La lutte mondiale contre la faim.

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Action contre la Faim (ACF) est une organisation humanitaire créée en 1979 par un groupe d’intellectuels comprenant notamment Alfred Kastler, Bernard-Henri Lévy, Jacques Attali, Françoise Giroud, Marek Halter et Jean-Christophe Victor. Elle fait partie de la seconde génération des ONG, celle des « French Doctors », ces médecins français qui en 1968, au moment de la guerre du Biafra, se sont révoltés contre le silence des humanitaires, liés par le secret et pourtant témoins des pires horreurs. Voulant forcer ce silence en dénonçant l’injustice, ces ONG ont ajouté le témoignage à l’action.

La mission d’Action contre la Faim est de sauver des vies en éliminant la faim par la prévention, la détection et le traitement de la sous-nutrition, en particulier pendant et après les situations d’urgence liées aux conflits et aux catastrophes naturelles. La stratégie de l’ONG est de réduire les conséquences de la faim, de s’adresser à ses causes, et de changer l’image de la faim. Ces axes stratégiques contribuent à l’atteinte de quatre Objectifs du Développement Durable d’ici à 2030 ; les objectifs Faim Zéro, Eau Saine, Égalité des genres, et Accès à la Santé pour Tous.

En 2018, 21 millions de personnes dans 49 pays ont bénéficié des programmes d’Action contre la Faim, qui a employé plus de 7 500 personnes sur ses sièges et sur le terrain. Le volet Eau, Hygiène et Assainissement (WASH) des projets d’Action contre la Faim, a bénéficié à 8,9 millions de personnes dans le monde en 2018. Les volets Nutrition et Sécurité Alimentaire ont bénéficié à 8,8 millions de personnes. La prépondérance de programmes en eau, hygiène et assainissement menés par l’association est en lien avec sa volonté de réduire la prévalence de maladies hydriques, qui est une cause majeure et un effet de la sous-nutrition.

Année mondiale contre la faim, carte maximum, Paris, 21/03/1963.

Née dans le contexte de la crise afghane en 19792, Action internationale contre la faim (dénomination de l’association à sa création) a été fondée par un groupe d’intellectuels français, parmi lesquels Françoise Giroud, Bernard-Henri Lévy, Marek Halter, Alfred Kastler (Prix Nobel de physique), Guy Sorman, Jean-Christophe Victor,ainsi qu’un certain nombre de médecins, journalistes et écrivains. Alors que jusqu’ici, la lutte contre la faim était intégrée dans des combats plus généraux (lutte contre la pauvreté, lutte pour la santé, etc.), ils ont créé une organisation se consacrant exclusivement au problème de la faim dans son sens le plus large.

L’histoire de l’ONG est marquée par plusieurs temps forts et interventions majeures depuis sa création. En 1982, à l’issue du Conflit cambodgien, Action contre la faim ouvre une mission d’urgence en Thaïlande qui vient en aide aux réfugiés cambodgiens. En 1985, suite à la Famine éthiopienne qui dure depuis plusieurs mois et qui touche 8 millions de personne et fait 1 million de victimes3, Action contre la Faim se déploie en urgence dans le pays. L’aide apportée par l’association ne se limite pas aux pays du Sud, ainsi des missions d’urgence sont déployées pour venir en aide aux populations en situation de sous-nutrition lors de la Première Guerre de Tchétchénie en 1995, ou lors de la Guerre du Kosovo en 1999. En 2000, l’ONG suit la tendance de Médecins du Monde et de Médecins Sans Frontières en décidant de fermer sa mission en Corée du Nord, tout en dénonçant l’impossibilité de mettre en oeuvre ses programmes d’assistance aux populations en situation de grave famine dans le pays. En 2003, Action contre la Faim ouvre pour la première fois une mission en Irak.

L’année 2006 marque un tournant pour l’association. Le 4 août 2006, au Sri-Lanka, 17 humanitaires salariés d’Action contre la Faim sont assassinés par balles dans leurs bureaux. Leur travail dans le pays était lié à un programme ouvert par l’association un an auparavant, afin de venir en aide et d’accompagner les victimes du Tsunami de 2004. Ces assassinats, liés aux affrontements entre les Tigres Tamouls et les forces armées du gouvernement, lors de la Guerre Civile du Sri-Lanka, constituent à ce jour l’attaque la plus meurtrière envers des travailleurs humanitaires. L’association dénonce ce qu’elle appelle le Massacre de Muttur4 et met en cause les forces de l’Armée Sri-lankaise. A la suite de cet événement, Action contre la Faim décide de fermer sa mission au Sri-Lanka. En 2019, les coupables du Massacre de Muttur restent non-identifiés par conséquent non-condamnés. Le devoir de reconnaissance et de justice de la part des autorités sri-lankaises vis-à-vis de cet événement est l’un des sujets prioritaires des missions de plaidoyer d’Action contre la Faim.

