La bataille de la Marne, 1914.

La première bataille de la Marne, souvent identifiée comme « la bataille de la Marne » a eu lieu lors de la Première Guerre mondiale, du 5 septembre au 12 septembre 1914 entre d’une part l’armée allemande et d’autre part l’armée française et le corps expéditionnaire britannique.

Les combats se déroulent le long d’un arc-de-cercle de 225 km à travers la Brie, la Champagne et l’Argonne, limités à l’ouest par le camp retranché de Paris et à l’est par la place fortifiée de Verdun. Ce champ de bataille est subdivisé en plusieurs batailles plus restreintes : à l’ouest les batailles de l’Ourcq et des deux Morins, au centre les batailles des marais de Saint-Gond et de Vitry, et à l’est la bataille de Revigny. La bataille donne lieu à un célèbre épisode : celui des « taxis de la Marne ».

Au cours de cette bataille décisive, les troupes franco-britanniques arrêtent puis repoussent les Allemands, mettant ainsi en échec le plan Schlieffen (revu par Moltke) qui prévoyait l’invasion rapide de la France en passant par la Belgique, pour éviter les fortifications françaises et ensuite rapatrier le gros des troupes sur le front de l’Est. La retraite allemande se termine sur la rive droite de l’Aisne dès le 14 septembre, ce qui déclenche la bataille de l’Aisne.

La situation militaire au début de la Première Guerre mondiale est très en faveur des forces armées allemandes, qui viennent de remporter pendant la seconde partie du mois d’août 1914 une série de victoires sur tous leurs adversaires, que ce soit sur le front de l’Ouest en Lorraine (bataille de Morhange le 20 août) ou en Belgique (batailles des Ardennes du 21 au 23 août, de Charleroi du 21 au 23 et de Mons le 23), comme sur le front de l’Est (bataille de Tannenberg du 26 au 29 août).

De son côté, le communiqué français du même jour annonce que « dans le Nord, les lignes franco-anglaises ont été légèrement ramenées en arrière. », celui du 29 août au soir évoque la retraite à mots couverts : « la situation de notre front, de la Somme aux Vosges, est restée aujourd’hui ce qu’elle était hier. Les forces allemandes paraissent avoir ralenti leur marche ».

Si sur le plateau lorrain et dans les Vosges l’armée française arrête sa retraite dès le 23 août et arrive à tenir ses positions face aux attaques allemandes (bataille de la trouée de Charmes du 24 au 26 août), toutes les unités françaises et britanniques qui s’étaient avancées en Belgique battent en retraite à partir du soir du 23 août.

Une telle retraite s’explique par la disproportion des forces entre d’une part les Allemands et d’autre part les Franco-Britanniques : l’État-Major allemand avait fait le choix de masser face à la Belgique et au Luxembourg la majorité de ses unités, à raison de 59 divisions (soit un total de 1 214 160 combattants) regroupées au sein de cinq armées (numérotées de I à V) formant l’aile droite allemande, tandis que la défense de l’Alsace-Lorraine était confiée à une aile gauche plus faible avec 16 divisions (soit 402 000 combattants) regroupées dans deux armées (nos VI et VII). En comparaison, les Français n’avaient prévu initialement de déployer lors de leur mobilisation que les 16 divisions (soit 299 350 hommes) de la 5e armée face à la Belgique, rapidement renforcées jusqu’à compter 45 divisions (soit 943 000 hommes) au moment de la bataille des Frontières, grâce à l’envoi des 3e et 4e armées françaises ainsi que du corps expéditionnaire britannique.

Bataille de la Marne, carte maximum, Gagny, 5/09/1964.

Dominées numériquement et en danger d’être contournées par le flanc, les armées franco-britanniques repassent rapidement la frontière franco-belge pour se réfugier en France, puis foncent vers le sud-sud-ouest : cette retraite franco-britannique s’éternise pendant quinze jours, jusqu’au début du mois de septembre, moment où les troupes arrivent à hauteur de Paris.

« On a vu déjà les effets dissolvants de ces marches en retraite répétées, le plus souvent de nuit […]. Effectifs fondus, nombreux traînards tombés aux mains de l’ennemi, bagages perdus, fusils et canons enlevés et, surtout, disparition du moral de la troupe ; tels étaient les résultats des retraites effectuées ces derniers jours par nos différentes armées. »

Le commandant en chef français, le général Joffre, garde malgré tout l’espoir d’un rétablissement, et dans son rapport au ministre de la Guerre Adolphe Messimy, il affirme que l’armée française peut encore lancer une contre-attaque victorieuse. Il rejette la responsabilité de la défaite et des replis sur ses subalternes, critiquant ses généraux qu’il estime ne pas avoir été assez offensifs. Il prend des sanctions et limoge ceux qu’il juge incompétents, y compris les commandants d’armée tel que les généraux Ruffey (3e armée, remplacé le 30 août par Sarrail) et Lanrezac (5e armée, remplacé le 5 septembre par Franchet d’Espèrey). Aux échelons inférieurs, c’est un total de huit commandants de corps d’armée et 38 de division qui sont « limogés » par Joffre entre le 10 août et le 6 septembre.

