La civilisation minoenne est une civilisation antique qui s’est développée sur les îles de Crète, de Santorin et probablement sur une grande partie de la mer Égée, au sud de la Grèce de 2700 à 1200 av. J.-C.
Tirant sa dénomination moderne du nom du roi légendaire Minos, elle a été révélée par l’archéologue anglais Arthur John Evans au début du XXe siècle. On ignore par quel nom elle se désignait elle-même, mais les Égyptiens de l’Antiquité la dénommaient Kaphti et certaines théories, s’appuyant sur des écrits de la cité de Mari, tendent à appeler l’île de Crète Kaptara.
Équidistante de la Grèce continentale, des Cyclades, de Rhodes et de la Libye, l’île de Crète marque la limite sud du bassin égéen et est un carrefour entre Europe, Asie et Afrique. La Crète et son voisinage (Cyclades, Péloponnèse, Anatolie) se trouvent dans une région géologiquement dynamique et souvent soumise aux tremblements de terre, dont certains ont été la cause de graves dégâts pour les palais et cités de l’Âge du bronze.
En outre, bien que le niveau de la Méditerranée soit globalement constant depuis environ six millénaires, de nombreuses habitations ou ports de la côte orientale sont submergés de nos jours en raison de la subsidence de cette côte. Dès lors, si l’on considère que le niveau de la mer était, en Crète orientale, inférieur d’un mètre à l’époque romaine par rapport à aujourd’hui, on peut supposer que de nombreux sites minoens sont désormais sous au moins deux mètres d’eau. Les ports minoens étaient souvent situés à l’abri de promontoires, de chaque côté desquels se trouvaient les installations portuaires, utilisées en fonction de la direction du vent. Le promontoire de Mochlos fut certainement un des abris typiques, avec un port de chaque côté de l’isthme, jusqu’à ce que la montée des eaux le transformât en île.
Un autre changement dans la configuration des côtes de l’île est dû à l’élévation progressive de toute la côte occidentale. Ce phénomène, mis en évidence par Spratt dans les années 1850, aurait commencé à l’époque médiévale, peut-être au IXe siècle, juste après la conquête des Sarrasins. Entre Paleochora et l’ancienne cité de Lyssos, l’élévation est estimée à 8 mètres. Ainsi, à Phalassarna, l’ancienne cité grecque possédait un port intérieur, relié à la mer par un canal taillé dans la roche. Ce canal est désormais plusieurs mètres au-dessus du niveau de la mer.
La Crète est une île montagneuse, dominée par trois massifs culminant à 2 456 mètres. La composition géologique et l’activité sismique ont créé de très nombreuses grottes et cavités très tôt occupées par l’homme à des fins d’habitation ou de culte.
De nos jours, environ les deux tiers de la surface totale de l’île sont des zones rocheuses et arides, mais ce n’était peut-être pas le cas à l’époque minoenne. Si la déforestation a commencé très tôt en Crète, notamment en raison des constructions navales, il semble que sous les Minoens une forêt primitive de cyprès couvrait toute la région à l’ouest du Mont Ida, et l’on pouvait encore la voir, à l’état résiduel, à l’époque vénitienne, à la fin du Moyen Âge. Parmi les plantes déjà présentes à l’époque minoenne, on peut noter le safran, l’amandier, le cognassier, les pois, les pois-chiches, le caroubier, le céleri, la carotte, le chou, l’asperge, ainsi que des plantes aromatiques (aneth, thym, sauge, menthe et origan crétois).
L’île ne possédait pas de rivière navigable. Il semble cependant qu’il y ait eu plus d’eau à l’âge du bronze que de nos jours, ces changements climatiques étant peut-être une conséquence de la déforestation.
Sir Arthur Evans, fouilleur de Cnossos, et fondateur de l’archéologie minoenne, a introduit, pour l’étude de la civilisation minoenne, une chronologie tripartite. Il établit son système sur l’étude des poteries trouvées en Crète, en les comparant aux objets égyptiens découverts sur l’île et en essayant d’établir un parallèle avec la chronologie égyptienne. Evans divise donc l’histoire minoenne en trois périodes, le minoen ancien, le minoen moyen et le minoen récent, elles-mêmes divisées en trois sous-parties, et place l’apogée de cette civilisation entre le minoen moyen III et minoen récent (vers 1700-1450 av. J.-C.).
