Le centre national d’études spatiales CNES.

Le Centre national d’études spatiales (CNES) est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) chargé d’élaborer et de proposer au gouvernement français le programme spatial français et de le mettre en œuvre. Le CNES dispose d’un budget de 2,438 milliards d’euros en 2018, ce qui reste le plus important en Europe (38 à 39 euros par habitant en 2018). Il inclut la part reversée à l’Agence spatiale européenne, dont le CNES est le plus gros contributeur (965 millions d’euros en 2018), qui est consacrée

essentiellement aux missions scientifiques (astronomie, exploration du système solaire, étude de la Terre) et aux investissements dans les lanceurs. La part investie directement par le CNES porte dans l’ordre d’importance sur les lanceurs et la gestion de la base de lancement de Kourou (324 M€, 17 %), les missions militaires (269 M€, 14 %), scientifiques (167 M€, 9 %), l’étude de la Terre généralement dans le cadre de coopérations binationales (120 M€, 6 %), les développements autour des satellites de télécommunication et de navigation par satellite (42 M€, 2 %). Le CNES est placé sous la tutelle conjointe des ministères de la Recherche et des Armées.

Le CNES a été créé à l’initiative du président Charles de Gaulle le 19 décembre 1961 afin de fournir une structure chargée de coordonner et animer les activités spatiales françaises centrées à l’époque sur le développement du lanceur-fusée Diamant. Le CNES est toujours en 2018 l’agence spatiale nationale la plus importante des pays de l’Union européenne.

CNES, carte maximum, Toulouse, 15/05/1982.

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés s’intéressent aux travaux réalisés par les Allemands sur les fusées et chaque pays s’efforce de collecter un maximum d’informations techniques et de s’adjoindre l’aide de techniciens allemands ayant travaillé sur les V2. Pour la France, c’est le LRBA (Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques) qui est chargé de mettre au point les premiers engins aboutissant à la fusée-sonde Véronique. Ces développements intéressent à la fois les scientifiques et les militaires. La guerre froide, le lancement de Spoutnik et la politique d’indépendance du Général De Gaulle placent bientôt la recherche spatiale dans les priorités du Gouvernement.

En 1959 est formé le Comité de Recherches Spatiales (CRS) chargé de coordonner les activités spatiales françaises. La même année, l’industrie aérospatiale crée la SEREB (Société pour l’étude et la réalisation d’engins balistiques) dont les réalisations militaires (Programme Pierres précieuses) aboutiront à la fusée Diamant, premier lanceur spatial français. Pour mener un véritable programme spatial, il manque un organe de coordination et d’animation. Il est créé le 19 décembre 1961 sous la forme d’un établissement public dénommé Centre national d’études spatiales (CNES). Sa première mission est de placer la France dans le club des puissances spatiales aux côtés de l’URSS et des États-Unis. Cet objectif est atteint le 26 novembre 1965 avec le lancement de Diamant A depuis le Centre interarmées d’essais d’engins spéciaux à Hammaguir (Algérie).

De 1961 à 1981, le CNES sera le moteur de l’Europe spatiale. Durant ces années, les structures indispensables à un programme spatial sont mises en place : lanceurs, satellites, ensemble de lancements, centres d’opérations et réseau de stations de contrôle, laboratoires, etc. alors que les autres États européens ont de fortes réticences pour s’engager. Parallèlement, une industrie spatiale compétente et dynamique voit le jour en France.

Dans les années 1980, l’Agence spatiale européenne (ASE, « European Space Agency » (ESA) de son nom anglais) que le CNES a contribué à créer et qu’il a dotée de la fusée Ariane devient une grande agence et de nombreux programmes à vocation internationale lui sont confiés. Le CNES représente la France à l’ESA et il recadre avec succès ses activités sur un programme national ambitieux beaucoup plus tourné vers les applications.

Dès 1974, le budget français consacré à l’espace (10 % du budget de recherche) est attribué majoritairement aux programmes européens. Ceci a pour conséquence le gel de plusieurs projets du CNES (Dialogue, Géole, Centre spatial guyanais, Diamant B-P4) et le transfert progressif vers l’ESA de programmes internes (Météosat, Ariane). Le CNES vit une période socialement et techniquement difficile. En quelques années, il va accomplir sa mutation grâce à l’équipe de direction menée par le Président Hubert Curien et le Directeur général Yves Sillard.

