La cité antique de Mycènes (Grède).

Mycènes (en grec ancien Μυκῆναι / Mykênai) est une cité antique préhellénique de l’âge du bronze située sur une colline entre les monts Profitis Ilias et Zara, au nord-est de la plaine d’Argos, dans le Péloponnèse, et entourée de fortifications en murs cyclopéens (assemblage de blocs de pierre énormes).

Au cours du IIe millénaire av. J.-C., Mycènes devient un pôle majeur de la Grèce continentale, formant, avec les cités voisines, la civilisation appelée « mycénienne » par les archéologues et les historiens. Son apogée se situe entre les XIVe et XIIIe siècles av. J.-C. La puissante cité montre plusieurs signes de destructions, comme le reste des sites de la civilisation  mycénienne, entre la fin du XIIIe et le début du XIe siècle av. J.-C. Leurs causes font encore l’objet de discussions : invasions étrangères, tremblements de terre, incendies ou conflits internes. Mycènes devenue dès lors une cité mineure, ses fortifications sont détruites après la mise à sac de la ville par Argos en 468 av. J.-C.

Les ruines de Mycènes, connues depuis l’Antiquité, sont notamment  décrites par Pausanias au iie siècle de notre ère. Les premières fouilles ont lieu en 1841 et le site est minutieusement étudié depuis 1876 et les premières découvertes de l’archéologue allemand Heinrich Schliemann.

Mycènes, comme sa voisine Tirynthe, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999. Aujourd’hui, Mycènes est une petite bourgade  paisible de Grèce.


Selon la mythologie grecque, Mycènes est fondée par Persée à la suite de l’homicide accidentel d’Acrisios, roi d’Argos. Alors que cette dernière lui revient légitimement, Persée préfère céder cette royauté à Mégapenthès, neveu du défunt, et part fonder une nouvelle ville, qu’il baptise « Mycènes » soit en allusion au pommeau de son épée, soit en allusion au champignon qu’il trouve sur place. Persée demande aux Cyclopes, des géants dotés d’une force surhumaine et bâtisseurs de Tirynthe, de construire des murailles pour Mycènes. Pour les Grecs de l’époque classique, les larges blocs de pierre utilisés ne pouvaient avoir été assemblés que par ces géants, d’où leur nom de « murs cyclopéens ».

Des traditions concurrentes évoquent une Mycène, fille d’Inachos ou encore un Mycénée, petit-fils de Phoronée.

Mycènes est le royaume du héros homérique Agamemnon, chef des Achéens lors de la guerre de Troie. Homère la décrit comme chère à Héra et « riche en or ». La richesse de la ville est en effet proverbiale dès l’Antiquité.

Le petit-fils d’Agamemnon, Tisamène, est le dernier roi de Mycènes, vaincu par les Doriens, avec l’Héraclide Téménos à leur tête. La cité est incendiée et passe définitivement sous l’influence de sa voisine Argos, dont Téménos est devenu le roi. Entre la fondation par Persée et le retour des Héraclides, on compte six ou sept générations, ce qui correspond, selon l’archéologue George Mylonas, à la durée de l’existence de la Mycènes historique.

La cité de Mycènes est située dans l’est du Péloponnèse sur une colline dominant l’extrémité nord-est de la fertile plaine d’Argos. Cette position lui permet de contrôler les routes commerciales, notamment le défilé de Dervénakia, la seule route conduisant à l’isthme de Corinthe et au reste de la Grèce continentale. La colline est entourée de deux sommets plus élevés : au nord le mont Profitis Ilias, et le mont Zara au sud, dont elle est séparée par deux ravins escarpés, le Kokoretsa au nord et le Chavos à l’est et au sud.

Il est probable le nom “Mukanai” n’est pas grec mais plutôt l’un des  nombreux noms de lieux pré-grecs hérités par les locuteurs grecs ultérieurs. Mycènes donne son nom à la civilisation mycénienne, qui se développe à partir de 1550 av. J.-C. en Grèce continentale. Ainsi, on a retrouvé des vases en céramique et en métal précieux, des perles d’ambre et un masque funéraire en électrum dans le cercle B des tombes à fosse situées près de l’acropole, daté de 1650-1600 av. J.-C. Il témoigne de la transition entre les premières tombes, au matériel relativement modeste, et le cercle  (1600-1500 av. J.-C.), qui a livré une impressionnante quantité d’or et d’objets précieux.

L’habitat de l’époque n’ayant pas été préservé, l’origine d’une telle  affluence de richesses ne peut faire l’objet que de conjectures. Sir Arthur John Evans, découvreur de Cnossos, évoque l’installation d’une dynastie crétoise à Mycènes ; on a suggéré, à l’inverse, un pillage mycénien en Crète ou le retour de mercenaires partis combattre les pharaons Hyksôs en Égypte. Il semble que la richesse des Mycéniens de l’époque soit endogène, et non due à l’extérieur, et qu’elle se soit constituée progressivement, et non à la suite d’un événement particulier.

Le matériel et l’iconographie des tombes montrent que Mycènes est alors dominée par une aristocratie guerrière, dont les représentants affichent une taille et une force physique supérieures à la moyenne, sans doute grâce à une meilleure alimentation. Elle se distingue par son goût pour les objets de luxe et par l’importance accordée aux monuments funéraires : la tombe à tholos dite « d’Égisthe » a nécessité l’équivalent du travail de 20 hommes pendant 240 jours, puis une phase de maçonnerie d’une année entière.

