La prévention routière.

La prévention routière, ou sécurité routière, est l’ensemble des mesures mises en place pour empêcher les usagers de la route d’être tués ou gravement blessés dans les accidents de la route (prévention du risque – cindynique), ou en atténuer les conséquences (prévision). Les usagers de la route sont les piétons, les cyclistes, les automobilistes et leurs passagers, les chauffeurs de poids-lourd, et les passagers des transports publics routiers (principalement les autocars, autobus et tramways), etc.. Il s’agit d’un enjeux sociétal majeur.

D’après un rapport de synthèse de l’OCDE daté de 2008 : « La stratégie fondamentale de l’approche pour un système sûr est de garantir, en cas d’accident, que les énergies d’impact resteront au-dessous du seuil susceptible d’occasionner la mort ou une blessure grave. Ce seuil varie selon le scénario de l’accident, en fonction du niveau de protection offert aux usagers impliqués. Ainsi, les chances de survie d’un piéton non protégé, heurté par un véhicule, diminue rapidement à des vitesses supérieures à 30 km/h. Dans le cas d’un occupant d’un véhicule à moteur, correctement attaché, la vitesse d’impact critique est de 50 km/h (pour un accident avec choc latéral) et de 70 km/h (pour un accident avec choc frontal). ».

La prévention routière est un domaine étudié depuis plus de 75 ans.

Prévention routière, carte maximum, Paris, 24/02/1968.

Les accidents de la route sont l’un des problèmes de santé publique et de prévention des blessures les plus importants au monde. Le problème est d’autant plus grave que les victimes sont en très bonne santé avant leurs collisions. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus d’un million de personnes sont tuées chaque année sur les routes mondiales4. Un rapport publié par l’OMS en 2004 a estimé qu’1,2 million de personnes ont été tuées et cinquante millions blessées dans des accidents de la route dans le monde chaque année5 et était la principale cause de décès chez les enfants de 10 à 19 ans. Le rapport a également noté que le problème était très grave dans les pays en développement et que les mesures de prévention simples pouvaient réduire de moitié le nombre de décès.

Les mesures standards utilisées dans l’évaluation des interventions de sécurité routière sont les décès et les taux de tués ou gravement blessés, habituellement par milliard de passagers/kilomètres.

La vitesse du véhicule dans les tolérances humaines pour éviter les blessures graves et la mort est un objectif clé du design routier moderne car la vitesse d’impact affecte la gravité des blessures aux occupants et aux piétons. Pour les occupants, Joksch (1993) a constaté que la probabilité de décès pour les conducteurs dans les accidents multi-véhicules a augmenté comme la quatrième puissance de la vitesse d’impact (souvent appelée par le terme mathématique δv (delta V), ce qui signifie écart (ou variation) de vitesse avant ou après le choc. Les blessures sont causées par une accélération (ou une décélération) soudaine et sévère ; c’est difficile à mesurer. Cependant, les techniques de reconstitution de collision peuvent estimer la vitesse du véhicule avant un accident. Par conséquent, l’écart de vitesse est utilisé comme substitut pour l’accélération. Cela a permis à l’Administration suédoise de la route d’identifier les courbes de risque « Killed or Seriously Injured » (KSI – pour « tués ou gravement blessés ») en utilisant les données réelles de reconstitution des accidents qui ont mené aux tolérances humaines pour les blessures graves et la mort mentionnées ci-dessus.

Les interventions sont généralement beaucoup plus faciles à identifier dans le paradigme moderne de la sécurité routière, dont l’accent est mis sur les tolérances humaines pour les blessures graves et la mort. Par exemple, l’élimination des chocs frontaux nécessitait simplement l’installation d’une barrière de sécurité médiane appropriée. En outre, les ronds-points, souvent avec des approches de réduction de vitesse, rencontrent très peu de collisions KSI.

L’ancien paradigme de la sécurité routière du risque de collision est une question beaucoup plus complexe. Les facteurs contribuant aux accidents de la route peuvent être liés au conducteur (comme l’erreur du conducteur, la maladie ou la fatigue), le véhicule (freinage, direction ou défaillance des gaz) ou la route elle-même (manque de distance de visée, etc.). Les interventions peuvent viser à réduire ou à compenser ces facteurs, ou à réduire la gravité des collisions. Un aperçu complet des domaines d’intervention peut être vu dans les systèmes de gestion de la sécurité routière. Une étude menée en Finlande a révélé que le risque de décès par accident est accru lorsque le type d’accident fait intervenir soit un piéton, soit plusieurs véhicules.