En 1977, les directives du Gouvernement mettent l’accent sur les missions prioritaires de l’établissement qui sont notamment :

  • Qualifier le plus rapidement possible la fusée Ariane et lancer sa production dans le cadre de l’Agence spatiale européenne. Le CNES finance les deux tiers du programme et assume par délégation la Direction industrielle pour le développement et la production.
    Cet objectif est atteint le 24 décembre 1979 avec le lancement réussi d’Ariane 1 de la base de Kourou. Le lanceur est amélioré plusieurs fois pour aboutir à Ariane 4 qui assure très vite la majorité des lancements commerciaux. Jusqu’à 2003, 144 Ariane de ces premières générations ont été lancés (dont 116 Ariane 4) avec un taux de succès exceptionnel. Ariane 5, plus puissant, est étudié pour prendre la suite.
  • Faire l’étude interne d’un programme national de satellites d’observation de la Terre.
    Ce sera le projet de satellite SPOT dont l’étude est réalisée au Centre spatial de Toulouse. Il semble bien que ce soit une compensation donnée aux équipes d’ingénieurs de Toulouse que la nouvelle politique a laissés sans programme majeur. La décision est néanmoins judicieuse puisque SPOT va devenir un programme phare du CNES. Cinq satellites ont déjà été lancés et le service est opérationnel depuis 1986. Les satellites militaires Helios sont dérivés des SPOT de dernières générations.
  • Contribuer à la création de structures nationales permettant à la France d’aborder dynamiquement les marchés à l’exportation qui se profilent.
    Le programme spatial français et très vite le programme européen ont permis à l’industrie de développer des compétences dans le domaine des équipements composant les lanceurs et les satellites et aussi dans la maîtrise d’œuvre de ces ensembles complexes. Le CNES, maître d’ouvrage, a contribué à l’acquisition de ces compétences et il poursuit cette action notamment sur la Qualité-Fiabilité, les procédures de Management et la formation des jeunes ingénieurs aux techniques spatiales.

En télécommunications, malgré le succès de Symphonie, on n’envisage pas de poursuivre un effort national. On appuiera l’Europe et son programme ECS pour prendre en charge les radiocommunications (téléphone, télévision, transmission de données).
Cette décision est revue quelques années plus tard à la demande de la DGT et de TDF souhaitant garder leur autonomie dans ce secteur très concurrentiel. Le CNES lance alors au profit et selon les directives de ces administrations les programmes TELECOM et TDF. Sept satellites Télécom de deux générations sont lancés entre 1984 et 1996. Deux satellites de télévision TDF sont mis en orbite en 1988 et 1990. Dès la fin des années 1980, l’aspect commercial prend le dessus et ce sont les opérateurs qui passent commande à l’industrie (Astra, Eutelsat…).

Les activités du CNES en faveur de la recherche scientifique ne diminuent pas, mais les réductions de budget orientent les réalisations vers des programmes en coopération et vers des expériences embarquées sur des satellites de la NASA, de l’URSS et de l’ESA. On retiendra deux projets marquants qui sont Argos et TOPEX-Poséidon. Un programme très actif de fusées sondes et de ballons stratosphériques et troposphériques est poursuivi. Il permet aux laboratoires scientifiques de poursuivre leurs recherches et de maintenir des équipes compétentes.

Les années 1980 sont enfin pour le CNES le début des vols habités en coopération avec l’URSS (Jean-Loup Chrétien en 1982) puis les États-Unis (Patrick Baudry en 1985), ouvrant la voie à la médecine spatiale. C’est aussi l’engagement d’études et de travaux pour réaliser la navette Hermès qui doit être mise en orbite par le futur lanceur européen Ariane 5. Hermès, qui mobilise les efforts pendant huit ans, est finalement abandonné en 1993 alors que la recherche spatiale a perdu de son importance avec la fin de la Guerre froide et que la commercialisation des satellites d’application est bien établie. De nombreuses missions de spationautes du CNES se succèdent dans les années 1990, aussi bien sur la navette américaine que sur la station spatiale russe Mir.

Pour le grand public, le CNES a un nom difficile à retenir et des activités mal connues. C’est pourquoi derrière ce sigle ont toujours été ajoutés quelques mots résumant l’image que l’Établissement souhaite donner de sa mission. Ce fut « Pour un Espace utile » quand sont apparues les premières applications, bientôt changé en « L’Espace au service de l’Homme » pour personnaliser le message. Quand vers 1990 l’accent a été mis sur les problèmes climatiques et la pollution, le CNES a annoncé « L’Espace au service de la Terre ». Ce thème a peu changé puisqu’en 2008, le CNES propose De l’Espace pour la Terre. Le CNES affiche ainsi une mission de service public en plus de son rôle de préparation et de mise en œuvre de la politique spatiale de la France au sein de l’Europe. Le siège du CNES est situé à Paris, et ses services définissent les grandes orientations stratégiques de l’entreprise et les programmes prioritaires.

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Sources : Wikipédia, YouTube.