Toutefois, Joffre est aussi conscient du fait qu’il doit d’abord céder du terrain. Il ordonne donc dès la fin d’août aux armées françaises en retraite d’opérer des contre-attaques localisées et très temporaires pour retarder un peu la poursuite allemande et gagner du temps : la IVe armée allemande est ainsi contre-attaquée par la 4e française le 27 autour de Sedan, puis la IIIe allemande à Signy-l’Abbaye, enfin la IIe armée allemande par la 5e française le 29 autour de Saint-Quentin et de Guise (bataille de Guise le 29 août).

Le 25 août, l’État-Major français prévoit d’arrêter la retraite derrière la Somme et l’Aisne. Six divisions sont prélevées sur le front d’Alsace-Lorraine et envoyées à partir du 27 août par chemin de fer en renfort autour de Péronne, d’Amiens et de Montdidier, regroupées au sein de la 6e armée créée pour l’occasion. Mais le débarquement de ces troupes est menacé dès le début de l’opération par l’approche des unités de cavalerie allemandes : le projet de bataille sur la ligne Somme-Aisne est annulé le 31 août et la 6e armée se joint à la retraite.

Le 2 septembre, Joffre annonce à ses commandants d’armée son projet de rétablissement le long de la Seine et de l’Aube, y comptant s’y fortifier et recompléter les troupes (par des envois des dépôts) avant de passer à l’offensive. L’intervalle entre les 5e et 4e armées françaises est comblé dès le 29 août par l’envoi de huit divisions prélevées ailleurs, créant ainsi la 9e armée le 5 septembre ; l’intervalle entre la 5e armée et l’armée britannique est colmaté par deux divisions de cavalerie. Tous ces renforts arrivent par voies ferrées, utilisées comme rocade pour faire une manœuvre par les lignes intérieures, ce qui permet le renforcement de l’aile gauche française : de 45 divisions le 23 août, elle passe à 57 le 6 septembre puis 70 le 9 septembre.

Le 3 septembre, des aviateurs français découvrent que les colonnes de la Ire armée allemande infléchissent leur marche vers le sud-est et ne marchent donc plus droit sur Paris. Ces aviateurs en avertissent un officier, qui se trouve être Alfred Dreyfus. Ce dernier les laisse avertir directement l’État-Major malgré son grade supérieur ; l’information est confirmée par les reconnaissances de cavalerie le 4 au matin.

Le 4, le gouverneur militaire de Paris, le général Gallieni, donne ordre à la 6e armée française (alors sous ses ordres) de se redéployer au nord-est de Paris et de marcher vers l’est entre l’Ourcq et la Marne, prenant ainsi l’initiative d’engager la bataille. Le commandant en chef Joffre, qui voulait attendre quelques jours de plus, est convaincu par une discussion par téléphone et donne ordre le 4 au soir à toutes les armées françaises de se préparer à faire front : « Il convient de profiter de la situation aventurée de la Ire armée allemande pour concentrer sur elle les efforts des armées alliées d’extrême gauche. Toutes dispositions seront prises dans la journée du 5 septembre en vue de partir à l’attaque le 632. » Le 5 au matin, cet ordre est complété par un deuxième destiné à la 3e armée qui « se couvrant vers le nord et le nord-est débouchera vers l’ouest pour attaquer le flanc gauche des forces ennemis qui marchent à l’ouest de l’Argonne ».

Puis Joffre informe le ministre de la Guerre Millerand, réfugié à Bordeaux devant la menace pesant sur Paris : « […] la lutte qui va s’engager peut avoir des résultats décisifs, mais peut aussi avoir pour le pays, en cas d’échec, les conséquences les plus graves. Je suis décidé à engager toutes nos troupes à fond et sans réserve […] ».

Enfin, un ordre du jour est adressé le 6 au matin à toutes les troupes françaises. Cet ordre du jour a été trouvé le 6 au soir par les Allemands sur le champ de bataille près de Vitry, et a été transmis par téléphone du colonel von Werder (de l’état-major de la IIIe armée) au lieutenant-colonel Tappen (de l’OHL).

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.