La Sterne arctique.

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La Sterne arctique (Sterna paradisaea) est une espèce d’oiseaux marins de la famille des laridés. Cet oiseau a une répartition circumpolaire et niche en colonie dans les régions arctiques et subarctiques de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Nord (jusqu’en Bretagne et au Massachusetts). C’est un oiseau migrateur qui est témoin de deux étés chaque année, puisqu’il effectue un aller-retour à partir de ses aires de reproduction dans le nord, jusqu’aux océans près de l’Antarctique où il hiverne (ce qui représente un trajet pouvant atteindre couramment 70 000 km1). Il s’agit, avec celle du Puffin fuligineux, de la plus importante migration régulière connue chez les animaux. La Sterne arctique vole de ce fait huit mois par an.

Les Sternes arctiques sont de taille moyenne. Elles mesurent de 33 à 36 centimètres de long avec une envergure de 76 à 85 cm. Le plumage des adultes est gris sur les parties supérieures avec la nuque et la calotte noires et les joues blanches. Le bec, les pattes et les doigts palmés sont rouge foncé.

Les Sternes arctiques peuvent vivre au-delà de 20 ans. Elles se nourrissent surtout de poissons et de petits invertébrés marins. C’est une espèce abondante avec une population estimée à un million de couples reproducteurs. Les tendances de l’évolution quantitative des populations de cette espèce ne sont pas connues, mais son exploitation par l’homme dans le passé, notamment pour ses plumes utilisées en plumasserie, ou d’autres causes encore non déterminées avec certitude, ont réduit les populations du sud de son aire de répartition.


Sterne arctique, carte maxmum, Jersey, 1983.

La Sterne arctique est un oiseau de taille moyenne : il mesure environ 33 à 36 centimètres de long du bout du bec jusqu’au bout de la queue, celle-ci mesurant de 17 à 20 cm. L’envergure varie de 76 à 85 cm (aile pliée de 26 à 28 cm). Les individus pèsent de 86 à 127 grammes. Comme chez la plupart des sternes, le ratio ailes/corps est élevé.

L’extrémité des ailes de la Sterne arctique est translucide et bordée d’un peu de noir. La Sterne arctique possède un plumage nuptial (ou d’été) surtout gris et blanc avec les joues, la gorge et le croupion blancs ; les pattes, très courtes, et les doigts palmés sont rouges. Le bec, rouge également et droit, est aussi long que la tête, avec une arête de la mâchoire inférieure marquée. La nuque et la calotte sont noires ; la limite inférieure de la zone noire passe juste en dessous des yeux. Le manteau gris mesure 305 millimètres et les plumes scapulaires sont bordées de brun avec quelquefois l’extrémité blanche. Les couvertures alaires supérieures sont grises avec le bord d’attaque blanc et la région près du bout des ailes est translucide ; l’extrémité arrière des rémiges présente une fine bande noire. La queue blanche est fortement fourchue, avec d’assez longs filets de queue dont le rebord est gris. Ces filets dépassent généralement des ailes lorsque la sterne est posée. Les deux sexes se ressemblent physiquement, il n’y a pas de dimorphisme sexuel chez cette espèce.

Le plumage estival des subadultes diffère quelque peu, aussi au xixe siècle considérait-on qu’il s’agissait d’espèces distinctes :

  • plumage portlandica pour les oiseaux d’un an et pikei pour ceux de deux ans.
  • Le plumage internuptial (ou hivernal) est semblable à celui d’été, mais la calotte est moins sombre (noirâtre), le front devient blanc et le dessous du corps plus blanc que gris. Le bec s’assombrit et prend une teinte presque noire, et les pattes passent du rouge à une couleur brun foncé ou noire.

La mue permettant le passage du plumage d’hiver au plumage d’été est tellement rapide que certains oiseaux peuvent rester un moment sans pouvoir voler. Cette mue s’effectue dans la zone d’hivernage.

Bien que la Sterne arctique ressemble physiquement à la Sterne pierregarin, à la Sterne de Dougall et à la Sterne de Forster, sa coloration, son profil et son cri sont légèrement différents. Comparativement à la Sterne pierregarin, ses pattes sont très courtes, les deux pointes de sa queue plus longues, elle a moins de noir sur les ailes et son bec est d’une couleur rouge uniforme. Elle diffère de la Sterne de Dougall par la coloration un peu plus foncée, le bec rouge, les pattes plus courtes et les ailes plus longues. La Sterne de Foster a le ventre plus blanc, les pattes plus longues, orange, et le bec orange porte du noir au bout.

Les poussins ont le dos couvert d’un duvet d’une couleur soit grise, soit marron. Les deux colorations peuvent exister au sein d’une même nichée. Le dessous du corps est blanc.

Les juvéniles diffèrent des adultes par leurs pattes dont la couleur passe du brun au rouge pâle, leur bec noir, les motifs en « écailles » des ailes, les plumes à bout noir du manteau, une bande foncée sur les ailes au niveau des carpes, et les pointes de la queue plus courtes2. Durant leur premier été, les juvéniles ont également le devant de la calotte plus blanc, de même que la poitrine et le ventre. Le plumage deviendra progressivement identique au plumage internuptial des adultes ; ils garderont ce plumage jusqu’à leur première saison de nidification, vers l’âge de trois ans.

