L’art inuit.

L’art inuit est la production artistique des peuples traditionnels du Groenland, du nord du Canada, de l’Alaska, et de la côte nord-est de la Sibérie.


L’expression art inuit est problématique car la notion « art » n’existe pas dans le monde inuit avant la rencontre avec les occidentaux. C’est après la Seconde Guerre mondiale que se développe une production d’art contemporain à la suite de la création en 1906 de la Guilde canadienne des métiers d’arts qui favorise l’émergence d’un marché de l’art inuit.

Le terme d’art inuit regroupe en réalité un grand nombre de groupes ethniques distincts et ne correspond pas à une culture homogène. Cela explique leur grande diversité d’expressions artistiques.

Deux grandes catégories de production matérielle sont présentes dans les collections muséales pour les périodes anciennes jusqu’au milieu du xxe siècle. D’une part les objets liés aux activités quotidiennes des communautés tel que la chasse, la pêche, etc. D’autre part, les productions liées à l’activité rituelle, essentiellement lié au chamanisme.

Les spécialistes divisent l’histoire de l’art inuit en cinq périodes : « pré-Dorset », « Dorset », « Thulé », « premiers contacts avec les blancs » et « période contemporaine » (dite moderne). La plupart des historiens utilisent cette même classification pour l’histoire inuit, soulignant le lien entre histoire de l’art et histoire.

La période pré-Dorset que l’on date de 2500 à 1000 avant Jésus-Christ se caractérise par une culture de chasseur dont les principales proies étaient le caribou et les mammifères marins. Ils utilisaient pour cela un harpon à pointe basculante. Peu d’objets de cette période nous sont parvenus, peut-être du fait de l’utilisation majoritaire de matériaux périssables. Cependant, quelques artefacts sculptés qui nous sont parvenus semblent témoigner déjà de l’existence d’une pratique chamanique.

À partir de -1000 et pendant deux millénaires, la région est dominée par la culture des Dorsets, qui s’est principalement développée sur la Terre de Baffin. Cette période artistique est caractérisée par la production de masques en bois peint. Les fouilles, comme celles réalisées sur le site de Button Point sur l’île Bylot, ont permis également de trouver un grand nombre de figurines d’animaux ou d’êtres surnaturels, des poupées, des pointes de harpons en ivoire, en bois, en pierre et d’autres matériaux ayant une implication magico-religieuse. Les exemples de figurines les plus abouties de cette période ont été retrouvés sur l’île Saint-Laurent et ont fait la notoriété de cet art sur les marchés occidentaux dans les années 1920.

La culture de Thulé impose aux Dorsétiens son mode de vie essentiellement fondé sur la chasse à la baleine, ce qui aura des implications sur l’évolution de la mythologie et des rituels des communautés. Leur arrivée entraînera le développement de l’umiaq (ou oumiak) ou encore celui des traîneaux à attelages de chiens et les forets à archet améliorant ainsi le mode de vie de ces populations.

Les productions de cette période sont moins élaborées que précédemment, essentiellement constitués de poupées au décor simple, de points de harpons ou d’outils non ornés. Les motifs ou les scènes les plus récurrentes sont liées à la chasse. En revanche, il semblerait que les rituels tendent à se complexifier.

L’avant-dernière période est celle des contacts avec les Blancs notamment pour le commerce. La culture inuit ayant évolué à des rythmes différents selon les régions, en ce qui concerne l’art, les Qallunaat (mot inuit désignant les Blancs) vont avoir affaire à une esthétique hétérogène. La principale caractéristique de cette période est la mise en place progressive de techniques artistiques importées par les Blancs qui seront réappropriées par les Inuit afin de les mélanger à leurs techniques traditionnelles.

Dans les années 1880, trois cartes tridimensionnelles conçues en bois (les wooden maps) ont été acquises et collectées par l’explorateur Gustav Holm, lors de son expédition conduite à Ammassalik. Ces pièces, sculptées par un habitant d’Ammassalik en 1884, représentent pour les deux premières la côte du sud-est du Groenland s’étendant de Kangerdlugsuatsiak (situé à l’est de Sermiligaaq) jusqu’à Seriak et pour la troisième la péninsule située entre Sermiligaaq et Kangerdluarsikajik.

On date la période moderne à partir de la Seconde Guerre mondiale. Elle commence avec le voyage de James Archibald Houston, vivant en Ontario, dans les territoires inuit en 1948. En voyant les productions bidimensionnelles inuit, il comprit qu’elles pourraient être une source de revenus pour Inujjuaq. Grâce au soutien de la Guilde canadienne des métiers d’art, ils vont vendre un peu plus de 1000 objets à Montréal au cours de leur première campagne de commercialisation de l’art. Ce sera la première exposition d’art inuit.

Devant cette réussite les gouvernements des Territoires du Nord-Ouest et du Nouveau Québec vont reconnaître l’aspect lucratif de l’art pour les Inuit et commencer à subventionner la Guilde afin que son programme de prospection s’étende au plus grand nombre de villages inuit. Se développe ainsi un mouvement coopératif permettant la commercialisation de l’art inuit mais aussi développant la démocratisation des activités artistiques chez les Inuit notamment en facilitant l’accès aux moyens techniques. L’aspect commercial consistant principalement en la promotion de leurs productions artistiques dans le Sud du Canada c’est-à-dire la vente de celles-ci aux Qallunaat. Ce mouvement contient l’espérance d’une indépendance économique transcendée par une affirmation identitaire. Enfin l’art inuit se fera connaître au monde en entier grâce à l’exposition universelle à Montréal de 1967.

Dans les collections muséales ou parmi les objets issus de fouilles, il est possible de distinguer deux grandes catégories : des objets liés à la vie quotidienne et des objets produits dans le cadre de pratiques rituelles.

Jusqu’au contact avec les Occidentaux, les populations Inuit ont essentiellement vécu de la chasse et de la pêche. Elles ont exploité au mieux le peu de ressources naturelles disponibles pour s’acclimater à un environnement hostile.

Parmi les objets les plus caractéristiques de cette production, les musées conservent un grand nombre de harpons, de lances, et d’objets divers liés à la chasse et à la pêche. Également, différents éléments vestimentaires caractéristiques de ces populations, tels que des manteaux de fourrure, des anoraks, des bottes, des raquettes, ont été collectés par les explorateurs dès les premiers contacts. Enfin, un certain nombre de kayaks ou d’umiaks sont conservés. Cette dernière typologie est également documentée par une série de maquettes de petite dimension destinées à illustrer le mode de vie inuit à la demande des Occidentaux.

L’exemple de l’exploitation du corps du phoque est caractéristique de la capacité des populations Inuit à exploiter au mieux les rares ressources naturelles : si la chair et la graisse sont utilisés pour l’alimentation, la peau et les intestins sont travaillés pour fabriquer aussi bien des embarcations que des anoraks. L’intestin de phoque possède des propriétés d’étanchéité indispensable à la vie en climat polaire. Cela suppose de la part de ces communauté une connaissance approfondie de leur milieu.

Source : Wikipédia.

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