Le Château de Caernarfon (Grande-Bretagne).

Le château de Caernarfon (Castell Caernarfon en gallois, Caernarfon  Castle en anglais) est un château fort situé à Caernarfon, dans les Galles du Nord, au Royaume-Uni. Le site abrite une motte castrale dès le XIe siècle, mais c’est après la conquête du pays de Galles par le roi anglais Édouard Ier, à la fin du XIIIe siècle, que débute la construction du château actuel. Il s’agit d’une forteresse imposante, conçue comme un symbole de l’autorité anglaise sur une région nouvellement conquise.

Les travaux sur le château, interrompus par une révolte galloise en 1294-1295, durent jusqu’en 1330. Il est assiégé à plusieurs reprises durant la révolte d’Owain Glyndŵr au début du XVe siècle, puis lors de la Première guerre civile anglaise au milieu du XVIIe siècle. Il est ensuite négligé jusqu’à la fin du XIXe siècle, lorsque le gouvernement britannique finance une campagne de restauration. Le château est aujourd’hui géré par l’organisme public gallois Cadw et constitue une importante attraction touristique. Il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1986, au sein du site « Châteaux forts et enceintes du roi Édouard Ier dans l’ancienne principauté de Gwynedd ».


Le premier site fortifié de Caernarfon remonte à l’époque romaine : il s’agit du fort de Segontium, situé à l’extérieur de la ville moderne, sur les berges de la Seiont. Il s’agit d’un emplacement sûr, que la rivière permet de ravitailler facilement. Le nom de Caernarfon provient de ce fort romain : en gallois, ce lieu avait pour nom « y gaer yn Arfon », c’est-à-dire « la forteresse sur la terre face à Môn », Môn étant le nom gallois de l’île  d’Anglesey. Le sort de l’établissement romain de Segontium après le départ des légions romaines de Grande-Bretagne, au début du Ve siècle, est inconnu.

Après la conquête normande de l’Angleterre, l’attention de Guillaume le Conquérant se tourne vers le pays de Galles. Dans le Domesday Book, compilé à la fin de son règne, les Galles du Nord sont placées sous le commandement théorique de Robert de Rhuddlan. Celui-ci est tué par les Gallois en 1088, après quoi son cousin, le comte de Chester Hugues d’Avranches, rétablit l’autorité normande dans la région en y fondant trois châteaux : un dans le Meirionnydd, à un emplacement inconnu ; un à Aberlleiniog, sur l’île d’Anglesey ; et un dernier à Caernarfon.

Situé sur une péninsule délimitée par la Seiont et le détroit de Menai, ce château est une motte castrale défendue par une palissade en bois et des ouvrages de terre. La motte en elle-même est intégrée par la suite au château édouardien, mais l’emplacement exact de la basse-cour est incertain ; elle pourrait s’être trouvée du côté nord-est de la motte. Des fouilles menées au sommet de la motte en 1969 n’ont révélé aucune trace d’occupation médiévale, bien qu’elle ait vraisemblablement été surplombée d’un donjon en bois.

La région du Gwynedd, avec le château de Caernarfon, retombe aux mains des Gallois en 1115. Des documents d’époque indiquent que le prince Llywelyn le Grand et son petit-fils Llywelyn le Dernier y ont parfois résidé.

Le roi anglais Édouard Ier envahit le pays de Galles pour la deuxième fois en 1282. Il envahit les Galles du Nord, s’empare de châteaux gallois, comme celui de Dolwyddelan et en construit de nouveaux, comme celui de Conwy. Après la mort de Llywelyn le Dernier, en décembre 1282, son frère Dafydd poursuit brièvement la résistance, mais sa dernière forteresse, le château de Dolbadarn, tombe aux mains des Anglais en mai 1283. Édouard entreprend peu après la construction de nouveaux châteaux à Harlech et à Caernarfon. Ces forteresses, les plus imposantes jamais construites jusqu’alors dans la région, participent à la consolidation de la domination anglaise. Leur construction est supervisée par le maître architecte savoyard Jacques de Saint-Georges.

