La mangrove.

La mangrove est un écosystème de marais maritime incluant un groupement de végétaux spécifiques principalement ligneux, ne se développant que dans la zone de balancement des marées, appelée estran, des côtes basses des régions tropicales. (L’Europe est, par conséquent, le seul continent où il n’y a pas de mangrove.) On trouve aussi des marais à mangroves à l’embouchure de certains fleuves. Elle constitue l’un des 14 grands biomes terrestres définis par le WWF.

La mangrove procure des bénéfices aux populations en matière de sécurité alimentaire et de stockage de carbone. Elle contribue également à la réduction des risques de catastrophes naturelles en lien avec les impacts du changement climatique.

Ces milieux particuliers procurent des ressources importantes (forestières et halieutiques) pour les populations vivant sur ces côtes. Les mangroves sont parmi les écosystèmes les plus productifs en biomasse de notre planète. Les espèces ligneuses les plus notables sont les palétuviers avec leurs pneumatophores et leurs racines-échasses.

La dégradation rapide de certaines mangroves, dans le monde entier, est devenue préoccupante parce qu’elles constituent des stabilisateurs efficaces pour certaines zones côtières fragiles qui sont maintenant menacées, et parce qu’elles contribuent à la résilience écologique des écosystèmes après les cyclones tropicaux et tsunamis et face à la montée des océans entre autres effets du dérèglement climatique.

Les forêts de mangroves ont été réduites à moins de 25 % de leur étendue naturelle, selon un rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques paru en 2019.


Mangrove est un emprunt à l’anglais (anglicisme). Mangrove en anglais désigne d’abord Rhizophora, en particulier Rhizophora mangle de la famille Rhizophoraceae. Le mot provient probablement du portugais mangue ou de l’espagnol mangle, ou du taïno. Le suffixe grove provient de l’anglais (jardin, bosquet). Par extension mangrove désigne en français comme en anglais le biome où croissent ces arbres, dans les régions tropicales et subtropicales. En anglais le terme est donc polysémique désignant à la fois l’arbre, le lieu où il se développe, et par glissement toutes zones humides boisées côtières. Le français ne retient que les deux dernières significations, préférant pour la première le mot « palétuvier ». La définition la plus ancienne en anglais désigne Rhizophora (1635).

Le terme anglais américain « swamp » pour « marécage » désigne une zone humide boisée. Le milieu où pousse la mangrove peut être appelé « mangrove swamp », ce qui en fait un cas particulier de swamp soit de marécage, l’expression est semblerait-il traduite par « marais à mangroves » en français.

De nombreuses espèces d’oiseaux peuplent la mangrove ; mais les crabes, les mollusques, les crustacés et les poissons sont les plus présents. Ils sont tous amphibies. Un poisson typique des mangroves, le périophtalme, a développé des nageoires lui permettant de sortir de l’eau et de se déplacer. Il peut vivre durant de longues périodes hors de l’eau. On trouve des crabes comme les ucas et les mantous, et le crabe violoniste dit aussi cémafaute. Ce surnom lui est donné en raison de la pince qu’il positionne sur l’abdomen. La zone aérienne est occupée par des insectes, des reptiles et des oiseaux.

Au Bangladesh, la mangrove est le refuge du tigre du Bengale. C’est l’un des derniers territoires où l’homme ne peut pas le menacer. Mais on y trouve aussi le cerf axis, des macaques auxquels l’enchevêtrement de branches d’arbres offre un refuge impénétrable. Les forêts de mangrove sont aussi le lieu d’habitation de nombreux oiseaux comme l’ibis rouge sur l’île de la Trinité.

Sur l’île de Bornéo, la mangrove constitue l’habitat le plus fréquent des nasiques (ces singes en voie d’extinction menacés par la chasse et la destruction de leur milieu de vie que caractérise un nez long, fort proéminent et souple). Cette espèce jouissant de capacités extraordinaires pour la nage se réfugie dans l’eau dès qu’un danger apparaît ; la mangrove, située en bordure de fleuve constitue par conséquent un havre pour le nasique, qui est par ailleurs très bon grimpeur.

Les racines de certains cyprès (Taxodium distichum) évoquent les pneumatophores d’arbres de mangroves, mais ne sont néanmoins pas adaptées aux eaux salées.

L’évolution a provoqué une convergence des solutions des plantes végétales des mangroves aux problèmes de la salinité variable, des variations des marées (inondation), des sols sans oxygène et de la lumière du soleil intense de la vie dans les tropiques. Les plantes se développant dans la mangrove doivent donc être adaptées à un milieu hostile :

  • une salinité élevée ;
  • des racines immergées ;
  • une faible oxygénation du sol due à la vase ;
  • un sol instable ;
  • des eaux chaudes.

Les palétuviers sont les principales espèces végétales de la mangrove. Ils ont su s’adapter à un milieu contraignant.