Une nouvelle chronologie fut proposée en 1958, à Hambourg, par l’archéologue Nikolaos Platon. Ce nouveau système repose sur les principales phases de la vie du complexe palatial de Knossos. Pour Platon, le premier palais remonte à 2000 av. J.-C. avant d’être détruit vers 1700 av. J.-C. Reconstruit, il est à nouveau détruit vers 1400 av. J.-C., probablement à la suite d’un séisme contemporain de l’explosion du volcan de Santorin. Cette datation, désormais largement répandue, adopte une chronologie et une terminologie quelque peu différente de celle d’Evans. Selon Platon, ce que nous appelons le Néolithique s’arrête en 2600 av. J.-C. par l’introduction du cuivre. La période allant de cette date à la construction des premiers palais de Knossos, Phaistos et Malia est décrite comme « pré-palatiale ». La période « proto-palatiale » s’étend de la construction des palais à leur destruction vers 1700 av. J.-C. La période « néo-palatiale » s’étend de leur reconstruction à jusqu’à la destruction finale de Knossos vers 1400 av. J.-C. La période suivante, « post-palatiale » ou mycénienne, est celle de l’abandon des principaux palais, et se termine avec l’arrivée des Doriens dans l’île.
La datation de chaque période est fondée sur des correspondances chronologiques avec l’Égypte ancienne, dont on connaît plus précisément la chronologie, grâce aux inscriptions retrouvées. Des bols égyptiens en pierre datant du pré-dynastique ou de l’Ancien Empire, ont été retrouvés dans un contexte de la fin du Néolithique à Knossos. Des vases en pierre de l’Ancien Empire ont été découverts dans des tombes pré-palatiales à Mochlos. Des scarabées de la XIIe dynastie ont été mis au jour à Lébéna dans un contexte de la fin de la période proto-palatiale. Mais ces découvertes ont pour limite l’impossibilité de les dater avec certitude puisqu’elles ne portent pas d’inscription. En revanche, on pense ainsi que la période proto-palatiale est contemporaine de la XIIe dynastie car des fragments de vase de style de Kamáres ont été trouvés à Kahun en Égypte parmi les déchets d’un habitat ouvrier établi pour la construction des pyramides royales de cette dynastie. Un vase de Kamáres fut aussi trouvé à Abydos. Le début de la période néo-palatiale doit coïncider avec l’époque des Hyksos, puisque le couvercle d’un vase en pierre, portant le cartouche de pharaon Hyksos Khyan fut découvert dans des niveaux du Minoen moyen III à Knossos. De même, le reste de la période néo-palatiale correspond au Nouvel Empire, en particulier à la XVIIIe dynastie : une amphore en albâtre portant le cartouche de Thoutmôsis III a été trouvée dans une tombe de la période finale des palais à Katsamba.
L’introduction du cuivre et son utilisation pour les outils et les armes, marque la fin du Néolithique en Crète. La thèse d’Arthur Evans selon laquelle l’introduction des métaux en Crète est due à des émigrés venus d’Égypte est aujourd’hui révolue. D’autres théories penchent en faveur de l’installation en Crète de colonisateurs venus d’Afrique du Nord ou d’Anatolie. Mais les données archéologiques ne confirment pas ces hypothèses, ni même les données anthropologiques qui ne montrent pas l’arrivée de nouvelles populations sur l’île à cette époque. La théorie actuelle penche en faveur du fait que toute la région de l’Égée est à cette époque habitée par un peuple désigné comme préhellénique ou égéen. L’Égypte semble trop lointaine pour exercer une grande influence à cette époque. Au contraire, c’est l’Anatolie qui joue un rôle probant dans l’initiation de la Crète aux arts des métaux. La diffusion de l’usage du bronze en mer Égée est liée à de larges mouvements culturels et commerciaux depuis les côtes de l’Anatolie vers la Crète, les Cyclades et le sud de la Grèce. Ces régions entrent dans une phase de développement social et culturel, marqué principalement par l’essor de la navigation les reliant à l’Anatolie et à Chypre. Cependant la civilisation demeure néolithique, notamment dans la première partie de la période. Ainsi, on peut noter, dans un premier temps, des changements davantage sur le plan de l’organisation et de l’amélioration des conditions de vie que sur le plan de la technologie.
Grâce à sa marine, la Crète occupe une place prédominante en Égée. L’utilisation des métaux multiplie les transactions avec les pays producteurs : les Crétois vont chercher le cuivre à Chypre, l’or en Égypte, l’argent et l’obsidienne dans les Cyclades. Des ports se développent sous l’influence de cette activité croissante : Zakros et Palékastro sur la côte orientale, les îlots de Mochlos et Pseira sur la côte septentrionale deviennent les principaux centres d’échange avec l’Anatolie. L’importance de celle-ci pour la Crète explique la prépondérance de la partie orientale de l’île qui en constitue le foyer le plus actif. Alors que Knossos ne connaît encore qu’une civilisation sub-néolithique, sans métal, Malia fait figure de métropole. C’est à cette époque que des communautés de fermiers et d’éleveurs se développent dans la plaine de la Messara. Il semble que dès le minoen ancien, les villages et les petites villes deviennent la norme et les fermes isolées se font beaucoup plus rares.