Action contre la faim, prêt-à-poster privé.

Par ses programmes de nutrition, Action contre la faim prévient, dépiste et traite la malnutrition aiguë chez les personnes les plus vulnérables, les jeunes enfants et les femmes enceintes ou allaitantes. Selon les exigences particulières à chaque situation, au contexte et à la culture locale, Action contre la faim conçoit des programmes de nutrition-santé adaptés à la population-cible. Ces programmes comprennent une évaluation des besoins nutritionnels des communautés, le dépistage, le traitement et la prévention de la malnutrition.

Les équipes d’Action contre la faim portent une attention particulière à la formation des travailleurs locaux, afin d’assurer l’autonomie des acteurs nationaux dans la prise en charge et le traitement de la malnutrition. Par ailleurs, Action contre la faim prend en compte la qualité et la nature des soins dispensés aux enfants au sein de la famille et de la communauté. Leurs programmes incluent donc un renforcement des pratiques de soins infantiles et de la relation parents-enfant permettant l’épanouissement physique et psychique de l’enfant.

Lutte contre la faim, carte maximum, Nations Unies (US) 22/04/1983.

En outre, on sait qu’un enfant risque de grandir moins bien ou de récupérer plus difficilement d’un épisode de malnutrition aiguë si ses parents sont déprimés, en état de choc ou peu disponibles. C’est pourquoi les programmes comprennent aussi un volet de santé mentale, avec du soutien psychosocial et psychologique.

L’objectif général des interventions d’Action contre la faim en « sécurité alimentaire et moyens d’existence » consiste à sauver des vies dans les situations de crise et à protéger et maintenir les moyens d’existence des populations vulnérables pendant ou après des chocs et dans des situations de stress continu.

Cette approche requiert la prise en compte du contexte économique et social au sens large, ainsi que l’aptitude des ménages à pouvoir anticiper les chocs, y faire face et les surmonter.

La recherche de solutions durables dans la lutte contre la faim et la sous-nutrition est au cœur même des interventions d’Action contre la faim. En introduisant diverses interventions tels que les évaluations et la surveillance, les programmes agro-sylvo-pastoraux, les interventions monétaires, l’aide alimentaire ainsi que les interventions de relance économique et d’accès au marché des plus vulnérables, Action contre la faim aide les personnes en situation difficile à faire face à l’urgence et à retrouver leur autonomie sur le long terme.

Le bien-être nutritionnel d’une communauté nécessite de grandes réserves d’eau propre et une connaissance adéquate des façons de s’en servir et de la gérer.

Des collectivités entières peuvent tomber malades si l’hygiène est négligée. Action contre la faim intervient donc dans la prévention de la malnutrition dans deux types de situations. Dans des situations d’urgence (épidémies, catastrophes naturelles, etc.), elle se positionne en acteur de terrain (distribution d’eau par camions citernes, de kits d’hygiène, mise en place d’assainissement d’urgence, mise en place de programme de prévention des risques), mais aussi en coordinateur de la réponse humanitaire.

Dans le cadre de la prévention plus générale de la malnutrition, elle mène des programmes d’amélioration de l’accès à une eau saine, de construction de latrines, de drainage etc. Elle fait également de la sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène et à la gestion de l’eau.

Depuis 1995, Action contre la Faim a développé un réseau international pour agir plus globalement et intervenir auprès d’un plus grand nombre de personnes.

Lutte contre la faim, essais de couleurs, feuille compléte, Cambodge, datée du 8/02/1963.

Le réseau Action contre la Faim International compte aujourd’hui 7 sièges dans le monde : France, Italie, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis, Canada et Allemagne. Ce réseau accroît considérablement les capacités en ressources humaines et financières, et permet de spécialiser les compétences par siège et se répartir les pays d’intervention. Action contre la faim compte également un bureau régional (Dakar), un centre de formation (Nairobi) et 6 plateformes logistiques (Lyon, Paris, Barcelone, Dubai, Panama, Accra).

Les sièges français, espagnols et américains se consacrent principalement à leurs actions sur le terrain. Dans un souci d’efficacité et de cohérence, ces trois sièges opérationnels interviennent selon le principe de l’unicité d’action : un siège par zone d’intervention.

Action contre la faim, prêt-à-poster privé.

Action contre la Faim UK se concentre sur la recherche et l’évaluation des programmes en s’occupant notamment de l’Observatoire de la faim (« Hunger Watch »). Par ailleurs, Action contre la Faim UK joue également un rôle d’intermédiaire auprès de la Coopération Britannique (DFID) pour le compte des autres sièges. Action contre la Faim Canada est davantage tournée vers la collecte de fonds publics en Amérique du Nord mais joue également un rôle dans la lutte contre l’insécurité alimentaire sur le territoire national. Action contre la Faim Italie et Action contre la Faim Allemagne sont également des bureaux de collecte.

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Sources : Wikipédia, YouTube.