La pisciculture.

La pisciculture est l’élevage de poissons, en eaux douces, saumâtres ou salées. C’est une des branches de l’aquaculture. L’un des premiers traité de pisciculture fut écrit par Fan Li en 473 av. J.-C.. Elle était également pratiquée à Hawaï avant l’arrivée des explorateurs européens. Il existe deux familles principales de pisciculture :

  • La production en étang, avec un bassin en terre, dans lequel les poissons se nourrissent complètement ou partiellement à partir de la production biologique du milieu.
  • La production intensive en bassin artificiel ou cages, dans lesquels les poissons sont exclusivement nourris avec des aliments fournis par le pisciculteur.

La majorité du poisson consommé dans le monde provient de l’élevage, et 90 % du poisson d’élevage est produit en Asie. Les espèces les plus élevées sont les carpes, suivies du tilapia, des salmonidés et des siluriformes. La production piscicole mondiale était de 50 millions de tonnes en 2014.


Pisciculture, carte maximum, Algérie 2013.

C’est la technique la plus ancienne et la plus utilisée en termes de volume de production. Les espèces adaptées à ce mode de production sont omnivores, herbivores ou filtreuses. Plus de 20 millions de tonnes de cyprinidés, 2 millions de tonnes de tilapia et autant de poissons chats sont produits avec ces techniques, essentiellement en Asie. En Europe de nombreuses zones d’étang existent, notamment en Europe de l’Est. En France, la production est concentrée en Sologne, dans la Dombes, la Brenne, la Haute-Saône, le Limousin et la Double. Ces étangs étaient souvent des domaines monastiques, les carpes étaient notamment destinées à remplacer la viande le vendredi.

L’élevage de poisson en étang s’inscrit en fait dans un système où l’étang est le pivot du recyclage de la matière organique dans le système agricole. L’élevage de poisson en étang fertilisé permet en effet de doublement valoriser les déjections animales et les déchets de la ferme :

  • La matière organique est directement recyclée par des organismes détritivores (amibes, daphnies) qui sont ensuite consommés par les poissons.
  • La matière minérale permet de soutenir une production intensive de phytoplancton et en conséquence accélère toute la chaine trophique.

Un étang non fertilisé et sommairement entretenu produit environ 300 kg/ha de poisson par an, ce qui est comparable à la production en viande d’un hectare de prairie bien arrosée et bien menée. Avec une fertilisation le rendement peut être décuplé. Dans une ferme traditionnelle asiatique l’étang recycle les déjections des animaux (porc, volaille), le curage de l’étang permet de récupérer régulièrement une terre riche en matière organique pour la fertilisation. Des animaux peuvent être élevés au-dessus de l’étang, leur déjections tombent directement dans l’étang via un caillebotis. Certains systèmes intensifs permettent d’atteindre des rendements de 10t par an et par hectare avec un apport d’aliment exogène et une aération mécanique de l’eau.

Une technique traditionnelle asiatique d’élevage de carpes en association avec la riziculture a fait l’objet d’études récentes. Ces études ont montré que la présence des carpes permettait d’utiliser 2/3 de pesticides en moins et 1/4 de fertilisants en moins8. Les carpes permettent en effet de lutter efficacement contre la magnaporthe grise, un champignon affectant le riz, ou d’autres parasites comme la cicadelle brune8. Elles consomment un certain nombre d’insectes et d’invertébrés susceptibles d’attaquer le riz, et par ailleurs, elles permettent de réguler la quantité d’azote et ainsi de faire un moindre usage des fertilisants. Cette méthode ne permet cependant pas de produire de très grosses carpes, elle peut être intéressante pour  l’alevinage.

Cet élevage se pratique dans des espaces entièrement ou partiellement clos (bassins en terre, béton ou en plastique, nasses ou cages géantes flottantes, etc.) en eau douce ou en pleine mer suivant les espèces. L’aliment est presque entièrement apporté par l’éleveur. L’eau est constamment renouvelée par le courant (cages), une prise d’eau sur un cours d’eau (bassins) ou un recyclage (cas de l’élevage en circuit fermé) ; ce renouvellement vise à maintenir une eau riche en oxygène et pauvre en ammoniaque. L’oxygène devient un facteur limitant, des aérateurs mécaniques ou des systèmes d’injection d’oxygène gazeux pur à base d’oxygène liquide sont souvent utilisés.

