L’ananas (Ananas comosus) est une espèce de plantes xérophytes, originaire d’Amérique du Sud, plus spécifiquement du Paraguay, du nord-est de l’Argentine et sud du Brésil. Il est connu principalement pour son fruit comestible, qui est en réalité un fruit composé. Le mot ananas vient du tupi-guarani naná naná, qui signifie « parfum des parfums ». Le terme ananas est également un nom vernaculaire ambigu qui peut désigner plusieurs autres espèces de Bromeliaceae, pas à peu comestibles comme l’espèce Glomeropitcairnia penduliflora désignée par les termes « ananas sauvage », « ananas bois » et « zannanna mawon », ou encore plusieurs espèces du genre botanique Ananas comme Ananas bracteatus sous les noms d’« ananas sauvage » et « ananas marron ».
L’espèce Ananas comosus appartient à la famille des broméliacées, et au genre Ananas. C’est une espèce terrestre de plante herbacée pouvant atteindre 1 m à 1,50 m en tous sens, avec une rosette de longues feuilles lancéolées de 50 cm à 1,80 m, dentées en général, et parfois lisses.
La floraison de l’ananas est caractéristique des Broméliacées, présentant au bout d’une tige, généralement unique, une couronne de feuilles courtes surmontant un ensemble de fleurs bleues éphémères (ne vivant qu’une journée) sans pédoncule, donnant de nombreuses baies coniques et stériles, qui grossissent individuellement jusqu’à se rejoindre, formant à maturité l’ananas que nous connaissons. L’ananas est donc un fruit composé, aussi appelé infrutescence. L’ensemble est allongé et peut avoir plus d’une trentaine de centimètres de longueur ; son écorce, composée de motifs hexagonaux en écailles, est de couleur variable selon la variété. Sa chair, très juteuse, est également de couleur variable, généralement blanche ou jaune.
Ananas comosus est une plante CAM, c’est la seule espèce du genre Ananas à être autostérile. Les graines sont donc rares et il faut que deux variétés différentes cohabitent. Cette plante monocarpique se reproduit donc principalement par rejets (bulbilles), qu’elle donne en grand nombre.
Le poids du fruit est proportionnel au poids du pied au moment de la floraison : l’art du planteur consiste donc à le faire « fleurir » au bon moment.
L’ananas est une plante tropicale. Sensible au gel, elle requiert un sol bien drainé, riche et acide. Un pH de l’ordre de 4,5 à 5,5 est important pour une bonne croissance : les maladies originaires du sol sont ainsi réduites. L’ananas n’apprécie pas du tout l’eau stagnante, d’où l’importance du drainage.
L’ananas tolère une faible fertilité du sol, mais on obtient une meilleure production sur sol fertile riche en matières organiques et en potassium. De hauts niveaux d’aluminium et de manganèse soluble dans le sol sont tolérés.
L’obtention d’un fruit d’ananas nécessite entre quatorze et vingt mois depuis la plantation jusqu’à la récolte : six à huit mois pour la phase végétative, et cinq à six mois du forçage à la récolte. Le même plant fructifie généralement deux, voire trois fois : une première fois après vingt mois, et une seconde fois quinze mois après.
Quand un petit fruit est désiré pour le marché des fruits frais, la culture peut être forcée plus tôt que lorsqu’un gros fruit est requis, comme pour la mise en conserve. Plus grande sera la plante au moment du forçage, plus gros sera le fruit.
Dans la nature, l’ananas est pollinisé par les oiseaux-mouches. De petites graines brunes se forment alors dans le fruit. Pour éviter la présence de ces graines affectant le goût du fruit, les cultivateurs éloignent les oiseaux-mouches des plantations. Ces oiseaux sont aussi interdits d’importation dans les régions productrices qui ne sont pas un habitat naturel pour ces oiseaux, comme les îles Hawaii.
L’ananas est multiplié plus souvent par division des rejets formés à la base de la plante, ou par bouturage de la couronne de feuilles portée par le fruit. On dit que la plante a une multiplication végétative.
Christophe Colomb découvrit ce fruit lorsqu’il arriva en Guadeloupe, en 1493. En effet, pour les habitants, la tranche d’ananas était un cadeau de bienvenue pour les navigateurs, afin qu’ils se désaltèrent, après le long voyage sur l’eau salée. Les Guadeloupéens (les Caribs ou Kalinagos à cette époque) se plaisaient aussi à en accrocher à l’entrée de leurs huttes, en signe d’hospitalité.