Outre le château, Caernarfon acquiert à la même période une enceinte fortifiée et un nouveau port. La première mention de travaux à Caernarfon date du 24 juin 1283, lorsqu’une tranchée séparant le site du château de la ville est creusée. Durant les travaux, le site du château est protégé par un bretagium, une sorte de palissade en bois si imposante qu’elle requiert l’envoi de poutres d’aussi loin que Liverpool. La pierre utilisée pour le château même est en revanche extraite sur place, autour de la ville et sur l’île d’Anglesey. Plusieurs centaines d’ouvriers sont mis à contribution pour creuser les douves et les fondations du château. Au fur et à mesure de l’avancée du chantier, celui-ci empiète sur la ville en elle-même, et des maisons sont détruites pour laisser place à la forteresse. Leurs habitants n’obtiennent de réparations financières qu’au bout de trois ans.

Le 11 ou le 12 juillet 1283, le roi Édouard Ier et son épouse Éléonore de Castille arrivent à Caernarfon pour une visite qui dure plus d’un mois. Des appartements royaux en pans de bois sont édifiés pour les accueillir. Les travaux se poursuivent durant l’hiver 1283-1284, à un rythme inconnu. Il est possible que la Tour de l’Aigle (Eagle Tower) ait été achevée au moment de la nouvelle visite d’Édouard et Éléonore à Caernarfon, à Pâques 1284. D’après la tradition, leur fils Édouard II y serait né le 25 avril. En vertu du statut de Rhuddlan, qui entre en vigueur le 3 mars, Caernarfon devient un borough et le siège du comté de Gwynedd. La garnison du château comprend alors quarante hommes, soit davantage qu’à Conwy et à Harlech, qui sont défendus par trente hommes. L’importance de Caernarfon justifie une garnison importante même en temps de paix, là où les autres forteresses se contentent de quelques gardes.

L’enceinte de Caernarfon est terminée en 1285, mais les travaux se poursuivent sur le château. En 1292, date à laquelle les comptes détaillés s’arrêtent, le coût des fortifications de Caernarfon (château et enceinte) s’élève à 12 000 £. C’est la muraille sud du château qui est la plus avancée, car elle fait partie du circuit défensif de la ville au même titre que l’enceinte, tandis que la construction de la muraille nord est planifiée pour plus tard.

Une révolte galloise menée par Madog ap Llywelyn éclate en 1294. En tant que siège et symbole de l’autorité anglaise dans le Gwynedd, Caernarfon constitue une cible de choix pour les rebelles. La ville tombe entre leurs mains au mois de septembre, au prix de dégâts importants à l’enceinte. Le château, qui n’est défendu que par un fossé et une barricade improvisée, ne tarde pas à tomber à son tour. Les rebelles mettent le feu au château, et l’incendie se propage dans la ville, causant des dégâts importants. La révolte est matée dès l’année suivante, et des travaux de réparation débutent au mois de novembre. Une fois l’enceinte reconstruite, les ouvriers se consacrent au château : il s’agit non seulement de réparer les dommages causés par les Gallois, mais aussi d’achever les travaux abandonnés en 12927. Cette nouvelle phase est supervisée par Walter de Hereford, car Jacques de Saint-Georges est parti s’occuper du château de Beaumaris, sur Anglesey10. À la fin de l’année 1301, le montant des travaux, qui ont principalement eu pour objet la muraille et les tours du côté nord du château, s’élève à 4 500 £. Les comptes pour la période allant de novembre 1301 à septembre 1304 sont perdus ; il est possible que les travaux aient été interrompus, l’attention d’Édouard Ier ayant été accaparée par les affaires écossaises11. On sait néanmoins que Walter de Hereford se trouve à Carlisle en octobre 1300 et qu’il reste dans le nord de l’Angleterre jusqu’à la reprise des travaux à Caernarfon, à l’automne 1304. Il meurt en 1309, et la charge de maître maçon revient alors à son adjoint Henry d’Ellerton.

