L’avocette élégante.

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L’Avocette élégante (Recurvirostra avosetta) est une espèce d’oiseaux de la famille des Recurvirostridae, la seule espèce du genre Recurvirostra vivant en Europe.

Limicole caractéristique des lagunes et marais côtiers, elle se reconnaît aisément avec son long bec recourbé vers le haut, ses grandes pattes et son plumage bicolore. Pouvant mesurer 40 centimètres de longueur et 70 centimètres d’envergure, c’est une espèce d’assez grande taille, qui se nourrit de divers invertébrés présents dans l’eau et la vase, qu’elle capture grâce à son bec caractéristique. Elle niche le plus souvent en colonie de 10 à 70 couples sur des îlots ou des digues à proximité immédiate de l’eau et pond généralement quatre œufs au sol, dans une coupelle simple creusée dans le sable. Très territoriale lorsqu’elle défend ses poussins, que ce soit contre d’autres individus de la même espèce ou contre ses prédateurs — divers rapaces, corvidés et mammifères —, l’avocette a une longévité d’environ 20 ans (record à 27 ans).

L’espèce couvre un vaste territoire, de l’Europe occidentale aux plaines du centre de l’Asie, en passant par la péninsule indienne et l’Afrique. Une partie de sa population est migratrice et effectue chaque année de longs voyages vers le sud de son aire de répartition, tandis qu’une autre partie est sédentaire. En France, l’espèce est présente sur le littoral de la Manche, sur la côte atlantique et en Méditerranée et reçoit en hiver le renfort de populations plus nordiques, tandis que certains individus hivernent en Europe du Sud ou en Afrique.

Décrite par Carl von Linné en 1758, l’avocette est l’une des quatre représentantes de son genre, les trois autres espèces occupant des continents différents. Considérée comme préoccupation mineure (LC) par l’UICN en raison de sa large répartition et de ses effectifs relativement importants, elle n’en est pas moins menacée par de nombreux facteurs anthropiques, tels que la destruction de son habitat, le réchauffement climatique ou la pollution. De nombreux programmes scientifiques tentent de mieux comprendre sa biologie, en particulier ses voies migratoires, pour mieux la protéger.


Les adultes ont un plumage bigarré de noir et blanc, avec une capuche noire se prolongeant à l’arrière du cou. Les rémiges primaires sont noires, la base des internes est blanche, tandis que les rémiges cubitales sont gris foncé. Les rectrices médianes sont gris brun pâle et les autres sont blanches. L’espèce ne présente pas de variation saisonnière de plumage. La queue est blanche et les pattes bleutées. Le bec long est noir, fin et incurvé vers le haut1.

Le dimorphisme sexuel, difficilement perceptible sur le terrain, se fait principalement au niveau du bec, qui est plus long et moins arqué chez le mâle, tandis qu’il est plus court et plus nettement arqué chez la femelle. Chez cette dernière, les motifs noirs sur la tête peuvent occasionnellement être plus bruns et flous que chez le mâle. Il y a également une différence de taille, les mâles étant plus grands que les femelles. Enfin, les mâles présentent un iris rouge ou brun rouge, tandis que les femelles ont un iris brun noisette.

Avocette, carte maximum, Jersey, 1994.

En vol, la pointe des ailes et les épaules sont noires et les pattes dépassent de la queue.

Les poussins sont couverts d’un duvet gris brun pâle, finement pointillé de noir, avec des dessins noirs sur la tête, quatre rangées de taches noires sur le dos et le dessous blanc, teinté de jaunâtre au cou et au ventre. L’iris est brun foncé.

Les juvéniles ont des couvertures alaires gris sale1, les plumes du dos et des scapulaires vermiculées de brun-roux et des pattes grisâtres. À partir du premier été, les rémiges primaires des jeunes apparaissent très usées et brunâtres. Après la première mue qui a lieu au plus tard à la fin septembre, les individus sont semblables aux adultes.

Deux mues ont lieu : une mue partielle en février – mars, avant la reproduction, et une mue complète après la reproduction, entre les mois de juillet et d’octobre.

L’Avocette élégante se nourrit principalement de petits invertébrés benthiques, tels que des annélides, de petits crustacés, par exemple du genre Corophium, des vers oligochètes et polychètes (comme Hediste diversicolor ou des espèces du genre Polydora), des mollusques bivalves, ainsi que de petits insectes (moucherons, coléoptères) mesurant entre 4 et 15 millimètres de longueur. Les besoins alimentaires de l’espèce sont évalués à 150 grammes en moyenne par jour par individu.

Les larves de chironomes constituent une ressource majeure de nourriture lors de la période de reproduction, mais également lors de l’hivernage dans les marais salants.

Elle peut également se nourrir occasionnellement de petits poissons, ainsi que de graines et de petites racines.

Elle utilise son bec pour fouiller la surface du sédiment, dans lequel elle donne des coups de bec latéraux pour trouver ses proies, mais peut également les capturer à vue. Lors des périodes d’alimentation en groupe, les coups de becs latéraux sont plus rapides et sabrent de manière presque continue. Les adultes s’alimentent dans des couches d’eau d’une profondeur de 4 à 10 centimètres. Il lui arrive également de se nourrir en picorant sur les plages et elle peut nager dans des eaux plus profondes et basculer sa tête dans l’eau à la recherche de nourriture à la manière d’un canard. D’autres techniques de chasse sont recensées, par exemple, en groupe, l’avocette peut, le cou tendu, lancer en avant son bec à la surface de la vase puis revenir en arrière pour cueillir ses proies et répéter ce mouvement.

Localement, l’espèce peut superposer son mode de vie circadien à celui des marées et se nourrir de nuit dans les marais salants, par exemple dans la presqu’île guérandaise.

