La tour abbatiale de Saint-Amand-les-eaux (Nord).

L’abbaye de Saint-Amand, initialement abbaye d’Elnon, installée à Saint-Amand-les-Eaux (Nord), fut une abbaye bénédictine en activité de 639 à 1790. Elle fut dès le IXe siècle un centre culturel important, avec une bibliothèque et un scriptorium de production de manuscrits, tels que la Seconde Bible de Charles le Chauve, et des écolâtres célèbres tels que Milon (mort en 872) et Hucbald (mort en 930).

Une des plus anciennes abbayes de France, elle fut plusieurs fois réduite en cendres, au point que les annalistes ont découpé son histoire selon les grandes périodes séparant chaque incendie.

L’abbaye est fondée sur un vaste terrain au confluent de la Scarpe et de l’Elnon, dans la forêt de Vicoigne, par le moine Amand de Maastricht vers l’an 633-639, sous le patronage de Dagobert Ier. En 679 saint Amand de Maastricht y meurt. Elle conserve longtemps le nom d’Elnon avant de prendre le nom de Saint-Amand, en mémoire de son fondateur.

Louis le débonnaire, sur la demande formelle de l’abbé Adaléode, confirme, le 29 juin 822, la suprématie d’Elnone sur l’abbaye de Barisis, reconnue par le roi Charles-le-Simple, en 889 et en 906.

Tour abbatiale de Saint-Amand-les-eaux, carte maximum, 17/09/1977.

L’abbaye, outre un travail de défrichage et d’aménagement des environs, devient un foyer d’études majeur de la renaissance carolingienne. Milon de Saint-Amand, auteur d’une Vie de saint Amand, y est notamment actif. Le roi Charles le Chauve y fait enterrer deux enfants, Pépin et Dreux, peut-être jumeaux, morts en bas-âge, nés de son second mariage avec Richilde d’Ardennes.

Dans cette abbaye fut peint dans le troisième quart du IXe siècle le célèbre manuscrit Évangiles dits de François II dans lequel on peut voir une Crucifixion où le crucifié est un jeune homme imberbe à la tête inclinée vers la droite, les yeux ouverts et à l’air paisible.

Tour abbatiale de Saint-Amand-les-eaux, épreuve d’artiste.

Anéantie par les Normands à la fin du IXe siècle, l’abbaye est entièrement rebâtie au XVIIe siècle, par l’abbé Nicolas du Bois (1621-1673), selon un plan grandiose et admiré.

Elle est incendiée cinq fois : en 883, en 1066, 1340, 1424 et 1477.

En 1672, Dom Mabillon y découvre à la fin d’un manuscrit du poète chrétien Grégoire de Naziance un texte du Xe siècle en langue germanique, le Ludwigslied, qui commémore la victoire de l’armée franque de Louis III sur les Normands le 3 août 881 à Saucourt-en-Vimeu. Ce texte est aujourd’hui considéré comme l’un des plus anciens témoignages écrits de la langue germanique.

À la Révolution, l’abbaye est déclarée bien national, et détruite entre 1797 et 1820.

Au début du XXIe siècle, seuls subsistent et se visitent l’échevinage et la tour de l’église. Cette dernière accueille le musée municipal.

L’église et le monastère, reconstruits dans le style baroque flamand de 1626 à 1672, dans les dernières décennies de la domination espagnole en Tournaisis (1521-1668), avaient remplacé des édifices vieillis et démodés.

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Sources : Wikipédia, YouTube.