L’art du bijou.

Un bijou est un élément de parure corporelle qui peut être porté sur le vêtement, sur le corps ou même dans le corps.

L’artisan qui fabrique des bijoux se nomme bijoutier, celui-ci va mettre en valeur le métal. Le joaillier quant à lui va mettre en valeur les pierres avec des pavages, sertissures…

L’objet va être signifiant du statut social spécifique du porteur (ainsi l’alliance qui signifie que le porteur est marié, l’anneau du Pêcheur qui indique que son porteur est le Pape…). On pourrait aussi y classer toute la tradition de la bijouterie de deuil (objets noirs conçus en jais ou verroterie).

L’objet signe l’appartenance du porteur à un groupe spécifique (qu’il soit religieux, professionnel, politique, ethnique, sexuel ou autre). Ainsi, c’est le cas du « joint », anneau d’oreille en or porté par les Compagnons du Tour de France qui permet au porteur d’être reconnu par ses pairs. Cette fonction peut permettre une identification du porteur soit exclusivement par son groupe soit par une population élargie, selon que la codification est plus ou moins largement connue.

L’art du bijou, carte maximum, Paris, 10/09/1983.

Les objets sont alors des amulettes, gris-gris, talismans, objets « thérapeutiques » qui protègent leur porteur ou parfois même le « soigne ». Ils s’inscrivent tant dans leur conception (couleur, matière, symboles ornementaux..) que dans leur port (emplacement sur le corps, manière de le porter et de l’ôter…) dans des jeux de croyances spécifiques qui sont le gage (pour le porteur ou le concepteur) de leur efficacité.

L’objet joue alors un rôle spécifique dans la vie quotidienne du porteur. Sous cette fonction peuvent se grouper des objets aussi multiples que : les peignes, les attaches de capes, ceintures, pics à chapeaux ou à coiffes… mais aussi bagues-sceaux, bagues-clefs, châtelaines…

L’objet devient un vecteur du souvenir, relatif à une personne, une chose, un lieu… ayant une importance particulière dans la vie du porteur. Son port active alors le souvenir. La bijouterie a ainsi développé un vocabulaire sentimental au travers de rébus (+ qu’hier – que demain), d’initiales entrelacées, de représentations symboliques ou allégoriques (les mains entrelacées qui disent l’indéfectibilité d’une amitié ou d’un amour des bagues foi, les fleurs de pensée qui signifie combien « on pense à vous »…). L’objet sentimental peut aussi devenir un véritable reliquaire qui contient une photographie (image de l’être aimé), une mèche de cheveux, une dent de lait ou encore quelques cendres crématoires… Loin de preuve d’amour éternel, on peut voir apparaître des bijoux de fonction sentimental plus cocasses ; ainsi, la bague « Aie », fragile anneau de pâte de verre vendu sur la Foire de Beaucaire aux XVIIIe et XIXe siècles (Gard-France) signait les amours éphémères le temps d’une foire. Elle devait son nom au petit cri qu’elle arrachait à son porteur lorsqu’elle se brisait.

Bien entendu, un même objet peut répondre à plusieurs fonctions. Par ailleurs, un bijou est également un témoin de vie inscrit au cœur de multiples rituels sociaux (offert lors d’un événement marquant comme une communion, un mariage, un passage à la majorité par exemple dans les cultures occidentales…) ou plus personnels. Il portera toujours le souvenir de cet événement qu’il soit ou non porté.


L’usage d’ornements corporels est documenté à Skhul (Israël) et à Oued Djebbana (Algérie) dès le Paléolithique il y a 100 000 à 135 000 ans. Le site de Blombos en Afrique du Sud a également livré 41 coquillages percés datant de 75 000 ans. Ils présentent des perforations et des facettes d’usure liées à leur port.

Les éléments de parure du Paléolithique supérieur d’Europe ont été étudiés par Yvette Taborin. L’analyse des premiers objets de parure permet d’en distinguer deux types : les parures issues de la simple collecte (l’intervention de la main de l’homme ne créant que le moyen de les attacher ou les suspendre) et les parures inventées (à partir d’une modification totale ou partielle du matériau d’origine).

Bijouterie, essais de couleurs, feuille complète datée du 12/05/1953.