La généralisation de l’emploi du bronze déplace le centre de gravité de l’île vers son centre, dont les cités commencent à concurrencer celles de la partie orientale. De plus, de nouvelles matières premières détournent l’attention des Crétois de l’Anatolie. Par exemple, l’étain d’Espagne, de Gaule ou de Cornouaille arrive sur les côtes siciliennes et de l’Adriatique et certaines cités orientent leur commerce vers ces régions. C’est ainsi que l’embouchure du Kairatos se développe. Une route traverse la Crète en son milieu avec Knossos et Phaistos comme principales étapes.
En ce qui concerne l’agriculture, on sait grâce aux fouilles que presque toutes les espèces connues de céréales et de légumineuses sont cultivées et que tous les produits agricoles connus encore de nos jours comme l’huile, les olives, le vin et le raisin sont déjà produits à cette époque.
Vers 2000 av. J.-C., sont édifiés des bâtiments assez grands pour mériter le nom de palais. Ces constructions sont le principal changement de l’âge du bronze moyen. Leur fondation résulte en une concentration des pouvoirs dans certains centres, dictée à la fois par des évènements extérieurs, et comme étant la conséquence d’une évolution économique et sociale interne. Des sources écrites provenant de peuples d’Orient indiquent que l’Égée et l’Anatolie connurent un bouleversement provoquant une réaction des Crétoisc. Ceux-ci choisirent semble-t-il de se rassembler sous la domination d’un chef, voire de deux ou quatre, afin de mieux lutter contre les dangers de puissances extérieures. Les premiers palais que sont Knossos, Phaistos et Malia sont situés dans les plaines les plus fertiles de l’île, permettant à leurs propriétaires l’accumulation de richesses, notamment agricoles, comme le prouvent les grands magasins pour produits agricoles retrouvés dans ces palais. Les palais deviennent des centres de rayonnement pendant 600 à 700 ans, et la civilisation est désormais considérée comme palatiale.
L’emplacement de ces palais correspond aux grosses agglomérations qui existaient lors de la troisième phase prépalatiale. Knossos contrôlait la riche région du centre-nord de la Crète, Phaistos dominait la zone de plaine de la Messara, et Malia le centre-est jusqu’à l’actuelle Ierapetra. Depuis quelques années les archéologues parlent de territoires ou États bien délimités, phénomène nouveau dans l’espace grec.
La civilisation de période protopalatiale s’étend à toute la Crète. Les relations entre les chefs locaux semblent pacifiques et fondées sur la collaboration. Mais les palais témoignent de l’existence d’un pouvoir politique central et d’une hiérarchie dominée par un roi. L’exécution de travaux majeurs comme le nivellement de la colline à Knossos ou Phaistos, sont des indications que les Minoens avaient déjà mis en place une division du travail, et disposaient d’une grande quantité d’ouvriers. L’esclavage et la corvée déjà pratiqués à l’Est, existaient sans doute aussi en Crète. La présence d’une hiérarchie dans les palais est attestée par la quantité de sceaux découverts à Phaistos. Enfin, le développement de l’écriture hiéroglyphique et l’apparition de la première écriture linéaire seraient en liaison avec le système bureaucratique et la nécessité d’un meilleur contrôle des entrées et sorties de marchandises.
Le rayonnement de la culture minoenne se fait maintenant sentir hors de Crète. Il semble que Knossos ait déjà posé les fondations de la « thalassocratie minoenne ». De la céramique de Kamáres a été trouvée à Milos, Lerne, Egine et Kouphonissi. Des importations de céramique en Égypte, Syrie, Byblos, Ugarit prouvent les liens entre la Crète et ces pays.
Une Pax Minoica semble régner sur l’île qui est désormais sous l’autorité de Knossos. Une théorie veut que les palais crétois aient tous appartenu à un même maître qui les visitait alternativement.
Vers 1700 av. J.-C., une grande catastrophe détruisit les trois grands palais, selon toute vraisemblance un tremblement de terre, qui toucha plusieurs pays d’Anatolie à la même période. Une autre théorie veut qu’il y ait eu un conflit entre les palais dont Knossos sortit vainqueur.
