Le Capitaine Haddock.

Archibald Haddock, généralement appelé le capitaine Haddock, est  un personnage de fiction des Aventures de Tintin de Hergé. Apparu tardivement dans la série, dans Le Crabe aux pinces d’or (1941), il en devient un des personnages principaux, le meilleur ami de Tintin, qu’il accompagne ensuite dans chacune de ses aventures.

Capitaine au long cours, Haddock est l’archétype du marin, reconnaissable à son pull à col roulé bleu frappé d’une ancre au milieu de la poitrine, à sa  casquette et à sa barbe foisonnante. Impulsif et colérique, il exprime sa mauvaise humeur à travers les nombreux jurons qui le caractérisent, mais c’est avant tout un homme au cœur tendre qui refuse l’injustice et se montre toujours prêt à aider ses amis. Plus que ses colères, l’alcoolisme est son principal défaut. Grand amateur de whisky, il lui arrive d’en consommer jusqu’à ne plus obéir qu’à ses pulsions, ce qui peut le conduire à des crises de dépression ou de folie furieuse, qu’il regrette amèrement ensuite. Dans sa première aventure, il est en constant état d’ébriété et sous la domination de son propre équipage, mais il gagne en respectabilité au contact de Tintin, sans toutefois parvenir à se défaire de sa dépendance.

Le capitaine est l’un des rares personnages de la série qui soit doté d’un passé. Le diptyque formé par Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge le mène sur les traces de son ancêtre, le chevalier François de Hadoque, et offre à la « famille de papier » qui se met en place autour de Tintin un nouveau lieu d’attache, le château de Moulinsart, ce qui confère au capitaine un double rôle de fédérateur et de catalyseur des Aventures. Par son visage expressif et tourmenté, Haddock apparaît comme le « négatif » du héros trop lisse incarné par Tintin. Il apporte une certaine humanité dans la série, à laquelle le lecteur s’identifie plus facilement.

Sa maladresse et sa propension à s’exposer au danger font du capitaine une source inépuisable d’effets comiques, mais un comique involontaire qui fait d’abord rire à ses dépens. De chutes en collisions, il déclenche une série de catastrophes qui sont parfois un support au comique de répétition. Les relations qu’il noue avec les autres personnages au fil des aventures  forment autant de duos comiques. Il cherche par exemple à fuir à tout prix l’assureur Séraphin Lampion, le jeune prince Abdallah ou la cantatrice Bianca Castafiore. Avec cette dernière, il entretient des rapports ambigus, mélange d’angoisse, d’attirance et de répulsion dans lequel certains spécialistes de l’œuvre d’Hergé analysent des symboles érotiques.

Le capitaine Haddock est incarné à l’écran par Georges Wilson dans Tintin et le Mystère de La Toison d’or (1961), Jean Bouise dans Tintin et les  Oranges bleues (1964) et Andy Serkis dans Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (2011), tandis que de nombreux comédiens lui prêtent leur voix dans des adaptions radiophoniques ou des séries d’animation. En 2015, il est incarné à l’opéra par Michel de Warzée.


Archibald Haddock est un capitaine de navire au long cours. Vêtu d’un pull à col roulé bleu frappé d’une ancre au milieu de la poitrine, il porte une casquette de marin, une barbe et d’épais cheveux noirs, et parfois une pipe2. Le capitaine Haddock est l’un des seuls personnages de la série à être doté d’une famille. Il évoque sa mère dès sa première rencontre avec Tintin, tandis que son aïeul, le chevalier François de Hadoque, est le capitaine de La Licorne, un vaisseau de ligne de troisième rang de la flotte de Louis XIV. La ressemblance physique entre les deux personnages rend incontestable leur filiation, bien que leurs patronymes diffèrent légèrement et que le capitaine ait abandonné la particule.

Personnage bourru doté d’un caractère insoumis, il est aussi maladroit qu’impulsif. Son tempérament se manifeste à travers ses invectives et les nombreux jurons qu’il profère, mais son cœur tendre se révèle quand il se prend de pitié pour les esclaves africains dans Coke en stock ou qu’il invite des romanichels à s’installer chez lui dans Les Bijoux de la Castafiore. Plus que ses colères, son penchant pour l’alcool, et plus particulièrement le whisky, est son principal défaut. Quand Tintin le rencontre, c’est un ivrogne manipulé par son propre équipage : son second, le lieutenant Allan  Thompson, le fournit en alcool pour exercer, de fait, le commandement du navire et mener sans être inquiété un trafic de stupéfiants. Au contact de Tintin, le capitaine gagne en respectabilité et en estime de soi. Il est même élu président de la Ligue des marins antialcooliques dans L’Étoile mystérieuse, ce qui ne l’empêche pas de faire embarquer plusieurs caisses de whisky à bord de son navire.