L’Avocette élégante est considérée comme une espèce philopatrique, c’est-à-dire que les individus ont tendance à instinctivement revenir à l’endroit où ils sont nés, pour se reproduire. Cela a pu être démontré par l’identification d’oiseaux bagués sur des sites de reproduction en Atlantique, notamment dans le golfe du Morbihan, dans les marais de Guérande et dans les marais de Müllembourg sur l’île de Noirmoutier, où une partie des oiseaux bagués est revenue nicher sur le même site. En Atlantique, le taux de survie et de retour d’oiseaux sur leur lieu de naissance varie entre 48 et 75 % pour la première année (avec une moyenne de 58 %) et va de 78 à 100 % (avec une moyenne de 90 %) pour les individus adultes, selon les années.

La philopatrie pourrait expliquer l’augmentation des effectifs d’oiseaux nicheurs sur certains de leurs sites de reproduction, une grande partie des nouveaux nicheurs à chaque nouvelle saison de reproduction étant alors issue des oiseaux nés précédemment sur le site. Dans le cas où la capacité d’accueil maximale est atteinte suite à la philopatrie, de nouvelles colonies se forment ailleurs, entraînant une hausse des populations.

L’espèce est considérée comme semi-coloniale18. Elle peut nicher en colonies denses, allant de 10 à 70 couples, voire 200 en plusieurs groupements (en Algérie, des îlots ont été observés avec un total de 798 nids), mais peut également nicher en couple isolé. L’avocette est monogame et les couples se forment peu après l’arrivée sur le site de nidification. L’avocette est souvent associée à d’autres espèces de laro-limicoles sur des colonies mixtes, en particulier avec les sternes.

Les couples se forment après avoir effectué plusieurs rituels scellant leur accord, comme projeter des débris, faire semblant de boire ou encore en faisant des révérences côte à côte. L’accouplement est précédé d’un rite, qui consiste à faire semblant de se nettoyer la poitrine après avoir trempé la pointe du bec dans l’eau. Ensuite, la femelle se penche en avant tandis que le mâle poursuit sa toilette plus activement. Ce dernier passe plusieurs fois à gauche et à droite de la femelle et trempe son bec dans l’eau de manière de plus en plus répétée. Lors de l’accouplement, la femelle balance son cou latéralement. Après l’accouplement, les deux individus tiennent leurs becs croisés et le mâle couvre la femelle avec son aile avant qu’ils se séparent.

Plusieurs cas de tentative d’accouplement de mâles sur des objets inanimés ont été recensés.

Le nid est un simple creux d’environ 12 à 12,55 centimètres de diamètre intérieur moyen, pour un minimum à 6 centimètres et un maximum à 22 centimètres19 et de 3 à 4 centimètres de profondeur2. Il est situé à proximité de l’eau4, jusqu’à 15 centimètres de la berge, préférentiellement sur des îlots ou des digues, dans du sable, de la végétation rase ou des débris divers, mais jamais dans de la boue. En effet, le succès des éclosions est plus élevé sur des îlots que sur la terre ferme, car le risque de prédation est minimisé. Contrairement à l’Huitrier pie, l’avocette n’est pas capable de modifier la taille de son nid en fonction du risque de variation des niveaux d’eau et d’inondation, car l’on constate que la taille des nids proches de l’eau, en hauteur comme en largeur, ne diffère pas de ceux situés plus loin de la berge.

Il est souvent agrémenté de débris de coquillages, en particulier de Coque glauque (Cerastoderma glaucum), ainsi que de quelques végétaux, tels que de la salicorne (Arthrocnemum), des graminées, des chénopodiacées, des statices (Limonium), des bromes (Bromus), de la Ruppie maritime (Ruppia maritima) ou encore du Scirpe maritime (Bolboschoenus maritimus).

Lorsque l’espèce niche en colonie, les nids sont le plus souvent séparés les uns des autres de 20 centimètres à un mètre, cependant ces distances peuvent être bien supérieures, comme l’illustre l’exemple d’une colonie en Iran, avec une moyenne comprise à 2,74 mètres.

La ponte a lieu entre le début du mois d’avril et le début du mois de juillet13, avec un pic entre la mi-avril et la mi-mai. Elle s’étale entre 69 et 92 jours et comprend généralement de trois à cinq œufs, mais peut exceptionnellement en compter plus ; dans ce cas, cela est généralement attribué à du parasitisme intraspécifique. L’œuf mesure 55 millimètres par 35 millimètres et pèse en moyenne 31,7 grammes. L’incubation des œufs dure entre 19 et 34 jours, pour une moyenne de 23 jours. La couvaison est effectuée par les deux partenaires et le relais entre les deux individus est précédé d’un rituel. Celui-ci consiste à ramasser des débris pour les jeter en arrière puis à se glisser sous l’oiseau qui couve le nid en le forçant à lui laisser sa place. Ce rituel est régulier les premiers jours de l’incubation puis s’estompe peu à peu. L’individu qui ne couve pas peut aller se nourrir assez loin du nid, jusqu’à quatre kilomètres de la colonie.

L’espèce n’effectue qu’une ponte par an, qui peut être remplacée en cas d’échec (perte des œufs pour cause de prédation le plus souvent). Le taux d’éclosion varie très fortement selon les sites de ponte et les années. Par exemple, il est compris entre 54 et 78 % sur le site du marais d’Olonne et seulement de 8 à 59 % dans les marais de Séné.

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Sources : [wpicons-icon icon=”wpicons-wikipedia1″ size=”30px”] [wpicons-icon icon=”wpicons-youtube2″ color=”#dd3333″ size=”26px”]

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