La cité est gouvernée par un monarque appelé « wa-na-ka » dans la langue mycénienne des tablettes en linéaire B, correspondant au mot (ϝ)άναξ / (w)ánax (« roi ») de la langue homérique.

La disparition de cette civilisation n’est pas expliquée précisément. Les causes sont à la fois externes (tremblements de terre à l’origine du déplacement de sources d’eau, raids de nouvelles populations) et internes (administration trop centralisée et trop rigide, incapable de surmonter de nouvelles crises). L’hypothèse de la cause interne est renforcée par le fait que, dans les tablettes mycéniennes, le nom du magistrat chargé de l’administration des villages est une forme ancienne dont aurait pu dériver les titres de basileus (roi dans la Grèce antique) et d’archonte (roi-prêtre dans la Grèce archaïque). Ce qui signifierait que l’administration  mycénienne se désintégra au point que les citoyens ne reconnurent plus que les magistrats locaux comme autorité suprême, qui, après la chute des palais vers -1200, devinrent les nouveaux rois. Selon la théorie de Jared Diamond, l’exploitation sans vergogne des ressources naturelles aurait pu être à l’origine de la chute de la Grèce mycénienne.

Ces ruines considérables furent visitées par Pausanias, au IIe siècle, qui commente les tombeaux, les remparts massifs et la porte des Lionnes, encore visibles aujourd’hui. Toute connaissance sur ceux qui avaient construit cette remarquable cité avait disparu bien avant l’époque classique, et les Mycéniens ne furent connus des Grecs que de la manière la plus vague, à travers mythes et légendes.

Après la chute des palais mycéniens vers 1200 avant notre ère, la cité de Mycènes perdura encore. Elle demeure une cité relativement importante au XIIe siècle av. J.-C., époque où le site de l’ancien palais est toujours occupé. Ce dernier subit de nouvelles destructions au début du siècle suivant (vers 1070 av. J.-C.), où la puissance de Mycènes est supplantée par celle d’Argos, qui demeurera une cité importante dans le monde grec durant tous les âges obscurs et une grande partie de l’époque archaïque. La royauté a perduré dans la cité jusqu’au Ier millénaire av. J.-C., mais finit probablement par être abolie à la fin du VIIIe ou au début du VIIe siècle av. J.-C. et remplacée par un régime oligarchique, comme ça a été le cas dans presque toutes les cités grecques dès l’époque archaïque.

Un temple d’Héra fut bâti sur l’acropole à une date inconnue.

À l’époque classique, Mycènes participe à la bataille de Platées, dans le cadre des guerres médiques contre les Perses, en 479 avant notre ère.

En 468 av. J.-C., Mycènes est prise par Argos. La cité est mise à feu et à sang et ses habitants sont déportés. Quand Pausanias écrit sur elle au IIe siècle, la cité est déjà en ruines.

Après le déclin de la civilisation mycénienne dès le XIIe siècle avant notre ère, la cité de Mycènes devient un site mineur à l’époque classique, avant d’être détruite par Argos en 468 av. J.-C. Six siècles plus tard, le géographe Pausanias se rend sur le site et décrit « quelques restes de son enceinte, et entre autres une porte sur laquelle il y a deux lions que l’on croit avoir été faits par les Cyclopes ».

En 1700, les vestiges de la cité sont décrits par l’ingénieur italien Francesco Grimani au service du royaume de Morée, identifiant la porte des Lionnes grâce à la description de Pausanias. À partir du XVIIIe siècle, les voyageurs deviennent nombreux à visiter le site et les premières « fouilles » commencent au début du XIXe siècle, notamment sous l’impulsion de Lord Elgin et Lord Sligo, qui pillent les ruines de plusieurs centaines d’objets.

Avec l’indépendance de la Grèce, le site est placé en 1837 sous la protection de la Société archéologique grecque. Elle envoie à Mycènes Kyriákos  Pittákis qui dégage en 1840 la porte des Lionnes et la cour qui la précède.

En 1874, l’archéologue allemand Heinrich Schliemann commence à fouiller le site, se concentrant sur les tombes à proximité de la porte des Lionnes. Chrístos Tsoúntas organise les premières fouilles systématiques du site, qu’il dirige de 1886 à 1902, ne négligeant pas la porte. Le chantier passe ensuite sous l’égide de l’École anglaise d’Athènes, auréolée de ses  trouvailles en Crète, sous la direction d’Alan Wace de 1920 à 1923, puis en 1938, puis enfin de 1950 à 1955.

La Société archéologique grecque reprend ses propres fouilles en 1950, sous la direction de Ioannis Papadimitriou puis de Georges Mylonas, qui fouillent systématiquement la citadelle et la porte des Lionnes, permettant d’établir une datation précise et fiable des différentes phases d’occupation et d’extension. Ces découvertes ont révélé que Mycènes était habitée dès le troisième millénaire par une population préhellénique proche de celle de la Crète minoenne contemporaine. Une vaste ville s’étendait au pied de la citadelle, mais elle n’a été que très peu explorée. De 1985 à 2013, les fouilles sont dirigées par Spyros Iakovidis, dans la poursuite des travaux de  Mylonas.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.