Le château de Moulinsart (vision d’artiste) et son modèle de Cheverny.
À la fin du Trésor de Rackham le Rouge, il s’installe au château de Moulinsart, la demeure de son ancêtre le chevalier de Hadoque qu’il parvient à racheter grâce à l’argent du professeur Tournesol.

Du fait de cette nouvelle aisance financière et de ce nouveau statut, Haddock succombe, au moins pour un temps, à une certaine élégance. Dans Les Sept Boules de cristal, il apparaît dans ses nouveaux habits de châtelain : veste de tweed, gilet, monocle et lavallière. Il s’adonne, sans succès, à l’équitation et conduit Tintin au music-hall en costume complet. Il possède également une voiture de luxe, une Lincoln-Zephyr de couleur jaune.

Les membres de sa famille ne sont pas les seuls éléments connus du passé du capitaine. Dans L’Étoile mystérieuse, il rencontre dans le port  d’Akureyri le capitaine Chester, avec lequel il dit avoir navigué pendant plus de vingt ans. Dans ce même album, son attitude à la barre prouve ses qualités de marin et son expérience, quand il ne voit qu’un « simple coup de tabac » alors que Tintin parle de tempête. De même, dans Les Sept Boules de cristal, la voix de la Castafiore lui rappelle un cyclone qu’il a autrefois essuyé dans la mer des Caraïbes. Si la nationalité de Haddock est incertaine, plusieurs tintinologues lui attribuent une origine britannique. D’une part, son nom et son prénom, comme ceux de son ami Chester et de son lieutenant Allan Thompson, sont à consonance britannique. D’autre part, il raffole du whisky, une boisson typiquement écossaise ou irlandaise.

Enfin, le capitaine possède une certaine culture littéraire francophone : dans Le Trésor de Rackham le Rouge, à bord de la chaloupe qui le ramène vers son navire, il récite le quatrième quatrain du poème Le Lac d’Alphonse de Lamartine.

Le capitaine Haddock apparaît pour la première fois le 2 janvier 1941, dans la prépublication en noir et blanc du Crabe aux pinces d’or, neuvième aventure de la série, parue dans Le Soir-Jeunesse, un supplément hebdomadaire du quotidien belge Le Soir. Pour cette première apparition, il figure dans trois cases, dont deux en compagnie de son lieutenant, Allan Thompson, qui l’abreuve de whisky dans le seul but d’accaparer le commandement du Karaboudjan. La véritable rencontre avec Tintin a lieu dans les planches suivantes, diffusées une semaine plus tard, le 9 janvier. Cette première rencontre est pour le moins brutale, car Tintin tombe littéralement sur le capitaine en voulant s’échapper de la cale du cargo où il est détenu14. Alcoolique notoire, Haddock devient pourtant pour Tintin un allié improbable dans sa lutte contre les trafiquants de drogue et, dès lors, il figure dans chaque album de la série. L’identité du capitaine tarde à être dévoilée : son nom n’est révélé que quelques planches plus tard, lors d’un échange téléphonique10, tandis que son prénom, Archibald, n’est évoqué que dans le dernier album achevé de la série, Tintin et les Picaros.

Le capitaine fait une apparition rétroactive dans Tintin au pays de l’or noir. Il ne figure pas dans la première version de cette histoire, interrompue par l’invasion de la Belgique par l’armée allemande en mai 1940 et donc antérieure au Crabe aux pinces d’or. Mais quand Hergé la reprend, en 1948, il est dans l’obligation d’intégrer Haddock au scénario car les lecteurs n’auraient pas compris l’absence de celui qui est devenu l’un des personnages principaux de la série et le compagnon inséparable de Tintin. Pour éviter de trop modifier l’intrigue et le découpage déjà établi, Haddock intervient seulement à la fin. Son arrivée providentielle au secours de Tintin est imprévue, mais, pour ne pas avoir à la justifier, Hergé use d’une astuce : à chaque fois que le capitaine essaie d’en raconter le motif, affirmant que c’est « à la fois très simple et très compliqué », il est interrompu par un évènement extérieur, jusqu’à renoncer définitivement à s’expliquer dans la dernière planche, en proie à l’énervement et au découragement.