Les travaux sur le château se poursuivent à un rythme régulier jusqu’en 133011. Entre 1284 et cette date, leur coût total (en comptant l’enceinte) est estimé entre 20 000 et 25 000 £, une somme colossale, bien supérieure au prix des grands châteaux des siècles précédents comme Douvres ou Château-Gaillard. Malgré cela, une partie des plans n’est jamais concrétisée : l’arrière des portes n’est pas achevé, et les fondations intérieures du château portent la trace de bâtiments qui n’ont jamais été édifiés. Le château a alors quasiment atteint sa forme définitive, les ajouts ultérieurs étant de moindre importance.

L’organisation territoriale des Galles du Nord mise en place par Édouard Ier reste en place pendant près de deux siècles, période durant laquelle Caernarfon constitue la capitale de facto de la région, avec une garnison permanente au château. Les tensions entre Anglais et Gallois éclatent au grand jour au début du XVe siècle avec la révolte d’Owain Glyndŵr. Les rebelles gallois assiègent la ville et le château de Caernarfon en 1401, et une bataille oppose les défenseurs de la ville aux assaillants à Tuthill au mois de novembre. Caernarfon, qui dispose alors d’une garnison d’une trentaine d’hommes, est à nouveau assiégé par les Gallois, avec le soutien de troupes françaises, en 1403 et 1404.

L’avènement de la maison Tudor sur le trône d’Angleterre, en 1485, inaugure une nouvelle période de l’histoire du pays de Galles. Les Tudor étant d’origine galloise, leur arrivée au pouvoir marque le début d’un apaisement dans les relations anglo-galloises, ce qui réduit l’importance stratégique des châteaux comme celui de Caernarfon. Ils ne sont plus entretenus et commencent à tomber en ruine au début du XVIe siècle. L’enceinte et le château de Caernarfon restent en meilleur état que d’autres, mais les parties nécessitant un entretien régulier se dégradent : les toits sont pleins de gouttières et les poutres de bois pourrissent. En 1620, seule la Tour de l’Aigle et la Porte du Roi possèdent encore un toit, et tous les matériaux de valeur (verre, fer) ont été arrachés dans les pièces à vivre. Malgré cela, les défenses du château restent en assez bon état pour accueillir une garnison royaliste, menée par le connétable John Byron, durant la Première guerre civile anglaise, au milieu du XVIIe siècle. Caernarfon subit trois sièges durant ce conflit, jusqu’à sa reddition aux parlementaires en 1646.

Le démantèlement du château et de l’enceinte de Caernarfon est ordonné en 1660, mais les travaux cessent très rapidement, à moins qu’ils n’aient tout simplement jamais commencé. Bien qu’il ait ainsi échappé à la destruction, le château est négligé jusqu’aux années 1870, lorsque le gouvernement britannique commence à financer des travaux de restauration supervisés par Llewellyn Turner. Celui-ci prend des décisions controversées : il choisit notamment de reconstruire plutôt que de préserver la maçonnerie existante. Les escaliers, les toits et les créneaux sont réparés, tandis que les bâtiments construits sur la motte au nord du château sont rasés afin de dégager la vue, malgré les protestations de leurs propriétaires. Le château est protégé depuis 1908 par le Bureau des Travaux et ses successeurs. En 1911, il accueille la cérémonie d’investiture du prince de Galles Édouard, fils aîné de George V. C’est la première fois que cette cérémonie a lieu à Caernarfon, sur l’initiative du chancelier de l’Échiquier David Lloyd George, originaire de la région. En 1969, le prince Charles est à son tour investi du titre à Caernarfon.

Propriété de la Couronne depuis sa fondation, le château est actuellement géré par l’organisme public Cadw. Il abrite également le musée des Royal Welch Fusiliers. Il entre au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1986 avec d’autres fortifications galloises au sein du site « Châteaux forts et enceintes du roi Édouard Ier dans l’ancienne principauté de Gwynedd ». C’est aujourd’hui une attraction touristique importante, qui a attiré plus de 195 000 visiteurs en 2015.

Source : Wikipédia.

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