassadeurs), en 1764, et on y entreprend de grands travaux de rénovation en 1765. Propriété de Jean-Nicolas Dufort de Cheverny pendant la Révolution française, le château est épargné. Après être passé par les mains des banquiers Germain, il est racheté au début du premier Empire par Julien Guillot, ancien filateur au Portugal, qui l’a cédé en viager à Anne-Victor Hurault, marquis de Vibraye en 1825.

En 1922, le marquis de Vibraye, propriétaire des lieux, ouvre le château au public ; la famille y habite toujours et le château de Cheverny est devenu l’un des châteaux de la Loire les plus visités, renommé pour ses intérieurs riches et sa collection d’objets d’art et de tapisseries. Le château reçoit la visite d’Elizabeth Bowes-Lyon, reine-mère d’Angleterre en 1963.

Depuis 2001, le château héberge une collection relative à Tintin dans les greniers à fourrage (dessins en trompe-l’œil extraits des bandes-dessinées) ainsi qu’un rallye automobile, au départ du Mans, sur le thème des voitures représentées dans les albums. En 2014, le château accueille 300 000 visiteurs, dont 85 000 lors de l’« Exposition Tintin ».

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Source : Wikipédia, Youtube.