Les premiers palais sont reconstruits après la catastrophe de 1700 av. J.-C. Les deux siècles suivants marquent la plus grande évolution de la civilisation minoenne qui rayonne désormais depuis une dizaine de nouveaux palais, souvent plus petits et parfois simplement appelés « villas ». Ces résidences de souverains locaux gagnent une plus grande indépendance et montrent un déclin de l’autorité centrale.
La période néopalatiale n’est pas uniforme : ainsi les nouveaux palais connaissent une première destruction vers 1630/1620 av. J.-C., que les études récentes relient à l’explosion du Santorin. Les caractéristiques des nouveaux palais sont leurs propylées, les colonnades, les escaliers reliant les nombreux étages, les puits de lumière, des pièces dans lesquelles un ou plusieurs murs sont remplacés par une série de portes qu’on pouvait ouvrir ou fermer selon l’époque de l’année. Le gypse, extrait sur place à Knossos ou Phaistos servait au revêtement des murs.
Vers 1450 av. J.-C., les palais sont de nouveaux détruits, ce qui marque le début du déclin de la civilisation minoenne. Pendant longtemps, la fin de la civilisation minoenne fut associée à l’explosion du volcan de Santorin, qui aurait entraîné une série de séismes dévastateurs, déposé une couche de cendres volcaniques et déclenché un puissant raz-de-marée qui balaya toute la côte nord de la Crète, anéantissant la flotte minoenne. Cette théorie fut mise en avant dans les années 1930 par Spyridon Marinatos qui attribua la destruction de la villa des lys à Amnisos à l’explosion du volcan.
Si cette théorie fut maintes fois reprise, elle commença à être contredite puis quasi abandonnée à partir des années 1980. Les archéologues estiment que l’explosion du volcan eut lieu vers la fin du XVIIe siècle av. J.-C. et non vers 1450 av. J.-C. De plus, ils admettent que la destruction des palais est issue de trois catastrophes différentes, intervenues à un intervalle de 70 à 100 ans. La première, vers 1620-1600 av. J.-C., due à l’explosion de Santorin, eut un effet limité, les palais ayant été immédiatement réparés. La seconde vers 1520-1500 av. J.-C., limitée elle aussi, eut pour conséquence l’abandon de certains palais et demeures (Galatas, Amnisos, Vathypetros, Sitia). La troisième, plus importante, eut des conséquences plus sérieuses, et de nombreux sites importants furent abandonnés. Tous les centres palatiaux semblent avoir été détruits et incendiés, sauf celui de Knossos. Dans certains villages, comme à Myrtos Pyrgou, seules les demeures plus importantes des gouverneurs locaux sont détruites, alors que le reste des habitations est intact.
En écartant la thèse de l’éruption volcanique, d’autres théories sont mises en avant, pour tenter d’expliquer le déclin de la civilisation minoenne, comme les séismes, les incendies, la conquête mycénienne et les actions guerrières à l’intérieur et à l’extérieur de la Crète. Pour Theocharis E. Detorakis, des causes sont à chercher au sein même de la société et de l’économie crétoise. Ainsi, selon lui, la fabrication de produits agricoles et artisanaux atteignit ses limites et ne satisfaisait plus la demande. Dans le même temps, les conditions de gestion du commerce changèrent à la suite de l’apparition de nouveaux facteurs, comme la revendication des mêmes zones de commerce que les habitants de Grèce continentale. D’autre part, une diminution du stock des matières premières n’est pas à exclure. La situation qui en résulta eut comme principale caractéristique le trouble et la déstabilisation qui entraînèrent l’abandon et la destruction de la plupart des sites. La destruction des palais de Phaistos, Aghia Triada et Tylissos pourrait être le dernier épisode d’une lutte les opposant à Knossos. Mais vers 1400 av. J.-C., la capitale succombe à son tour pour des raisons mal identifiées. Le palais est pillé et incendié. L’hypothèse du tremblement de terre est de nouveau récurrente. Evans en voyait la cause dans une révolte de la plèbe minoenne contre une monarchie à tendance militaristed. Wace quant à lui a suggéré le soulèvement des Crétois contre un dynaste achéen venu du continent. On cite la légende de Thésée comme support de la théorie d’une invasion achéenne venue du continent, la mort du Minotaure symbolisant la destruction de la puissance minoenne par ses ex-vassaux. Mais le déchiffrement des tablettes en argile de Knossos démontra que la langue grecque était déjà la langue officielle à Knossos et que par conséquent le dynaste, au moment où le palais fut détruit, était achéen.
L’opinion qui prévaut est qu’il n’y eut plus de palais à Knossos au XIVe siècle av. J.-C. Même si des chercheurs tels que Blegen et Palmer pensent que le site continua à être occupé par les rois achéens et qu’il ne fut détruit que 200 ans plus tarde.
