La bataille d’Angleterre.

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Parce qu’elle mit un terme à la série de victoires éclairs et éclatantes des Allemands, la bataille d’Angleterre (nom français pour l’anglais : Battle of Britain), juillet 1940-mai 1941, a marqué une étape décisive dans le cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle opposa les armées de l’Air du Royaume-Uni et de l’Allemagne, soutenue par l’Italie, dans une campagne aérienne marquée par les bombardements de Coventry et de Londres, souvent désignée par l’expression « le Blitz ». Cette opération de grande ampleur était menée par la Luftwaffe pour détruire la Royal Air Force, annihiler la production aéronautique britannique et anéantir les infrastructures aéroportuaires afin de permettre à l’armée allemande d’envahir le Royaume-Uni. Un objectif alternatif était de terroriser la population britannique et de pousser son gouvernement à faire la paix avec l’Allemagne.


En mai 1940, après 8 mois de « drôle de guerre », l’Allemagne attaque les Pays-Bas, la Belgique et la France. Dès le 20 mai, la situation de l’armée française est catastrophique : les Allemands ont atteint la Manche, coupant l’armée française en deux.

Le corps expéditionnaire britannique abandonne le combat en France et parvient pour une bonne part à échapper à l’anéantissement au cours de la bataille de Dunkerque en rembarquant vers l’Angleterre (fin mai-début juin).

Après cinq semaines de combats, l’armée française battant en retraite devant l’avancée allemande, le maréchal Pétain, devenu président du Conseil le 16 juin, signe l’armistice avec l’Allemagne le 22. Le Royaume-Uni poursuit seul le combat, avec l’appui de plusieurs gouvernements en exil et de l’embryon de la France libre (appel du général de Gaulle le 18 juin).

Le Royaume-Uni, dirigé par Winston Churchill, continue la guerre en bombardant des villes allemandes, contraignant Hitler à tenter d’envahir l’Angleterre. Un débarquement paraissant impossible dès l’été 1940, Hitler lance une des plus grandes opérations aériennes de l’Histoire. Il faut cependant souligner que durant le cours de la bataille d’Angleterre, la détermination à envahir l’Angleterre n’a pas été constante dans l’esprit d’Adolf Hitler. Par ailleurs, seul Hermann Göring semble avoir été partisan de cette stratégie. La marine comme l’armée de terre allemande étaient perplexes et même au sein de la Luftwaffe, l’optimisme de Göring quant aux chances de destruction de la Royal Air Force — condition sine qua non du succès de l’invasion — ne faisait pas consensus. Le général d’aviation Felmy avait précédemment estimé impossible de mener avec succès une telle entreprise.

Du côté britannique, le poids de la bataille d’Angleterre va reposer presque exclusivement sur deux types de chasseurs : le Hawker Hurricane et le Supermarine Spitfire qui possèdent le même moteur Rolls Royce Merlin et un armement identique : huit mitrailleuses Browning de 7,7 mm. Solide et robuste, le Hurricane est une meilleure plate-forme de tir mais est moins rapide et moderne que le Spitfire ; le Hurricane est, comme le Spitfire, plus maniable que le Messerschmitt Bf 109 allemand. Assez tôt dans la bataille, en raison de leurs caractéristiques respectives, les Hurricanes seront prioritairement affectés à la destruction des bombardiers alors que les Spitfires s’occuperont surtout des chasseurs allemands.

Côté allemand, le chasseur principal est le Me 109, équipé d’un moteur Daimler Benz à injection directe qui ne coupe pas pendant certaines manœuvres violentes au contraire du Rolls-Royce Merlin britannique à carburateur. Autre différence, il possède deux canons de 20 mm et deux mitrailleuses de 7,92 mm, mais ses atouts sont contrebalancés par son manque de maniabilité. De plus, il sera très handicapé par sa faible autonomie qui bridera les pilotes allemands et les rendra moins efficaces.

Le chasseur lourd bimoteur Me 110 possède une autonomie supérieure mais, malgré son puissant armement de deux canons et quatre mitrailleuses dans le nez, il est surclassé par les chasseurs britanniques bien plus manœuvrants. Il sera par conséquent décimé.

Trois types de bombardiers bimoteurs : le Heinkel He 111, le Junkers Ju 88 et le Dornier Do 17 assez modernes surtout les deux premiers, sont utilisés par l’armée allemande. Ils souffrent toutefois d’un manque d’armement défensif. Enfin, le bombardier en piqué monomoteur Ju 87 Stuka, bien qu’efficace contre des cibles terrestres, est très vulnérable en raison de sa lenteur et de son manque d’armement défensif.

Au début de la bataille, les Britanniques sont en infériorité numérique avec environ 600 Hurricane et Spitfire face à 2 500 avions allemands dont environ 1 200 Me 109 et Me 110. Cependant, par la suite, les pertes de la Luftwaffe et l’augmentation de la capacité de fabrication britannique améliorent progressivement le rapport des forces en faveur des Britanniques, qui en outre bénéficient de l’avantage de combattre au-dessus d’un territoire allié, alors que les pilotes allemands abattus qui ont survécu sont capturés.