Les parures du Paléolithique supérieur étaient principalement en coquillage ou en dents animales. Yvette Taborin s’est penchée sur des classifications qui ont permis de mettre en évidence que l’usage de certaines dents en parure n’étaient pas nécessairement en corrélation avec la répartition statistique des faunes présentes et chassées sur le territoire. Par ailleurs, les dents les plus utilisées quand il s’agit de carnivores sont les canines, les incisives s’agissant d’herbivores. En ce qui concerne les coquillages, ils peuvent être issus d’espèces vivantes mais aussi de gisements fossiles. Dans ce cas, ils sont sélectionnés pour leur grande proximité avec les espèces vivantes.

En ce qui concerne la parure inventée, elle privilégie les matériaux tels que l’os, l’ivoire, les bois de cervidés et quelques minéraux tendres (calcaire, lignite…). La diversité et la facture de ces parures est remarquable au Magdalénien.

Au Néolithique, la perle se développe. Façonnée dans de nombreux matériaux (coquillage, os…), elle est assemblée dans une multitude de formes (coiffes, installations sur les vêtements, parures de bras ou de jambes…).

Dès l’apparition du métal, et tout particulièrement de l’or, les techniques d’orfèvrerie se développent : filigrane, granulation, emboutissage… Il existe une grande variété de parures de qualité. Le bassin méditerranéen voit fleurir les centres de bijouterie. Les bijoutiers voyagent pour s’installer dans les comptoirs d’échanges dans lesquels ils pourront avoir commerce avec de nouveaux clients. Ils emportent avec eux savoir-faire et techniques et les modifient et agrémentent en fonction des goûts et attentes de leurs clients.

En Europe, le peuple celte est le premier réputé pour la qualité de ses parures et de ses bijoux.

En Amérique, les peuples précolombiens étaient culturellement attachés aux bijoux en or.

En Afrique antique, comme en Égypte ou chez de très nombreux peuples d’Afrique de l’Ouest, la bijouterie est déjà un art.

La mode des bijoux est restée relativement immuable pendant de nombreux siècles et réservée à certains usages codifiés. Au XIXe siècle, en France, les bijoux et parures étaient ornés de pierres soigneusement choisies en fonction du rang de qui devait les porter. La Révolution industrielle et l’apparition de la production en série ont permis de rendre accessibles des produits autrefois considérés comme luxueux. Et de fait, vers 1900, l’Art nouveau s’est largement détourné des canons ancestraux pour mettre à l’honneur le bijou artisanal, dans lequel la création prime sur la pierre précieuse.

En Europe, la Première Guerre mondiale est un tournant dans l’histoire du bijou car l’or est donné aux gouvernements pour participer à l’effort de guerre et les artisans sont mobilisés ou reconvertis dans l’industrie des armes. Les bijoux d’alors sont dans des métaux simples (fer, cuivre, aluminium) et prennent un signifiant plus grand du fait des séparations définitives ou non dues à l’époque.

Le choc de cette guerre et le nouveau rôle social des femmes dans ce contexte influent sur la mode en général et la conception des bijoux, qui deviennent plus stylisés sous l’impulsion de la mode Art déco. L’essor des nouveaux matériaux (bakélite, maillechort) et le retour de plus anciens (marcassite, étain) redonnent un nouvel élan où les faux bijoux ne sont plus des tentatives d’imitation mais bien des bijoux à part entière avec des formes et des couleurs propres.

La Seconde Guerre mondiale paralyse de nouveau l’industrie du bijou. Les bijoux simples réapparaissent ; des bijoux patriotiques, aux emblèmes des régiments ou des unités des soldats, sont même fabriqués.

Après la guerre, le niveau de vie s’améliore doucement avec le plein emploi et l’augmentation des salaires ; les bijoux reprennent leur place dans la vie quotidienne.

Depuis les années 1950, on peut distinguer clairement trois grands secteurs :

  • la joaillerie, qui fabrique des pièces uniques ou en série limitée dans des matériaux prestigieux ;
  • la bijouterie fantaisie, qui produit des pièces en série en profitant des nouveaux matériaux comme le plastique ;
  • la bijouterie artisanale, qui fabrique des pièces uniques ou en série limitée.

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Sources : Wikipédia, YouTube.