La destruction de Knossos ne causa pas de rupture dans la civilisation, mais après 1400 av. J.-C., son rayonnement diminua et le foyer de la culture créto-mycénienne se trouvait désormais non plus sur l’île, mais en Grèce continentale. La Crète ne fut plus dorénavant qu’une simple dépendance du continent.
On n’a pas encore retrouvé de palais de cette époque à Knossos. Le siège du roi mycénien fut peut-être transféré du palais dévasté à quelqu’autre site voisin. Le vieux palais minoen fut bien de nouveau occupé, mais par des particuliers, qui déblayèrent et réparèrent provisoirement certaines parties. Ce fut le temps de la réoccupation, terme utilisé par Evans. Si aucune trace d’occupation mycénienne n’a été découverte à Knossos, en revanche, des mégarons de type mycénien furent découverts à Aghia Triada et Tylissos. Des maisons bâties avec soin du début de la période postpalatiale ont été découvertes à Paliokastro, Zakros, Gournia. Le port de Knossos continua d’exister et avait même des rapports commerciaux avec Chypre. Des fusions ont dû se produire entre crétois et Achéens, mais malgré cet apport d’éléments nouveaux, l’île ne donne plus rien d’original en matière artistique.
La colonisation achéenne est mentionnée dans les traditions mycéniennes préservées par la mythologie grecque. Ainsi, Agamemnon fonda quelques villes en Crète, Pergamos, Lappa et Tégée. Les Achéens participèrent à la fondation de Polyrrinia. Des toponymes comme ceux de Gortyne et Arcadie sont probablement d’origine achéenne. Dans l’Iliade, Homère mentionne, outre la présence de Cnossos, Gortyne, Lyktos, Miletos et Phaistos, le fait que l’île aurait fourni quatre-vingts vaisseaux, le plus grand nombre parmi les alliés d’Agamemnon. Ce qui prouverait que l’île est loin d’être ruinée. Cette flotte aurait été sous le commandement du roi de l’île, Idoménée, lointain descendant de Minos. À son retour en Crète, il aurait à son tour été chassé, selon d’autres honoré d’un splendide tombeau. Probablement faut-il voir en lui, comme en Minos, la personnification d’une nouvelle dynastie. Son avènement consacre le triomphe des Achéens, son exil à Salente correspond à la dépossession des monarques achéens par l’invasion dorienne.
Les entreprises au-delà des mers des Achéens crétois visaient sans doute d’autres régions. Des textes mentionnent des attaques de l’Égypte par les Peuples de la mer vers 1200 av. J.-C. Parmi les peuples cités, Pulesata, Zakaru et Akaiwasha pourraient venir de Crète.
À la suite de la colonisation achéenne et de l’intensification des communications avec le Péloponnèse, apparurent des conditions favorables au développement de la Crète occidentale. On y trouve quelques-unes des colonies mycéniennes mentionnées plus haut, mais aussi quantité de hameaux (Kolymbari, Stylos), de tombes et autres restes de la période mycénienne.
Vers 1150 av. J.-C., les grands centres mycéniens sont dévastés par des tribus du nord-ouest de la Grèce : Doriens, Locriens, Étoliens, Phocidiens. Vers 1100 av. J.-C. la Crète est touchée à son tour. La population minoenne ne disparut pas complètement, elle se mélangea et fut graduellement absorbée linguistiquement par les tribus doriennes. Quelques sites de l’île continuèrent à rester fidèles à la langue minoenne. Ainsi, à Praisos on continua à rédiger des inscriptions pré-helléniques jusqu’au IVe et IIIe siècles av. J.-C. D’autres groupes se réfugièrent sur des sommets montagneux abrupts comme à Karphi, où une civilisation dégénérée survécut. Cette phase est appelée subminoenne ou proto-géométrique. Les formes et les motifs décoratifs minoens, bien qu’appauvris, survécurent dans la céramique. La décoration finit par se limiter aux triangles, demi-cercles et bandes. La fibule se répandit largement, ce qui doit signifier un changement dans le mode d’habillement. On constate aussi deux autres changements très importants : l’utilisation du fer et la crémation des morts.
Une étude génétique réalisée en 2017 montre que les Minoens sont issus d’un mélange génétique entre des fermiers d’Anatolie occidentale, pour les trois quarts de leur ascendance, et une population issue de l’Est (Iran ou Caucase). Ils se différencient des Mycéniens qui possèdent en plus une composante issue du Nord liée aux chasseurs-cueilleurs d’Europe de l’Est et de la Sibérie, introduite via une source liée aux habitants de la steppe eurasienne.
Source : Wikipédia.