Le chamois.

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Le chamois (Rupicapra rupicapra) est une espèce de mammifères de la famille des Bovidés et de la sous-famille des Caprinés. Les six sous-espèces reconnues vivent dans les zones rocheuses, les forêts et pâturages de montagnes, depuis les Alpes jusqu’à l’Anatolie et l’Azerbaïdjan, en passant par les Vosges, le Jura, le Massif central4, les Balkans et les Carpates.

L’isard, une espèce voisine appartenant au même genre Rupicapra, vit dans les Pyrénées, la cordillère Cantabrique et les Apennins italiens.


Ce sont les plus petits représentants des caprinés (comprenant les mouflons et bouquetins). Ils mesurent en général pour les mâles adultes entre 125 et 135 centimètres du museau à la queue, entre 70 et 80 centimètres de haut au garrot. Il a des cornes d’environ 27 centimètres pour le mâle. Le poids est compris entre 22 et 40 kilogrammes. Les femelles leur sont presque toujours inférieures en poids et en taille. Les animaux ont un poids maximum en automne, alors qu’ils ont accumulé des réserves durant l’été. À la fin de l’hiver, le poids des chamois peut diminuer de moitié, et au début du printemps ils épuisent leurs réserves.

Chamois, carte maximum, Albanie, 1990.

Les chamois peuvent vivre jusqu’à 25 ans, mais peu dépassent 15 ou 16 ans. À partir de 10 ans commence la sénescence ou vieillesse. Leur poids diminue et cela jusqu’à leur mort. Les poils ne sont plus autant colorés, ils arborent une teinte grisâtre. Alors augmente également le taux de mortalité qui croît encore entre 14 et 15 ans. Le facteur le plus déterminant est l’usure des dents, car il conditionne la prise de nourriture, ainsi peu d’animaux peuvent dépasser 21-22 ans. Comme chez les humains, les femelles ont une plus grande espérance de vie. Les cabris ont entre 50 et 70 % d’espérance de vie en hiver et d’environ 90 % en été.

Ils aiment les plantes herbacées qu’ils trouvent dans leurs biotopes. Grâce à un étalement de la germination dans le temps, la nourriture est disponible longtemps. Elle est très riche en matières nutritives, de plus ils ne consomment parfois qu’une partie de la plante. Ils mangent principalement les graminées et les fleurs telles les iris, les jonquilles, et les gentianes. En été, les légumineuses (trèfles des Alpes) constituent le plat principal des chamois. Il est à noter que le D. grandiflorum est nommé par les Allemands Gemsengras ou « herbe à chamois ». Quelquefois, ils peuvent aussi manger du feuillage, des arbustes, voire des baies.

Leur nourriture est disponible en forêt, ou sur les versants escarpés et ils n’hésitent pas à descendre à la limite des neiges en hiver. Il leur faut parfois gratter la neige pour libérer quelques herbes. Genévrier, serpolet, bruyère, houx, if et lierres sont les mets des chamois en hiver. En cas de pénurie, il y a encore le rhododendron très rêche et coriace, ou même l’écorce des arbres.

Comme tous les ruminants, les chamois ont une nécessité physiologique de manger du sel (principalement au printemps). Ils le trouvent dans des salines naturelles, mais ne dédaignent pas les pierres à sel des bergers. Le sel peut atténuer les troubles dus au changement rapide de régime alimentaire au printemps ou peut-être pallie-t-il une carence en sels minéraux à la suite de l’hiver.

Les chamois ne boivent presque jamais d’eau. Ils la trouvent en grande quantité dans les plantes qu’ils ingurgitent. Quelquefois à la fin des poursuites du rut ou en été par grande chaleur, les boucs mangent de la neige. Les chamois évitent d’instinct les zones exposées au soleil, ce qui réduit les pertes en eau, et leur permet de trouver leurs plantes préférées.

On croit souvent que les chamois se cantonnent à la haute montagne, ce qui est faux. Dans les Alpes, ils sont en fait repoussés par l’homme à l’étage alpin. L’altitude qu’ils affectionnent le plus est la zone des forêts et la partie inférieure des zones pastorales, entre 800 et 2 300 mètres. Plus haut, ils sont limités par la présence plus rare des pelouses alpines, inexistantes au-dessus de 3 000 mètres : il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’herbivores. L’absence d’herbe ne les empêche pas d’effectuer des incursions à haute altitude : on en a repéré à plus de 4 750 mètres, juste sous le sommet du Mont Blanc. Vers le bas, ils sont limités principalement par l’homme et ses constructions. En l’absence de celui-ci, il peut s’établir à des altitudes extrêmement basses, comme dans le Jura, dans les Vosges du Sud ou le plateau suisse, jusque vers 600 mètres.

