La tour de l’horloge ou le beffroi d’Evreux (Eure).

De style gothique flamboyant, la Tour de l’horloge est l’œuvre de l’architecte ébroïcien Pierre Moteau. Haute de 44 mètres, elle abrite un escalier de 140 marches et a subi de nombreux remaniements, notamment au XIXe siècle.

Sous la conduite de l’architecte-maçon Pierre Moteau, la construction de « l’horloge » (terme qui la désigne à l’époque) dure sept ans, de 1490 à 1497. La littérature ne manque pas sur son histoire, sur la description de sa haute silhouette de 44 mètres et de sa flèche gothique flamboyant, des assauts qu’elle a subi durant la Fronde, des multiples campagnes de travaux… Tous ces ouvrages sont consultables au Fonds Patrimonial. Si l’histoire de la Tour d’Evreux est connue, en revanche les documents qui ont servi à l’écrire, notamment ceux contemporains de sa construction conservés aux Archives municipales, le sont moins. Parmi ces sources, les pièces de comptes occupent une place de choix. Même si de nombreux documents ne nous sont pas parvenus, plus de 80 mandements datés de 1490 à 1511 nous permettent de suivre le chantier. Classés dans la série CC (Impôts et comptabilité) des archives anciennes (antérieures à la Révolution), ils nous

Beffroi d’Evreux, carte maximum, 31/05/2008.

renseignent tout d’abord sur les noms des différents corps de métier qui ont participé à l’édification du monument. Les plus nombreux sont les charretiers, chargés d’apporter les matériaux et de déblayer les gravats. Viennent ensuite les maçons, aidés par les manœuvres, puis les carriers qui extraient la pierre, les charpentiers, les menuisiers, les chaufourniers (en charge de la livraison de la chaux), les serruriers, etc. Les pièces de compte portent également les montants des salaires versés par la Ville aux ouvriers. Les maçons et leurs manœuvres sont payés à la tâche, alors que les autres artisans sont rémunérés en fonction de la quantité de produit livrée.

Quelques dates…

  • 1403 : Les bourgeois ébroïciens décident de construire une Tour pour accueillir une horloge jusqu’alors installée dans une des Tours de fortification.
  • 1406 : une cloche est fondue par Le Beau des Is. Elle est baptisée « La Louyse » en l’honneur de son parrain Louis, fils de Charles VI.
  • 1410 : Fin des travaux et installation de la Louyse.
  • 1481 : Démolition de la Tour. La cloche et l’horloge sont transférées à l’église Saint-Pierre.
  • 1490-1497 : Création d’un « quartier municipal » composé entre autres de la Tour actuelle et d’une « chambre de ville » (démolie en 1842) faisant face au château des comtes d’Évreux, situé à l’emplacement de l’hôtel de ville actuel.
  • 1662 : Réfection de la charpente.
  • 1767-1769 : Importants travaux de réfection, dont la réfection de la charpente.
  • 1813 : Installation d’une nouvelle horloge réalisée par deux Ébroïciens, Étienne Rosse et Pierre Godin.
  • 1847 : Restauration complète de l’édifice et importants remaniements sur le bâtiment (pierres remplacées, sculptures refaites…) et l’horloge.
  • 1862 : Classement de l’édifice aux Monuments historiques
  • 1926 : Nouvelle restauration (toiture, charpente et balustrades)
Beffroi d’Evreux, prêt-à-poster.

Comptant parmi les plus hautes tours de fortification, c’est d’abord un rôle militaire qu’exerça la Tour de l’horloge ou beffroi. Depuis son sommet, des signaux étaient échangés avec le château et on trouve traces de la présence de guetteurs et de petites artilleries.

Dès 1512, la Tour est fortifiée et une muraille la relie au château, relayée en 1590 par un souterrain.

De 1624 au XIXe siècle, elle sert de stockage de poudre, salpêtre et munition.

A travers la Louyse, l’édifice, symbole du pouvoir laïc et municipal, jalonne la vie quotidienne des habitants. Ainsi, elle marqua longtemps les horaires d’ouverture et de fermeture des marchés et, de 1803 à 1839, sonna non seulement le carillon, mais aussi le glas (en cas de décès) et le tocsin (une corde fixée à la Louyse était actionnée en cas de feu, de présence d’ennemis ou pour toute autre forme d’alerte).

En 1864, un juge déclare que l’heure légale en ville est celle de l’horloge municipale et non celle de la cathédrale ou de Saint-Taurin.

En 1939, le tocsin est remplacé par une sirène.

Après la Seconde Guerre mondiale, Évreux se reconstruisit autour de son plus ancien édifice public, qui avait reçu le numéro 1, en 1804, lorsqu’il fut décidé de numéroter les rues d’Évreux.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Ville d’Evreux, YouTube.

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