On peut globalement distinguer trois phases durant cette bataille :

  • Le bombardement des convois britanniques (début juillet 1940 – début août), appelé « Kanalkampf » (Combat dans la Manche) par les Allemands ;
  • La tentative de destruction de la RAF (de début août au 7 septembre 1940) ;
  • Les bombardements de Londres et des grandes villes (jusqu’à octobre 1940), connus sous le nom de « Blitz » (éclair) qui se poursuivirent jusqu’au printemps 1941.

Durant la première phase, l’aviation allemande se consacra à l’attaque des convois de ravitaillement britanniques. Cette tactique avait pour but d’isoler le Royaume-Uni et de forcer les appareils de la RAF au combat.

Après un mois d’attaque des convois peu efficace (1 % du tonnage sous pavillon britannique coulé), l’état-major allemand décida d’affronter directement la RAF sur son sol. Pour ce faire, l’attaque des aérodromes militaires britanniques et des usines de l’industrie aéronautique fut ordonnée. Cette période démarra le 13 août 1940, jour baptisé Adlertag (Jour de l’Aigle), le mauvais temps ayant repoussé d’un jour le déclenchement des opérations.

Le 15 août, persuadé que la RAF avait perdu près de 300 appareils (soit la moitié de son effectif théorique) et que les avions basés dans le nord du Royaume-Uni avaient été déplacés plus au sud, la Luftwaffe lance dans la bataille sa Luftflotte 5, basée en Norvège et au Danemark. Elle devait attaquer des objectifs en Écosse et dans les Midlands, mais les chasseurs de la RAF étaient toujours là et infligèrent des pertes sévères (20 %) à la force d’attaque. La Luftflotte 5 fut retirée de la bataille et ses appareils furent envoyés en renfort pour les Luftflotte 2 et 3. Le 15 août étant un jeudi, il fut appelé « Jeudi noir » par la Luftwaffe.

Le 18 août est le jour le plus terrible pour les deux camps qui enregistrèrent alors le plus de pertes. Les pertes de bombardiers en piqué Stuka furent telles que l’état-major allemand décida de les retirer en attendant des jours meilleurs.

Le 24 août se produisit un évènement qui changea le cours de la bataille. Un bombardier Heinkel He 111, croyant attaquer la raffinerie de Thameshaven, largua ses bombes par erreur sur Londres, un objectif qui ne devait être attaqué que sur l’ordre personnel de Hitler. En représailles, dans la nuit du 25 août 1940, la RAF parvint à lâcher quelques bombes sur Berlin. Hitler se lança dans une diatribe contre les Britanniques « S’ils bombardent nos villes, nous raserons les leurs, s’ils lâchent des centaines de bombes nous en lâcherons des milliers ». Le bombardement de Berlin fut un échec personnel pour Göring qui avait juré que « Si une bombe tombe sur Berlin, vous pouvez m’appeler Maier » (expression courante en allemand pour dire que quelque chose n’arrivera pas). Hitler modifia sa stratégie et décida de bombarder les populations civiles des villes britanniques — et plus particulièrement de Londres — en guise de représailles.

Le 7 septembre, un raid de plus de 100 bombardiers escortés par près de 400 chasseurs fut envoyé sur Londres. Croyant que la cible de ce raid était en fait les aérodromes de la RAF, le contrôle au sol britannique laissa les chasseurs de la RAF couvrir ceux-ci, ce qui laissa le champ libre aux bombardiers allemands. Ce changement permit à une RAF au bord de la rupture de souffler. En faisant peser le poids de l’offensive sur les populations civiles, les Allemands permettaient à la RAF de se reconstituer.

Le 15 septembre, un raid massif fut envoyé sur Londres. Dans son poste de commandement, Hugh Dowding vit les cartes se remplir de symboles représentant les ennemis en approche. Il demanda si tous les avions étaient en l’air et on lui répondit par l’affirmative. À sa question sur l’existence de réserves, on répondit de façon négative. Au même moment, au quartier général du 11e groupe à Uxbridge, Winston Churchill suivait les événements en compagnie du vice-maréchal de l’Air Keith Park dans la salle des opérations.

« Bientôt, les ampoules rouges indiquèrent que la majorité de nos escadrilles étaient engagées. […] En peu de temps toutes nos escadrilles étaient engagées, et quelques-unes rentraient déjà pour faire leur plein d’essence. Elles étaient toutes en l’air. La rangée inférieure d’ampoules était complètement éteintes. Nous n’avions plus une seule escadrille en réserve. À ce moment, Park appela Dowding à Stanmore, pour lui demander de mettre à sa disposition trois escadrilles du 12e groupe de chasse, pour le cas où une nouvelle attaque d’envergure se produirait pendant que les escadrilles étaient en train de refaire le plein de munitions et de carburant. Ainsi fut fait. […] Jusque là, j’avais observé en silence, mais je demandai alors “Quelles autres réserves nous reste-t-il ?”. “Aucune”, me répondit le vice-maréchal de l’Air Park »
— Winston Churchill, Mémoires de guerre — 1919-1941, tome 1, Paris, Tallandier, p. 386-387. Retraduction par F. Kersaudy, 2009.

