L’aspirine.

L’acide acétylsalicylique (AAS), plus connu sous le nom commercial d’aspirine, est la substance active de nombreux médicaments aux propriétés antalgiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires. Il est aussi utilisé comme antiagrégant plaquettaire. Il s’agit d’un anti-inflammatoire non stéroïdien. C’est un acide faible, dont la base conjuguée est l’anion acétylsalicylate.

C’est un des médicaments les plus consommés au monde.


L’écorce de saule est connue au moins depuis l’Antiquité pour ses vertus curatives. On a trouvé la mention de décoctions de feuilles de saule dans un papyrus égyptien dès 1550 av. J.-C. (papyrus Ebers). Le médecin grec Hippocrate (460-377 av. J.-C.) conseillait déjà une préparation à partir d’écorce de saule blanc pour soulager les douleurs et les fièvres.

Centenaire de l’aspirine, carte maximum, Berlin, 1990.

En 1763, le pasteur Edward Stone présente un mémoire devant la Royal Society of Medicine sur l’utilisation thérapeutique de décoctions de l’écorce du saule blanc contre la fièvre. En 1828, le pharmacologue allemand Johann Andreas Buchner extrait de l’écorce du saule (Salix alba) l’acide salicyclique. En 1829, Pierre-Joseph Leroux, un pharmacien français, tente, après avoir fait bouillir de la poudre d’écorce de saule blanc dans de l’eau, de concentrer sa préparation ; il en résulte des cristaux solubles qu’il nomme salicyline (de salix).

Puis, des scientifiques allemands purifient cette substance active, un des dérivés est identifié comme la substance active . Ce dérivé prend le nom d’acide salicylique. Parmi les dérivés de la salicyline, d’autres médicaments de la famille des salicylacés voient le jour à cette époque.

Carte publicitaire pour l’aspirine, Belgique.

En 1835, Carl Löwig montre que l’acide spirique, extrait de la reine-des-prés, est chimiquement identique à l’acide salicylique. À partir des extraits naturels, on isole le salicylate de sodium, qui devient alors le médicament couramment employé contre la douleur et l’inflammation. Cette préparation permet de faire tomber la fièvre et de soulager les douleurs et les rhumatismes articulaires, mais provoque de graves brûlures d’estomac. En 1839, à partir de la salicyline, l’Italien Raffaele Piria prépare l’acide salicylique, dont il préconise l’emploi comme désinfectant de la lumière intestinale, notamment dans la fièvre typhoïde.

En 1853, le chimiste strasbourgeois Charles Frédéric Gerhardt effectue la synthèse de l’acide acétylsalicylique (en traitant le salicylate de sodium avec le chlorure d’acétyle), qu’il nomme acide acétosalicylique, et dépose un brevet. Cependant, son composé est impur et thermolabile. Le savant meurt trois ans plus tard et ses travaux tombent dans l’oubli.

En 1859, Kolbe réussit la synthèse totale de l’acide salicylique. Les propriétés antipyrétiques de l’acide salicylique sont mises en évidence par le Suisse Carl Buss en 1875. Utilisé largement mais surtout comme antirhumatismal dans les années 1890, il a très mauvais goût. En 1877, Germain Sée propose le salicylate de soude comme antipyrétique. Marceli Nencki prépare à partir de 1880 un dérivé de l’acide salicylique et du phénol appelé Salol, qui, sans présenter de propriétés pharmacologiques supérieures aux médicaments alors existants, a toutefois un goût plus agréable. Ce produit fait l’objet d’un grand engouement populaire.

C’est Felix Hoffmann, chimiste allemand entré au service des laboratoires Bayer en 1894, qui, en octobre 1897, reprenant les travaux antérieurs de Gerhardt, trouve le moyen d’obtenir de l’acide acétylsalicylique pur. Il transmet ses résultats à son patron Heinrich Dreser. Ce dernier teste le produit sur le cœur de grenouille, son animal de laboratoire favori, et n’obtient aucun résultat probant. Hoffmann, persuadé de l’intérêt de la molécule (il s’en sert d’ailleurs pour soigner son père, qui souffrait de rhumatisme chronique et prenait jusque-là du salicylate de sodium, médicament antirhumatismal selon le corps médical de la Belle Époque), donne le médicament à des amis médecins et dentistes, qui le testent avec succès sur leurs patients pendant deux ans : les tests révèlent un effet antalgique et moins toxique pour l’estomac que le salicylate de sodium. Commence alors la production industrielle du médicament de l’acide acétylsalicylique par les laboratoires Bayer qui mettent au point une nouvelle voie de synthèse de la molécule, et observent que l’acétylation rend cette molécule moins irritante dans le tube digestif18. Le brevet et la marque de l’aspirine sont déposés par la société Bayer en 1899 sous la dénomination d’Aspirin19. La préparation arrive en France en 1908 et est commercialisée par la Société chimique des usines du Rhône. Cependant, après la Première Guerre mondiale, le Traité de Versailles stipule que la marque et le procédé de fabrication entrent dans le domaine public dans un certain nombre de pays (France, États-Unis, etc.) mais pas dans d’autres (comme le Canada). La société Bayer récupère ses droits aux États-Unis en 1994.

En 1949, le supérieur hiérarchique direct d’Hoffmann, Arthur Eichengrün (en) publie un article revendiquant la paternité de la découverte21. Cette revendication est ignorée par les historiens des sciences jusqu’en 1999, date à laquelle les recherches de Walter Sneader de l’université de Strathclyde, à Glasgow, concluent que c’est bien Eichengrün qui a eu l’idée de synthétiser l’acide acétylsalicylique. Bayer, dans un communiqué de presse, réfute cette théorie, mais la controverse reste ouverte.

Le mécanisme d’action de la molécule n’est élucidé que bien plus tard. En 1971, John Vane et Priscilla Piper découvrent l’action inhibitrice de l’aspirine sur les prostaglandines Vane et les biochimistes suédois Bengt Samuelsson et Sune Karl Bergström sont récompensés par le prix Nobel de médecine en 1982 pour cette découverte. La cible précise de la molécule, la cyclooxygénase, a été isolée en 1976.

Carte publicitaire pour l’aspirine, Belgique.

Dès 1967, les propriétés antiagrégantes plaquettaires de l’acide acétylsalicylique ont été mises en évidence. La première étude clinique démontrant une efficacité dans les maladies cardiovasculaires date de 1978.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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