Bien plus que l’altitude, c’est le relief qui conditionne l’établissement du chamois. Partout où il est présent, on remarque un relief plus ou moins accidenté. Il n’y a aucun exemple de chamois vivant en terrain plat ou dépourvu de zones rocheuses. Bien qu’il puissent utiliser leur cornes pour se défendre, les chamois préfèrent de loin la fuite. Leur rapidité et leur agilité sur le rocher n’ont en effet que peu d’égal. Ils se sont parfaitement adaptés à la rocaille, aux falaises et terrains escarpés : la configuration de leurs membres et de leur sabots, la puissance de leur cœur, la quantité de globules rouges de leur sang, leur capacité pulmonaire en témoignent. Aussi cherchent-ils un relief accidenté pour assurer leur sécurité. De plus, l’herbe d’altitude est de meilleure qualité : elle peut contenir jusqu’à 50 % de protéines et 100 % de phosphore de plus qu’en plaine.

Le chamois peut vivre dans une grande diversité de climats, avec des moyennes de températures hivernales de −10 °C et des maximums estivaux de 25 °C ; les précipitations s’échelonnent de moins de 1000 à plus de 3 000 millimètres annuels. Des populations de Nouvelle-Zélande peuvent essuyer des pointes de 8 500 millimètres par an dans certains secteurs.

Les chamois sont très bien protégés du froid par leur naseaux velu, leur queue courte qui limitent en hiver une perte trop importante d’énergie et leur épaisse fourrure hivernale : une température de −25 °C les laisse parfaitement indifférents.

En revanche, on observe qu’ils fréquentent les ubacs et autres zones relativement ombragées. On pourrait en déduire qu’ils n’aiment pas la chaleur. Mais en fait, ce comportement sert à limiter les pertes d’eau. Ils ne boivent en effet qu’exceptionnellement, se contentant de l’eau de rosée déposée sur l’herbe, ou d’un peu de neige. Des analyses alimentaires tendent à confirmer cette hypothèse. Si température et précipitations ne semblent pas gêner le chamois outre mesure, il en va autrement de la neige, surtout si elle est abondante, car elle les contraint à des efforts accrus alors que la nourriture se fait rare. Bien que le climat ne soit pas déterminant dans l’installation dans une région, il influence fortement ses habitudes et sa manière d’utiliser l’espace.

Tous les habitats de chamois, sans exceptions, comprennent au moins un secteur forestier, qui leur offre gîte, couvert et protection. Contrairement à une idée reçue, certains chamois vivent toute l’année dans la forêt (populations sylvicoles), contrairement aux populations rupicoles, qui passent leur étés et automnes plus haut que celle-ci.

Les chamois se regroupent par bandes appelées hardes. Une harde se compose en premier lieu du mâle appelé bouc, vivant en solitaire de juin à octobre. Durant la période des amours – le rut – dès le mois d’octobre, il se met dans tous ses états et devient très agressif envers les autres chamois. Il peut aller jusqu’à charger un homme en le confondant avec un chamois, l’évitant lorsqu’il se rend compte de sa méprise.

Dans le groupe, on trouve également la femelle, appelée chèvre. Au mois de juin, elle quitte la harde pour aller s’isoler sur d’étroites falaises herbeuses et mettre au monde un cabri qu’elle élèvera jusqu’à l’âge d’un an.

Le cabri est aussi appelé chevreau. Il ne quitte jamais sa mère et lorsque cela se produit, la chèvre le rappelle auprès d’elle par un bêlement sourd et rauque. Si c’est lui qui la perd, il émet un chuintement bêlé auquel elle répond. Les cabris sont très joueurs, ils se poursuivent, font des cabrioles, glissent sur les névés. Après 20 jours, des bosses annoncent l’arrivée des cornes. Un cabri ne peut se passer de sa mère qu’après quatre mois, sinon il risque la mort, à moins de se faire adopter par une autre femelle. Mais, l’adoption est un phénomène très rare chez les chamois.

