La boule de Moulins.

Une boule de Moulins est un procédé de transport du courrier vers la ville de Paris employé lors du siège de la ville pendant la guerre de 1870. Comme le courrier empruntant ce moyen était au préalable centralisé à Moulins (Allier), ces boules furent dites « de Moulins ».

Les boules de Moulins, en métal et remplies de courrier, étaient immergées dans la Seine largement en amont de Paris. Roulant sur le fond du fleuve, elles devaient franchir les lignes des assiégeants et être récupérées aux abords de la capitale. Le procédé se révéla un échec total, aucune boule de Moulins ne parvenant à Paris avant la fin du siège, même si plus de la moitié d’entre elles a été récupérée depuis, de la Seine-et-Marne jusqu’à l’embouchure de la Seine.

Afin de continuer à correspondre avec la province dans une capitale totalement encerclée par les Prussiens, divers moyens avaient été employés, ballon monté ou pigeons voyageurs, mais surtout dans le sens Paris-province. Dans l’autre sens ceci était plus délicat et l’idée de faire voyager par le courant de la Seine des boules étanches contenant du courrier

Boule de Moulins, carte maximum, Paris, 28/04/1979.

fut mise en œuvre, selon le principe de la bouteille à la mer. Pour déjouer la surveillance des assiégeants et les dispositifs qu’ils ont installés pour barrer la Seine, les boules ne doivent pas flotter en surface ou entre deux eaux ; elles descendent le courant en roulant sur le fond. Ce sont trois ingénieurs (Pierre-Charles Delort, Émile Robert et J. Vonoven) qui mettent au point le système basé sur la fabrication de cylindres en zinc étanches une fois refermés par soudure. Le cylindre, d’une longueur de 20 cm pour un diamètre de 12 cm, est pourvu d’ailettes destinées à le faire tourner sur lui-même dans le courant du fleuve. D’un poids d’un peu plus de 2 kg, l’ensemble a la forme d’une sphère et peut renfermer 500 à 600 lettres qui ne doivent pas dépasser 4 grammes chacune. Le dispositif est peut-être inspiré d’un dispositif comparable, utilisé pour la contrebande de tabac à la frontière franco-belge, dans les eaux de l’Yser. Deux expériences successives avec une boule sur la Bièvre sont concluantes.

Courrier transporté par “la boule de Moulins” 6/01/1871.

Les boules fabriquées à Moulins sont mises à l’eau dans la Seine en amont de Paris, depuis Bray-sur-Seine jusqu’à Samois-sur-Seine, et des filets descendant jusqu’au fond du lit de la Seine, tendus derrière les lignes ennemies, au niveau du Port à l’Anglais à Alfortville, doivent les récupérer. Delort reste à Moulins pour conditionner les boules, remplir les bordereaux qui détaillent leur contenu ; Robert assure le transport des « agents » — pour éviter les fuites, c’est le terme employé pour désigner les boules — de Moulins aux bords de la Seine où il les immerge ; Vonoven se charge de relever les filets.

Courrier transporté par “la boule de Moulins” 8/01/1871.

Le système ne fut pas efficace puisqu’aucune des 55 boules envoyées du 4 au 29 janvier 1871, date à laquelle le service fut interrompu, ne fut récupérée pendant le siège. Elles étaient probablement envasées, arrêtées par des obstacles ou sont passées au travers des filets détruits par les glaçons charriés par la Seine le 22 janvier. Le 10 février, 14 600 lettres en attente furent découvertes à Moulins. Elles furent acheminées à Paris dissimulées dans des sacs de riz.

Certaines boules, cependant, purent être retrouvées après la fin du siège : la première fut repêchée en mars 1871 aux Andelys. Il semble cependant qu’une boule fut récupérée avant cette date, car une lettre est connue avec son cachet d’arrivée à Paris en date du 12 février 1871 (vente sur offre d’un marchand de timbres parisien, juin 2014). En définitive, environ 25 à 30 boules ont été retrouvées, la majeure partie avant 1910. Mais une l’a été en 1942, une autre en 1952. Plus récemment, une boule a été remontée par le conducteur d’un engin de dragage à Saint-Wandrille (Seine-Maritime), le 8 août 1968. Une boule a encore été récupérée à Vatteville-la-Rue (Seine-Maritime) en 1982, puis une autre en 19885,6. Chaque fois, l’administration postale cherche à remettre les lettres aux descendants des destinataires d’origine suivant le principe que la mission de distribution du courrier n’a pas de limite dans le temps. Le courrier confié à La Poste doit arriver coûte que coûte. Sur 55 boules confectionnées, une vingtaine restent donc enlisées au fond de la Seine et pourraient refaire surface dans les prochaines années8. Mais l’emplacement des dernières trouvailles (à l’aval de Rouen) suggère que les boules restant à découvrir aient pu s’éloigner considérablement de Paris, voire rejoindre la Manche. Après la fin de la guerre de 1870, un repêchage est déclaré à Saint-Malo. Il aurait fallu pour cela que les courants marins aient permis à la boule de contourner toute la péninsule du Cotentin, ce qui peut sembler surprenant ; il est également possible qu’un pêcheur l’ait chalutée près de l’embouchure de la Seine pour la rapporter ensuite à son port d’attache.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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