La découverte des îles Crozet & Kerguelen.

Les îles Crozet furent découvertes par l’expédition de l’explorateur français Marc Joseph Marion du Fresne, qui fit débarquer son second Julien Crozet sur l’île de la Possession le 24 janvier 1772. Crozet prit alors possession de l’archipel au nom du royaume de France. Sans y naviguer, le capitaine britannique James Cook décida en 1776 de nommer l’ensemble de ces îles du nom de leurs deux découvreurs îles Marion et Crozet, mais seul le nom de Crozet a été conservé, celui de Marion étant finalement donné à l’une des îles du Prince-Édouard.

Au début du XIXe siècle, les îles Crozet étaient souvent visitées par des chasseurs de phoques et d’otaries. Très recherchées pour leur fourrure, les otaries avaient pratiquement disparu des îles dès 1835. Après cette date, la chasse à la baleine et la chasse à l’éléphant de mer furent les principales activités menée sur et autour de l’archipel, particulièrement par les baleiniers du Massachusetts, aux États-Unis.

En novembre 1837, la corvette française Héroïne, en mission de protection des navires baleiniers français et commandée par Jean-Baptiste Cécille fit escale dans l’archipel.

Les naufrages étaient fréquents aux abords de l’archipel Crozet. Le chasseur de phoques britannique Princess of Wales coule en 1821 et les rescapés du naufrage passent deux ans sur les îles. En 1825, c’est le français Guillaume Lesquin qui connait le même sort sur l’Aventure.

En 1875 le Strathmore à destination de la Nouvelle-Zélande sombre sur les brisants des Apôtres. En 1887, le navire français Tamaris coule et son équipage se réfugie sur l’île aux Cochons. Ils attachent une note à la patte d’un pétrel ; la note est trouvée sept mois plus tard à Fremantle en Australie, mais les naufragés ne peuvent être sauvés. La fréquence des accidents maritimes autour des îles était telle que la Royal Navy y envoyait de temps en temps un navire (à intervalles de quelques années) pour récupérer d’éventuels survivants.

Découverte des îles Crozet & Kerguelen, carte maximum, Paris, 29/01/1972.

Après 1923 et l’affirmation de sa souveraineté, la France administre l’archipel Crozet comme une dépendance de Madagascar, mais il devient un district des Terres australes et antarctiques françaises en 1955. En 1938, l’archipel est classé réserve naturelle. En 1961, une première mission a lieu sur l’île de la Possession. En 1963, la base permanente est construite au-dessus du site de Port-Alfred, elle reçoit en 1969 le nom d’Alfred Faure, qui fut le chef de la première mission. Au gré des missions annuelles, la station est occupée par vingt-deux personnes l’hiver et jusqu’à plus de trente durant l’été austral. Les scientifiques y réalisent des recherches en météorologie, biologie, géologie, magnétisme terrestre et sismographie.

Une des onze stations hydroacoustiques du système de surveillance international de l’OTICE (Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires) est implantée sur l’archipel des Crozet. Il s’agit de la station HA04, installée en décembre 2016 et entrée en service standard après avoir été certifiée le 19 juin 2017.


Inhabité, l’archipel des Kerguelen est découvert le 12 février 1772 par le navigateur français Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec qui l’aborde par le nord-ouest et ne peut accoster, en raison du mauvais temps, que quarante lieues plus au sud dans l’anse du Lion-Marin. Il le baptise « France australe » et, le 23 février, l’enseigne de vaisseau Charles de Boisguehenneuc y débarque et en prend possession au nom du roi de France. Rentré en France, il fait miroiter à Louis XV la possibilité qu’il s’agisse d’un nouveau continent austral, afin d’organiser une seconde expédition. De retour dans l’archipel en décembre 1773, il entre dans la baie de l’Oiseau et envoie le 6 janvier 1774 son lieutenant Henri Pascal de Rochegude à terre y laisser un message dans une bouteille placée en évidence sur un rocher au fond de l’anse. La bouteille contient un document attestant la prise de possession au nom de la couronne française et les deux passages de navires français :

Quatre ans plus tard, James Cook aborde l’archipel le 25 décembre 1776 au nord-ouest également, jetant l’ancre dans la baie de l’Oiseau, et nomme le havre naturel Christmas Harbour avant de découvrir le message dans la bouteille, auquel il ajoute la mention de son propre accostage. De ce fait, James Cook valide l’antériorité de la découverte et de la possession françaises en proposant d’appeler cette île du nom de Kerguelen, alors qu’il avait aussi pensé au terme, approprié à ses yeux, d’« île de la Désolation ».