À cette heure, plus de 370 avions britanniques couvraient Londres. À la fin de la journée, les Britanniques avaient perdu près de 28 avions, les Allemands 56 (ce qui est un très bon résultat pour la RAF). Ce résultat explique que le 15 septembre reste dans les mémoires comme le « Battle of Britain Day », le jour de la bataille d’Angleterre. On peut dire que cette deuxième phase de la bataille prit fin dans le courant du mois d’octobre.

À ce moment, l’opération Seelöwe d’invasion de la Grande-Bretagne fut ajournée sine die et l’effort allemand contre le Royaume-Uni s’amenuisa. Les bombardements de villes britanniques continuèrent néanmoins, mais avec une intensité généralement moindre, jusqu’au printemps de 1941, quand Hitler ramena le gros de la Luftwaffe vers l’est en prévision de l’invasion de l’Union soviétique. Toutefois, quelques bombardements importants eurent encore lieu sur les villes britanniques, notamment au début du mois de novembre avec les attaques sur Coventry, Birmingham et Wolverhampton par exemple.

Les bombardiers allemands infligèrent à Londres les plus grands dégâts que la capitale britannique ait subi depuis le grand incendie de 1666.

En 1940, Hugh Dowding rechigne à envoyer des avions de chasse pour soutenir l’armée française, pressentant la future bataille d’Angleterre. La stratégie des « petits paquets » qu’il préconisa pour la RAF face à la chasse allemande, assortie de l’emploi tactique des Spitfire contre les chasseurs à croix gammée (désignés « Bandits ») et des Hurricane, plus lents, contre les bombardiers de Goering, permit d’éviter l’anéantissement des forces aériennes qui était l’objectif de la Luftwaffe pendant les deux premières phases de la bataille (Kanalkampf et attaque des terrains d’aviation). Les WAAF, Women’s Auxiliary Air Force, furent employées ‘en première ligne’ aux bases aériennes et aux stations radar, y compris celles près de la Manche. Pour convoyer les avions de chasse sur les terrains d’aviation d’Angleterre, les pilotes civiles du Air Transport Auxiliary (ATA), parmi lesquels plusieurs femmes (166 à la fin de la guerre, mais une trentaine pendant la bataille) furent très judicieusement employées, afin de remplacer les pertes selon un flux très tendu du fait des difficultés de production aéronautique ressenties sur les îles Britanniques. Les ATA n’avaient pas de formation de combat et les avions neufs n’étaient pas encore munis d’armes ni de radio.

Mais un débat virulent animait les Air Chief Marshals au QG de Stanmore concernant la stratégie d’attrition. Les partisans d’une autre méthode finirent par l’emporter à force de critiques formulées à l’encontre de Dowding : sous l’influence de Trafford Leigh-Mallory en chef de file, l’Air Chief Marshal Charles Portal, doit nommer Sholto Douglas en octobre 1940 ; le nouveau responsable amplifia la taille des escadrons de chasse, appliquant cette stratégie diamétralement opposée à celle de Hugh Dowding : Big Wing. Dowding n’était donc plus en charge au moment du Blitz.

Dowding fut écarté par cette autre faction et une mission liée à l’industrie de l’armement aux États-Unis tint lieu de placard jusqu’en 1942.

Les historiens considèrent que la stratégie d’attrition tenue par Dowding a permis à la R.A.F. de tenir le choc sur la durée, et donc de réduire les espoirs d’invasion nazis pour la phase de débarquement. Seelöwe a donc été abandonnée, les bombardiers Heinkel et Dornier se concentrant désormais sur les bombardements de masse sur Londres.

Le bilan humain et matériel de la bataille d’Angleterre est lourd : 30 000 morts, dont beaucoup de civils, et 2 millions de foyers détruits. Les chiffres officiels concernant les avions de combat avancent environ 900 avions perdus côté britannique contre environ 1 700 pour les Allemands. Cependant, du côté britannique, n’est pas reprise la perte de nombreux appareils d’entraînement, de secours, de réserve ou rendus obsolètes par l’usure au combat, ainsi que les appareils civils. Si on inclut tous ceux-ci, on peut raisonnablement parler d’un total de 1 200 avions de la Royal Air Force détruits, mais ce dernier chiffre n’est pas à considérer dans la comparaison car il ne s’agit pas exclusivement d’avions de combat alors que c’était le cas pour les 1 700 avions allemands détruits. Ce chiffre des pertes allemandes semble assez complet et précis, s’agissant exclusivement d’avions de combat bien répertoriés par la Luftwaffe dans des statistiques qui ont été conservées.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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