Dans ses carnets préparatoires, Hergé consigne en avril 1939 une note lue dans Le Vingtième Siècle, qui raconte l’histoire d’un commandant de navire qui n’aimait pas la mer et noyait sa phobie dans le whisky. De même, le nom Haddock figure dans un de ces carnets, daté de l’année 1937, au milieu d’autres noms à consonance britannique10. Mais ce nouveau personnage ne semble pas avoir de modèle précis. La première femme d’Hergé, Germaine Kieckens, avait affirmé à des journalistes que le nom de « Haddock » venait du plat d’aiglefin fumé qu’ils appréciaient tous les deux, une anecdote confirmée quelques années plus tard par le dessinateur lui-même.

Pour autant, plusieurs spécialistes de son œuvre avancent d’autres hypothèses en s’appuyant sur un certain nombre de coïncidences. Ainsi, le critique littéraire Philippe Goddin considère qu’Hergé a pu être inspiré par un film franco-allemand de Hanns Schwarz et Max de Vaucorbeil, Le Capitaine Craddock, sorti en 1931 et apprécié par le dessinateur et sa femme. Dans Le Crabe aux pinces d’or, le capitaine Haddock entonne d’ailleurs une chanson extraite de ce film, Les Gars de la marine, dont Hergé avait acheté le disque 78 tours.

Jean-Paul Tomasi et Michel Deligne, auteurs d’une étude sur l’influence des romans de Jules Verne sur l’œuvre d’Hergé, rapprochent le personnage du capitaine Haddock de celui du marin Pencroff, dans L’Île mystérieuse, avec qui il partage la barbe, le caractère impulsif, le goût du tabac et des jurons. Selon le dessinateur Jacques Martin, Hergé s’est aussi inspiré de son ancien collaborateur Edgar P. Jacobs pour son potentiel comique.

Cela étant, le patronyme Haddock est bien réel et plusieurs authentiques officiers de marine britanniques ont porté ce nom, ce qu’Hergé ignorait. Le membre le plus illustre de cette famille, Richard Haddock, commande le Royal James à la bataille de Solebay en 1672, tandis que son fils Nicholas devient lui aussi amiral dans la Royal Navy. Plus tard, au XXe siècle, Herbert Haddock, un officier de réserve navale, reconverti dans la White Star Line, devient le premier commandant en titre du Titanic.

Archétype du marin, le capitaine est un personnage directement lisible. Contrairement à Tintin, son visage n’est pas lisse mais très expressif, de sorte qu’il est son « négatif ». Dès lors, Haddock est gratifié d’une vie intérieure plus intense, comme le remarque Pierre Assouline.

Dans les premières aventures de la série, le modèle se répète : Tintin incarne la lutte du gentil héros contre les méchants. Mais l’entrée du capitaine fait voler en éclats ce manichéisme primaire, selon l’expression de Thierry Wanegffelen. Colérique, alcoolique, parfois vaniteux et « enclin à faire la morale aux autres sans pour autant nécessairement se plier à ses propres prescriptions », le capitaine possède tous les défauts que Tintin n’a pas. En cela, Haddock est bien plus qu’un personnage secondaire : il introduit une certaine humanité dans la série. De fait, les lecteurs se reconnaissent plus facilement en lui que dans le héros trop parfait que représente Tintin : « cette dimension existentielle et pleinement humaine change le statut d’une production de grande consommation en œuvre à part entière ».

L’humanité du capitaine transparaît également dans la profonde amitié qui le lie à Tintin. Quand le héros fait irruption de manière brutale dans la cabine du Karaboudjan, Haddock lui fait immédiatement confiance et lui obéit avec une foi naïve. Hergé, pour qui « le tutoiement est la fausse monnaie de l’amitié », les fait spontanément se vouvoyer. Cette amitié se teinte d’un respect mutuel : quand le capitaine offre aux tziganes de s’installer dans le parc de son château dans Les Bijoux de la Castafiore, Tintin reste muet pendant plusieurs cases, mais son regard se charge d’une expression d’estime et d’admiration. La corde utilisée par Tintin pour atteindre le hublot de la cabine du capitaine, dans Le Crabe aux pinces d’or, peut être vue comme un symbole de leur amitié indéfectible qui fait son retour dans d’autres aventures. Dans Tintin au Tibet, quand Haddock veut rompre la corde d’alpiniste pour ne pas entraîner Tintin dans la mort, il ne peut la rompre.

Source : Wikipédia.

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