Plus varié que celui de la Sterne pierregarin, le régime alimentaire des Sternes arctiques varie selon l’endroit et la saison mais est essentiellement piscivore. Dans la plupart des cas, les sternes se nourrissent de petits poissons ou de crustacés marins. Les poissons constituent la plus grande part du régime de la Sterne arctique, et la biomasse des poissons consommés est supérieure à celle des autres types de nourriture. Les proies sont des individus immatures (un ou deux ans) d’espèces vivant en bancs comme les harengs, les morues, les lançons et les capelans. Parmi les crustacés marins consommés, on retrouve les amphipodes, les crabes (comme le crabe vert), la crevette grise et le krill. Les Sternes arctiques consomment parfois des mollusques, des vers marins et, dans les régions de nidification plus nordiques, des baies et des insectes.

Les Sternes arctiques pêchent en plongeant en piqué sur leurs proies, d’une hauteur de 10 à 15 mètres généralement, s’immergeant souvent entièrement lors de cette opération. Cette technique aboutit environ une fois sur trois ; en cas d’échec, les sternes n’insistent pas et ne poursuivent pas la proie sous l’eau. Elles passent aussi parfois au ras de la surface de l’eau pour capturer leur proie au passage. Il leur arrive également de chasser des insectes en vol pendant la saison de reproduction. Il semble que les Sternes arctiques, malgré leur petite taille, puissent occasionnellement utiliser le cleptoparasitisme en effectuant des piqués vers d’autres oiseaux qui, sous l’effet de la surprise, laissent alors tomber leur proie8. Plusieurs espèces peuvent être visées par ce comportement : des individus de la même espèce, d’autres espèces de sternes (comme la Sterne pierregarin), des pingouins ou des grèbes.

La reproduction s’effectue entre mai et juin. Elle se déroule au sein de colonies localisées sur les côtes maritimes, les îles et parfois dans la toundra près de plans d’eau à l’intérieur des terres. La distance entre les nids est plus élevée que chez la Sterne pierregarin : 10 à 20 mètres au Spitzberg ; cependant, elle peut être beaucoup plus modeste quand la place manque (30 à 50 cm).

Les Sternes arctiques s’apparient pour la vie et dans la plupart des cas, retournent à la même colonie année après année. Les individus commencent à se reproduire entre trois et cinq ans, mais le plus souvent à quatre ans. La parade nuptiale est élaborée, surtout chez les individus nichant pour la première fois. La parade commence avec un « vol à haute altitude », où la femelle poursuit le mâle jusqu’à une altitude élevée pour ensuite redescendre lentement. Cette démonstration est suivie de « vols du poisson » au cours desquels le mâle offre des poissons à la femelle. Au sol, la parade consiste à se déplacer en se pavanant, la queue levée et les ailes baissées. Généralement, les deux individus s’envolent ensuite et réalisent des cercles l’un autour de l’autre.

Mâle et femelle choisissent et défendent ensemble le site de nidification. Pendant le processus de sélection du nid, le mâle continue à nourrir la femelle. L’accouplement a lieu peu après. La construction du nid consiste à gratter le sol afin de former une simple dépression qui est laissée nue ou parfois recouverte avec des brins d’herbe ou d’autres matériaux semblables. La femelle pond de un à trois œufs (généralement deux). Les œufs gris, blancs, brunâtres, beiges ou verdâtres sont naturellement tachetés de brun (davantage que ceux de la Sterne pierregarin), ce qui leur sert de camouflage. Leur taille moyenne est de 40 × 29 mm (valeurs extrêmes : 35,4-47 × 27,2-33,1 mm) pour une masse fraîche (avant incubation) d’environ 19 g. L’incubation est assurée par le mâle et la femelle. Cette dernière assure la plus grande part dans la journée et couve aussi la nuit. Les jeunes (indiscernables de ceux de la Sterne pierregarin) éclosent de 22 à 27 jours après la ponte et quittent le nid de 21 à 24 jours après l’éclosion. Si les parents sont dérangés et donc quittent le nid fréquemment, la période d’incubation peut s’étendre jusqu’à 34 jours.

À l’éclosion, les oisillons qui pèsent une dizaine de grammes sont couverts de duvet. Ni nidicoles, ni nidifuges, les oisillons commencent à se déplacer et à explorer de un à trois jours après l’éclosion. Habituellement, ils restent à proximité du nid. Les oisillons sont couvés par les adultes lors des dix jours suivant l’éclosion. Les deux parents s’occupent des juvéniles. Le régime alimentaire des oisillons inclut toujours des poissons (51,8 % en Allemagne pour 41,6 % de crustacés et 6,5 % d’annélides polychètes) et les parents apportent aux juvéniles des proies plus grandes que celles qu’ils se réservent pour eux-mêmes. Les mâles rapportent plus de nourriture que les femelles. Les parents nourrissent les juvéniles pendant environ un mois, avant de commencer à lentement les sevrer. Après l’envol initial, les juvéniles apprennent à se nourrir par eux-mêmes, et leur apprentissage comprend entre autres la technique difficile du plongeon en piqué. Ils s’envoleront vers le sud pour hiverner, en compagnie de leurs parents.

Les Sternes arctiques vivent longtemps et passent du temps à élever un faible nombre d’oisillons ; elles utilisent donc une stratégie K. Elles vivent généralement une vingtaine d’années (27 à 29 ans sont des âges souvent constatés en Allemagne), mais le record de longévité chez cette espèce est de 34 ans (la reproduction est encore possible à cet âge). Une étude aux îles Farne a permis une estimation du taux annuel de survie à 82 %.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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