En plus des systèmes de gestion, qui s’appliquent principalement aux réseaux dans les zones bâties, une autre catégorie d’interventions concerne la conception de réseaux routiers pour les nouveaux quartiers. De telles interventions explorent les configurations d’un réseau qui réduiront intrinsèquement la probabilité de collisions.

Les interventions pour la prévention des accidents de la route sont fréquemment évaluées ; la Cochrane Library par exemple a publié une grande variété de rapports portants sur ces interventions.

Aux fins de la sécurité routière, il peut être utile de classer les voies en trois usages : les rues des zones urbaines concernant une grande densité et diversité d’usagers, où la vitesse est réduite ; les routes rurales où des vitesses plus élevées sont permises ; et les routes principales (voies rapides, autoroutes, etc.) réservées aux véhicules à moteur et qui sont conçues pour minimiser les risques d’accidents. La plupart des blessures dues à la circulation sont subies en zone urbaine alors que la plupart des décès le sont sur les voies rurales, tandis que les autoroutes sont les plus sûres par rapport aux distances

parcourues. Par exemple, en 2013, les autobahns ont accueilli 31 % du trafic routier motorisé (en kilomètres parcourus) tout en ne représentant que 13 % des décès liés à la circulation en Allemagne. Le taux sur autobahn de 1,9 décès par milliard de kilomètres parcourus est bien meilleur que le taux de 4,7 enregistré sur les voies urbaines et celui de de 6,6 sur les voies rurales.

Selon l’OMS/IRTAD, « Les données sur les accidents de la circulation sont souvent comparées entre pays et entre régions. Ces comparaisons se font en nombre de victimes, mais aussi en fonction du nombre d’habitants (mesure du risque sanitaire national), du nombre de véhicules-kilomètres parcourus (mesure du risque transport) ainsi que du nombre de voitures dans un pays, etc.. Pour une comparaison fiable, il convient d’utiliser les volumes réels (plutôt que des nombres enregistrés avec des taux d’enregistrement différents)12 ». D’après le Rapport de situation sur la sécurité routière dans le monde 2018 de l’OMS, 1,35 million de personnes sont tuées chaque année lors d’une collision routière dans le monde et entre 20 et 50 millions sont blessées ; parmi eux, 25 000 touristes sont tués et la moitié des évacuations médicales vers les États-Unis par exemple, sont le résultat d’accidents de la route.

Selon les juridictions, l’âge du conducteur et le type de voie et de véhicule, les conducteurs de véhicules à moteur peuvent avoir à suivre une formation de conduite et obtenir un permis (les chauffeurs de transports publics et de poids lourds peuvent avoir besoin d’une formation supplémentaire et obtenir des permis spécifiques). Ils doivent se conformer à des restrictions de consommation d’alcool ou de stupéfiants, respecter les réglementations sur l’utilisation des téléphones mobiles, être couverts par une assurance automobile, boucler les ceintures de sécurité, et se conformer aux limites de vitesse imposées. Les motards peuvent en outre être obligés de porter un casque de moto. Les conducteurs de certains types de véhicules (camions, autocars, etc.) peuvent être soumis à des réglementations portant sur des durées maximum de conduite autorisées (enregistrées par chronotachygraphe).

Certains États américains comme le Maryland ont mis en place des réglementations spécifiques aux très jeunes conducteurs (on peut conduire dès l’âge de 16 ans aux États-Unis, parfois 15 ans), comme une limite du nombre de passagers. Il est établi que les accidents les plus graves chez les jeunes se produisent de nuit, lorsque les véhicules sont plus susceptibles de transporter plusieurs occupants et que les ceintures de sécurité sont moins susceptibles d’être utilisées. L’Insurance Institute for Highway Safety (ou IIHS – une organisation américaine financée par les compagnies d’assurances) suggère des restrictions aux parents des jeunes conducteurs, y compris un couvre-feu pour les empêcher de conduire la nuit, une restriction du transport de passagers, la supervision des conducteurs les moins expérimentés, une tolérance zéro à l’alcool, ou une restriction de l’accès aux véhicules les plus puissants. L’IIHS propose aussi l’augmentation des normes requises aux États-Unis pour les moniteurs de conduite et l’amélioration des examens de conduite.

Alors que la responsabilité de garantir des voies de circulation sécurisées incombe principalement aux États, les défis liés au développement impliquent que tous les secteurs de la société s’engagent et contribuent, y compris le secteur privé. Les routes plus sûres profitent également aux entreprises en améliorant la sécurité et la santé des employés, en protégeant les actifs (parcs de véhicules), réduisant les pertes de productivité et les coûts de santé, et en améliorant l’efficacité des chaînes d’approvisionnement et leur rentabilité. Certains pays ou États ont déjà mis en œuvre certaines de ces idées grâce aux réseaux Vision Zero.

Source : Wikipédia.