La bataille de Kosovo Polje (1389).

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La bataille de Kosovo (en serbe cyrillique Бој на Косову ou Косовска битка, en serbe latin), est une bataille qui opposa l’Empire ottoman à une coalition de princes chrétiens des Balkans, le 15 juin 1389, au Kosovo, sur le « champ des Merles ». Cette coalition de chrétiens des Balkans était composée de Serbes, Valaques, Hongrois, Bosniens et Croates.

Cette bataille est également très importante dans l’histoire turque car elle permet l’établissement durable des Ottomans dans les Balkans, et serait, selon la thèse des nationalistes turcs, à l’origine du drapeau  actuel.


La puissance turque ne cessait de s’affirmer dans les Balkans depuis son arrivée en 1346 et supplantait petit à petit le pouvoir byzantin. Étienne Douchan, roi des serbes, tente de conquérir Byzance et n’hésite pas pour cela à envisager une alliance avec les Turcs et les Vénitiens. Mais il est pris de court par l’empereur byzantin qui appelle les Turcs ottomans à son secours.

Depuis le 26 septembre 1371, et la bataille de la Maritsa, les Ottomans s’étaient ouvert les portes des Balkans, en anéantissant une forte armée, rassemblée par le prince serbe Vukašin Mrnjavčević. Dès lors, le péril turc ne cessa d’augmenter, dans la région, alors que bien des princes locaux n’étaient plus en mesure de résister. Les Byzantins de Jean V Paléologue étaient devenus les vassaux du sultan dès 1373, ainsi que les Bulgares. En Occident, le Pape essayait bien de déclencher une croisade, mais son appel ne porta ses fruits que bien plus tard, en 1396, lors de la bataille de  Nicopolis.

La première bataille sur le territoire de Lazar entre les Serbes et les Turcs eut lieu en 1381 sur les bords de la rivière Dubravnica, près de Paraćin. L’armée serbe, avec à sa tête les généraux Crep et Vitomir, remporta la victoire. La bataille de Dubravnica fut fêtée par tous les chrétiens. Puis, en 1386, Lazar lui-même intercepta une seconde armée, menée par Murat Ier en personne, près de la rivière Toplica près de Pločnik, encore une défaite pour les Turcs (la bataille de Pločnik – « Murat a peur, il s’enfuit », rapporte un chroniqueur serbe de l’époque.

Malgré ces défaites contre les Serbes, les Turcs allaient de victoire en victoire dans le reste de l’Europe du Sud-Est. En 1388, Thessalonique tomba après un long siège (bg). Serrès était déjà ottomane en 1383, et les Turcs occupaient également le royaume serbe de Vukasin dès 1371. Ils avaient donc encore d’importantes réserves militaires, grâce à leurs nouveaux vassaux. Ils attaquèrent alors le roi de Bosnie Tvrtko Ier, allié de Lazar, espérant ainsi affaiblir ce dernier. Le général de Tvrtko, Vlatko Vuković, mit en déroute l’armée turque conduite par Lala Şâhin Pacha, lors de la bataille de Bileća.

L’armée serbe se trouvait sous le commandement des princes, rivaux politiques pour la suprématie sur les Serbes : Lazar Hrebeljanović, prince de Serbie, et son vassal et gendre Vuk Branković, seigneur serbe du Kosovo. L’armée serbe était également appuyée par plusieurs alliés chrétiens : le roi de Bosnie Tvrtko Ier. On sait que des Valaques, des Hongrois des Croates et des Albanais participaient aussi.

L’armée ottomane, tout aussi disparate, était composée de Turcs, mais également grossie des contingents de ses vassaux chrétiens : le Serbe Marko Kraljević5, ennemi de Lazar, le prince bulgare de Velbuzd, Constantin, mais aussi des émirs musulmans vassaux d’Asie Mineure. Étaient également présents les janissaires, le corps d’élite des armées ottomanes.

Le combat dura toute la journée, il fut sanglant et assez indécis. Dans une première phase, la bataille fut incontestablement à l’avantage des chrétiens, au point que Tvrtko Ier annonça la victoire et qu’un Te Deum fut chanté à Notre-Dame de Paris en présence du roi Charles VI. Selon les récits épiques serbes, Miloš Obilić ayant promis de tuer le sultan avant la bataille, s’est rendu sous sa tente et l’y aurait éventré, avec un poignard dissimulé dans sa botte, avant de tomber lui-même sous les coups des gardes.

Bataille de Kosovo, carte maximum, Yougoslavie.

Des sources ottomanes — auxquelles se rallient certains historiens bulgares — font tomber le sultan dans la bataille.

Cette mort eût été durement ressentie par les Osmanlis, qui commençaient à se débander, mais le fils de Mourad Ier, Bajazet Ier, parvint à éviter la débâcle. Il en profita aussi pour assassiner, dans des circonstances mystérieuses, son frère Yakub. Les Turcs allaient pourtant se ressaisir et prendre une sanglante revanche sur la coalition. Lazar et tous ses nobles sont finalement faits prisonniers et décapités sur le champ de bataille. Les Turcs restent maîtres du terrain, mais ne pénétrèrent pas davantage en Serbie pour la soumettre car la mort de Mourad et le meurtre de Yakub pendant la bataille avaient considérablement affaibli l’autorité de Bajazet qui devait rentrer dans ses terres pour affirmer son pouvoir sur ses vassaux et éviter tout risque de révolte.

La coalition chrétienne des Balkans était bel et bien vaincue, mais ils n’avaient pas démérité. Et Bayezid Ier n’en fut pas plus vainqueur car il s’empressa de conclure la paix avec la veuve de Lazar, Milica et ses hommes cessèrent un temps leur avancée vers l’ouest. La conquête n’en reprit pas moins de plus belle, au milieu du XVe siècle.

En fait, il n’y avait pas de vainqueur immédiat car les Turcs se retrouvaient en situation de guerre d’héritage et les Serbes n’avaient plus d’aristocratie. Donc aucun des deux camps ne pouvait revendiquer la victoire même si le roi de Bosnie envoya à Rome une lettre dans laquelle il signalait que les Serbes avaient gagné la bataille.

Mais à long terme, les Turcs en ont tiré profit ; ils avaient plus de ressources humaines que les Serbes et ont pu reconstituer plus rapidement des armées alors que la Serbie ne retrouva pas sa puissance d’antan. La Serbie chuta avec la prise de Smederevo par les Turcs en 1459 et sa transformation en Sandjak de Smederevo.

Le fils de Lazar, Étienne, scella sa soumission en donnant sa sœur, Marie Despina, au harem du sultan.

Source : Wikipédia.

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