Juan Bautista Alberdi, avocat, écrivain et journaliste.

Écrivain argentin, Avocat, journaliste rédacteur du journal El Mercurio, Alberdi émigra à Montevideo après avoir étudié au Chili. Son œuvre de penseur et de jurisconsulte est considérable ; engagé politiquement, il appartient à l’Asociación de Mayo et publie plusieurs pamphlets contre le dictateur Rosas. Comme tous les écrivains de son groupe, il proclame la rupture totale avec l’Espagne ; défenseur d’un système politique libéral, il expose ses idées en des articles mordants donnés à différents journaux (El Corsario, El Iniciador, la Revista de La Plata) ainsi que dans des œuvres dramatiques : La Revolución de Mayo, El Gigante Amapolas. Ses écrits littéraires sont, selon lui, des actes de patriotisme et de sincérité : son style précis et percutant est très différent de l’emphase de Sarmiento dont il n’a pas les dons de narrateur ; son raisonnement est implacable et son mode d’approche des problèmes rappelle le positivisme.

Alberdi, carte maximum, Argentine.

Alberdi est, en effet, l’un des idéologues les plus importants de la période de l’indépendance. Toutes les idées de son œuvre fondamentale, Bases para la organización política de la Confederación argentina (Valparaíso, 1852), ont été incorporées dans la Constitution de 1853, en vigueur jusqu’en 1949. « Gouverner, c’est peupler » est sa maxime essentielle : politicien réaliste, Alberdi considère avec effroi l’immensité du territoire argentin et sa faible population ; ce déséquilibre, accentué par le caractère agricole de la nation, est à l’origine du caudillisme. Son projet de constitution, rédigé dans un style sobre, est destiné à ouvrir les portes de l’Argentine aux immigrants.

En complément, Alberdi publie Sistema económico y rentístico de la  Confederación argentina ainsi que Elementos del derecho público argentino. Opposé à ces projets et aux premières déviations oligarchiques d’Urquiza, Sarmiento adresse à Alberdi sa Carta de Yungay. Alberdi lui répond de Quillota, au Chili, dans ses Cartas sobre la prensa y la política militante de la República argentina, plus connues sous le nom de Cartas quillotanas, qui reçurent une réplique féroce de Sarmiento dans Las Ciento y Una. Alberdi ne rentre pas en Argentine, malgré la chute de Rosas (1852), et il voyage en Europe. Revenu enfin dans son pays après une absence de vingt-cinq ans, il publie Palabras

de un ausente (Paroles d’un absent) ; puis en 1878 un roman,  Peregrinaciones de Luz del día o Viaje y Aventuras de la verdad en el Nuevo Mundo, qui est un pamphlet humoristique contre les ennemis politiques qui l’avaient durement attaqué, surtout après la publication de El Crimen de la guerra (1866) qui analysait les fondements du bellicisme et critiquait la politique de Mitre, alors président (de 1862 à 1868), contre le Paraguay. Les Peregrinaciones constituent une œuvre vraiment originale dans les lettres hispano-américaines.

C’est un roman philosophique au sens où l’entendait Voltaire. On y  rencontre notamment Don Quichotte en train de coloniser la Patagonie où il tente d’établir une république des moutons. Alberdi, ne se reconnaissant pas dans l’Argentine qui a trahi l’idéal du libéralisme, émigre définitivement et meurt à Paris.

Source : Universalis.

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