Le barrage de Génissiat, plus grand barrage d’Europe

A l’aube du 20e siècle une nouvelle perspective s’ouvre pour le fleuve Rhône : “la houille blanche”, c’est -à-dire la production d’électricité à partir de barrages implantées sur son cours.


Le premier sera établi par deux américains à partir dès 1871, à Bellegarde-sur-Valserine. Les eaux du Rhône, captées rive droite, déviées dans un tunnel, faisaient tourner des turbines solidaires de grandes roues, dans une usine dite “Usine de la Jonction” au confluent Rhône et de la Valserine (1871). La distribution de l’énergie produite était réalisée au moyen d’un transport télémécanique ou télédynamique. Néanmoins, la Compagnie générale de Bellegarde essuya un échec entrepreneurial  et les limites techniques de l’hydromécanique

conduisirent à rechercher d’autres solutions qui n’émergèrent qu’une dizaine d’années plus tard. A l’initiative de Louis Dumont, une nouvelle installation, entre en fonctionnement en février 1884, celle-ci fournit de l’énergie électrique en continu avec des turbines et non plus par télémécanique . Cet ensemble proto-industriel est aujourd’hui noyé par la retenue de Génissiat
Avec le barrage de Cusset, véritable outil de développement pour l’agglomération lyonnaise, le Rhône apparaît dès lors comme une formidable ressource potentielle. Les projets fleurissent, dont celui de Léon Mähl qui propose dès 1908 à la ville de Paris de lui fournir l’électricité à partir d’un barrage implanté à Génissiat. Naît ici l’idée d’un ouvrage, obstruant la vallée en son point le plus étroit et noyant les fameuses pertes du Rhône.

Barrage de Génissiat, épreuve d’artiste en bleu.

L’inauguration du barrage de Génissiat, en janvier 1948, par le ministre de l’Industrie Robert Lacoste, marque une étape importante de l’effort collectif de reconstruction du pays dans l’immédiat après-guerre. Le choix est fait d’un vaste programme d’équipement hydroélectrique qui doit permettre à la France de se dégager de sa dépendance charbonnière, ressource rare et largement importée. L’hydroélectricité est alors fortement valorisée comme énergie nationale et fait l’objet d’investissements considérables, notamment par le biais de l’aide du plan Marshall.

Carte maximum du Barrage de Génissiat, 12/02/1949.

Célébré comme le plus grand barrage d’Europe lors de son inauguration, Les travaux ont débuté en 1937 sous l’égide de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). Cette société a été créée en 1933 sous l’impulsion du sénateur de l’Isère Léon Perrier et d’Édouard Herriot, maire de Lyon et plusieurs fois Président du Conseil sous la Troisième République. La CNR est une société d’économie mixte qui regroupe à l’origine les collectivités territoriales riveraines du Rhône (ainsi que le département de la Seine comme client) et des industriels pour mettre en œuvre un programme global d’aménagement du fleuve. Le gigantesque chantier de Génissiat, conçu par les architectes Laprade et Bazin (concours 1938), débute en 1937. En 1939 a lieu la coupure du Rhône mais les travaux sont rapidement interrompu par la Seconde guerre. Le chantier redémarre en 1945, avec les besoins de la reconstruction et la priorité absolue accordée à l´hydroélectricité par le gouvernement français ; 3000 ouvriers sont alors mobilisés. Le barrage achevé fin 1947 est mis en eau en janvier 1948. Génissiat est par ailleurs la tête de pont d’un vaste programme d’aménagement du fleuve qui s’est poursuivi jusqu’aux années 1960. Il fonctionne avec le barrage aval de Seyssel mis en service au début des années 1950.

Source : Patrimoine de l’Ain.