Le marin britannique John Nunn fit naufrage sur l’archipel en août 1825. Nunn et ses trois équipiers restèrent bloqués sur l’île jusqu’à leur sauvetage en février 1827. L’archipel des Kerguelen est tout au long du XIXe siècle une halte pour de nombreux navires baleiniers et phoquiers, principalement américains et britanniques, lors de leurs campagnes dans les mers du Sud.

L’archipel n’est cependant pas habité à cette époque de manière permanente par des Français, ce qui laissait courir le risque d’une éventuelle prise de possession par un autre pays dont l’Allemagne qui commençait à s’intéresser à l’archipel. Le président Sadi Carnot prend alors la décision de renouveler la souveraineté de la France sur ses terres australes et envoie l’aviso Eure en 1893, sous le commandement du capitaine de frégate Louis Lieutard, réaliser une série de prises de possessions solennelles dans les terres australes françaises. Il mouille en premier à Port-Christmas le 1er janvier 1893, réitère la prise de possession française par vingt et un coups de canon, une levée des couleurs au mât et l’apposition d’une plaque indicative en cuivre portant l’inscription « EURE – 1893 » sur le site, avant de renouveler durant quinze jours ces opérations en différents lieux de l’archipel dont Port-Gazelle.

La même année, le gouvernement concède aux frères Henry et René-Émile Bossière l’exploitation de l’archipel des Kerguelen pour cinquante ans. Ils tentent d’établir un élevage de moutons, sur le principe suivi aux îles Malouines, et l’exploitation des ressources en huile animale ; ces deux entreprises périclitent à l’orée du premier conflit mondial.

En 1908-1909 (à bord du J.-B.-Charcot) puis en 1913-1914 (avec la Curieuse), le navigateur-écrivain Raymond Rallier du Baty et son frère Henri explorent les rivages, les baies et les terres de l’archipel pour établir la première toponymie officielle de ces terres. Le géologue Edgar Aubert de la Rüe, assisté par son épouse Andrée, entreprend l’étude géologique et géographique de l’archipel lors de quatre campagnes (1928-1929, 1931, 1949-1950, 1952) et poursuit les travaux de dénomination.

En 1924, les îles Crozet, Saint-Paul, Amsterdam et Kerguelen sont rattachées à l’administration du gouvernement général de Madagascar, comme districts des « îles Éparses » dépendant de la province de Tamatave.

Durant la Seconde Guerre mondiale, quelques navires corsaires allemands, dont l’Atlantis, feront relâche dans ses baies.

La station permanente de Port-aux-Français créée en 1950 a permis une étude détaillée de l’environnement géophysique et géologique, de la faune marine et terrestre, et de la flore. Depuis cette date, des missions annuelles assurent une permanence scientifique et technique sur l’archipel avec plus d’une centaine de personnes en été et une quarantaine en hiver, les navires Marion Dufresne puis à partir de 1995 le Marion Dufresne 2 assurant les rotations depuis l’île de la Réunion.

En 1990, le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc était venu y faire une escale inédite pour la première et dernière fois, en effet, compte-tenu de l’indisponibilité du navire ravitailleur de l’archipel Marion Dufresne, les autorités françaises avaient décidé de confier cette mission au porte-hélicoptères dont la campagne d’application traversait l’océan Indien. Après escale sur l’île de Madagascar, puis sur l’île de la Réunion, mission fut donnée que le trajet ferait cet important détour pour une escale de deux jours, les 4 et 5 février 1990.

La campagne de la Jeanne d’Arc reprit ensuite son cours vers la ville de Perth, sur la côte occidentale de l’Australie. À l’occasion de cette unique escale aux Kerguelen, des oblitérations spéciales du courrier postal furent émises pour marquer l’événement.

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Sources : Wikipédia, YouTube.