L’éterlou qui est un chevreau mâle d’une année vit encore avec sa mère, tout comme l’éterle, la femelle d’un an.

La dernière bête composant la harde est la bréhaigne, celle-ci est une vieille femelle stérile.

Quand le bouc est à plusieurs mètres de la femelle, il a une attitude dominatrice. Il essaie de se rendre le plus imposant possible en se redressant sur ses pattes avant, la tête en arrière, la crinière hérissée, tambourinant des pattes avant.

La femelle est le plus souvent effrayée et s’enfuit au galop, le bouc la poursuit. Le plus souvent celle-ci est accompagnée de son chevreau qui pleurera de ne pas réussir à les suivre. Ce comportement va gêner le mâle qui menacera le petit pour qu’il parte. La mère rejoint alors son petit et le mâle devra recommencer son approche.

Pour arriver à accoupler la chèvre, le mâle la poursuit parfois jusqu’à son épuisement, alors elle ne pourra plus le refuser. Dans des cas extrêmes, ils se mettent à deux l’un l’empêchant de s’enfuir et l’autre l’accouplant.

Dès que celle-ci a accepté, le mâle abandonne son attitude dominatrice et devient soumis : tête baissée, crinière aplatie, menton levé, queue parfois relevée. Il avance à pas saccadés en faisant deux pas rapides puis un net arrêt, il lève le cou et la patte…et recommence jusqu’à ce qu’elle soit convaincue. On reconnaît l’acceptation de la femelle lorsqu’elle s’accroupit en penchant la tête en avant. Il arrive que certaines soient totalement désintéressées et continuent à brouter durant le coït.

L’acte sexuel dure 4 à 6 secondes. Il arrive que plusieurs mâles s’accouplent avec la même femelle et ceux-ci procèdent à plusieurs saillies sur la même chèvre. Les mâles sont polygames. La maturité sexuelle des chamois est atteinte à partir de 18 mois pour les deux sexes, mais les mâles n’accèdent généralement au rut qu’à 3 ou 4 ans. Après la période de rut, les mâles sont généralement très fatigués et retournent à leur solitude, dormant beaucoup. Si l’hiver est précoce et trop rude, il arrive à certains boucs de mourir d’épuisement. Les mâles dominants qui ont plus de succès peuvent perdre jusqu’à 25 % de leur poids habituel entre le début novembre et la fin décembre.

Le temps de gestation est de 24 à 25 semaines, environ 170 jours, et la mise bas a lieu en fin mai, début juin. La femelle n’a qu’un chevreau à la fois, les jumeaux sont rares. À cette époque, la mère se sépare de son chevreau de l’année précédente. Pour cette séparation, elle doit parfois employer ses cornes car il ne comprend pas pourquoi son départ est désiré. La femelle libérée s’isole pour mettre bas.

La mise bas est très rapide. Dès que cela est fait, la mère allaite et lèche le nouveau-né jusqu’à ce qu’il soit complètement sec. Le nouveau-né s’appelle le cabri. Généralement elle recherche un endroit difficile d’accès pour assurer sa tranquillité. Mais il arrive que l’accouchement se déclare prématurément, dans ce cas là, elle risque de mettre bas dans un endroit très dégagé ce qui peut être un danger pour le chevreau vis-à-vis des prédateurs.

À sa naissance, le jeune chamois mesure environ 50 cm de longueur et 35 cm au garrot ; son poids est de 2 à 2,7 kg. Après quelques heures, il est déjà capable de se tenir debout. Une semaine après, les deux rejoignent le troupeau. Assez rapidement le petit se met à jouer avec les autres de la harde.

Le lait est extrêmement nourrissant et permet au nouveau-né de prendre une centaine de grammes par jour en moyenne. Après deux mois il pèse entre 9 et 10 kilogrammes et broute déjà. À partir de 3 mois, la mère ne voudra plus l’allaiter, mais il sera complètement sevré à la période du rut qui suivra. Il aura alors atteint la moitié du poids d’un adulte. Les orphelins ne sont jamais adoptés par une femelle ayant déjà un petit et il est rare qu’une femelle adopte un chevreau. La plupart du temps, ceux-ci sont condamnés à disparaître.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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