Pour certaines espèces, le pisciculteur pratique le sexage des poissons ou en modifie le sexe pour les raisons suivantes :

  • Pour n’élever que des individus de même sexe ; en effet, chez beaucoup d’espèces, la reproduction en période d’affinage (croissance avant la pêche pour la vente) dans un espace aussi restreint que celui des bassins piscicoles serait une cause de perte d’énergie et de mortalité d’individus ; on élève alors les sexes séparément, ou uniquement celui qui grandit le plus vite.
  • Les esturgeons femelles sont préférées (pour leurs œufs qui donnent le caviar qui rapporte plus d’argent que le poisson lui-même),
  • Le saumon femelle est préféré par le pisciculteur, car les mâles, sexuellement précoces, voient leur croissance fortement ralentir et leur comportement se dégrader.
  • Le tilapia mâle est choisi car grossissant deux fois plus vite que la femelle, cela évite aussi la reproduction des poissons dans les bassins d’élevages.

Des manipulations similaires sont utilisées avec la plupart des espèces commerciales qui où un des sexes présentent des caractères plus favorable à l’élevage. Chez le tilapia ce sont les mâles qui sont obtenus soit par traitement des juvéniles à la testostérone soit avec l’utilisation de géniteur spéciaux mâles YY ou des traitements thermiques.

La composition de l’aliment dépend de l’espèce et de l’objectif du  producteur. En Europe, un aliment pour truite ou saumon représente environ 40 % du coût total de la production: c’est donc un poste de dépense crucial pour l’éleveur12. Ce type d’aliment contient environ 40 % de protéines, 20 à 30 % d’huiles végétales et de poisson, 15 à 20 % de farines riches en sucres lents (comme l’amidon apporté par la farine de blé). En raison de l’accroissement considérable de la demande aquacole, la farine de poisson ne représente plus qu’une petite partie des protéines totales, qui sont en majorité apportées par des farines végétales (en particulier le tourteau de soja). L’apport en huile de poisson peut être supprimé chez certaines espèces, mais il reste nécessaire pour une croissance optimale du saumon atlantique en eau de mer. La truite arc-en-ciel élevée uniquement en eau douce peut se développer et se reproduire en se nourrissant avec des aliments qui ne comportent aucun ingrédient d’origine marine.

Les poissons ont généralement un besoin alimentaire élevé en acides gras insaturés de la série oméga-3 à longue chaîne (EPA et DHA), qui sont apportés par les farines et huiles issues de la pêche minotière. Les EPA et les DHA peuvent également être apportés par les microalgues. Les microalgues représentent une réelle alternative aux différentes huiles végétales fournies dans le régime alimentaire des poissons 18. Les algues Diacronema lutheri et Tisochrysis lutea sont étudiées actuellement par la communauté scientifique pour leur aptitude à produire les EPA et DHA.

Une étude a démontré l’effet bénéfique des DHA et des EPA dans l’alimentation des larves de Dicentrarcus labrax. Les larves ayant un régime alimentaire avec un ratio de 2,3 % d’EPA et DHA dans leurs aliments ont montré une augmentation de croissance par rapport aux larves témoins. Attention toutefois, ils doivent être incorporés dans la fraction phospholipidique et ne pas dépasser 2,3 %. Un ratio supérieur entraînerait en effet des malformations, comme un nombre anormalement élevé de vertèbres chez les individus plus âgés.

La teneur de leur chair en ces acides gras est également importante pour leur valeur nutritionnelle pour le consommateur. Certaines espèces, dont des salmonidés, sont cependant capables de produire ces acides gras lorsque leur aliment n’en contient pas, en transformant l’acide alpha-linolénique apporté par des huiles végétales comme l’huile de lin. Des carpes et tilapias peuvent être nourris avec des aliments moins riches en protéines (environ 30 % de la ration), et presque complètement dépourvus de produits marins.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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