Ces plantes tolèrent très bien le taux de sel élevé de la mangrove. On dit que ces plantes sont halophiles ou plus exactement halo-résistantes. Par exemple, les palétuviers rouges s’isolent du sel en ayant des racines imperméables qui se subérisent fortement, agissant ainsi comme un mécanisme d’ultra-filtration pour éliminer le sel du milieu. L’eau de végétation contient ainsi jusqu’à 90 %, et dans certains cas jusqu’à 97 % moins de sel que l’eau dans laquelle les racines baignent. Tout le sel qui rentre dans la plante s’accumule dans les pousses et est concentré dans de vieilles feuilles qui servent alors de hangar, stockage éloigné dans les vacuoles des cellules végétales. Les palétuviers blancs (ou gris) peuvent sécréter le sel par l’intermédiaire de glandes à sel à la base des feuilles (d’où leur nom puisqu’elles sont couvertes de cristaux blancs de sel).

La mangrove est parfaitement adaptée au cycle des marées qui sont une des sources d’énergie du système écotonial particulier qu’est la mangrove.

Le sol de la mangrove est constitué de vase littorale, un milieu souvent fortement anaérobie (sans oxygène), sauf quand il s’agit de sable. La respiration des arbres est donc assurée grâce à des organes complexes développés dans les racines. Par exemple, les palétuviers rouges, qui peuvent vivre dans les secteurs les plus inondés, poussent vers le haut au-dessus du niveau d’eau avec des racines échasses. Ils peuvent récupérer l’air par des fentes dans leur écorce appelées lenticelles. Les palétuviers noirs vivent sur des terrains plus élevés et produisent beaucoup de pneumatophores (des racines spécialisées qui poussent hors du sol vers le haut comme des pailles pour la respiration) qui sont couvertes de lenticelles. Ces « tubes pour respirer » atteignent des tailles de 30 centimètres, bien que quelques espèces en aient qui atteignent plus de trois mètres de haut. Il y a quatre types de pneumatophore : échasse, droit, en arceau et en ruban.

En raison de la disponibilité limitée en eau douce dans les sols salés de la mangrove, les palétuviers ont développé des mécanismes pour limiter la quantité d’eau qu’ils perdent par leurs feuilles. Celles-ci peuvent contrôler l’ouverture de leurs stomates (des petits pores sur la surface de leurs feuilles qui échangent des gaz et de la vapeur d’eau pendant la photosynthèse) et également contrôler l’orientation de leurs feuilles. En les orientant pour éviter le soleil vif de midi, les palétuviers peuvent réduire l’évaporation à la surface de leurs feuilles.

Le plus gros problème auquel les palétuviers font face est la récupération des nutriments dans le milieu. Comme le sol dans lequel les palétuviers vivent est perpétuellement saturé en eau, il n’y a pas beaucoup d’oxygène libre disponible. Avec ces faibles teneurs en oxygène, les bactéries anaérobies produisent de l’azote sous forme gazeuse, du fer soluble, des phosphates inorganiques, des sulfures et du méthane, qui contribuent à l’odeur désagréable des marais à palétuviers et rendent l’environnement hostile aux espèces végétales. Puisque le sol n’est pas particulièrement nutritif, les palétuviers se sont adaptés en modifiant leurs racines. Les systèmes racinaires en forme d’échasses permettent aux palétuviers de récupérer les gaz directement de l’atmosphère et les divers autres aliments, comme le fer, du sol inhospitalier. Ils stockent souvent les gaz directement à l’intérieur des racines de sorte qu’ils puissent être tout de même alimentés lorsque les racines sont submergées pendant la marée haute.

En plus de leur rôle respiratoire, les racines ont bien sûr un rôle de fixation important. Elles permettent à la plante d’assurer sa fixation au sol constitué de vases peu stables. Les mangroves évitent l’érosion des côtes grâce à leurs racines formant un rempart aux vagues et permettant de retenir les alluvions provenant des cours d’eau.

Dans cet environnement dur, les palétuviers ont évolué pour proposer un mécanisme d’aide aux jeunes plantules. Tous les palétuviers ont des graines flottantes qui favorisent la dispersion par l’eau. À la différence de la plupart des plantes, dont les graines germent dans le sol, beaucoup de palétuviers (par exemple palétuvier rouge) sont vivipares c’est-à-dire que leurs graines germent sur l’arbre parent avant de tomber. Une fois que la graine a germé, la plantule se développe dans le fruit (par exemple Aegialitis, Acanthus, Avicennia et Aegiceras), ou vers l’extérieur en se servant du fruit comme

support (par exemple Rhizophora, Ceriops, Bruguiera et Nypa). On nomme ce dernier système un propagule (une plante prête à aller), qui peut produire sa propre nourriture par l’intermédiaire de la photosynthèse. Quand le propagule est mûr, il chute dans l’eau où il peut être transporté sur grandes distances. Il peut survivre à la dessiccation et rester dormant durant des semaines, des mois, ou même une année jusqu’à ce qu’il arrive dans un environnement approprié. Une fois qu’un propagule est prêt à s’enraciner, il changera sa densité de sorte qu’au lieu de faire un système racinaire horizontal favorisant la flottaison, il produit un système racinaire vertical. En cette position, il est prêt s’enraciner dans la boue. Si un propagule ne s’enracine pas, il peut changer sa densité de sorte qu’il flotte plus loin encore à la recherche de conditions plus favorables.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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