Selon Christophe Colomb : « Il a la forme d’une pomme de pin, mais il est deux fois plus gros, et son goût est excellent. On peut le couper à l’aide d’un couteau, comme un navet, et il paraît très sain. »
L’ananas voyagea ensuite vers toute l’Amérique tropicale pour arriver en Martinique, en 1548. Dans son Histoire générale des Antilles habitées par les Français en l’an 1667, le père Dutertre en vanta les qualités, en parlant de lui comme du roi des fruits, car Dieu lui a mis une couronne sur la tête.
Charles II se fait offrir le premier ananas cultivé en Angleterre par son jardinier John Rose.
Les Hollandais le firent connaître, sous forme confite, en Europe, et ils furent les premiers à le cultiver en serre, à Leyde. En 1672, ils le firent découvrir à Charles II, roi d’Angleterre. C’est d’ailleurs la ressemblance à la pomme de pin qui incita les Anglais à l’appeler pine apple.
Les Portugais le plantèrent en Inde, à Java, où le fruit a trouvé une terre d’asile, dont le climat était proche de celui de son continent d’origine, et il se propagea dans tout l’Extrême-Orient.
En France, on tenta de le cultiver à partir de 1702, et Louis XV le fit cultiver à Choisy-le-Roi. Abandonnée pendant un temps à cause de son coût, la culture fut reprise par Lenormand, le responsable du potager du château de Versailles6, même si certaines rumeurs prétendaient que sa consommation rendait les femmes stériles. En 1718, Labat de Savignac, un conseiller au Parlement de Bordeaux, séduit par la saveur de l’ananas, importa des Caraïbes plusieurs plants. La culture se développa à Bordeaux au siècle suivant, grâce à la construction de serres métalliques offrant une plus grande surface vitrée. Plus tard, la découverte du Thermosiphon, une chaudière produisant de la vapeur, améliora la production. Mais la concurrence, due aux importations à bas prix par la voie maritime, mit fin à la pratique.
Contrairement aux apparences, ce n’est qu’en 1790 que l’ananas fut introduit à Hawaii, et il a fallu attendre jusqu’au xxe siècle pour que les États-Unis deviennent un gros producteur d’ananas, via la société Dole Food Company, qui mit au point des méthodes industrielles de production, et en fit produire à Hawaii, ainsi qu’aux Philippines, à très bas prix. Actuellement, il est également beaucoup exporté par la Côte d’Ivoire, la Thaïlande et le Costa Rica.
L’ananas doit être cueilli avant maturation pour supporter une expédition de quinze jours de bateau, c’est-à-dire lorsqu’il est encore assez dur, et, pour un voyage aérien, il peut être cueilli mûr. Fragile malgré sa rudesse apparente, l’ananas ne doit pas subir de choc, car la moindre lésion entraîne une zone de pourriture : les emballages sont alvéolés et très protecteurs.
Pendant la croissance, les couronnes ont été réduites à une taille convenable par suppression de leur cœur ; ceci explique pourquoi une couronne d’ananas exporté ne repousse pas par bouturage, alors qu’à l’état naturel, la couronne permet la reproduction du plant.
Les ananas sont plantés en champs, sur de petites buttes, car les racines pourraient être affectées par l’excès d’humidité, et la terre est riche, fertile et bien aérée. C’est une plante adaptée aux climats arides : des cellules absorbantes sont situées à la base des feuilles au creux de la goulotte qu’elles constituent. Ces cellules récupèrent la moindre trace d’humidité et on peut également y placer de l’engrais solide (ceci se fait à la petite cuillère en Afrique). La densité de plantation atteint 60 000 pieds à l’hectare.
C’est une plante dont on a pu, à partir des années 1970, maîtriser complètement la pousse en plein air en toute saison, par l’utilisation de produits chimiques. On déclenche la floraison des plants par aspersion d’éthylène sous forme de gaz dissous dans l’eau, ou dégagé par du carbure de calcium en morceaux, ou encore avec des produits dégageant de l’éthylène de type Ethrel. Ce produit permet également la coloration des fruits au moment opportun, et de façon homogène, plus commerciale. Fruit non climactérique, cueilli immature il ne mûrit pas hors de sa plante. L’« ananas-bateau » est cueilli juste mûr : lorsque la couronne de feuilles a une taille jugée convenable, on arrête sa croissance par suppression du cœur
puis on le transporte dans des cales de bateaux entre 10 et 13 °C. L’« ananas-avion » est cueilli à maturité : la couronne foliaire est maintenue intacte. Il est expédié en avion à une température de garde comprise entre 7 et 10 °C.
La production mondiale d’ananas en 2014 est de 25,4 millions de tonnes.
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Sources : Wikipédia, YouTube.